L’art (difficile) de composer un portfolio
Faire rayonner sa marque personnelle
Outil de promotion, un portfolio est un élément de la marque personnelle du designer. Dans les professions artistiques et le design, c’est le support visuel qui renferme une sélection représentative de travaux nés des expériences et des compétences de chacun. Que l’objectif soit de documenter ses projets, trouver des clients, trouver un emploi ou de se positionner en tant qu’expert d’un domaine, la création d’un portfolio est un exercice incontournable. Auprès d’un recruteur, il différencie fortement un candidat s’il suit certains principes de conception. Les références d’un candidat font partie du top 5 de ses critères de sélection. La moitié des recruteurs passera moins de 30 secondes sur un CV, d’après une enquête de Regions Job. Qu’il soit utilisé pour présenter, promouvoir ou documenter, trouver le juste échantillonnage est donc un art difficile.
Créer un portfolio à l’heure des plateformes numériques
Les outils du recrutement sont aujourd’hui essentiellement numériques. Et à l’heure des communautés comme Bēhance ou Dribbble, le portfolio a pris de multiples formes. Si ces plateformes sont de véritables moteurs d’inspiration qui permettent aux designers de partager et de rendre visibles leurs projets, faut-il toujours formaliser un portfolio ? Le mode de diffusion influence fortement la façon dont les travaux sont présentés. Dès lors, quelle place donner au portfolio dans l’écosystème des plateformes ?
Selon certains, il serait difficile de démontrer des compétences UX à travers un portfolio. Ce serait oublier que le portfolio ne consiste pas à rassembler une collection de captures d’écran. A travers cet exercice, les designers n’exposent pas seulement le résultat fini de leurs projets, mais aussi le contexte, la problématique, leurs méthodes, leurs hypothèses de travail et leurs outils.
Quelques pistes et inspirations pour ceux se lancent ou vont se lancer dans une recherche d’emploi, la prospection de nouveaux clients ou souhaitent simplement diffuser leurs travaux.
Penser le portfolio comme un Minimum Viable Product
Avant toute chose, le portfolio peut être envisagé comme Minimum Viable Product, c’est-à-dire “un produit comportant juste assez de fonctionnalités pour satisfaire les premiers clients et permettre le recueil de commentaires pour les développements à venir”. En d’autres termes, si vous ne disposez pas de tout le temps nécessaire pour réaliser le portfolio, commencez avec une version moins ambitieuse et améliorez-le sucessivement.
Choisir le format du portfolio
De nombreux formats s’offrent au designer : PDF (en paysage), site web, galerie Bēhance, compte Instagram… Quelle que soit le format adopté, le portfolio doit être facilement accessible, lisible et navigable. Un format inadapté peut disqualifier un candidat.
Recommandation : concevez en priorité un site web, quitte à en protéger par mot de passe des sections si certains projets sont confidentiels. Plus évolutif, le portfolio en ligne permet d’intégrer plus facilement des vidéos.
Un point d’attention souvent souligné par les recruteurs : la navigation, qui doit être la plus conventionnelle possible.
Soyez aussi présent sur les plateformes comme Bēhance qui peuvent vous apporter de la visibilité.
Sélectionner les travaux
Lorsqu’il s’agit de choisir quels projets doivent figurer dans le portfolio, le principe est toujours de privilégier la qualité sur la quantité. Les projets les plus pertinents seront toujours mis en avant au détriment des plus récents. Et si vous n’avez jamais encore travaillé en UX ou que vous n’avez que des travaux d’école ? Suivez les conseils Fabricio Teixeira, qui proposent 5 pistes pour muscler votre portfolio.
Recommandation : en général, 5 à 6 projets suffisent. Pour un designer plus expérimenté, il est envisageable de présenter jusqu’à 10 projets.
Structurer le portfolio
L’architecture de l’information du portfolio doit tenir compte des besoins du recruteur. Il doit comporter un nombre raisonnable d’options de navigation. Pour lister les projets sur la page d’accueil, creez des vignettes attractives. Si le portfolio doit comporter plusieurs typologies de projets, ajoutez des catégories et des filtres.
Recommandation : Portfolio, À propos, CV, Contact sont les items les plus courants. N’ajoutez que les liens vers les réseaux sociaux pertinents (LinkedIn, Twitter, Bēhance). Si vous écrivez régulièrement des articles, prévoyez d’intégrer un blog (ou un lien vers votre publication Medium).
Adopter un format d’étude de cas synthétique
Pour permettre au recruteur d’évaluer la pertinence d’un projet dans son ensemble, le choix qui s’impose est de bâtir des mini études de cas visuelles. Elles doivent respecter un principe : la concision, au risque de dérouter et de détourner le lecteur. Vous ne devez pas rentrer dans les détails mais offrir un aperçu de chaque projet. D’après Daniel Fosco, deux critères doivent guider la formalisation de l’étude de cas : la qualité d’exécution et les partis pris de conception.
Recommandation : voici une check-list des éléments à intégrer pour chaque étude de cas
- Titre du projet et client
- Date et durée du projet
- Contexte du projet
- Problématique à résoudre
- Rôle dans le projet (et éventuellement nom des autres intervenants)
- Démarche projet (les étapes du brief à la version finale)
- Livrables (recherche, wireframe, prototype, UI…)
- Principaux enseignements et indicateurs de performance (quel impact le projet a eu par exemple sur l’audience, sur le volume d’usage et ce que le projet vous a permis d’apprendre)
Ce qu’il faut montrer : des ébauches, des schémas explicatifs, des livrables issus de la phase de recherche, des vidéos de prototypes…
A voir également : un exemple d’étude de cas très éditorialisée, sur Medium.
Ne pas oublier de se présenter
Profitez de l’opportunité de cette page de présentation pour renseigner utilement le recruteur avec :
1. Votre moteur professionnel (sous la forme d’une accroche)
Ex. : UX designer, avec 5 ans d’expérience en start-up, pour imaginer des expériences produit mémorables et créatrices de valeur
2. Vos compétences spécifiques
Ex. :
- Veille UX et identification des tendances-clés (benchmark, rédaction d’un blog Médium)
- Méthodologie et recherche utilisateur (30 entretiens menés, 5 observations sur le terrain, 3 tests guérilla)
- Initiation et formation à l’UX (50 collaborateurs formés, interventions dans des conférences)
3. Un résumé de vos réalisations notables
Ex. : le pôle UX de l’entreprise a pour périmètre 5 produits et a permis de réduire de 30 % les appels au support en 2018
• Audit et définition de la stratégie UX à 12 mois
• Mise en place de la démarche UX et sensibilisation des équipes commerciales
• Création de roadmaps produits
• Conduite de tests utilisateurs sur 5 prototypes
4. Des témoignages de vos collègues et clients (sollicitez des recommandations via LinkedIn dans l’idéal)