L’avortement : un droit véritablement acquis en Europe ?

Marie Lardinois
Doc’… j’avorte ?
3 min readMar 8, 2017

Afin de comprendre la problématique du droit à l’avortement, il est important de décrire la situation actuelle de l’Union Européenne ; l’une des régions du monde où les droits des femmes sont les mieux protégés. Pourtant, des inégalités entre les européennes demeurent encore quant à l’avortement et à l’accès à la contraception.

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Dans les quinze premiers pays à avoir intégré l’Union européenne, le taux d’avortement moyen est dans les plus bas du monde, les moyens de contraception s’étant généralisés. Par contre, dans les pays ayant récemment rejoint l’UE, les femmes ont généralement plus souvent recours à l’avortement. L’accès à la contraception y reste difficile et très cher. De plus, d’autres problèmes persistent afin de compliquer l’accès. Développons cela avec quelques exemples.

  • En Belgique, le 3 avril 1990, la loi « Lallemand- Michielsens » est signée par tous les membres du gouvernement afin de dépénaliser partiellement l’avortement. Le Roi Baudoin 1er refusant de la signer, il est déclaré dans « l’impossibilité de régner » afin que la loi soit tout de même sanctionné. Vingt-sept ans plus tard, de nombreux problèmes persistent : une pénurie de gynécologues pratiquant l’IVG, des abus quant à l’utilisation de la clause de conscience et de nombreux débats afin de sortir l’avortement du code pénal. En effet, l’avortement est encore à l’heure actuelle inscrit dans le Code pénal comme « crime contre l’ordre des familles et la morale publique ». Pour ce faire, une pétition a été lancée « afin que la femme enceinte puisse choisir en toute liberté de conduire ou non à terme une grossesse, sans justifier de ses raisons ». Continuez à allonger cette liste sur: http://www.manifestedes350.be/
  • Bien que l’Irlande soit un des premiers pays à avoir intégré l’Union européenne, l’avortement y est encore actuellement interdit suite au 8ème amendement de la Constitution. Lors d’un référendum en 1993, 67% des Irlandais ont refusé la légalisation de l’avortement. L’IVG peut y être autorisée uniquement lorsque la vie de la mère est en danger, bien qu’aucune loi ne précise qui est habilité à déterminer le danger réel de décès encouru par la maman. Cependant, l’IVG est interdite en cas de viol, de malformation du fœtus ou de risques pour la santé de la mère. En effet, selon le 8ème amendement de la Constitution irlandaise, le fœtus et la mère ont des droits égaux. Cependant les Irlandaises peuvent se rendre à l’étranger pour avorter. En 2015, elles étaient 3541 à se rendre au Royaume-Uni pour avorter.
  • En Italie, près de 80% des gynécologues refusent de pratiquer des avortements et justifient cela par la clause de conscience.
  • La Pologne a également fait parler d’elle en septembre 2016. Là où l’avortement est interdit sauf exceptions (raisons médicales mettant la vie de la mère en danger, pathologie irréversible chez l’embryon, viol ou inceste), une proposition d’initiative citoyenne avait été faite pour restreindre la loi. Toute femme qui avorterait et tout médecin qui pratiquerait une IVG serait alors passible d’une peine de prison allant jusqu’à cinq ans, l’IVG resterait autorisée uniquement en cas de danger pour la vie de la mère. Face à cette proposition, de nombreux mouvements se sont fait entendre. Début octobre 2016, 10 000 femmes ont protesté à travers le pays afin que ce projet soit abandonné. A la suite de ces importantes manifestations, le gouvernement a finalement rejeté le projet de loi.
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