Du metal à la cité des violettes

Difficile de se faire connaître quand on fait du métal ? Le genre est populaire, mais…

MéméDansLesOrties
Donald ray pollock
7 min readOct 5, 2016

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159 000 personnes sont venues du monde entier pour headbanguer en cœur au Hellfest en 2016. La France jouit aussi d’une jolie popularité dans des genres de niche tels que le black metal ou le prog, et certains groupes importants comme Gojira signent désormais chez les labels étrangers les plus influents. Et pourtant, en France, force est de constater que de jeunes talents ont bien du mal à se faire connaitre. La faute à la diffusion trop confidentielle de ce style musical. La faute aussi au manque de structures professionnelles mises en place pour aider les débutants. Mais pourtant, petit à petit, les choses changent.

Le St des Seins a récemment accueilli à Toulouse un triple concert de jeunes groupes, Northern Lights, Ice Cold Shot et Landmvrks. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que ça envoyait. L’occasion s’est présentée de leur poser quelques questions sur leur situation.

Crédit image : Le Saint des Seins.

D’ailleurs, Northern Lights a décidé, à la suite de ce concert au St des Seins, de se séparer. « C’était trop compliqué », confie le groupe. « Certains membres sont d’Agen, d’autres de Toulouse ou d’Albi. Malgré nos efforts, nous n’arrivions plus à répéter comme on le souhaitait, et cela se ressentait en live où notre niveau chutait. On ne rentrait plus assez d’argent pour se permettre de nous réunir pour des concerts. » En effet, le cachet pour de jeunes musiciens est souvent maigre, voire parfois inexistant. Difficile dans ces conditions de persévérer, d’autant plus quand on se doit d’enchaîner les dates à travers la France ou l’Europe. Il est de notoriété publique que le gros des formations possède un job alimentaire pour financer ses tournées et la production de ses CD’s.

Ils parlent aussi d’un phénomène étonnant qui freine leur progression: le manque d’ancrage du metal dans la culture Française. « La culture musicale du groupe est principalement anglo-saxonne . On compose en anglais, on pense en anglais. On ne s’est même pas essayé au français ». Et ils ne sont pas les seuls. La musique metal puisant dans le punk Londonien et le rock américain, elle est beaucoup plus diffusée et appréciée outre-manche et outre-atlantique, faisant de l’anglais presque une nécessité plus qu’un atout pour se faire connaître.“Effectivement, l’ouverture d’esprit sur la culture musicale n’est pas vraiment l’adage de notre beau pays.”, regrette Ice Cold Shot.

Internet et la médiatisation sur les réseaux sociaux sont désormais le meilleur pour moyen pour les jeunes groupes de se faire connaître. La communauté y est très active, et de nombreux fanzines et webzines amateurs relaient un réseau d’informations alternatives pour donner de la visibilité aux formations débutantes. « Diffuser un clip sur Youtube nous a beaucoup aidé », confie Landmvrks. Le site est en effet une excellente vitrine, qui offre à moindres frais une bonne visibilité. Les groupes redirigent ensuite vers leur page Facebook et Bandcamp qui les aident à fidéliser une communauté. “C’est à nous de trouver les outils pour diffuser notre musique et à l’heure d’internet ces outils existent, nous faisons la musique que nous adorons faire et c’est ce qui reste le plus important”, nous disent Ice Cold Shot. Ils sont cependant conscients de la difficulté spécifique de jouer dans le metal : “ Nous savons que ce style ne plait pas forcement à tous. Qui peut se vanter de faire de la musique qui plait à tous ? L’important est de suivre sa route en donnant le maximum et les bonnes choses arrivent.”

La scène metal Toulousaine se porte en tous cas plutôt bien : beaucoup de groupes locaux voient le jour, et de nombreuses structures et associations à moyens effectifs permettent d’organiser des concerts : Pas moins de 25 concerts à venir entre le mois d’octobre et de janvier, un concert metal par mois au St des Seins de la période de janvier 2016 à juin 2016. « ça bouge bien plus qu’il y a quelques années », nous confie un spectateur lors du concert. « Mais c’est une situation générale, partout en France, t’as des festivals qui fleurissent, des assos qui se montent, des groupes qui se forment .. ça fait plaisir, petit à petit les choses changent ».

Ice Cold Shot étaient à l’initiative de cette date au St des Seins. “Grace à ça nous avons la main mise sur l’organisation et nous décidons des groupes qui jouent et ça nous permet de faire jouer des groupes que nous aimons”. Le réseau est donc le dernier facteur essentiel pour percer dans le milieu, car ils se le rendent bien, en témoigne la date le samedi qui a suivi de Landmvurks invitant à domicile cette fois Ice Cold Shot. C’est la seconde date qu’ils organisent, et ils pensent renouveler l’expérience. “ Le public était présent et réceptif, les groupes étaient sympas et en place, nous somme ravis et fiers d’organiser des dates qui se déroulent comme ça. et de faire de superbes rencontres. “

“Nous essayons de faire les choses proprement et bien, je pense que c’est la seule chose qui compte.”, conclue Ice Cold Shot.

Northern Lights, groupe de metalcore, 5 membres, origine mixte (Agen / Toulouse / Bordeaux). Pour les amateurs de Periphery et Killswith Engage !

Pour les suivre : https://www.facebook.com/Northern.Lights.musicband/?fref=ts

Ice Cold Shot, groupe de metalcore, 5 membres, origine toulousaine. Pour les amateurs de Emmure, Rise of the Northstar et Attila !

Pour les suivre : https://www.facebook.com/icecoldshot/?fref=ts

Landmvrks, groupe de metalcore/hardcore, 5 membres, origine marseillaise. Pour les amateurs de Walls of Jericho, Hatebreed et The Exploited !

Pour les suivre : https://www.facebook.com/LANDMVRKS/?fref=ts

Et le concert, alors ?

Northern Lights a offert une très belle prestation. Les influences core se ressentent surtout sur un chant très aigu et viscéral et quelques beatdown qui viennent faire groover le tout, mais le groupe se démarque surtout par une atmosphère travaillée et une influence très forte du prog’ qui apportent des pauses mélodiques bienvenues. On sent beaucoup l’influence de Periphery dans leurs compositions, même si le chant est plus hurlé et les compositions souvent plus violentes.

Dommage, le public, encore peu nombreux en ce début de soirée, n’a pas remué beaucoup. Peut être que les passages plus posés et mélodiques ont justement refroidi ceux qui étaient venus se défouler dans le pit. Peut être aussi que le groupe, encore jeune, souffre d’une trop grande timidité : même si l’on ne peut pas dire qu’il manque d’énergie, le groupe a manqué de culot et n’a peut être pas osé se démarquer assez sur la scène.

Photos : Lola Dolores

C’est ensuite à Ice Cold Shot de monter en piste. Le pit a été rapidement en pleine effervescence. Une fois l’ambiance démarrée, le groupe a crée une vraie communication : souriants, bavards, ils ont su trouver leur équilibre dès la troisième chanson. A noter qu’à l’écoute, le groupe passe très bien et que l’EP est très équilibré. Ce groupe a la pêche, une pêche communicative, démentielle, qui ferait se dandiner un cul de jatte. Bémol cependant sur le son assez mal réglé, qui a souvent fait passer le chant clair à la trappe, et a rendu la guitare assez inaudible. Mais le dynamisme des autres membres a rattrapé la chose !

Le groupe a remporté une adhésion quasie unanime avec leur reprise de Green Day, qui a mis la fosse sans dessus dessous. Ice Cold Shot, c’est un groupe en somme qui sait mettre l’ambiance et est efficace, dynamique et sympathique. Il manque encore un peu de maturité sur certains plans, dans certaines de ses compositions notamment, mais c’était une expérience agréable. Un groupe à suivre !

Photos : Lola Dolores

Enfin, place à la tête d’affiche en compagnie de Landmvrks, groupe marseillais à la réputation solide qui venait défendre ici sa dernière galette.Le groupe est très influencé par la scène américaine. Landmvrks, c’est du solide, du lourd, de l’efficace : on sent le groupe rodé, qui a une réelle expérience de la scène. L’ambiance de la salle ne laissait pas de doute quant à l’opinion du public, déchaîné, qui a mis le feu au pit, jusqu’à finir sur un joli wall of death, point d’orgue de la soirée. Beaucoup ne sortirons d’ailleurs pas indemnes de ce dernier concert, déplorant des bleus et courbature de circonstance.

Le groupe possède un frontman charismatique et sympathique qui communique beaucoup et réchauffe l’ambiance quand elle menace de retomber. Les grattes sont solides, efficaces, portées par un groove soutenu dont le rythme ne s’affaisse jamais. Encore une fois, une reprise d’un grand classique punk rock a permis a tout le monde de se défouler sur FatLips de Sum 41. On peut peut être regretter un concert un peu court, car tout le monde en redemandait !

Photos : Lola Dolores

Un article signé Antoine T. Et Lola “Dolores” C.

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