Congé sabbatique : premiers pas pour changer de vie.

Stéphanie Piou
Durable et Solidaire
7 min readNov 16, 2017
Crédit photo : Stéphanie Piou.

Mon grand saut vers le changement de vie a longuement mûri. Trois ans avant, j’ai pris une année sabbatique pour prendre le temps de vivre, de voyager et de creuser mon centre d’intérêt principal : l’économie durable. Vu l’importance de cette époque dans mes choix aujourd’hui, je re-publie ici mes articles de l’époque, afin que vous puissiez comprendre mon cheminement… et voyager un peu vous-mêmes !

Savoir reconnaitre le contexte idéal

La décision de partir, je la prend à un moment où ma vie est complètement en train de se re-façonner. Ma vie de couple s’est effondrée après 5 ans de vie commune, je viens de changer de boulot pour un emploi qui me passionne mais prend (presque) toute la place dans ma vie. Autour de moi, quelques exemples renforcent la certitude : “n’attendons pas la retraite pour vivre, il n’y a aucune certitude d’y arriver…”. Je n’éprouve aucune angoisse à l’idée que tout puisse s’arrêter sans crier gare (après tout… c’est comme ça…), mais je tiens fermement à pouvoir me dire “si cela devait s’arrêter maintenant, je ne regretterais rien, j’aurais vécu pleinement chaque instant”. Certains me diront que ce n’est pas bien gai, mais pour moi c’est au contraire une formidable source de motivation et d’optimisme.

Bref je suis célibataire, j’ai 26 ans, personne ne dépend de moi, donc pour une année sabbatique à barouder, c’est maintenant ou jamais ! Je commence donc un long chemin de préparation.

La préparation : un chemin en soi.

Un mythe va peut être s’effondrer, mais pour ma part je n’ai pas fait mon sac sur un coup de tête un matin pour claquer la porte. J’ai construit mon projet pendant deux ans. Ce temps m’a été nécessaire pour affiner les trois piliers de ma préparation.

Affiner son projet.

J’ai avant tout envie de trouver des exemples qui montreraient que l’économie et l’entreprise peuvent être mises au service de l’humain avant de chercher le profit… Et pourquoi pas trouver un modèle qui me paraitrait plus pertinent que les autres pour y arriver.

Cette période est pour moi une parenthèse. Il n’est pas encore temps de tout envoyer balader, j’en suis à un stade de test, de bol d’air. Il est donc important pour moi de préparer mon retour, car il me semble que, sinon, il est très facile de se perdre en route… et ne jamais rentrer. Ce qui n’est pas forcément en soi un problème, mais ne correspond pas à ce que je veux. Je recommande de réfléchir fortement à ce point très en amont, car il est dimensionnant, tant pour votre état d’esprit que pour votre préparation !

Pendant ces deux ans, j’ai fait des recherches, participé à des évènements, préparé un terreau de connaissances pour bien appréhender ce que j’allais rencontrer en chemin. J’ai aussi décidé créer un blog afin de partager mes découvertes et garder le lien avec mes proches. Tout un apprentissage, qui vaut le coup d’être anticipé, car quand enfin on met les voiles, on a envie que ça soit fluide pour se consacrer à sa nouvelle vie !

Régler ses affaires personnelles.

Prendre une année sabbatique nécessite forcément un peu d’organisation : affiner un budget qui permettra de tenir l’année (et réaliser les économies nécessaires), définir que faire de mon appartement, meubles, régler les papiers, les questions de santé… Pour ne parler que de ce qui tient de la formalité ! Car le chemin comprend aussi l’accompagnement de mon entourage, en particulier de mes parents… Pas simple d’accepter que sa fille parte seule en Amérique du Sud, continent qu’elle ne connait pas et dont elle ne parle pas la langue. Ils ont, comme toujours, été extraordinaires et, malgré leurs inquiétudes, ont accepté ma décision et m‘ont fait confiance. Un exemple que j’imprime très fort en moi pour quand je serai moi-même confrontée à ce genre de circonstance.

Ne parlant pas l’espagnol, j’ai également consacré mon énergie à apprendre la langue autant que possible avant de partir. Après un petit benchmark, j’ai opté pour des cours en ligne, seuls compatibles avec mon emploi du temps. On ne parlera jamais assez de cette formidable opportunité d’apprentissage que sont les transports en commun ! J’ai opté pour le site Babbel, qui pour un abonnement très abordable propose des cours bien construits et appliqués (savoir dire “le chat boit du lait”, comment dire… je m’en cogne pas mal…), des mises en situation, une appli pour réviser le vocabulaire… Bref ce site me correspond très bien, mais il y en a des tas d’autres bien sûr !

Préparer sa vie professionnelle : départ et retour !

Je choisis de jouer la transparence avec mon employeur : j’ai commencé à parler de mon départ un an et demi avant, dès qu’a été annoncée la fin du projet sur lequel je travaillais . Mon angle d’attaque : “vu qu’on n’aura plus besoin de moi à ce moment là, plutôt que de repartir direct sur un nouveau poste, je vais m’absenter un an et je reviendrai directement sur mon prochain poste après. Comme ça on peut le prévoir de suite dans la GPEC (“Gestion Prévisionnelle des Emplois et des Compétences” pour les intimes), et on gagne tous en visibilité.”

N’allez pas vous imaginer que tout le monde a sauté de joie. J’ai vu des yeux grands comme des soucoupes, des réactions de protection plus ou moins heureuses (“mais tu es folle, tu ne vas pas partir toute seule!”, “mais pense à ta carrière!”…), d’autres surréalistes (“j’ai le POUVOIR de t’empêcher de faire ça”… no comment…). Mais l’avantage de travailler dans une grande entreprise est que moyennant un petit effort de management, votre départ est totalement indolore pour l’entreprise. Il faut en être bien conscient, parce qu’on essaye parfois de nous faire croire le contraire (il est temps de dégainer le hochement de tête “oui oui, cause toujours”). Une fois les choses dans les rails, les réactions se résumaient finalement à de l’envie voire de la jalousie… ce qui je pense sous-tendait fortement les premières réactions également!

Pour ceux et celles qui travaillent dans de plus petites entreprises, il est certain que les choses se jouent différemment. Mais gardez en tête que personne n’est indispensable, où qu’il soit. Consultez bien les conditions prévues dans votre convention collective afin de connaître vos droits et vos devoir. On essayera sûrement de vous faire changer d’avis, alors soyez d’abord sûrs de votre décision !

La clé est dans la façon de présenter les choses. De mon expérience : “je souhaite prendre un congé sabbatique” déclenche des tentatives de découragements, car votre interlocuteur a l’impression que le départ est encore négociable. Tandis que “je vais prendre un congé sabbatique à partir de telle date, je vous le dis bien en avance car je souhaite que nous ayons le temps de préparer ensemble pour que tout se passe bien pour tout le monde” induit que le départ est certain et focalise l’attention sur ce qui est constructif : la préparation.

Je conseille fortement la transparence et l’honnêteté avec son employeur (sauf peut être dans le cas où vous partez à cause d’un conflit avec lui, dans ce cas… faites au mieux…). D’abord parce que si vous souhaitez revenir, il est essentiel de maintenir la confiance de part et d’autre. Mais aussi parce qu’on part serein et sans aigreur.

Au niveau professionnel comme personnel, les non-dits d’avant le départ peuvent vous travailler et polluer cette parenthèse qui mérite d’être purement allouée à vous et votre projet ! Evitez-les au maximum !

Apprécier le chemin… et rester adaptable !

Je dois avouer que j’ai apprécié tous ces mois à me projeter dans ma nouvelle aventure, à en bâtir les contours petit à petit. Pour un projet de parenthèse comme pour un changement de vie qui se veut plus définitif, l’important ce n’est pas tant la destination, c’est le chemin ! En y rêvant, en construisant, on est déjà un peu partis. Du rab’ de parenthèse, facile !

Et comme dans la vie tout peut arriver, à quelques mois du départ, l’objectif a vacillé. Après des mois de désert, une rencontre, une relation qui s’épanouit… “Il faut quand même que tu saches que dans quelques mois je pars pour un an”. Gloups…

Alors oui, je conseille de rester très ouvert et adaptable, car tout ne se passe pas toujours comme prévu ! C’est face à des revirements importants que l’on teste la profondeur de notre engagement, et c’est vrai dans tous les domaines de la vie.

Pour ma part, le besoin de partir est suffisamment profond pour que je prenne le risque. Car je ne suis pas en train de fuir mon quotidien, je suis en train de bâtir un projet dont je sens qu’il est essentiel à mon équilibre, à mon futur. Ainsi, si vous envisagez votre parenthèse pour construire quelque chose, il me semble que mieux vaut adapter un projet que d’y renoncer complètement, afin de ne pas engendrer de regrets ultérieurs. A chacun de (re)faire sa propre introspection dans ces circonstances !

Je pars, donc, pour ma première étape en Amérique du Sud, et mes plans d’adapteront au fur et à mesure.

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A bientôt !

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Stéphanie Piou
Durable et Solidaire

Me voilà sur le chemin vers une autre vie, plus durable et plus solidaire. Ça vous tente? Embarquez donc!