Les start-up françaises et la commande publique

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3 min readNov 22, 2018

Les start-up françaises doivent bénéficier beaucoup plus largement de la commande publique pour devenir des licornes.

Le développement des start-up est largement théorisé. Il est admis que le succès potentiel d’une jeune pousse dépend avant tout de la qualité de l’équipe fondatrice, de la rapidité d’exécution d’un projet innovant permettant de rencontrer un marché au plus vite.

En France, l’écosystème du Pass French Tech accompagne certaines d’entre elles (celles qui sont en hyper-croissance) dans le domaine de la santé, de l’industrie et du numérique. La promotion 2017–2018 en regroupait 107.

L’accompagnement dans le cadre du Pass French Tech se situe à tous les niveaux : le financement, l’international, l’innovation, le business développement et la visibilité.

C’est un formidable accélérateur !

Toutefois, pour devenir des licornes (on en a 4 en France : Blablacar, OVH, Criteo et Vente-privee.com), ce dont les start-up ont le plus besoin, c’est de développer leur volume d’affaires sur le moyen/long terme. En effet, comment construire une licorne sans lui apporter cette indispensable visibilité business?

L’UGAP (Union des Groupements d’Achats Publics), la centrale d’achats publique, peut apporter cette visibilité en faisant profiter les start-up de la commande publique.

Les efforts de l’UGAP dans ce sens sont importants et les premiers résultats sont encourageants.

Lors du « Forum de l’innovation dans l’achat public », qui s’est tenu le 12 avril dernier, il était rappelé que le pacte national pour la croissance, la compétitivité et l’emploi, du 6 novembre 2012, a fixé l’objectif d’atteindre, en 2020, un volume de 2 % du total de la commande publique en faveur de PME innovantes. Cet objectif semble aujourd’hui difficile à atteindre (dans les délais) et ce, pour de multiples raisons. Il apparaît clairement que l’effort de simplification est nécessaire pour que les start-up aient un réel accès à ces marchés essentiels et qu’elles puissent consolider une base de développement sur le moyen/long terme.

A ce titre, la comparaison avec les Etats-Unis est intéressante (toute proportion mise à part) quand on se rend compte que la politique d’accompagnement à long terme des start-up américaines contribue à favoriser la passage du stade start-up à celui de licorne.

A titre d’illustration, deux exemples bien connus.

SpaceX, tout d’abord. Une société créée en 2002 par Elon Musk et qui mit un premier satellite malaisien en orbite en juillet 2009. Fin 2008, la NASA, dans le cadre du programme COTS, lui passa commande du lancement de 12 vaisseaux en direction de l’ISS pour un montant de 1,6 milliards de dollars. Aujourd’hui, SpaceX emploie environ 7000 collaborateurs et concurrence (très) sérieusement Arianespace.

Ensuite, Palentir, une société créée en 2004 par un autre ancien de PayPal : Peter Thiel, dont l’activité est l’analyse du big data dans le cadre du renseignement. Les technologies de Palentir ont été utilisées, dès le départ (le fond d’investissement de la CIA, In-Q-Tel à participé au premier tour de table) par des agences de renseignement et de surveillance américaines. Non cotée en bourse, la valorisation de Palentir était estimée en novembre 2014 à 15 milliards de dollars.

Ces exemples confirment que le soutien de la commande publique a contribué à créer des licornes aux USA en leur apportant des revenus sur le moyen/long terme et des références clients en béton.

Dans le domaine de l’intelligence artificielle, les performances de l’apprentissage machine s’appuient sur des effets d’échelle (data, capacité à attirer des talents, base d’utilisateurs installés). Cet effet d’échelle peut être considérablement accéléré par la capacité d’achat de la sphère publique. C’est un enjeu stratégique.

Pour assurer leur développement, les start-up ont en effet beaucoup plus besoin de clients que de subventions.

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