2033 : La Réserve de l’Info Locale

Design Friction
Design Friction
Published in
25 min readOct 17, 2023

Cette keynote-fiction participative a été imaginée pour le Festival de l’Info Locale, à l’occasion d’une carte blanche donnée par Ouest Médialab en Septembre 2023. Au côté de Raphaël Poughon (directeur de la prospective au sein du Groupe Centre France), nous avons proposé au public du festival une plongée dans les nouveaux métiers de l’information en 2033.

Ce long-format propose une retranscription de l’expérience de Design Fiction jouée lors du festival.
Si ce format d’anticipation vous intéresse ou si ces fictions suscitent des réflexions, n’hésitez pas à nous en faire part en nous écrivant à info[@]design-friction{.}com (mais avant, prouvez-nous que vous n’êtes pas un robot !).

Intercalaire présentant la Réserve de l’Info Locale, lors du test d’orientation effectué par la promotion de volontaires en 2033.

Bienvenue en 2033, pour ce test d’orientation organisé par la Réserve de l’Info Locale

Bonjour à toutes et tous, ravi de vous retrouver en cette belle journée de 2033. Je m’appelle Bastien Kerspern, je suis aiguilleur de compétences pour la Réserve de l’Information Locale.

Je vous souhaite la bienvenue pour cette session d’orientation un peu particulière. C’est la dernière étape de votre parcours, avant de rejoindre la Réserve de l’Info Locale, la “RIL” pour les intimes.

Si vous êtes parmi nous aujourd’hui, c’est que vous avez exprimé le souhait de vous engager dans notre Réserve de volontaires. Nous vous remercions pour le temps que vous accordez à notre noble mission.

Nous allons aujourd’hui faire un test collectif pour définir quel rôle, quel métier, quelle spécialité vous conviendrait le mieux au sein de la Réserve de l’Info Locale. C’est en remplissant ce rôle et en assurant ce métier que, dès demain au sein de la Réserve, vous volerez au secours des médias en difficulté.

2024 > 2033, une polycrise permanente

Mais comme le veut l’adage, pour savoir où l’on va, il faut déjà savoir d’où on vient. Depuis 2024, le monde vit une situation de polycrise permanente. Nous allons de surprise en rupture depuis près d’une décennie.

Cependant, si l’on analyse cette polycrise de plus près, trois facteurs-clés successifs ont amené les médias à repenser leur manière d’informer. Ces trois mêmes facteurs nous ont conduits à créer la Réserve de l’Info Locale.

Un quartier urbain où les éco-scores de différentes entreprises sont affichées, avec par exemple un score de 67/100 pour McDonalds ou de 99/100 pour Ouest-France.

Premier facteur :

La mise en place d’un éco-score des organisations

Tout au long de la seconde moitié des années 2020, l’aggravation rapide de l’urgence climatique et environnementale a obligé la France à bifurquer radicalement vers un modèle de société plus soutenable.

Vous n’avez pas pu passer à côté, depuis 2028, tous les acteurs publics et privés de France, y compris les médias, se sont vus attribuer un éco-score. Cette note vient évaluer le caractère écologique des activités et des processus de l’organisation, au quotidien. Plus on agit concrètement pour réduire son empreinte environnementale, meilleure est notre note.
Derrière ce système d’évaluation et de suivi, on retrouve le défi d’une décarbonation rapide de nos modes de vie, mais surtout une décarbonation qui soit portée par l’ensemble des acteurs de la société.

L’éco-score est aujourd’hui la boussole qui guide la plupart des médias : vous le savez, il faut se montrer vert et vertueux, car cette note conditionne à la fois l’obtention de nombreuses subventions publiques, mais aussi la confiance du lectorat. La pression économique et sociale qui pèse sur ceux « ne jouant pas le jeu de l’éco-score » est une complexité que les médias ont à gérer au jour le jour, en 2033.

Une illustration présentant un homme déprimé par la lecture de mauvaises nouvelles sur son smartphone. À côté de lui, un graphique présente les courbes, en hausse constante, de la dépression informationnelle et des comportements d’évitement de l’information.

Second facteur :

La fatigue informationnelle augmentée par l’IApocalypse

L’Apocalyse de l’Intelligence Artificielle n’a pas été celle qu’Hollywood nous avait vendue. Pas de systèmes intelligents déclenchant le feu nucléaire, ni de robots remplaçant les humains.

À la place, nous avons eu quelque chose de plus sournois.

Depuis 2022, l’accélération et la massification des intelligences artificielles génératives — dignes héritières des désormais obsolètes ChatGPT et autre MidJourney — ont créé toujours plus de contenus hyperpersonnalisés. Cette explosion du contenu sur-mesure, généré automatiquement, a pu prospérer faute d’une réglementation adaptée en Europe.

Sollicités en continu par les entreprises, les États et les médias, c’est une vraie guerre cognitive qui cherche à s’accaparer l’attention de nous autres citoyens. Cela a des conséquences très concrètes sur notre santé mentale et notre démocratie, avec en premier lieu une fatigue informationnelle qui est entretenue par la saturation face à l’actualité. On peut le déplorer, mais s’informer est devenu quelque chose de pénible.

En effet, selon le dernier barème du Cevipof de 2033 : c’est près de 86% de la population française qui déclare souffrir de dépression informationnelle ; quand 62% développent des comportements d’évitement de l’info tel que le WOMO — Wish Of Missing Out ; ou l’envie de rater une information.

En résumé, nous avons un désintérêt général pour l’information « traditionnelle » qui laisse prospérer une nouvelle génération de fake news, bien aidée par des IAs toujours plus convaincantes.

Une mappemonde du Splinternet, montrant les pays ayant rejoint différents nets continentaux : le Net Grand Americano-Saxon, le Net Sino-Africain, le Liberasia, etc.

Dernier facteur, mais pas des moindres :

L’émergence du Splinternet

Pour celui-ci aussi, vous n’avez pas pu passer à côté.
Depuis le tournant de 2025, on voit s’opérer un glissement certain vers un Internet fragmenté en région qui supplante l’Internet historique, commun à tous les pays. C’est ce qu’on appelle le Splinternet.

En 2033, on peut parler d’une vraie « balkanisation du Net », avec différents réseaux allant du Net continental à un Net municipal. L’Internet mondial vit peut-être ses dernières heures.

J’imagine que vous avez déjà dû essayer de vous connecter à un des nouveaux Nets : que ce soit au Net Grand Americano-Saxon — qui est accessible aux habitants des États-Unis, Canada, Royaume-Uni, Australie et quelques pays d’Amérique du Sud ; ou au Net Sino-Africain ; ou encore Liberasia, le Net libéral d’Asie, opéré notamment par le Japon, la Corée du Sud, l’Indonésie, ou encore l’Inde.

Vous avez pu également constater que ce Splinternet naissant vient fortement limiter l’accès à certains services et contenus en ligne, avec des frontières numériques permises par les technologies de géoblocage. Par exemple, ce sera quasi-mission impossible de se connecter à Rosnet, le Net d’influence russe, sans montrer patte blanche. Sauf à connaître un cyberpasseur, mais nous y reviendrons !

L’émergence du Splinternet est un vrai enjeu pour l’Union Européenne, de même que pour la France, qui doit encore développer son propre Net. De leur côté, les médias apprennent toujours à naviguer entre tous ces Nets des différentes régions du monde, mais aussi parfois entre les Nets à l’intérieur même du pays.

En France, on peut citer Breizhnet — le micro-Net breton monté par des Breizhxiteurs — , e-uskadi le micro-Net basque, ou encore la récente annonce d’un micro-Net picard qui se cherche encore un nom.

Un intercalaire introduisant la Réserve de l’Info Locale et sa mission : aider les médias locaux à faire face aux défis et aux urgences.

Comme je vous le disais, ces trois grandes transformations du monde, mais aussi de nombreuses autres ruptures, ont amené les médias locaux à devoir s’adapter, avec les moyens à leur disposition.

C’est ce qui constitue l’acte de naissance à la Réserve de l’Information Locale, fruit d’une alliance de médias locaux qui ont décidé de mettre leurs forces en commun, plutôt que d’attendre que la loi du marché vienne les décimer.

Si vous prenez part à cette session, c’est que vous connaissez déjà bien la mission de la Réserve. Mais je suis tout de même tenu contractuellement de vous rappeler notre raison d’être et nos actions.

Un schéma présentant la raison d’être de la Réserve de l’Info Locale créée en 2029 : une force pour garantir que les médias restent un contre-pouvoir, une organisation animée et gouvernée par une alliance de médias locaux, +3000 réservistes prêts à répondre aux défis et aux urgences de l’info locale.

Il y a donc quatre ans, en 2029, que s’est formé un groupe de volontaires, face aux nombreux défis que doit relever l’information locale et à l’urgence de réaffirmer la place des médias en tant que quatrième pouvoir.

La Réserve de l’Info Locale est initiée par une dizaine d’acteurs de l’information locale répartis aux six coins de la France pour faire front commun. Sa mission : se mettre au service des acteurs de l’information qui sont dans le besoin.

Aujourd’hui, c’est un ensemble grandissant de médias locaux, indépendants et groupes de presse, collectivités et associations, qui gouverne aujourd’hui la Réserve, à la manière d’une coopérative.

Que ce soit par conviction ou pour amorcer une reconversion, des professionnels et des citoyens peuvent devenir réservistes et être appelés pour prêter ponctuellement main-forte à des médias locaux qui :
— Affrontent des crises (ex. une cyberattaque, une pénurie de ressources-clés, une procédure-bâillon),
— Montent des initiatives spéciales (ex. une grande investigation, une nouvelle phase de transformation écologique, la promotion ou le test d’un nouveau format).

En résumé : la RIL est une force volontaire à disposition des médias locaux qui ont besoin d’un appui face aux difficultés du XXIe siècle.

Une photo de Julia Cagé en 2028, avec une citation de la nouvelle Mnistre de la Culture : « C’est aux Françaises et Français d’attribuer les subventions à la presse et aux médias, et non à l’État. 
 Un chèque de 75€ permettra à chaque personne de soutenir la presse de son choix, quels que soient ses moyens. »

Parlons argent maintenant, car la question de notre financement est souvent l’une des premières que l’on nous pose !
Vous vous demandez certainement comment se finance la Réserve ?

Cela tombe bien, nous avons fait vœu de transparence :
Depuis ses débuts, la Réserve est financée grâce à une subvention citoyenne, proposée par la Ministre de la Culture Julia Cagé.

Depuis 2028, un chèque média d’un montant de 75€ est octroyé chaque année par l’État à chaque citoyen. Les citoyens peuvent ainsi reverser le montant de ce chèque à un média en particulier ou le partager entre plusieurs titres. De nombreux citoyens ont fait le choix de reverser leur chèque média à notre Réserve et nous les en remercions chaleureusement.

Cela évite aux médias déjà en difficulté d’avoir à creuser leur déficit pour faire appel à notre aide. Nous veillons cependant à ne pas être une concurrence déloyale, sauf auprès de certains grands cabinets de consulting. Et oui, vous serez bien entendu rémunéré pour votre temps au sein de la réserve. Vous êtes certes volontaires, mais pas bénévoles !

Un intercalaire introduisant le dernier test d’orientation de la Réserve.

Préparez-vous pour le dernier test d’orientation avant votre entrée au sein de la Réserve

Venons-en à la raison de votre présence aujourd’hui.
Avant de rejoindre définitivement la RIL, nous devons définir ensemble quel rôle, quel métier vous allez assurer parmi nous.

Suite à vos candidatures, nos algorithmes ont déjà analysé vos profils et vos données personnelles, ce qui a permis d’affiner les spécialités et les métiers qui peuvent vous être proposés. L’objet de ce dernier test est de valider cette orientation et que vous rejoignez dès demain votre nouveau rôle au sein de la Réserve.

Le mode d’emploi du test : 7 situations présentées, avec pour chacune 3 réponses possibles. Sur le côté, un visuel de l’Annoteur : une grille avec les symboles triangle, carré et rond cochés pour chaque situation.

Malheureusement, notre algorithme d’orientation est en panne ces jours-ci, suite à un problème de mise à jour. Nous allons devoir faire ce test « à l’ancienne », avec une solution low-tech de secours que vous avez trouvé sur vos chaises : L’Annoteur.

Le test que nous allons faire ensemble se déroule de la même manière que les tests de personnalité que vous pouvez retrouver dans vos magazines préférés.

Vous serez confrontés à sept situations — certaines en lien avec les médias, d’autres non — avec trois propositions pour chacune des situations. Vous choisissez alors la réponse qui vous correspond le plus et notez son symbole : carré, rond ou triangle.

À la fin du test, nous analyserons ensemble vos choix et cela nous indiquera quelle spécialité de la Réserve est la plus adaptée à votre profil.

Vous êtes prêts ? Alors c’est parti !

Situation #1 
Une cyberattaque vise les réseaux sociaux d’un média pour salir sa réputation.
(Carré) J’évalue et je signale la dépense énergétique causée par cette attaque, pour qu’elle n’affecte pas l’éco-score du média.
(Rond) Je prends soin du moral des membres du média qui sont affectés par cette attaque.
(Triangle) Je monte une armée de bots pour répliquer et rétablir la réputation du média.
Situation #2 : Une entreprise empêche un média d’accéder à un document d’intérêt public. (Carré) J’établis un lien entre le contenu supposé de ce document et l’urgence écologique, obligeant l’organisation à diffuser publiquement ce document, en vertu de la loi de 2028 relative à la Transparence Écologique. (Triangle) J’automatise, grâce à l’IA, le processus de demande du document, pour relancer continuellement. (Rond) J’anime une campagne de pression populaire.
Situation #3 
Un blackout se produit, soit 12h sans électricité ni Internet dans toute la région.
(Rond) Je monte un réseau de crieurs publics pour continuer de relayer les informations directement dans les rues.
(Carré) Je documente les effets positifs de cette déconnexion forcée, pour en tirer des idées de sobriété énergétique et informationnelle.
(Triangle) Je relaie l’ouverture d’un atelier-apprenant de réparation dédié à l’électronique endommagé, pour renforcer la résilience du territoire.
Situation #4 :
L’expression alphanumérique décline peu à peu au profit du vocal, du short vidéo et du tout-emoji.
(Carré) Je plaide pour que ces nouveaux modes de communication puissent faciliter l’expression des animaux et des végétaux.
(Triangle) Je sensibilise au risque de « dépendance » aux écrans que stimulent volontiers ces nouvelles applications sociales.
(Rond) J’imagine des formats qui font le pont entre ces nouveaux usages et des informations vérifiées.
Situation #5 :
Plus de 100 millions de réfugiés climatiques arrivent en Europe.
(Rond) J’organise des rencontres entre ces nouveaux arrivants et le reste de la population pour prévenir les a priori respectifs.
(Carré) Je mets en avant ce phénomène comme une parfaite illustration pour alerter sur l’urgence climatique.
(Triangle) Je propose des solutions technologiques qui pourraient aider à l’intégration de ces nouveaux arrivants.
Situation #6 : Les intelligences artificielles et les robots obtiennent des droits du travail numérique.
(Triangle) Je veille à ce que ces systèmes intelligents, et leurs créateurs, n’oublient pas les devoirs qui vont avec leurs droits.
(Carré) J’alerte sur l’impact écologique que ces machines ont sur la biodiversité qui, elle, ne dispose pas de droits.
(Rond) Je travaille le lien de confiance entre humains et machines pour une cohabitation apaisée, au travail comme à la maison.
Situation #7 :
Une loi est votée pour interdire la personnalisation des contenus en ligne.
(Carré) J’applaudis cette décision qui amène à la réduction de l’empreinte environnementale du numérique.
(Rond) Je me réjouis que cette décision permette de refaire société, chacun n’étant plus enfermé dans sa bulle d’information.
(Triangle) J’en profite pour encourager les personnes à gagner leur indépendance numérique vis-à-vis des grandes plateformes en ligne.
Situation bonus :
Un investisseur nécromancien invoque le retour d’entre les morts de la technozombie du métavers, que faire ?
Nos spécialistes sont formels, une seule option possible : lui mettre un bon coup de pelle virtuelle !
Intercalaire introduisant les Division de la Réserve et invitant à découvrir son métier.

Le test est terminé.
Chers volontaires, passons maintenant aux résultats !

Une présentation des logos des trois divisions composant la Réserve de l’Info Locale : la division Écologie Active ; la division Confiance Restaurée ; la division Numérique Sobre.

Vous le savez peut-être, la Réserve est composée de trois divisions, soit trois grandes familles qui ont chacune leur champ de spécialité et leurs propres métiers :

— La division Écologie Active

— La division Confiance Restaurée

— La division Numérique Sobre

Ces trois divisions ont un socle en commun : la mission de lutter contre les déserts médiatiques qui se multiplient. En effet, les volontaires de la RIL peuvent être mobilisés pour assurer des missions de continuité de l’information sur ces territoires qui en sont privés ; et ce quelle que soit leur métier au sein de la Réserve.

Rejoignez votre division : une majorité de carrés = division Ecologie Active ; une majorité de ronds = division Confiance Restaurée ; une majorité de triangles = Numérique Sobre.

Selon vos réponses au test d’orientation, vous êtes affecté·e à l’une de ces trois divisions de la Réserve de l’Info Locale :

— Vous avez une majorité de carrés : bienvenue au sein de la division Écologie Active.

— Vous avez une majorité de ronds : félicitations, vous êtes admis·e dans la division Confiance Restaurée.

— Vous avez une majorité de triangles : bravo, vous voilà membre de la division Numérique Sobre.

Chaque division est unique dans son approche et propose des métiers spécifiques qui vont vous être présentés. Nous favorisons l’autonomie de nos membres, vous êtes donc libre de choisir le métier qui vous convient le plus au sein de la division que vous avez rejointe.

Intercalaire introduisant la Division Ecologie Active.

La division Écologie Active et ses métiers

Pour celles et ceux qui comptent parmi les rangs de la division Écologie Active, vous jouerez un rôle décisif dans l’accélération de la transition écologique des médias.

Le mot d’ordre de la Division Ecologie Active : “Nous alignons les médias sur les limites planétaires”

Le mot d’ordre de la division Écologie Active est d’aligner les médias sur les limites planétaires.
Autrement dit, rester sous certains seuils que l’humanité ne doit pas dépasser pour ne pas compromettre les conditions favorables dans lesquelles elle a pu se développer et qui lui permettent de vivre durablement dans un écosystème habitable.

Pour rester dans les limites planétaires, la division Écologie Active multiplie les champs d’action :
— La décarbonation accélérée de l’information,
— L’accompagnement des transitions dans un esprit de justice socio-environnementale,
— L’appui aux expertises internes des rédactions sur les sujets climat et biodiversité,
— La gestion des chocs météorologiques menaçant la continuité de l’information.

La fiche descriptive du métier du Pondérateur en Chef, un métier dont la spécialité est la redirection écologique et dont la mission est d’aider à évaluer et à décider si le coût d’une information vaut le coup qu’elle soit publiée ; en s’appuyant notamment sur son savoir-faire unique : une force de conviction et une rhétorique implacables.

En rejoignant la division Écologie Active, vous pourriez devenir celui ou celle qui ramène l’équilibre au sein des rédactions.

En effet, l’heure n’est plus aux chartes écologiques non-contraignantes ou aux postures empreintes de greenwashing, mais à une action concrète et radicale qui pourrait se résumer par la trilogie « mieux faire, ne pas faire, défaire » !

En tant que Pondérateur·rice en chef·fe, vous serez amené·e à :
— Aider à évaluer et décider si le coût écologique d’une information vaut le coup qu’elle soit publiée.

— Inciter à plus de sobriété informationnelle, à la revalorisation et à la durabilité des sujets abordés et des contenus produits.

— Accompagner le volet psychologique de la transition écologique, que ce soit pour aider le média à tourner la page d’une information écologiquement non-soutenable, à abandonner certaines pratiques de production ou diffusion, ou encore à renoncer à certaines opportunités marketing.

L’interface de la balance info-environnementale, pondérant l’impact écologique d’une actualité évaluée comme “bonne à publier”.

Vous pourrez compter sur votre outil-clé :

La balance info-environnementale est un outil intelligent pour peser le « pour » et le « contre » lors de la publication d’une actualité.

La balance vient analyser les externalités positives et négatives générées par la parution de l’information, aux plans de l’écologie et de l’intérêt public. Elle est une aide précieuse pour prendre du recul sur l’impact environnemental du média.

La fiche descriptive du métier du Manipulateur éco-vertueux : un métier dont la spécialité est l‘éco-influence. Sa mission est d’orienter subtilement l’information et la culture interne du média, pour amener furtivement la rédaction et la population à renoncer à certaines habitudes néfastes pour l’environnement. Son savoir-faire/être est une éthique qui flirte avec la ligne jaune sans la franchir.

Au poste de Manipulateur·rice éco-vertueux·se, votre devise pourrait être « aux grands maux, les grands remèdes, mais en toute discrétion ! ». Il faut parfois combattre la désinformation climatosceptique sur son propre terrain, avec ses propres moyens.

En assumant ce rôle, vous serez amené·e à :
— Exercer une influence par l’information qui va au-delà de la seule prise de conscience, en amenant furtivement les populations à renoncer à certaines habitudes désastreuses pour l’environnement et à prendre le tournant de la sobriété généralisée.

— Développer les leviers d’éco-influence du média : orienter la ligne éditoriale pour prioriser avant tout des sujets et points de vue allant dans le sens de l’urgence écologique ; ou encore mobiliser des contenus subliminaux pour manipuler le lecteur afin de le pousser à maintenir son effort pour l’environnement.

— Façonner la culture interne du média vers une ambition écologique forte, afin que tout le groupe se mette au diapason des enjeux.

Un aperçu du nuancier d’éco-manipulation, avec plusieurs fiches de techniques de manipulation. Est présentée la technique d’éco-influence sur le Web : “mettre en avant une actualité générant de l’éco-anxiété pour créer un sentiment d’urgence écologique”.

En plus de votre savoir-faire et savoir-être unique, vous aurez à votre dispositif un outil sur-mesure :

Le nuancier d’éco-manipulations est un éventail d’actions pour trouver le bon gradient d’éco-influence à exercer selon les informations et les contextes, sans que la manipulation devienne contre-productive.

La fiche descriptive du métier de la Voix du Vivant Non-humain, dont la spécialité est la protection de la biodiversité. Sa mission est de s’assurer que le point de vue des « vivants non-humains » soit représenté lors des conférences de rédaction ou apparaisse dans les publications. Son savoir-faire/être est la bio-écoute, pour se mettre en résonance avec tout le vivant non-humain et ceux qui en portent la voix.

Le vivant non-humain regroupe les animaux, les végétaux, le microbiote, avec qui nous cohabitons sur la planète et qui aident à rendre les écosystèmes habitables.

En tant que Voix du non-humain, vous serez amené·e à :
— Vous assurer que le point de vue des « vivants non-humains » soit représenté lors des conférences de rédaction, ou apparaisse systématiquement dans les publications, via des témoignages ou prises de parole de représentants locaux du vivant venus du milieu associatif.

— Œuvrer pour des processus de production et de diffusion de l’information qui n’ont aucun impact sur la biodiversité, avec la mise en place des démarches certifiées Neutralité biodiversité 2040 ou Bio-Zero Net.

— Former et outiller les personnes au sein des médias à informer en prenant en compte leurs impacts directs et indirects sur la biodiversité.

L’interface de l’outil “Rituels de décentrage” invitant à considérer une actualité portant sur une innondation, sous l’angle de la faune de demain.

Votre outil spécifique ne sera pas de trop pour faire entendre la voix et montrer la voie du non-humain :

Les rituels de décentrage, pour se rappeler que l’Humain n’est pas au centre de tout et se mettre en capacité d’écouter le vivant.

C’est notamment ce que proposent ces exercices de décentrage, où l’on apprécie une actualité selon le point de vue de l’animal, du végétal ou encore du microbiote.

Intercalaire introduisant la Division Confiance Restaurée.

La division Confiance Restaurée et ses métiers

Celles et ceux qui vont œuvrer avec la division Confiance Restaurée auront la tâche cruciale, mais ardue, de rétablir des ponts consciencieusement démolis au fil des années.

Intercalaire introduisant la philosophie de la Division Confiance Restaurée : “Nous retissons le lien de confiance entre la population, les décideurs et les médias”.

Cette division a pour objectif de retisser le lien de confiance entre la population, les décideurs et les médias.

L’ensemble de ses champs d’action vont en ce sens :
— Garantir l’information dans une démocratie tendant vers l’illibéral, en rétablissant la confiance avec les administrations ou les collectivités locales qui peuvent être tentées d’entraver l’information,

— Réduire la défiance des citoyens envers les médias, en rétablissant la confiance avec la population ainsi que les acteurs privés ou associatifs,

— Gérer les tensions sociétales générées par un traitement clivant de l’information, en rétablissant la confiance au sein des différents groupes de la population.

La fiche descriptive du métier de Conservateur des emballements médiatiques, dont la spécialité est l’économie de l’attention. Sa mission est de garder en mémoire les cas de buzz éphémères et autres emballements médiatiques, pour ne pas reproduire ces mêmes schémas et réflexes éditoriaux court-termistes. Son savoir-faire/être est la bienveillance lorsqu’il s’agit de rappeler les ratés.

Premier métier accessible au sein de la division Confiance Restaurée, vous apporterez une réponse réflexive au piège de l’économie de l’attention.

En tant que Conservateur·rice des emballements médiatiques, vous serez amené·e à :
En tant qu’historien·ne : garder en mémoire les cas de buzz éphémères et autres emballements médiatiques, comme autant d’échecs de l’information locale.

En qu’archéologue des choix éditoriaux : documenter et retracer les décisions qui nous ont poussés à cette course à l’attention.

En que conscience préventive : identifier les réflexes et les processus qui nous amènent à l’emballement, pour ne plus y céder demain.

La présentation du musée portatif des emballements médiatiques, un outil qui retrace des cas emblématiques et leurs conséquences, pour se souvenir et se sensibiliser à tous les échelons du média. 
 Cette valise pop-up contient un véritable pan de l’histoire médiatique locale et est une mémoire vivante de ce qu’il convient de ne plus répéter.

Pour ne pas oublier les errements de l’information locale, vous pourrez faire appel à votre outil :

Le musée portatif des emballements médiatiques qui retrace des cas emblématiques de buzz sans lendemain et leurs conséquences, pour se souvenir et se sensibiliser à tous les échelons du média.

Cette valise pop-up contient un véritable pan de l’histoire médiatique locale et est une mémoire vivante de ce qu’il convient de ne plus répéter.

La fiche descriptive du métier de Montreur du réel, dont la spécialité est la désinformation automatisée. Sa mission est d’organiser des excursions sur le terrain à destination du lectorat, pour montrer, prouver et rétablir la réalité des faits in situ. Son savoir-faire/être est le bagou d’un bon guide touristique.

Face à l’incrédulité suscitée par la surabondance de fake news dopées aux intelligences artificielles génératives et à l’omniprésence des filtres de personnalisation, on peut dire qu’il n’a jamais été aussi compliqué de discerner ce qui est vraiment réel.

En tant que Montreur·euse du réel, vous serez amené·e à :
— Organiser des excursions sur le terrain à destination du lectorat, pour montrer, prouver et rétablir la réalité des faits in situ, à la manière d’un journalisme embarqué.

— Sensibiliser à la désinformation personnalisée selon le profil de l’utilisateur ; cette nouvelle forme de désinformation qui s’est accélérée avec la création automatique de deepfakes et qui amplifie la fracture de la société.

— Effectuer une veille sur les évolutions sociales et technologiques qui viennent contribuer à la déformation du réel ; et même des réels au pluriel.

L’outil-clé du défiltreur : une sorte de pistolet avec plusieurs écrans qui montrent à quoi ressemble la réalité déformée par différents filtres de personnalisation en ligne.

En plus de votre bagou de guide touristique, faites appel à votre outil pensé pour montrer le réel :

Le défiltreur permet de montrer et de comparer comment une situation réelle peut être distordue par différents filtres intelligents d’information personnalisée, selon le profil de l’utilisateur.

Son fonctionnement est simple : on pointe un lieu, un objet ou une personne et on observe comment cette réalité est déformée par une série de prismes de personnalisation proposés par les médias sociaux.

Le défiltreur aide ainsi à faire comprendre comment chacun est amené à voir quelque chose de différent malgré lui.

La fiche descriptive du métier de Chargé de soin informationnel, dont la spécialité est la fatigue et la dépression informationnelles. Sa mission est de préserver la santé mentale de toute la chaîne d’information, 
 du producteur au lecteur : s’assurer que les producteurs de l’information se « sentent bien » pour que leurs contenus « fassent du bien » aux lecteurs. Son savoir-faire/être est une empathie et une sollicitude à toute épreuve.

La fatigue et la dépression informationnelles sont un fléau qu’il convient de combattre par l’empathie et la sollicitude.

En tant que Chargé·e de soin informationnel, vous serez amené·e à :
— Préserver la santé mentale de toute la chaîne d’information, du producteur au lecteur : s’assurer que les producteurs de l’information se « sentent bien » pour que leurs contenus « fassent du bien » aux lecteurs.

— Réécrire les titres des unes pour réduire la fatigue et la dépression informationnelles et rompre avec la pratique des titres racoleurs qui saturent les publics.

— Suivre la réception d’une information, pour évaluer l’impact émotionnel que ce contenu génère chez son producteur et son lecteur (Comment se sent-on après avoir consulté ce contenu ? A-t-on besoin d’un moment pour soi ?) afin d’ajuster les prochains contenus en conséquence.

L’interface du bouclier Psych’info, protégeant l’utilisatrice d’une actualité pouvant entretenir son éco-anxiété.

Pour prendre soin de celles et ceux qui sont au contact de l’info locale, munissez-vous de votre outil :

Le bouclier psych’info est une psytech qui offre un « filtre de protection mentale ». Compagnon du quotidien, ce bouclier numérique aide à gérer la fatigue informationnelle en protégeant préventivement d’informations nocives pour l’équilibre psychologique. Le bouclier vient alors bloquer ces contenus en ligne avant qu’ils ne nous atteignent.

Il s’agit d’un outil facile d’accès qui est proposé aux producteurs d’info comme aux lecteurs. À noter que le bouclier est configuré avec les équipes de montreurs du réel pour s’assurer que les filtres de protection mentale ne produisent pas d’effets secondaires de mésinformation.

Intercalaire introduisant la Division Numérique Sobre.

La division Numérique Sobre et ses métiers

Enfin, les nouveaux arrivants qui rejoignent la division Numérique Sobre vont accompagner les médias dans la gestion de l’héritage ambigu d’une numérisation qui, parfois, s’est faite à marche forcée.

La raison d’être de la Division Numérique Sobre : “Nous oeuvrons pour l’indépendance numérique des médias”.

Bienvenue au sein des volontaires œuvrant pour l’indépendance numérique des médias.

Les champs d’action de la division Numérique Sobre cherchent à répondre aux défis de l’après-transition numérique :
— La cohabitation avec les différents types d’intelligence artificielle,

— La préservation de la santé mentale face aux maux du numérique,

— La réduction de la dépendance aux grandes plateformes en ligne,

— La démocratisation du low-tech et de la réparabilité des systèmes numériques.

La fiche descriptive du métier de Débrancheur, dont la spécialité est les vulnérabilités du tout numérique. Sa mission est de déconnecter et dénumériser les pratiques et les outils des médias, grâce à des solutions low-tech et des thérapies de déconnexion. Son savoir-faire/être est un bon équilibre entre techno-pragmatisme et techno-scepticisme.

La division Numérique Sobre vous permettra, notamment, de vous affirmer en tant que Débrancheur·euse. Vous serez alors amené·e à :

— Déconnecter et dénumériser les pratiques et les outils des médias, pour les aider à faire face aux vulnérabilités et aux controverses de l’hypernumérique ; que ce soit les cyberattaques, les polémiques sur le poids écologique du numérique, ou encore les blackouts ou autres coupures d’Internet (volontaires ou non).

— Développer l’indépendance et la souveraineté des acteurs de l’info locale, en optant pour des solutions low-tech pour leur permettre de retrouver le contrôle de leurs outils et leurs processus.

— Au côté d’un·e chargé·e de soin informationnel : prévenir des maux psychologiques causés par l’hypernumérique en développant des stratégies de déconnexion thérapeutique.

L’outi-clé du Débrancheur est un interrupteur doté d’un gros bouton rouge d’arrêt, d’une série d’antennes et de potentiomètres.

Lorsque le savant mélange du techno-pragmatisme et du techno-scepticisme ne suffit plus, retournez-vous vers votre outil-clé :

L’interrupteur-disrupteur, ou l’ultime recours pour dénumériser et/ou déconnecter un média en urgence, face au risque imminent posé par la connexion permanente et le numérique omniprésent.

Facilement paramétrable dans l’urgence, l’interrupteur-disrupteur permet un diagnostic rapide de la vulnérabilité à l’instant T et le débranchage partiel ou complet du média.

La fiche descriptive du métier de (Re)Dresseur d’IA, dont la cohabitation avec les intelligences artificielles. Sa mission est détecter les biais des intelligences artificielles d’une rédaction, les rééduquer et enseigner au média comment réparer ses systèmes par lui-même. Son savoir-faire/être est une patience didactique face aux machines capricieuses.

En bons systèmes apprenants, les intelligences artificielles peuvent avoir tendance à imiter nos travers d’Humains. Il est alors temps de les rééduquer avant qu’il ne soit trop tard !

En tant que Redresseur·euse d’intelligence artificielle, vous serez amené·e à :
— Repérer et atténuer les biais qui parasitent les intelligences artificielles qui sont utilisées pour produire ou diffuser les contenus. Vous traquerez ces biais encodés dans les systèmes, qui viennent tacitement et involontairement orienter le traitement de l’information et qui sont souvent hérités des biais culturels ayant déjà cours au sein du média.

— Rééduquer et réentrainer un système d’intelligence artificielle de la rédaction qui s’est déréglé, notamment à cause des attaques de désapprentissage menées par des hacktivistes.

— Diffuser une culture de la réparation numérique, pour que chacune et chacun au sein du média se sente capable de comprendre le fonctionnement d’un système intelligent et de le réparer par ses propres moyens.

La tablette numérique de rééducation d’IA, avec des fonctionnalités de diagnostic des biais, de (ré)entrainement ou de désactivation de l’IA défectueuse.

Le kit de rééducation algorithmique sera votre couteau suisse :

il inclut notamment un diagnostiqueur de biais intégrés par l’IA, ainsi qu’une série de nouveaux jeux de données — parfois hétéroclites — pour réentraîner le système apprenant.

Ces données atypiques doivent notamment aider l’intelligence artificielle à pouvoir élargir son champ d’analyse et ainsi faire disparaître ses biais.

Au besoin, votre responsabilité de (Re)Dresseur d’IA pourra vous amener à désactiver la machine dysfonctionnelle d’un simple clic.

La fiche descriptive du métier de Cyberpasseur, dont le Splinternet. Sa mission est d‘aider les journalistes à s’infiltrer dans les différents Nets et autres messageries communautaires pour aller chercher une information sans laisser de traces. Son savoir-faire/être est un sens du détail digne des plus grands faussaires.

Vous allez vite devenir cet allié incontournable pour naviguer par gros temps au sein d’un Internet en morceaux. En tant que Cyberpasseur·euse, vous serez amené·e à :

— Aider les journalistes à passer d’un Net, local ou étranger, à un autre pour aller chercher l’information derrière des pares-feux ou accéder à des services en ligne protégés par les géoblocages.

— Garantir que le média est bien présent et accessible sur les Nets locaux de son territoire.

— Faire pénétrer les journalistes dans des boucles fermées des messageries communautaires ou au sein de Nets hyperlocaux, comme l’historique NAR, le Net Autonome Rennais.

— Effacer les traces des journalistes qui se sont introduits là où ils n’auraient pas dû dans le cyberespace fragmenté.

L’outil du cyberpasseur : un trousseau de légendes numériques, composé de deux clés USB contenant des faux profils pour infiltrer différents nets.

Votre sens du détail digne des plus grands faussaires sera justement très utile pour sublimer l’art de votre outil favori :

Le trousseau de légendes numériques met à disposition des jeux de fausses données (profil social, localisation, traces d’activités) pour passer les frontières en ligne.

Avec ici deux exemples de légendes (ou couvertures) « prêtes-à-l’emploi » pour infiltrer le Net Sino-Africain sous les traits d’un professionnel de santé ; et — plus localement — naviguer au sein du Breizhnet, le Net privé et communautaire breton qui prend de l’ampleur chez les partisans du Breizhxit.

Un résumé des 3 métiers de chacune des 3 divisions de la Réserve de l’info locale.

Vous pouvez maintenant choisir le métier qui vous plaît le plus au sein de votre nouvelle Division !

Pas de panique si ce dernier ne vous convient pas au bout de quelques missions, la Réserve permet des évolutions de postes pour que chacune et chacun se sente à son aise.

Un intercalaire souhaitant la bienvenue au sein de la Réserve de l’Info Locale à tous les admis de la promo 2033.

Merci d’avoir rejoint la Réserve !

Voilà qui conclut notre session d’orientation. Merci d’avoir fait le choix de rejoindre la Réserve de l’Info Locale.

Nous sommes fiers de vous compter parmi nous et avons hâte de vous retrouver à nos côtés sur le terrain pour aider les médias à assurer leur mission essentielle !

Intercalaire : Retour en 2023.

Vous venez de vivre une expérience de Design Fiction !

Le Design Fiction est une approche créative qui propose d’anticiper des futurs probables ou inattendus, pour mieux agir aujourd’hui.

Une définition du Design Fiction : Une approche d’anticipation critique qui
 donne à voir et à faire l’expérience des futurs, grâce à des objets et des services fictionnels,  de manière à nourrir la réflexion et l’imagination pour mieux ajuster les décisions prises aujourd’hui.

Entre design, prospective et science-fiction, cette approche aide à :
— Anticiper les transformations avec un regard critique,
— Renouveler des imaginaires en panne d’inspiration,
— Prendre du recul sur ses pratiques et ses impacts.

Le Design Fiction fait appel à des scénarios racontés par des objets et des services fictionnels qui se veulent volontairement provocants et inspirants pour susciter l’imagination et le débat : est-ce que ce futur nous semble souhaitable ou indésirable ? Comment pourrions-nous tendre vers ce futur ou au contraire, comment pourrions-nous l’éviter ?

Mais concrètement, au-delà de l’expérience que l’on vient de vivre ensemble, à quoi peuvent ressembler l’exploration des futurs et l’anticipation au sein d’un groupe média ?

Réponse avec la présentation de Raphaël Poughon, directeur de la prospective au sein du Groupe Centre France.

Définition : La prospective est l’étude des possibles.

La prospective est l’étude des possibles : ici le pluriel est primordial !

On parle d’étude des possibles : c’est-à-dire d’observation du présent (tendances lourdes, signaux faibles des futurs déjà présents), des faits « techniques, scientifiques, économiques et sociaux ».

Un nuage de mots-clés liés à la prospective : explorer, observer, croiser, décrypter, produire des scénarios, mettre en discussion, nourrir les décisions stratégiques.

L’objet de la prospective consiste à explorer, décrypter, croiser les possibles, mais aussi produire des scénarios, des visions d’avenirs possibles qui nous permettent de nous situer.

ATTENTION ! Il ne s’agit PAS d’un exercice de prédiction !
Pas de boule de cristal au budget 2023 !

L’objectif de cette démarche : nourrir et orienter des conversations stratégiques, souvent obnubilées par les urgences présentes, vers d’autres futurs possibles.

Il s’agit alors de faire ce pas de côté, de prendre un peu de hauteur, de changer de perspective, mais aussi de lunettes (de vision du monde), pour accompagner LES transitions numériques, écologiques et démographiques !

Ici aussi, on repart de choses que l’on sait et/ou que l’on observe dans les transformations des usages et de la société. Un exemple :
On sait qu’en France, entre 2020 et 2030, le nombre des 75–84 ans va augmenter de 50% (passant de 4 millions à 6 millions), comment nos médias locaux peuvent-ils s’adapter à cette nouvelle donne en matière de publics ?

Il ne s’agit donc pas de prédire le futur…

Une citation : “L’avenir ne se prévoit pas, il se prépare” — Maurice Blondel, vers 1890

… mais de s’y préparer.

La prospective décrite en plusieurs points : décrypter les changements à l’oeuvre sur nos territoires, créer des conversations sur des futurs possibles, le tout pour commencer à y dessiner notre place (utilité / impact / sens).

La prospective cherche à créer des conversations sur les futurs, car tant qu’il n’est pas mis en discussion, le futur pris au singulier est anxiogène et souvent dystopique !

L’Humain a peur de ce qu’on ne connait pas. Il nous faut donc essayer d’embrasser différents futurs pour apprendre à ne plus les craindre et être en mesure de décider ce que nous souhaitons réellement pour demain :

Quid d’un futur hyper techno centré ? Où l’IA nous a tous mangés et digéré, et où les news s’afficheront sur les miroirs nos salles de bain ?
Ou au contraire, quid d’un futur low-tech, numériquement effondré, où seul le papier sera d’avenir ?

Ici aussi, l’idée n’est pas de lire dans une boule de cristal…

Le visuel de la planète Terre avec plusieurs espèces qui cohabitent et l’inscription “Futurs climatiques ?”.

… mais de faire appel à des données de projection.

Par exemple en se basant sur les scénarios de l’ADEME et ses différentes projections dans ce contexte de réchauffement climatique, les scénarios de MétéoFrance, les scénarios énergétiques de RTE à l’horizon 2050, qui mettent en avant des tendances structurelles :

— La digitalisation,

— La crise climatique et ses impacts sur les écosystèmes, la biodiversité, et les dépassements des autres limites planétaires,

— L’urbanisation, avec 80% population française qui vit dans des zones de plus de 2000 habitants,

— Le vieillissement de la population : en 2030, 30% des Français auront 60 ans et plus ; 12% des Français auront plus de 75 ans. Nous avons dépassé le Peak Child ; le monde comptera, pour la première fois, plus de personnes de 65 ans et plus, que de 15–24 ans, en 2050.

— Ou encore sur le futur du travail, le futur de la mobilité, tout ce qui va impacter nos vies quotidiennes demain !

L’idée est de croiser diverses disciplines comme la littérature, la sociologie, l’histoire, l’économie ou encore la géopolitique pour développer une approche systémique. Cela nous amène à voir et à comprendre comment les choses interagissent les unes avec les autres.

Notre avenir demain sera peut-être plus bouleversé par un changement sociétal que par une rupture technologique.

Une présentation de l’exemple “Atelier de médiafiction” qui a invité les journalistes à imaginer des médias souhaitables et à envisager comment y arriver depuis aujourd’hui.

Dans une rédaction, cela peut se traduire par des ateliers inspirés du Design Fiction et de la prospective créative, comme « Retour vers le futur des médias » — une expérience imaginée par La Compagnie Rotative pour le Groupe Centre France.

Présentation d’un article de fiction publié par le Berry Républicain, autour des 4 degrés de plus en 2100 dans le Cher qui suffoque durant cinquante nuits par an.

Autre exemple, avec Le Berry Républicain qui propose des récits d’un nouveau quotidien dans le futur : « Et si s’il faisait 4 degrés de plus à Bourges en 2100, à quoi ressemblerait le territoire ? »

Pour découvrir ces fictions :
https://www.leberry.fr/bourges-18000/actualites/avec-4-degres-de-plus-en-2100-le-cher-suffoque-cinquante-nuits-par-an_14320131/

Un visuel montrant les schémas de 4 scénarios de futurs possibles : le scénario tendanciel, le scénario catastrophe, le scénario rupturiste et le scénario souhaitable.

La couleur de la prospective qui me semble intéressante d’adopter par les médias est celle d’une prospective créative : une prospective qui contribue à ces nouveaux récits du quotidien !

Certains choisiront de mettre en avant uniquement des scénarios catastrophes, car « ça fait vendre », disent-ils.

D’autres privilégieront des scénarios rupturistes, souvent lié aux univers hypertechnophiles…

Enfin, les utopistes — dont je me revendique — tireront vers les futurs souhaitables.

Bref, à chacun d’assumer sa responsabilité médiatique !

À la fois avec nos journalistes, audiences, mais aussi avec nos cadres de rédaction, et autres stratèges et direction générales de l’entreprise. Et ce pour un même objectif : se mettre face à des futurs possibles, faire des choix, poser une vision, se donner un cap !

Quoi qu’il en soit, cette prospective créative peut être utile pour les médias — en tant que structures — comme pour leurs lecteurs. En effet, dans les périodes d’incertitude, les psychologues nous le disent tous : le fait de se mettre en mouvement, d’agir et de contribuer à une alternative, est le meilleur remède contre l’anxiété, et même l’éco-anxiété.

Citation : “La meilleure façon de prédire l’avenir est encore de le créer.” — Peter Drucker… ou peut-être Abraham Lincoln
Un intercalaire de fin vous remerciant d’avoir exploré les futurs à nos côtés. Pour nous contacter : Bastien Kerspern (Design Friction) @Kastien / bastien@design-friction.com ; Raphaël Poughon (Centre France) @Rapou / raphael@compagnie-rotative.fr

--

--

Design Friction
Design Friction

A humble design practice producing speculative and critical scenarios for the upcoming presents. We deconstruct realities to build new perspectives.