Entretien avec Scott Smith, Changeist

Design Friction
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14 min readNov 8, 2016

En octobre 2016, à l’occasion de notre participation au Lift de Basel (2015), nous avons eu la chance de pouvoir échanger avec Scott Smith qui a partagé avec nous sa vision sur la capacité du design fiction à allier pensée critique et processus créatif pour aborder les problèmes et susciter le débat.

Bonjour Scott, pourriez-vous nous dire quelques mots sur vous et sur votre parcours ?

Je m’appelle Scott Smith, je suis le fondateur de Changeist, et je suis un « futuriste », même si cette dénomination ne semble plus appropriée de nos jours. J’ai commencé à travailler comme prévisionniste spécialisé dans les nouvelles technologies et directeur de recherche à Londres, Washington et New York. Puis j’ai travaillé pendant 4 ans au sein d’un think-tank de consulting aux États-Unis. Depuis 8 ans, je travaille avec Changeist dans les domaines de la prospective, de l’innovation et du design.

Qu’est-ce qui vous intéresse dans la prospective et comment y êtes-vous arrivé ?

Je suis arrivé à la prospective parce que je l’ai cherchée quelque part et parce que j’ai trouvé un contexte où je pouvais faire ce métier. J’ai toujours été intéressé par la façon dont les technologies, l’économie, la politique et la société peuvent interagir entre elles. Au début, je travaillais en tant que prospectiviste sur des enjeux à court terme et je développais des modélisations pour savoir combien une entreprise allait vendre dans les dix prochaines années pour un produit ou service donné. Cela impliquait que je tienne compte des conséquences des technologies émergentes dans et pour notre société. Je me suis concentré la plupart du temps sur les choses qui n’avaient pas de précédent : Internet et la téléphonie mobile à leurs balbutiements, les nouvelles plateformes en ligne…

Plus que dans la prévision des évolutions du numérique, je m’épanouissais en réfléchissant au contexte dans lequel ces technologies apparaissaient, ce qui impliquait d’imaginer comment elles changeraient les gens et comment, en retour, les gens changeraient ces technologies. Avec cette nouvelle approche, j’ai pu développer des compétences supplémentaires qui se sont trouvées cruciales par leur utilité. Au fil du temps, je me suis plutôt intéressé à la manière dont le design, l’art, les médias, tout comme l’anthropologie, la sociologie et beaucoup d’autres pratiques pouvaient s’appliquer à la prospective pour changer notre manière de faire.

Selon vous, que peuvent apporter le design ou le design fiction à la prospective ?

Un des rôles les plus intéressants du design fiction, du design spéculatif et de tous leurs corrélats, est d’aider à combler une faille significative dans la communication des futurs. Historiquement, à la place des scénarios concrets, on faisait un ensemble de recherches documentaires sur les tendances à venir, on rentrait dans une salle de conférence, on montrait sa présentation, on faisait un rapport et on le remettait aux personnes en charge de prendre les décisions. Pas besoin pour cela de les emmener dans le même monde ou le même état d’esprit que vous, afin de leur donner à voir ces futurs. Donc vous ne créez pas de connexion, d’empathie avec eux. Comme le disaient Bruce Sterling ou Julian Bleecker il y a sept ans : “le design fiction en tant qu’outil de communication permet de créer des interactions et d’engager des discussions sur le futur qui n’existaient pas auparavant. Il aide à rendre ces futurs assez réels pour tout un chacun, de manière à pouvoir engager avec eux une véritable conversation.”.

Un atelier d’exploration des futurs vu de l’intérieur.

Comment peut-on raconter des histoires sur le futur à une société obnubilée par le présent et le court-terme ?

Vous pourriez déformer un peu la question et dire que c’est aussi une société consumériste obnubilée par le matériel. Alors, pourquoi suivre la société et fabriquer des objets ? Pourquoi ne pas fabriquer des choses qui sont la forme vernaculaire de la société de consommation ? En créant des objets qui incarnent des histoires, on peut créer cet espace dans lequel emmener les gens. Si je vous demande juste de ne pas vous focaliser sur le présent immédiat, ce n’est pas vraiment une question efficace. Si je vous invite dans un espace qui vous emmène dans un futur possible, alors nous passons d’une position statique, qui se concentre seulement sur le présent, à un lieu différent, un nouvel espace à explorer. Je trouve que c’est quelque chose de très intéressant quand on considère un objet : cette capacité d’ouvrir un espace autour de lui et d’incarner un nouveau contexte. C’est comme lorsqu’on joue lorsqu’on est enfant. Parfois on a juste besoin d’une épée en bois, d’une couronne et de quelques autres objets, et soudain, on est au Moyen Âge. Au final, on a besoin de très peu de choses pour construire une narration.

Comment engagez-vous le public dans votre travail pour créer l’espace de débat sur les futurs possibles ?

L’engagement du public est une question très intéressante. Traditionnellement, si vous venez du secteur de la prospective pour les entreprises, comme moi d’une certaine manière, vous ne vous souciez pas d’engager le public, seulement d’engager quelques décisionnaires. Si vous êtes intelligent, vous veillez aussi à laisser la porte ouverte pour que d’autres parties prenantes adoptent l’idée. On dit toujours « faites en sorte que le client puisse faire bonne figure et que sa décision soit simple à prendre ».

Les choses sont différentes quand on transpose cela dans la sphère publique, ou qu’on amène les clients privés ou institutionnels à se positionner dans un contexte public. Le problème aujourd’hui est que la majeur partie du grand public pense toujours que ce sont d’autres qui travaillent sur le futur et sur la manière de le déterminer. Pour un nombre incalculable de raisons, les gens ne se sentent pas assez capables ou suffisamment intelligents et ne veulent pas vraiment s’impliquer dans la construction de ces futurs. Évidemment, les politiciens et les entreprises ne vont jamais courir après cette possibilité d’engagement. Nous avions donc besoin de mécanismes d’engagement citoyen, qui soient assez agréables et familiers pour être directement accessibles.

Le projet de journal, Winning Formula, sur lequel j’ai travaillé avec Near Future Laboratory, était une expérience très intéressante en termes d’engagement d’une audience dans une discussion qui n’aurait normalement jamais eu lieu. Si j’étais dans la rue et que je proposais aux gens de venir participer à un séminaire IBM sur le big data, avec un peu de chance une personne seulement me suivrait, et encore. Si en revanche je montre aux gens un objet familier, comme un journal, qui traite d’un sujet familier, le sport dans ce cas précis, les gens prendront ce journal, sauront ce que c’est, comment le tenir et comment le consommer. Ils peuvent l’utiliser comme une passerelle vers la discussion sur le futur des données et de leurs implications dans notre quotidien. Cela ouvre des portes dans une discussion, que beaucoup sont heureux de franchir.

Extrait de Winning Formula, un quotidien sportif fictionnel sur l’influence grandissante des données.

L’expérience peut prendre plein de formes intéressantes. Les discussions et les réactions peuvent être générées en utilisant différents déclencheurs chez le public. Miriam Simum à New York, par exemple, a imaginé un fromage à base de lait maternel. Dans ce cas, le public a des réactions tenant des émotions contradictoires. Avec leur Pawnshop of Tomorrow, les designers d’Extrapolation Factory ont donné à réfléchir sur la valeur de quelque chose qui n’existe pas encore, la valeur d’un futur ancien en quelque sorte. En tant que praticiens, nous nous devons de toujours découvrir de nouvelles façons d’engager le public. Il n’y a pas de manuel qui explique comment faire du design spéculatif ou prospectif. Dans certains cas, nous expérimentons, en emmenant les gens dans une sorte d’immersion, par le théâtre, la nourriture, la chimie, la publicité … Il y a plein de voies différentes à explorer. Selon moi le but principal est d’engager les gens dans une discussion critique sur les futurs possibles, un point c’est tout… et de s’amuser en le faisant !

Essayez-vous de documenter et d’analyser les discussions ainsi créées par les design fictions ?

Au bout d’un moment nous devrions essayer de davantage rendre compte de ces discussions et d’apprendre d’elles au lieu d’être seulement amusé et surpris des réactions du public.

D’une certaine façon, j’ai le sentiment que pour le projet Winning Formula, nous aurions dû faire plus pour faciliter l’évaluation de l’implication, au lieu de simplement transcrire des situations. Heureusement, j’ai pu observer différents types d’engagements du public suivant le musée dans lequel le projet était exposé. Il a été présenté dans plusieurs expositions : à l’exposition Big Bang Data du CCCD, au Musée National du Football de Manchester, et maintenant à la Somerset House à Londres. Mais nous ne voulions pas qu’il soit une simple pièce de musée : nous avons placé des copies de Winning Formula dans un présentoir à journaux, parmi d’autres magazines. Nous voulions voir comment les gens réagissaient lorsque l’exemplaire du journal était dans son environnement naturel. En fait, les employés des kiosques de presse en ont jeté la plupart, ce qui est assez logique pour un journal. Il a vécu sa vie d’objet spéculatif et a fini dans le bac à recyclage.

Nous avons aussi eu l’opportunité d’en parler avec des gens au hasard des rencontres. Je suis monté dans des trains à Manchester et j’ai donné le journal aux autres passagers. En le parcourant, la plupart ont senti que quelque chose clochait, par exemple en remarquant qu’un joueur n’était pas dans la bonne équipe. Une nuit, lors d’un diner à Barcelone, un serveur qui passait à côté de notre table a pointé le journal et m’a dit « ce type ne porte pas le bon maillot, quel genre de journal est-ce donc ? ». Il savait au fond de lui que ce n’était pas réel. En effet, la photo que nous avions mise en couverture datait de deux saisons auparavant.

Séance de prototypage de futur à la conférence FutureEverything de Singapour en 2016.

Quelles méthodes pouvez-vous imaginer pour documenter les design fictions de manière plus systématique ?

Il y a Vera-Karina Gebhardt, une élève doctorante, qui documente le processus d’engagement du public dans des scénarios spéculatifs ou dans des workshops qui nécessitent la création de scénarios et le prototypage.

Elle était avec nous quand nous avons fait le workshop de prototypage FutureEverything à Singapour la semaine dernière, dont les productions étaient exposées au Art Science Museum à Singapour. Elle a mené une analyse et une évaluation minutieuses de tout le processus à travers une observation rigoureuse : du processus lui-même, des interactions, des ressentis des participants vis-à-vis du processus, de la manière dont le public a accueilli les prototypes et interagi avec eux. Elle a remarqué que généralement les visiteurs du musée s’écartaient, ne voulaient pas toucher les prototypes et se contentaient de regarder les cartels explicatifs des socles.

Il faut dire aussi que les curateurs ont fait un excellent travail pour cette exposition en conservant la matière brute du workshop, que les participants auraient sinon jeté à la poubelle. Ils les ont placés à côté des prototypes pour que les visiteurs puissent voir les ingrédients avant le plat préparé. Grâce à cela, ils ont pu réfléchir aux connexions entre les visions, les idées, les discussions et les esquisses à l’origine des scénarios finaux. Ils n’ont pas vu seulement les prototypes spéculatifs finaux, ils ont pu voir tout le processus de création et les ingrédients qui y ont participé.

Ceci est très intéressant pour moi, qui travaille plutôt en aval du processus. J’aimerais beaucoup comprendre ce processus d’une façon plus détaillée. Je pourrais peut-être utiliser des méthodes et outils issus de l’ethnographie pour remonter le fil des idées : quelles idées sont des réussites, lesquelles ne le sont pas, lesquelles deviennent des prototypes, lesquelles ne parviennent pas à cette étape … Pour cette raison, soit vous passez mettez les mains dans le cambouis, soit vous observez, c’est dur de faire les deux. Finalement, ça se résume à une question de ressources. Je suis très intéressé par le fait de comprendre, préciser et itérer ce processus pour savoir comment les gens y réagissent. C’est, je trouve, plus intéressant qu’avoir simplement l’artefact final qu’on donne à un musée.

Les artefacts de l’atelier de la conférence FutureEverything ont ensuite été exposés au Art Science Museum de Singapour.

Comment les parties prenantes et les décisionnaires réagissent-ils lorsqu’ils sont confrontés à de la prospective ou à des design fictions ?

Avant, les gens étaient assez réticents quand on leur parlait de prospective, et à fortiori de design fiction. Aujourd’hui, il est complètement possible de faire des ateliers avec des groupes qui prototypent des choses rapidement et sont assez à l’aise avec le processus. Je pense que c’est grâce à une évolution intéressante du milieu professionnel et économique, qui n’est plus compartimenté comme avant, avec un groupe chargé du design d’un produit et un autre chargé de décider qui le finance. On trouve de plus en plus de processus ouverts au sein des entreprises. Les membres d’une entreprise sont de plus en plus impliqués dans le design d’un produit et son développement, ce que les rends plus à l’aise lorsqu’il s’agit de discuter ensemble d’un prototype. Et ils ont un véritable intérêt pour cela, comme les objets ou les expériences tangibles peuvent les aider à débattre des décisions à prendre plus rapidement. Un objet peut contenir des milliers d’idées, de visions, d’arguments et de débats. On peut le placer dans une salle et tout à coup les choses s’en échappent en rayonnant.

De plus, en passant d’une feuille de calcul numérique à un objet physique, on passe de préoccupations économiques à d’autres sociales et culturelles. En tant qu’êtres humains, nous avons tous une sorte de réaction naturelle envers les choses concrètes, que l’on peut toucher. Si je place ce verre devant vous et vous dis que le liquide restant contient Ebola, vous réagiriez immédiatement et de manière bien plus prononcée et engagée que si nous avions une discussion abstraite sur la manière de guérir Ebola. Ainsi, vous vous confrontez avec une réalité théorique qui met en évidence votre conscience sociale. Vous pouvez créer des situations inconfortables et des situations qui incluent des sortes de frictions expérimentales pour adresser des problèmes qui sont posés dans le monde réel. Les gens réagissent immédiatement par rapport à ça. Certains peuvent être positifs et d’autres négatifs. Les design fictions et les prototypes aident à rendre les choses assez viscérales et réelles pour franchir le pas de ces discussions et parvenir à ces décisions.

Dans quelle mesure trouvez-vous que votre travail critique les mythes de l’innovation ?

C’est une bonne question. En un sens, il fait faire un tour de table à ces mythes et place une sorte miroir étrange devant eux. Une chose que permet le design fiction, c’est d’exposer le désordre, l’étrangeté et l’inconfort. C’est très facile de parler d’innovation et de choses magiques faites par des magiciens, ou illusionnistes, derrière des portes closes. Beaucoup de gens du milieu savent que concevoir un produit, un service ou une expérience est parfois assez moche et désordonné. En un sens le reconnaître et le montrer c’est être assez transparent sur la manière dont les changements se produisent. Le monde est rempli de choses moches, visqueuses, étranges et inhabituelles. Nous décidons de vivre avec certaines d’entre elles et de nous débarrasser des autres. Je pense qu’en utilisant ce cadre on jette une lumière plus vraie sur l’innovation.

Dans le cadre du projet Thingclash, quels sont, pour vous, les enjeux de “l’Internet des objets” (IoT)?

Un premier enjeu évident est la donnée. C’est le sang de l’IoT. C’est grâce à la donnée qu’il fonctionne. Nous devons demander comment la donnée fonctionne, est collectée, transmise et stockée. Nous sommes en train de construire un réseau sensible et efficace, capable de collecter des informations sur nous, que nous souhaitons, ou pas, diffusées aux autres extrémités du réseau. C’est important de porter un regard critique pour se demander de quelle façon nous voulons que la technologie joue un rôle dans nos vies.

D’autre part, si on veut lancer un nouveau produit, on doit souvent détruire des modèles complexes, des idées riches ou des façons d’être subtiles, pour parvenir à des formules simplistes. Cela fonctionne parfois, mais la plupart du temps c’est assez difficile. Par exemple, on suppose que tout le monde a les mêmes besoins, que tous les consommateurs se valent, que tous les humains suivent le même schéma, que toutes les femmes sont les mêmes. On aplanit tout pour que ça fonctionne. Nous devons davantage essayer d’accueillir cette complexité et diversité tout en profitant néanmoins des avantages de la technologie. Ce serait merveilleux si elle marchait par des moyens qui nous conviennent à tous. En attendant, si nous, designers et critique, nous ne nous posons pas ces questions maintenant, on s’embarque dans ce genre de situation où les choses s’aggravent de manière exponentielle. Pas seulement à cause de la fuite des données, mais aussi parce qu’on risque la concentration des profits aux mains d’un petit nombre de personnes. L’Internet des Objets, les Big Data et le numérique en général constituent un très gros changement qui pourrait entraîner d’énormes avantages dans des domaines comme le vieillissement ou les loisirs, mais nous devrions probablement essayer de faire en sorte que ça marche pour les êtres humains et pas seulement pour quelques business models, exploits d’ingénierie et autres organigrammes à satisfaire.

Thingclash est une exploration dans la manière de formuler ces problématiques cruciales: quelles questions doivent être posées, comment les communiquer au mieux, comment rendre ces questions lisibles, accessibles pour les gens qui peuvent faire la différence. C’est plus une boîte à questions qu’une boîte à réponses. Nous verrons où ça nous mène dans les années à venir, mais il y a déjà beaucoup d’idées intéressantes.

J’ai été invité à Istanbul, pour une conférence avec beaucoup de politiciens et d’hommes d’affaires, où j’étais la seule personne venant de la prospective, afin de discuter de l’avenir de l’énergie et de la société. Thingclash est un peu ce qui va ouvrir le débat. Je me retrouvais soudainement dans une salle avec des présidents d’entreprises et de pays, des gens qui ont un grand pouvoir d’action. Je suis heureux d’avoir pu ouvrir cet espace de débat sur le futur à tout le monde, pas seulement à quelques entreprises. Plus tard, cela pourrait amener ces mêmes personnes à se poser des questions et ils pourraient repenser la manière dont ils veulent réguler ou façonner les nouvelles technologies qui prennent part à la vie des gens.

Quels sont les prochaines étapes ou vos projets à venir chez Changeist ?

Nous avons beaucoup de travail à fournir pour Thingclash, nous espérons grandement avoir beaucoup avancé d’ici l’été 2016. J’ai dû faire des pieds et des mains alors ça m’a pris beaucoup d’énergie, et je dois élaborer ma structure et tisser des liens plus étroits avec des designers, des technologues, des entreprises créatives, des chercheurs. Je vais potentiellement travailler sur un petit livre qui explique comment appliquer la pensée prospectiviste au champ plus large du design et de la vie en général. Je ne suis pas encore sûr de la tournure que ça va prendre ; mais c’est quelque chose que je dois réaliser avec plusieurs personnes. Je vais essayer de tout mettre en œuvre pour y arriver. Enfin, il y aussi d’autres projets ou collaborations intéressantes à aller chercher, mais ils se présentent souvent d’eux-mêmes, ce qui est plutôt sympa !

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