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La couleur à travers l’histoire

Rogue
Data Colada

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Une plongée dans l’histoire pour mieux appréhender la visualisation de données et l’emploi de diverses métaphores visuelles. C’est long mais il y a des images ;-)

Toutes les choses visibles se distinguent ou se rendent désirables par la couleur.

C’est ce qu’écrivait Jean-Baptiste Colbert, dans son ouvrage “Introduction générale pour la teinture des laines et manufactures de laines” (1672). Autrement dit, la couleur est introduite comme sous-tendant les relations entre divers éléments et entre eux et leurs mondes respectifs. Il s’agit, en examinant la couleur et les formes, de réfléchir à la manière dont est arrangée l’information.

La couleur fait partie intégrante de toute chose. Mais durant le XVIIIe s., dans la pratique scientifique dominante, la couleur servait également à différencier les objets existants dans la nature et des transitions, physiques ou chimiques, lors d’expériences. Les diverses théories de la couleur ont été fréquemment liées aux explications de la nature de la lumière. Plus encore, la couleur avait le mérite particulier d’être un objet de questionnement philosophique avec lequel on peut expérimenter. Autrement dit, la philosophie de la couleur pouvait être expliquée via les résultats d’une investigation rigoureuse.

Et c’est là où ça devient vraiment intéressant. Différentes approches de classification de la couleur existent, commençant au Moyen-Âge. La légende veut que Newton ait été le premier à en parler — mais c’est inexact.

La couleur avant Newton

Aron Sigfrid Forsius est un astronome, prêtre et néoplatonicien finlandais. En 1611, il écrit :

« Si, cependant, l’origine et la relation entre les couleurs devaient être observées correctement, alors on doit commencer avec les cinq couleurs médianes de bas, soit le rouge, le bleu, le vert et le jaune, avec le gris fait du mélange de blanc et de noir ; [ensuite] on doit faire attention à leur gradualité pour voir si elles s’approchent du blanc en raison de leur pâleur ou du noir en raison de leur obscurité. »

Ainsi, un des diagrammes présente une sphère où les couleurs sont arrangées par pairs opposées : rouge et bleu, jaune et vert, blanc et noir.

Les cercles de Forsius. Images dans le domaine public.

Entre 1629 et 1630, Robert Fludd produit le premier cercle de couleurs imprimé, publié dans un journal de médecine. Le cercle opère avec cinq couleurs (le rouge, le jaune, l’orange, le vert et le bleu) et donne leurs positions vis-à-vis du noir et du blanc.

Les cercles de couleurs de Fludd. Images dans le domaine public.

Richard Waller, le secrétaire de la Royal Society of London et éditeur de Philosophical Transactions, crée son tableau, “A Table of Physiological Colors Both Mixt and Simple”, en 1686 pour permettre des descriptions non-ambiguës des couleurs des corps de la nature. Par ex., pour décrire une plante, on peut la comparer à son tableau et utiliser les noms qu’on y trouve pour décrire les couleurs des feuilles, du tronc, etc. D’après Waller, on peut procéder d’une manière similaire avec les objets issus de l’artisanat.

Le tableau de Waller contient 119 coleurs, rangées de plus clair vers plus sombre. En haut et de gauche à droite, on voit 7 couleurs “pures” (sans ajouts). Tout à gauche, dans la colonne, on voit les jaunes purs (en haut) et on peut descendre jusqu’à l’atramentum fuliginosti, le rouge-marron très sombre au plus bas de la colonne. Image dans le domaine public.

La couleur chez Newton

On connaît l’expérience de Newton qui consiste à partager la lumière blanche avec un prisme. En 1704, il crée son cercle de couleurs en préservant les proportions de chaque couleur qu’il a observée lorsque la lumière blanche a traversé le prisme.

Les couleurs selon Sir Newton. Les segments ne sont pas de tailles égales, mais proportionnelles à la longueur d’onde et la largeur observée lors de l’observation de spectre. Images dans le domaine public.

La création de ce cercle et surtout le fait que Newton en soit l’auteur a encouragé le développement de cette représentation “circulaire” de la couleur et la connexion entre l’étude des couleurs et la science (au sens large et plus spécifiquement, les maths et l’optique). Plus précisément, la représentation newtonienne affirme que le nombre de couleurs ne change pas en raison du phénomène de réfraction, ce qui constitue un élément de réponse fondamental à la question de savoir quel est le nombre de couleurs qui existent. (La réponse à la grande question sur la vie, l’univers et tout le reste est 42, ça on le sait déjà.)

La représentation des couleurs en cercle qu’a introduit Newton a depuis été largement reprise et acceptée comme un pré-requis à l’étude des couleurs, que ce soit par ses partisans ou par ses contradicteurs.

… C’est tout pour cette fois :-) La suite est pour une prochaine fois !

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Lady Data Security. Award-winning writer. #Crisis/#risk mgment with #OSINT. #Infosec columnist @ZDNetfr. Curator @desidedata #Maker, polylingual bookworm.