Les robots biologiques

Le 26 avril 1986, Tchernobyl en Ukraine à la frontière de la Biélorussie. Les premiers hélicoptères survolent la catastrophe. A 300 mètres de la centrale, la radioactivité atteignait 1’800 röntgens par heure. Les pilotes avaient des malaises en plein vol.

Alain Marie
Outsidezebox
3 min readMar 18, 2020

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Photo by Arrigo Lupori on Unsplash

Pour limiter la contamination des poussières radioactives, les hélicoptères arrosaient les décombres d’un mélange liquide coagulant appelé bourda. Les liquidateurs roulaient alors le bitume formé pour l’enterrer.

Les aparatchiks de l’URSS découvrent brutalement le risque nucléaire. Les centrales soviétiques étaient tellement sûrs que les routes d’accès ont été barré avec des panneaux « danger chimique », les liquidateurs qui ont mis en place les panneaux, portés des tenues de protection chimique. Les tenues et les panneaux n’existaient pas…

L’URSS trop fière, refusera l’aide internationale. Elle désignera volontaire entre 600’000 et 800’000 « robots biologiques » pour liquider la catastrophe.

Les premiers masques de protection devaient être changé toutes les deux heures. Deux mois plus tard, la deuxième version pouvait être porté toute la journée mais les poussières radioactives s’y accumulaient. Les tenues blanches, les masques blancs, une armée de fantômes radioactifs!

Photo by jean wimmerlin on Unsplash

A 7 kilomètres de la centrale, se trouve la ville de Pripiat, les habitants se mettaient au balcon et regardaient « l’incendie » à la jumelle. Le ministère de l’éducation nationale sort une circulaire pour rappeler la présence obligatoire des élèves dans les établissements alentours. Le 5 mai, la vérité apparaîtra enfin!

Nous étions en guerre !!!

A Tchernobyl, pas de tranchée, l’ennemi est partout… Tu es touché par des milliers de balles, tu avances encore, ta peau commence à peler, les chairs se nécrosent, les os pourrissent. Il n’y a aucun traitement.

Les liquidateurs qui ont nettoyé le toit du troisième bloc étaient des réservistes de 35–40 ans qui avaient été rappelé pour des «manœuvres». Pour fabriquer un sarcophage de béton, il fallait jeter tous les déchets de graphite tombés sur le toit. Cette tâche pouvait, théoriquement être réalisée par un robot. On avait d’ailleurs acheté un robot aux allemands, aux japonais, mais ils ont refusé d’obéir, perturbés par la radioactivité, ils se sont jeté du toit. Il n’y a plus qu’une seule solution, utiliser des robots biologiques! Les 18 «chats du toit» avaient 40 secondes pour jeter une pelletée de graphite ou un bloc à mains nues, ils travaillaient de nuit. 10’000 röntgens! La dose militaire admissible était de 25 röntgens, il fallait mentir pour continuer la mission. Ils se présentaient eux-mêmes comme le «robot Pétia», le «robot Vassia»…

A la fin de la journée, les «robots» reçoivent un diplôme et 100 roubles puis ils sont démobilisés. Il y aura près de 5’000 «chats du toit» pour évacuer 170 tonnes de combustible nucléaire, de graphite…

A la fin de l’été, la radioactivité est enfermée. Un haut responsable de la liquidation a fait un discours qui commençait par : «Toute ma vie, je resterai à genoux devant le robot Petia, le robot Vassia, le robot Volodia…»

Puis viendra le procès, un procès Potemkine, il fallait des coupables … Mais c’est une autre histoire.

En mars 2020, l’Europe découvre les fièvres, les contaminations virales, le confinement, les couvres-feux, une autre époque! Tout est oublié…

Et pourtant, une pensée pour les nouveaux «robots biologiques», soignants sans masque, policiers sans masque, sauveteurs sans masque… mais aussi caissières, nettoyeurs… tous ceux prêts à mentir pour continuer la mission! Je resterai à genoux…

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Alain Marie
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