Lancement DataCity — atelier Mobilité
Lors de la soirée de lancement du programme Data City le 24 novembre dernier, quatre ateliers ont eu lieu. Vous trouverez ici les échanges de l’atelier tournant autour de la mobilité.
Intervenants : Jean-Baptiste Casaux (Citymapper), Alessandro Catania (Attoma), Jean-Philippe Clément (Ville de Paris), Emmanuel Dunat (Vinci Energies), Olivier Nau (setec)
Modération : Roman Navalpotro, NUMA & Nicolas Enjalbert
Challenges proposés :
ITINERAIRES DES TRAVERSES
Les traverses sont des lignes locales de bus électriques, desservant de façon fine un quartier pour de courts trajets et avec une accessibilité plus grande que le métro. Elles sont au nombre de cinq actuellement à Paris, opérées par la RATP.
Le problème à résoudre : améliorer l’offre des traverses pour en augmenter la fréquentation. On pense principalement à optimiser les itinéraires, mais le périmètre de réflexion est large : itinéraires dynamiques, service à la demande, mode de “commande”.
Le terrain d’expérimentation : un quartier parisien à déterminer.
Les ressources disponibles : le tracé actuel des traverses, les données de la RATP (recherche de trajets, compostage), les données trafic de la Ville de Paris.
Olivier Nau (setec) : On est réalistes, on sait qu’on ne va pas redéfinir fondamentalement le principe des traverses ou développer des solutions absolument alternatives, mais il y a une réflexion à mener et des améliorations à apporter.
Il y a un enjeu important sur l’identification de jeux de données : au delà de celles déjà présentes, certaines vont devenir disponibles (open data transport, taxis), et il y a un axe de travail à imaginer en avance de phase.
Attente d’idées de la part de l’écosystème, maintien de l’ouverture, jusque dans la formulation de l’impact souhaité.
Echange avec le public :
Un intervenant de Padam bus propose que l’optimisation des traverses permette d’envisager une flexibilité selon la demande, les jours ou les heures de la semaine.
Une personne de Hopways, un service de transport des enfants entre parents : serait-il possible d’envisager du transport dédié aux enfants, car cela répond à un besoin clair des parents.
Emmanuel Dunat (Vinci Energies) : c’est l’idée de la démarche, nous notons le besoin.
Un intervenant : quel est le diagnostic disant que les traverses sont à améliorer : problème de fréquentation, de rythme ?
Jean-Philippe Clément (VdP) : effectivement un problème de fréquentation, et l’ambition de s’adresser à un public plus large : on interroge la rencontre entre le système existant et les besoins effectifs d’un territoire.
Daniel Chemla, SmartFlows : vous partez de données mobiles, la vraie question est celle de la matrice Origine — Destination. Comment reconstruire cette matrice qui est incomplète aujourd’hui avec les données de transport ?
Olivier Nau (setec) : Absolument, possibilité d’équiper un secteur à une échelle faisable pour reconstruire une matrice OD, si l’oppportunité est identifiée.
Un intervenant : L’enjeu de la gratuité est-il envisageable ? Puisque pour de nombreux usages locaux l’élasticité prix est faible (aller à la Poste, à la boulangerie).
Olivier Nau (setec) : La question du prix est à débattre avec l’acteur public.
Alessandro Catania (Attoma) : Plus que la gratuité, l’enjeu est celui du prix. Il existe de nombreuses études et initiatives dans le monde sur une discussion autour du prix de l’accès aux transports. Travailler avec des matrices Origine — Destination fines permettrait de diagnostiquer les bons seuils.
Emmanuel Dunat (Vinci Energies) : Toute optimisation est bénéfique, y compris si elle est dans le prix.
CIRCULATION AUTOUR DU STADE DE FRANCE
L’expérience utilisateur de l’accès et du départ au Stade de France peut être déceptive à cause de la congestion entraînée par les importants flux de personnes et de véhicules sur de courtes périodes.
Le problème à résoudre : fluidifier les déplacements des spectateurs lors des événements sportifs et culturels.
Le terrain d’expérimentation : le Stade de France, avec l’Euro 2016 en ligne de mire.
Les ressources disponibles : données issues de la DIRIF (gestionnaire de l’A1), SNCF (RER B), opérateur téléphonique à déterminer (données téléphoniques), Plaine Commune. Données de billetterie du Stade de France, d’utilisation des parkings (occupation, heures, réservations, …).
Emmanuel Dunat (Vinci) : On pense à réduire la congestion routière, favoriser les modes de transport alternatifs à la voiture particulière, élargir la durée de présence autour du stade…
Il y a une grande opportunité dans la mise en commun de ces données issues de sources diverses : la compréhension de motifs non encore détectés. On envisage une généralisation possible des conclusions du challenge aux exploitants de stades, voire aux gestionnaires de lieux à flux intense et ponctuel.
Problématiques transverses
Motivation et usages
Alessandro Catania (Attoma) : Il y a des opportunités, dans ces deux challenges, pour prendre du recul et inclure d’autres données hors mobilité, qui sont celles de la motivation des gens (pourquoi aller au Stade de France, pourquoi utiliser les traverses). Il y a alors des enjeux sur ce qui se passe autour de la mobilité (environs du Stade de France, des itinéraires courts).
Possibilité de croiser les données mobilités et les données connexes ?
Jean-Philippe Clément (VdP) : L’objectif ce soir est de réfléchir aux challenges, nous sommes tout à fait centrés sur les enjeux usages, et l’audience ne doit pas se restreindre dans sa capacité à faire des propositions.
Un intervenant du Comité Stratégique de la Mobilité : dans la même idée, il s’agit de ne pas forcément rapprocher optimisation et usage, qui est la clef du problème. Penser aux nouveaux usages (autant traverses qu’accès au Stade). Car en rester à l’optimisation peut impliquer de s’enfermer dans un cadre de pensée.
Olivier Nau (setec) : certes, l’usage est important, mais la composante offre doit être pensée conjointement.
Jean-Philippe Clément (VdP) : le vrai défi est de bien comprendre le besoin, et c’est transverse à tous les axes du programme DataCity. Autour de l’usage, il faut imaginer soit des modes d’analyse de données, soit des modes de collecte innovants.
Jean-Baptiste Casaux (CityMapper) : en effet, nous observons que les critères des utilisateurs dans notre expérience ne sont pas uniquement la performance : par exemple l’accessibilité, la faible affluence dans la station, sont des facteurs de choix primordiaux.
Melisa Schwarz, DataPole : nous avons travaillé pour la Plaine Commune, développé un outil de prédiction de la production de déchets. Je pense qu’on peut étendre ces outils à ceux de la prédiction de la fréquentation. Et dans cet objectif nous nous intéressons au choix des agents, c’est-à-dire pourquoi avoir choisi cet événement (au SdF) plutôt qu’un autre.
Autre idée, sur les traverses : prendre en compte dans le scope la mobilité, mais aussi l’environnement des utilisateurs (météo, événementiel).
Critères de succès
Alexandre Micheau, Inov360 : quels sont les critères de succès que vous allez fixer pour évaluer le réel impact obtenu sur la mobilité ?
Emmanuel Dunat (Vinci Energies) : Ce qui compte, au-delà de la mobilité, est l’expérience de l’usager. Son bonheur, en quelque sorte, même s’il n’est pas mesurable en tant que tel.
Objectifs indirects sur un projet comme le Stade de France : diminuer les pics de flux dans les transports.
Olivier Nau (setec) : Le programme est court, donc il faut accepter d’avoir des indicateurs indirects, ou pas aussi précis qu’on pourrait si on disposait de plus de temps. Des évaluations qualitatives sont aussi envisageables.
Ouverture des données
Camille, association de mobilité inclusive : Enjeux de données, qui les détient (souvent privées : assurances, réseaux sociaux), quel est le mode d’accès ?
Jean-Baptiste Casaux (CityMapper) : cela s’observe dans le monde, des projets de mise en accès du public aux données sur les transports, y en a-t-il ici à Paris ?
Emmanuel Dunat (Vinci Energies) : il y a de plus en plus de données publiques qui s’ouvrent ; le privé pour l’heure est plus prudent, car il considère que ces données qui concernent le client ont de la valeur. Le cadre restreint du challenge permet de faire poser ces questions, d’ouvrir une partie des données dans un cadre confortable, qui soit 1/ indolore et 2/ ouvre même des opportunités de valeur.
Enjeux connexes
Intervenant : Il serait intéressant de dialoguer avec les entreprises sur des usages différents, par exemple pour décloisonner les horaires d’embauche et de débauche.
Sur le Stade de France : possibilité d’envisager l’utilisation de dirigeables pour l’accès au SdF ?
Camille, association de mobilité inclusive : on parle de la question de la performance pour les usagers existants, mais quid de l’élargissement de l’accès à la mobilité ?
Jean-Philippe Clément (VdP) : les questions liées à la sphère sociale sont plus compliquées à aborder, notamment à cause des questions d’anonymité, mais il y en a (CAF, SS). Donc oui, social & énergie, social & mobilité sont des points de rencontre importants.