Quelle est la place du design numérique dans la stratégie des entreprises françaises en 2020 ?

Benoît Drouillat
Designers Interactifs
5 min readMar 20, 2020
Enlèvement d’Europe, Noël Nicolas Coypel, 1727

Entre fin 2019 et début 2020, *designers interactifs* a mené une enquête sur l’intégration du design dans la stratégie des entreprises. Les réponses des 56 Head of design participants éclairent comment les équipes de design prennent leur place dans l’organisation des entreprises, comment elles sont perçues et opèrent leurs activités.

Voici une synthèse des enseignements principaux de cette enquête :

Une majorité de grandes entreprises représentées

54 % des structures interrogées comptent plus de 1 000 salariés et 61 % sont assimilées à un grand groupe. Informatique, activités financières, automobile et mobilités, commerce de détail, télécom sont les secteurs d’activité les plus représentés. 38 % des entreprises opèrent en B2B et 36 % en B2B et B2C.

Des équipes de design récentes, centralisées et indépendantes

Près de la moitié de ces équipes existe depuis moins de 3 ans (49 %).

80 % des entreprises disposent d’une direction ou d’un département de design centralisé.

Head of design est la fonction de management la plus représentée (16 %), viennent ensuite Head of UX/UI (13,6 %), Head of product design (11,4 %)

Cette direction design est rattachée à la direction générale (37 %), à la direction produit (22 %) ou au marketing (20 %)

Un mode d’intervention très opérationnel, encore peu tourné vers la stratégie

Les domaines d’intervention du design en entreprise sont principalement le design d’interface (91,3 %), l’UX (84 %), le design d’interactions (73,9 %) et le product design (71,7 %).

Dans 30 % des entreprises, le top management est impliqué dans les projets de design, essentiellement via le reporting, la formulation de retours ou dans une moindre mesure en engageant un travail sur la stratégie avec le head of design (la moitié des cas).

Dans les entreprises, le design intervient essentiellement pour réaliser des prototypes (86 %), réaliser des wireframes (82 %), formaliser des maquettes (80 %) et pour comprendre les besoins et les attentes des utilisateurs (75 %). Les activités les plus stratégiques sont placées au second plan, comme l’approfondissement avec des experts (42 %), la définition des process (51 %), ou encore l’analyse des comportements des utilisateurs (62 %).

La recherche utilisateur et les sciences humaines arrivent en tête des compétences manquantes

Les thématiques de formation potentielles qui ressortent le plus sont : la recherche utilisateur, les analytics, le design thinking (sic), les méthodes agiles et les outils (Sketch, Adobe XD, etc.).

De petites équipes agiles et multidisciplinaires

La dimension des équipes est répartie entre 3 grandes fourchettes :
– Entre 1 et 5 (37 %)
– Plus de 20 (20 %)
– Entre 6 et 10 (15 %)

Les rôles les plus représentés sont :
– UX/UI designer (73 % des équipes)
– UI designer (55 % des équipes)
– Head of design (53 % des équipes)
– Product designer (46 % des équipes)
– UX lead (42 % des équipes)

35 % des équipes sont indépendantes / standalone, contre 28 % en squads, 24 % rattachée à une équipe produit et 13 % à l’ingénierie.
35 % des entreprises ont recours à des designers en régie ou en freelance.

Une intégration poussée avec l’agilité, des activités tournées vers la production

L’intégration de la démarche design à l’agilité est très avancée, avec 59 % des équipes de design travaillant sur ce mode et 35 % en mode hybride (agile + waterfall). Il ne reste qu’environ 4 % d’équipes travaillant uniquement en waterfall.

76 % des équipes ont mis en place un design system.

Les 3 principaux défis identifiés par les head of design sont :

– Fournir des KPI (pour 70 % d’entre eux)
– Sensibiliser au design (pour 65 % d’entre eux)
– Obtenir un brief clair (pour 50 % d’entre eux)

L’impact du design tel qu’il est perçu par les head of design

Le design est surtout perçu comme une compétence utilisée en fin de processus d’innovation ou de renouvellement des produits et des services, même s’il a vocation aussi, dans une moindre mesure à proposer une vision stratégique. C’est ce qui ressort des réponses des head of design interrogés.

Augmenter la satisfaction clients et leur rétention, développer l’image de l’entreprise et favoriser la croissance de l’entreprise sont les 3 principaux impacts cités par les head of design. Compétitivité et différenciation ne sont pas au premier plan, contrairement aux discours qui sont généralement relayés.

60 % des entreprises n’ont établi aucun indicateur de performance pour le design. Lorsqu’ils existent, viennent en tête l’analyse d’audience, le Net Promoter Score et le taux de satisfaction, soit des indicateurs très business. Les indicateurs dédiés à l’expérience utilisateur sont secondaires (taux de succès des tâches, temps passé, User Expérience Questionnaire, System Usability Scale).

Seuls 30 % des head of design estiment que le design est fortement valorisé dans leur entreprise. Ils sont une majorité à penser qu’il est moyennement (35 %) ou faiblement valorisé (35 %).

Enfin, le niveau de maturité perçu de l’entreprise est assez faible : 5,7 / 10 en moyenne.

Retrouvez l’intégralité des résultats de l’enquête

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Benoît Drouillat
Designers Interactifs

Head of Design Saint Gobain | President *designers interactifs*