L’état d’esprit pour conduire des projets innovants en 4 points clés

Luc-Olivier
De-risquage des projets innovants
7 min readMar 16, 2022

Série sur le dé-risquage des projets innovants • Article technique pratique #2
niveau : débutant — intermédiaire — expert

Note : Avant de commencer, sachez que les conseils que je donne sont très majoritairement tirés de techniques couramment utilisées dans l’innovation, la conception ou le management. Je les citerai si nécessaire.

Avant tout, il faut se rappeler que réussir nécessite de la persistance — je préfère ce terme à persévérance. Il faut aussi rappeler que la persistance peut s’appliquer à une mauvaise manière de s’y prendre ou à une mauvaise idée et, dans ce cas évidemment, on échouera.
Mais sans cette persistance, rien n’est possible.

L’état d’esprit pour conduire des projets innovants

L’état d’esprit pour conduire des projets innovants compte 4 points-clés fondamentaux.
(On peut toujours en trouver d’autres mais, la plupart du temps, ils se rangent sous ces 4 points)

1- Choisir la bonne cible du projet

Un projet doit avoir un but et c’est ce but, ce vers quoi on va converger, qui va conditionner INTÉGRALEMENT la réussite. Il suffit qu’il soit mal défini et on va courir après le mauvais lièvre.

Quand on définit le but, il faut que celui-ci contienne le niveau de succès que l’on doit atteindre.
Donc si l’on détermine que l’on veut créer un XXXX, le but serait d’avoir un XXXX qui soit demandé par son public dans une proportion qui permette d’atteindre la rentabilité, incluant la couverture des coûts de développement, de commercialisation, d’évolution future… au minimum.

2- Choisir les bonnes règles

Un projet doit suivre des règles et, avant les règles techniques en rapport avec la chose créée, il y a des règles de conduite du projet qui, si elles ne sont pas correctement définies, suivies et acceptées, vont conduire le projet à son échec.

Il faut au moins poser 4 règles majeures ainsi que la manière dont elles vont être appliquées et contrôlées durant TOUTE la vie du projet.
Pour chacune de ces règles, on peut se choisir des méthodologies, connues ou pas, mais, dans tous les cas, il faut qu’elles soient définies pour qu’on puisse s’y référer et rester en accord entre les membres du projet.

a- Tout mettre en œuvre pour ne pas penser en circuit fermé

On réalise cela principalement en faisant participer toutes les parties prenantes.

La plus importante et vitale partie prenante est celle des bénéficiaires de la chose créée. Elle est suivie des intermédiaires entre la chose créée et les bénéficiaires — les leviers de décisions dans les choix par exemple. Puis viennent les acteurs internes dans l’établissement de la chose créée en tant que produit / solution disponible sur le marché.

b- Tout mettre en œuvre pour éviter les ornières

Pour cela il faut penser, créer et expérimenter plusieurs solutions avant d’en choisir une finale plus tard dans le projet.

Les bonnes idées dont on tombe amoureux au départ nous séduisent peut-être mais elles ne vont pas forcément séduire les destinataires ou le marché. Quand on se limite à l’idée, la bonne idée ou une série d’idées qui se ressemblent trop, on s’enferme dans une solution et l’on va très souvent passer à côté d’une bien meilleure solution.

Important : La manière dont on formalise une idée peut ne pas vraiment séduire et on peut en conclure que l’idée n’est pas bonne alors que c’est simplement cette formalisation qui n’est pas appropriée.

c- Tout mettre en œuvre pour tester les idées le plus rapidement possible

Cela signifie qu’il ne faut pas attendre 3 mois ni 12 que la maquette, le prototype, l’application bêta… soit prête pour tester. Il faut tester IMMÉDIATEMENT, en trouvant des idées pour tester quelque chose qui n’existe pas encore, ou tester des parties de la chose. Et, encore plus important dans le fait de tester, il faut tester auprès des bénéficiaires de la chose créée — et auprès des intermédiaires. Et il faut renouveler souvent les gens auprès de qui on a testé pour qu’ils restent neufs sur le sujet.

On peut tester en faisant des maquettes en cartons, en pâte à modeler, en faisant des jeux de rôles, des simulations d’acteurs, avec des dessins, des 3D…

On peut tester en inventant un service qui réalise “à la main” ce que fera un produit, une application…

Et il faut tester en testant l’engagement. Autrement dit, il faut faire signer des chèques pour voir si les actes suivent les mots.

d- Tout mettre en œuvre pour garder un œil sur le but et sa faisabilité

La bonne méthode consiste à créer des rendez-vous obligatoires durant la vie du projet où l’on va établir, par exemple, des prévisions de ventes et de coûts ou, autre exemple, le calcul du ROI en fonction des données que l’on a en sa possession et qui doivent s’amplifier à mesure que le projet progresse. Ces rendez-vous doivent permettre de prendre des décisions sur la continuation du projet ou sur son pivotage si nécessaire.

Garder l’œil sur le but, c’est vérifier aussi que, tout simplement, on construit des certitudes de prévision qui confirment ou non qu’on est dans la bonne direction.

Attention ! Lorsqu’on pivote, il faut parfois changer le but.

Comme on le voit, la notion de cahier des charges n’est pas exprimée ici, car le cahier des charges est quelque chose qui arrive tardivement dans la vie d’un projet, ou qui arrive à plusieurs moments quand on veut construire des applications de l’idée, des maquettes, des protos, des simulations par exemple.

3- Choisir la “bonne stratégie”, le “bon plan” de réalisation du projet

Un projet doit suivre une méthode ou plusieurs méthodes (imbriquées !) pour construire le plan de réalisation qui permettra de garantir un maximum de chances de réussite. On devrait s’appuyer sur des méthodes connues pour disposer de l’expérience collective.

On devrait choisir des méthodes pas trop formelles pour laisser de la liberté d’application et éviter de tomber dans trop de rituels ou de lourdeurs de suivi.

Lorsqu’on définit le plan ou la road-map de réalisation du projet, on doit l’établir sur le modèle de grandes méthodes comme celles du Design Thinking ou du Lean Startup (pour ne citer qu’elles) qui proposent un modèle pour la durée de vie du projet, depuis la phase de maturation de l’idée jusqu’au suivi de son existence sur le marché.

Avec un peu d’expérience de ces méthodes, on s’aperçoit qu’on peut faire plusieurs fois le cycles de vie recommandé, ce qui permet de réaliser le projet en mode itératif court avec la réalisation de tests à chaque phase.
(Cela fera l’objet d’articles techniques pratiques plus détaillés bientôt)

Un plan du projet peut évoluer en fonction d’évènements qui surviennent durant la vie du projet. C’est normal. Il faut mettre à jour le plan.

Lorsqu’on a déterminé un calendrier pour des raisons diverses, il peut être nécessaire de s’y contraindre. On ne doit jamais faire l’impasse sur les méthodes qui conduisent le parcours sous prétexte qu’on n’a plus de temps pour les appliquer.

Exemple : un test utilisateur bâclé avant une mise sur le marché et c’est un flop au lancement avec toutes les conséquences que cela peut avoir.

4- Choisir le rôle du gardien de la conduite du projet

Un projet se réalise et arrive au succès :

  • parce qu’on persiste à réaliser les étapes de sa réalisation dans la conformité des méthodologies associées,
  • parce qu’on maintient une analyse critique et informée,
  • parce qu’on remet en question les certitudes en cherchant à amplifier les connaissances avec des données du plus en plus certaines, validées et vérifiées,
  • parce qu’on maintient un haut moral dans l’équipe projet pour franchir les obstacles, revenir en arrière s’il le faut, prendre des décisions déplaisantes…,
  • parce qu’on reste positif en ayant en tête qu’un bon pivotage, valorisant ce qu’on a appris, vaut mieux que de persister dans une mauvaise voie.

Le gardien du projet devrait idéalement être un rôle partagé par tous les membres.

Mais, dans tous les cas, celui qui pilote a ce rôle et ne doit jamais faire de concession avec le but, les règles, les méthodes et les plans.

Luc-Olivier Lafeuille

Téléchargez le Guide d’introduction au dé-risquage des projets innovants (lecture 15 min) : http://url.asitech.design/medium-derisk-intro-form-fr

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Toutes les notes techniques sur le dé-risquage des projets innovant sur la publication Medium “Dé-risquage des projets innovants” ou en anglais “De-risk innovative projets”.

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D’autres notes techniques sur la publication Medium “Conseils de Conception” ou en anglais “Design Tips

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Luc-Olivier
De-risquage des projets innovants

User Centric Addict Product Designer, UX Designer, UI Designer, Graphic Designer, Innovator, Startuper. https://linkedin.com/in/lucolivier