Comment accomplir les choses (sans todo list) ?

Nicolas Galita
Dépenser, repenser
25 min readDec 4, 2017

Cette année j’ai arrêté de faire des todo list. Et pourtant, je n’ai jamais été plus “productif” que cette année. Je m’en suis rendu compte en faisant, par hasard, la liste des choses que j’avais accomplies.

[Cet article est un peu long donc si vous n’avez pas le temps de lire, je vous ai mis directement en bas un résumé. Pour le voir, allez directement sur la partie Résumé et Conclusion.]

C’est un conseil que vous voyez un peu partout dans les méthodes de productivité : faire tous les jours/semaines/années la liste de ce que vous avez réussi à accomplir. Vous concentrer sur ce qui est fait plutôt que ce qui reste à faire. Mais j’avais toujours eu la flemme d’essayer. À tort : c’est une incroyable manière d’avoir une idée de votre position, votre vitesse sur votre chemin de vie. Et accessoirement, vous allez forcément ressentir une surprise épanouissante.

Plus on cherche à devenir riche, plus on se sent pauvre. Plus on fait l’inventaire de ce qu’on peut faire avec son revenu actuel et plus on se sent riche. C’est pareil ici : plus vous vous concentrez sur le chemin qui reste à parcourir et plus il vous semble long. Plus vous regardez de temps en temps derrière vous et plus vous réalisez l’immensité du chemin déjà parcouru.

Avant de commencer on va supposer que vous savez déjà 3 choses.

#1 - Le danger intrinsèque des todo lists

Il n’existe pas d’outils sans danger. La voiture peut vous valoir un choc frontal avec un arbre, l’ordinateur peut vous créer des douleurs d’articulations, le smartphone peut perturber votre sommeil à cause de la lumière bleue, la télévision vous abrutit… Cela ne veut pas dire qu’on ne va pas utiliser l’outil. En revanche ça veut dire qu’on est conscient de l’arbitrage entre les avantages et les inconvénients.

Dans le cas des todo lists, voici le danger principal : elles ne vous donnent pas de direction, de sens global. Une todo list ne vous aidera jamais à changer de vie : elle ne vous permet que de gérer la vie actuelle. Pire encore, elle vous donne l’impression d’être occupé alors que vous n’êtes qu’un hamster dans une roue.

#2 - Le manque de temps n’existe pas

Si vous ne comprenez pas ça, ce n’est pas la peine de continuer. Travaillez sur vous jusqu’à le comprendre. Ce qu’on appelle “le manque de temps” est généralement une manière de ne pas nommer le problème. Très souvent on manque de priorité, d’énergie et/ou de concentration. Identifiez d’abord ce qui manque dans votre vie.

#3 - Vous allez mourir

La plupart des gens l’ignorent. Moi le premier. Je le réalise un peu plus chaque année mais je suis encore loin de le savoir. Comme tout le monde, je suis capable de le répéter, je sais que c’est ce que je suis censé croire. Mais notre cerveau est construit de telle sorte à ignorer ce qui est pourtant la seule chose certaine. Pourquoi est-ce si important ? Parce que le futur est imprévisible. Or, naviguer dans l’imprévisible est un exercice extrêmement compliqué. Il ne faut donc pas négliger la chance de pouvoir avoir au moins une chose qui est certaine, afin de s’en servir comme boussole.

C’est ce que les gens veulent dire quand ils vous disent de vivre chaque jour comme le dernier. C’est ce qu’ils veulent dire quand ils vous demandent ce que vous feriez si vous mourriez dans un mois. La bonne nouvelle de la mort c’est qu’elle est certaine. C’est ce que Steve Jobs veut dire quand il dit que la mort est la meilleure invention de la vie, que vous êtes donc déjà nus et que c’est stupide de vivre la vie que les autres veulent pour vous.

La puissance de la volonté

La plupart des gens échouent à ce niveau. Savoir ce que l’on veut. Ce qui est marrant c’est qu’on est obsédé par la question quand on est enfant. Parce que les adultes nous la posent sadiquement pour se moquer de nos réponses (astronaute, pompier, etc). Alors qu’il est impossible de le savoir à cet âge là. D’ailleurs, si d’aventure des gens de moins de 18 ans me lisent, je vais vous dire ce que j’aurais adoré qu’on me dise quand j’angoissais : c’est NORMAL de ne pas savoir. Les gens qui savent déjà ce qu’ils veulent faire à 18 ans sont des psychopathes ou des menteurs.

Ce qui est moins marrant c’est qu’on arrête de se poser la question une fois qu’on se lance dans la vie active. La moitié des gens qui ont fait mon école de commerce ont fini dans le conseil, non pas parce qu’ils le voulaient mais simplement parce que c’était le chemin qu’on leur montrait et qu’on ne se pose même plus la question de ce qu’on veut.

Prenez le temps de vous demander ce que vous voulez. Croyez-le ou non : 80% de vos problèmes seront réglés une fois que vous saurez ce que vous voulez. Les obstacles de la vie deviennent des détails quand vous savez ce que vous voulez.

“Si tu n’attends rien de la vie, c’est normal qu’au final elle te déçoive”

Arrêtez de vous mentir. Prenez le temps de vous poser la question. La plupart des gens qui ont du mal à prendre des décisions pensent que c’est parce que le problème est compliqué. Mais en fait c’est juste qu’ils ne savent pas ce qu’ils veulent. Et, attention : vouloir vouloir n’est pas vouloir. Je répète : vouloir vouloir n’est pas vouloir. Je répète encore : avoir envie d’avoir envie n’est pas avoir envie.

Par exemple : j’ai envie d’avoir envie de faire du judo. Mais je n’en fait pas. Et j’ai mis plus de 4 ans à m’avouer à moi-même que je n’avais pas vraiment envie de faire du sport. Si j’avais envie je le ferais. Évidemment, comme tout le monde, je me donnais une tonne de fausses excuses pour justifier le fait que je ne le faisais pas.

“Le secret de l’action c’est de commencer”

Il n’y a rien qui justifie que vous ne fassiez pas immédiatement un pas vers ce que vous voulez. Si vous vous dites “je commencerai quand j’aurais ceci”, “je commencerai quand j’habiterai à tel endroit”…c’est que vous vous mentez. Vous n’avez juste pas envie.

“Il n’y a pas de comment. Faites-les choses ou ne les faites pas.” Beaucoup de gens passent leur vie à se demander comment faire les choses plutôt que les faire. Parce qu’en vrai ils ne veulent pas vraiment ces choses.

“Si tu veux filmer t’as juste besoin d’un truc qui filme. Dire j’ai pas de matos ou pas de contact c’est un truc de victime”

Car une fois que vous savez ce que vous voulez, le chemin est simple. Vous êtes à un point A, vous voulez aller à un point B : vous faites un pas en ligne droite vers le point B jusqu’à rencontrer un obstacle. Vous le contournez puis vous refaites un pas vers le point B. Et ainsi de suite.

Je suis toujours dépité quand je parle avec un ami et qu’on a un échange du style :

- J’aimerais me reconvertir et changer de métier
- Cool ! Et t’es prêt à diminuer ton revenu de combien ?
- Ah non ! Je veux gagner au moins autant

Où est le problème ? On a un point A : le métier actuel. On a un point B : la reconversion. Dans le point B il y a forcément le risque de gagner moins. Mais la personne ne veut pas. En clair, elle veut aller au point B sans aller au point B. Elle veut courir un marathon sans transpirer. Ou alors (ceci est une vraie histoire)
:

- Je veux quitter ma copine
- Ok et pourquoi tu ne le fais pas ?
- Bah tu comprends, je connais ses parents, on a un appartement et puis…on a un chien ensemble,
- …

Là encore on a un point A : le couple actuel. On a un point B : sortir de ce couple. Dans le point B il y a forcément le risque de renoncer à l’appartement commun et de devoir gérer la garde du chien. Et là encore la personne se demande comment aller au point B sans aller au point B.

Vous comprenez l’importance de savoir ce que vous voulez ? J’entends par là de savoir quel est le point B et ce qu’il implique. Il faut avoir une sévérité envers soi-même implacable. Vous voulez que vos amis soient francs ou qu’ils aient du tact ? Vous voulez un gros salaire ou un travail qui vous passionne ? Vous voulez un couple classique ou varier vos partenaires sexuels ?

Ça ne veut pas dire qu’il est impossible d’avoir les deux. Demandez aux gens qui pratiquent l’adultère. Mais ce genre de numéro d’équilibriste est la meilleure manière d’échouer sur les deux tableaux. J’ai une amie qui me dit souvent que la franchise de ses amis est la chose la plus importante. Qu’elle peut tout accepter sauf le manque de franchise. Et pourtant elle me dit régulièrement “non mais tu peux me dire ça avec plus de tact”.

À chaque fois je lui rappelle que c’est elle qui demande de la franchise et que je ne sais pas lui dire mieux que ça. Mais le problème c’est que si elle fait ça avec tout le monde, une grande partie des gens abandonneront simplement l’idée de la franchise avec elle.

On peut avoir les deux. Mais si vous deviez ne choisir qu’une seule chose, que choisiriez-vous ? Ignorer la réponse à cette question vous laissera déboussolé quand vous aurez un choix crucial à faire. Le jour où l’adultère est découvert, vous choisirez quoi : de partir ou de tout faire pour rester ?

Quand j’écris “ils veulent aller au point B sans aller au point B”, ça a l’air trivial car je le simplifie à l’extrême. De même, les exemples que je donne sont des versions hyper résumées de conversations. Dans la réalité ce sont des conversations qui durent souvent plus d’une heure. Car dans la vraie vie les gens s’inventent des labyrinthes super complexes qui leur permettent de cacher ce constat. Ou alors ils se mentent sur la nature du point B et les efforts que ça demande.

Par exemple une amie qui me dit qu’elle veut rencontrer quelqu’un mais qu’elle ne veut ni s’inscrire sur une application de rencontre, ni sortir en boîte/bar. Ou alors qui dit qu’elle veut bien faire ses choses mais se retrouve à avoir la flemme le moment venu. Quand ça arrive je finis par crier : “WHAT IS THAT YOU WANT ?”. Jusqu’à ce que la personne admette que finalement elle ne veut pas tant que ça aller au point B ou qu’elle se réveille.

Comment savoir ce que l’on veut dans la vie ? Excellente question. J’ai du mal à écrire dessus car c’est assez naturel chez moi. Mais j’ai quelques pistes. Demandez-vous ce que vous feriez si vous n’aviez plus besoin de travailler pour gagner de l’argent. Ou bien ce que vous feriez si on vous annonçait que vous mourriez dans 3 semaines mais que personne ne doit le découvrir (sinon vous mourez immédiatement). Ou encore ce que vous feriez si vous n’aviez pas peur.

Amusez-vous à faire des “tu préfères” mais en version sérieuse. Par exemple : tu préfères gagner le smic et avoir un impact mondial ou gagner 50 000€ par mois et n’avoir aucun impact sur le monde en dehors de ta famille ? Tu préfères gagner 100 millions d’euros ou gagner la présidence de la République ? Mais prenez cette habitude d’être capable de trancher entre deux choses désirables.

“Fais la liste des 20 choses que tu veux faire dans ta vie. Puis raye les 15 dernières car elles t’empêcheront de bien faire les 5 premières.”

Et…enfin…ne confondez pas votre volonté avec celle des autres (votre famille, votre partenaire, vos clients, la société…). La meilleure manière d’être malheureux c’est de faire quelque chose pour les autres. Ne faites JAMAIS quelque chose pour quelqu’un d’autre. Je m’explique : ça ne veut pas dire qu’il ne faut pas être altruiste. Ça veut dire que si vous faites quelque chose pour quelqu’un, vous devez le vouloir. Sur le papier on dirait que je pinaille sur les mots. Dans les faits cette nuance est violente. C’est la différence entre la liberté et l’aliénation. La liberté consiste à obéir aux lois qu’on s’est donné soi-même. L’aliénation consiste à subir les lois de l’extérieur.

En plus, c’est un très mauvais tour à jouer. Quand vous faites quelque chose pour quelqu’un parce que vous vous sentez obligé, vous lui créez une dette morale qu’il ne vous avait pas demandé. Il n’y a rien qui me met plus hors de moi que quelqu’un qui me dit “non mais je suis venu à Paris pour toi” ou “si je ne fais pas le travail de mes rêves c’est pour qu’on puisse être ensemble”. Parce que je n’avais rien demandé et que la personne me transfère la responsabilité de son bonheur. Vous êtes la seule personne responsable de votre bonheur. La seule.

La nécessité de se concentrer et d’abandonner des choses

Vous vous rappelez quand je vous disais qu’il fallait faire des choix tranchés sur ce que vous voulez ? J’ai une nouvelle encore pire. Il va falloir abandonner des parties fondamentales de la vie.

“Fais la liste des 20 choses que tu veux faire dans ta vie. Puis raye les 15 dernières car elles t’empêcheront de bien faire les 5 premières.”

Admettons que vous ayez 6 secteurs dans la vie : le travail, les amis, l’amour/le sexe, la famille, les loisirs, le travail-hobby. (On pourrait débattre de la liste mais ce n’est pas important ici). La mauvaise nouvelle c’est que vous allez devoir choisir un nombre minimum de secteurs si vous voulez les améliorer significativement. Tout dépend de votre capacité personnelle mais généralement, les gens ne peuvent obtenir des résultats exceptionnels que sur 2 à la fois.

Pourquoi ? Premièrement, parce que l’énergie n’est pas infinie. Ce n’est pas une question de temps. Potentiellement, vous pourriez faire un peu de chaque tous les jours. Le problème c’est que personne n’a cette énergie. Cette année j’ai arrêté de m’occuper de mon blog : Dessine Toi un Emploi. C’était au début très douloureux car je ne voulais pas m’avouer que je n’avais plus envie. J’avais envie d’avoir envie. Et donc je me cachais derrière la flemme, ma blessure articulaire ou le manque de temps. Pourtant, j’ai continué à regarder des séries cette même année. Mardi dernier encore j’étais tout seul chez moi à ne littéralement rien faire. Mais je n’ai pas écrit d’article pour le blog. Pourquoi ? Parce que je n’en avais pas l’énergie.

C’est pour ça que la plupart des gens qui rentrent du travail s’affalent devant une télévision. Ils pourraient monter une entreprise en même temps ou bien s’engager dans une association. Mais il faut de l’énergie pour ça. Mes Dimanche sont tous libres et pourtant je ne fais rien le Dimanche : parce que je n’ai plus d’énergie.

La deuxième raison qui nous empêche de travailler plus de 2 secteurs à la fois c’est la question de la concentration. Si vous voulez avancer significativement vous avez besoin de concentrer un minimum d’énergie au même endroit. Si vous voulez casser une fenêtre, il va falloir taper de manière répétée au même endroit.

L’année dernière j’ai mis toute mon énergie dans travail/travail-hobby (c’est à dire mon travail actuel et mon blog). Cette année j’ai mis toute mon énergie dans travail/amour-sexe. Et, sans même que je le décide consciemment, le travail-hobby a disparu.

Il y a une autre raison à ce phénomène : jouer pour gagner demande de jouer franchement. La plupart des gens que je connais jouent pour ne pas perdre. Les amateurs de foot savent à quoi ressemble une équipe qui ne fait que défendre. Le problème c’est qu’on gagne rarement comme ça. Souvent, pour gagner vous êtes obligé de risquer de perdre.

C’est là que la volonté devient cruciale. Si je reviens à mon exemple du couple qui a un chien…pour gagner sa liberté, il va falloir accepter de prendre des décisions qui mettront la garde du chien en danger. Si vous jouez pour ne pas perdre, vous resterez piégé dans la relation toxique. Si vous jouez pour ne jamais diminuer votre salaire, vous resterez piégé dans la trajectoire que vous avez prise initialement.

Des fois des gens me disent “mon premier boulot m’a enfermé : maintenant on ne veut me prendre que pour ce métier”. Souvent les gens qui disent cette phrase oublient un astérisque super important : “on ne veut me prendre que pour ce métier, AU SALAIRE QUE JE DEMANDE”. Parce qu’en vrai les gens qui me disent ça pourraient devenir pâtissiers s’ils le voulaient vraiment. Il faudrait juste renoncer à une partie de leur salaire.

Si vous savez ce que vous voulez : jouez pour le gagner ou abandonnez parce que c’est trop dur. Mais ne vous mettez pas à jouer pour limiter les pertes. Défendre et attaquer sont deux choses très différentes. Si vous boxez pour prendre le moins de coups possibles, vous ne gagnerez jamais. Il faut boxer pour donner le plus de coups possibles.

Vous savez ce que vous voulez ? Parfait. Il va falloir maintenant vous protéger de la voix des autres. Vous vous rappelez ? Vous ne devez jamais faire quelque chose pour quelqu’un. Mais les gens qui vous aiment vont forcément vous influencer. Et vous avez deux choix : soit vous les empêchez de s’en mêler (par exemple en ne racontant jamais votre vie professionnelle), soit vous communiquez tellement clairement sur vos objectifs que votre entourage s’aligne autour de vous.

C’est une notion cruciale : plus les gens sauront derrière quoi vous courrez et plus ils pourront vous aider. Plus vous serez clairs sur vos changements de volonté et mieux ils pourront se positionner. Ça vous évitera de devoir en plus mettre de l’énergie à lutter contre la pression d’un entourage. Plus vous direz clairement autour de vous “non, je ne vais jamais me remettre en couple avec cette personne” et moins vous aurez des proches qui essaieront de vous convaincre de renoncer à votre décision.

Si dans votre vie vous avez l’impression que votre entourage se mêle (négativement) de choses qui ne les regarde pas il n’y a que deux options. Soit vous êtes entourés de gens qui ne vous aiment pas (ça arrive mais c’est rare), soit vous n’êtes pas clair sur ce que vous voulez (avec vous-même ou avec eux) et ils essaient de vous aider. Ne blâmez pas les autres : les questions de votre entourage sont le reflet de vos propres doutes.

Quelle douleur voulez-vous ?

Vous pensiez qu’on avait surmonté toutes les naïvetés sur la volonté ? Que nenni ! L’autre manière courante de se mentir c’est de ne pas accepter la douleur qui va avec un choix.

Vouloir quelque chose ça veut dire être prêt à accepter la souffrance qui va avec. Vous voulez un couple classique ? Ça veut dire que vous acceptez la frustration sexuelle de garder le même partenaire. Vous voulez vivre une vie de célibataire ? Ça veut dire que vous acceptez la solitude des soirs où vous n’aurez pas trouvé quoi faire.

“Le bonheur est dans la résolution des problèmes, et non pas dans l’absence de problème”.

Mauvaise nouvelle : il n’existe aucun chemin sans problème. Bonne nouvelle : en fait résoudre des problèmes qu’on se donne soi-même est la voie vers le bonheur. Le bonheur est dans l’ascension de l’Everest, pas dans le fait de rester au sommet. C’est ce que les gens veulent vous dire quand ils disent que le voyage est plus important que la destination.

Si vous choisissez un chemin mais que vous n’en acceptez pas la douleur, vous êtes juste en train de fantasmer. Il y a toujours un prix à payer. La vraie question ce n’est pas de savoir ce qui vous fait le plus envie sur le papier. La vraie question c’est de savoir pour quoi vous êtes prêts à souffrir. Beaucoup de gens aimeraient être chanteurs. Très peu de gens sont prêts à accepter les sacrifices, le travail, la vie de bohème qui va avec le métier. Beaucoup de gens aimeraient être présidents. Très peu de gens sont prêts à accepter de renoncer à sa vie privée, d’être détesté par la population et d’avoir du sang sur les mains.

Beaucoup de gens aimeraient ne pas suivre le chemin tout tracé. Très peu de gens sont prêts à accepter la solitude, les peurs, l’énergie que ça demande. Beaucoup de gens aimeraient avoir leur propre entreprise. Très peu de gens sont prêts à accepter de ne rien gagner pendant un an, de ne pas avoir de visibilité et de devoir se motiver tout seul à travailler.

C’est pourquoi la sagesse populaire vous dit “quand on veut, on peut”. Quand j’étais enfant je ne comprenais pas ce proverbe. Je pensais que c’était une arnaque. Car je confondais volonté et velléité. Vouloir avoir envie et vraiment vouloir.

Mais en fait c’est tellement dur de vraiment vouloir quelque chose que la compétition est restreinte. Je connais une méthode pour gagner de l’argent automatiquement, sans avoir à travailler dans la semaine. J’ai même des amis qui gagnent 5000€ par mois, sans rien faire, comme ça. Et c’est une méthode à portée de tout le monde : il faut juste un ordinateur et une connexion internet. Est-ce une méthode secrète et miracle ? Non. Elle est même exposée dans un livre (la semaine des 4 heures) que vous pouvez acheter n’importe où. Pourquoi la plupart des gens ne le font pas ? Parce qu’elle demande un niveau d’engagement, d’énergie, de sacrifice, de confiance extrême.

J’ai vu de mes yeux mon ami décider, pendant qu’on était en Erasmus, d’appliquer la méthode en montant un blog sur la composition musicale. Vous imaginez le niveau de détermination qu’il faut pour décider, en plein Erasmus, de travailler sur un blog ? Pendant que les autres passent leur temps à boire, à faire la fête et à coucher ? Vous imaginez la souffrance qu’il faut être prêt à accepter ? L’année suivante il a pris un stage tout en continuant à travailler sur son blog. Il faisait des semaines de 70 heures pour réussir à concilier les deux. Là encore, quel niveau d’abnégation faut-il ?

Voici la vraie volonté. Quand vous voulez vraiment quelque chose, vous avez intégré l’idée que la souffrance fait partie du contrat. J’ai mis du temps à le comprendre mais depuis qu’on me l’a dit, j’ai enlevé un poids dans ma vie. Désormais, à chaque fois que je suis dans un moment de douleur, je me dis : “c’est la vie que j’ai choisie”. Et, croyez-le ou non, j’ai un moment d’euphorie : même dans la souffrance la plus intense.

Par exemple, des fois je suis déprimé car je travaille beaucoup de chez moi et je passe des journées entières sans voir le moindre humain. Des fois je m’arrête en me disant “je suis déprimé, certes mais en même temps c’est la vie que j’ai choisi !”. Et je me rappelle de ce que j’ai gagné grâce à ce choix. Je me rappelle que pour rien au monde je ne voudrais m’infliger de prendre le métro tous les matins ou de me réveiller avant 09h.

Il s’agit d’accepter toutes les conséquences de ce que l’on veut. Et qu’on se comprenne bien : vous aurez mal quand même, vous souffrirez quand même. Ce n’est pas une formule magique : même en l’acceptant vous ne vous dispensez pas de payer le prix. Chaque fois que je reçois un email enragé en réaction à un de mes articles, je suis atteint, je ressens de la colère. La colère ne s’en va jamais, même avec l’habitude. On ne devient pas subitement moine parce qu’on reçoit souvent ce genre de messages. Ça reste douloureux. Mais on finit par comprendre que ça va avec le contrat. Pour recevoir des emails de gens qui adorent, il faut recevoir des emails de gens qui détestent. Or, est-ce que je serais prêt à me priver de recevoir les emails encourageants pour ne plus recevoir les emails décourageants ? Bien sûr que non.

Pas besoin de todo list

Cette année j’ai arrêté de faire des todo list. Je ne suis pas en train de vous dire d’arrêter. Mais je suis moi-même étonné de voir que ça ne m’a pas empêché d’accomplir énormément de choses. Parce que le plus important c’est le cap, la volonté. Une fois que je sais que je veux aller de Paris à Berlin, connaître les instructions du GPS devient un détail. Je finirai par y arriver tant que j’essaie d’y aller. Même si je concède volontiers que ça peut être plus brouillon et plus désordonné.

D’ailleurs, mes grands moments de doute et de panne ne sont pas venus du fait d’avoir oublié de faire les choses d’une liste. Ils sont venus du fait de ne plus savoir ce que je voulais. Notamment pour mon blog. Après avoir investi autant d’énergie dedans, c’était dur de m’avouer que je n’avais plus la volonté de m’en occuper. Mais une fois que c’était redevenu clair, l’angoisse, la culpabilité et les pannes d’écriture ont disparu.

Sans todo list ne veut pas dire sans objectif. Encore une fois : la todo list c’est la liste d’instructions du GPS. L’objectif c’est la décision d’aller à une destination précise. Plutôt donc que de se concentrer sur cette liste d’instructions, on va se concentrer sur le fait de trouver ce que l’on veut. Arrêter de se mentir. Prendre un mois d’introspection s’il le faut. Mais décider ce que l’on veut.

Une fois que vous avez choisi vos objectifs (par exemple 3), vous pouvez décider que quoi qu’il arrive dans une journée vous ferez quelque chose pour vous rapprocher de l’objectif. Si votre objectif c’est de faire du sport vous pouvez commencer par vous renseigner sur les clubs les plus proches de chez vous, puis le lendemain passer un coup de téléphone, puis vous rendre sur place, etc. Souvent, les gens se cachent derrière l’action finale. Ils écrivent sur leur todo list “faire du sport” et c’est tout. Pourtant “le secret de l’action c’est de commencer”.

Si vous faites tous les jours quelque chose pour vous rapprocher des trois objectifs les plus importants de votre semaine/année/vie, vous ne pouvez pas vous tromper. Bien entendu, cela ne fonctionne que si vous êtes suffisamment exigeant pour choisir un petit nombre de choses.

“Fais la liste des 20 choses que tu veux faire dans ta vie. Puis raye les 15 dernières car elles t’empêcheront de bien faire les 5 premières.”

Ça vous permet également de vous reconcentrer sur vous. Ne plus confondre les choses que vous faîtes pour les autres et celles que vous faîtes vraiment pour vous. D’ailleurs, profitez en au passage pour prendre l’habitude de vous mesurer par rapport à vous-mêmes. Plutôt que de passer votre temps à vous comparer à d’autres personnes. Le but c’est d’être meilleur que ce que vous étiez la semaine dernière.

Peu importe d’où vous partez et le sujet que vous travaillez : visez une amélioration concrète continue. Plutôt que des buts impossibles à atteindre. Au lieu de mettre dans une liste “courir 45 minutes tous les jours”, commencez immédiatement à faire quelque chose pour cet objectif. Ça peut être, le premier jour, juste en préparant une liste de chansons à écouter. Le second jour à préparer l’itinéraire, etc. Et ensuite quand vous commencez à courir, peu importe le temps. Ça peut être 5 minutes. La prochaine semaine vous courrez 10 minutes, puis celle d’après 15, et ainsi de suite.

Ne négligez pas l’importance du mouvement. Le mouvement est souvent plus puissant que la destination en elle-même. Une fois que vous êtes en mouvement tout devient plus facile. Le plus dur c’est de commencer à prendre une habitude. Une fois lancé c’est facile. C’est pour ça qu’on dit “il n’y a pas de comment, fais-le ou ne le fais pas”. Parce qu’une fois lancé, le reste suivra. Et même si c’était la mauvaise direction, vous le verrez pendant et vous pourrez changer de trajectoire.

C’est un peu comme dans le métro parisien. Je vois souvent des gens se prendre la tête pendant plusieurs minutes pour essayer de savoir quelle est la meilleure sortie. Alors qu’en fin de compte les trois sorties sont à 20 secondes de distance les unes des autres. Autant sortir au hasard et voir dehors. Le mouvement compte plus que la décision.

Je ne suis pas en train de vous dire que les méthodes de productivité ne servent à rien. Mais premièrement il faut que vous trouviez votre propre configuration, votre propre cocktail. Parce que ce qui convient à votre voisin, ne marchera pas pour vous. C’est un sujet tellement personnel que vous ne pouvez pas recopier identiquement les méthodes des autres. Deuxièmement, elles ont tendance à masquer cette notion de boussole, d’objectif. Une méthode de productivité c’est une méthode pour aller plus vite sur la route. Mais si vous ne savez pas où vous voulez aller ça devient encore plus néfaste que si vous n’en aviez pas. Car la vitesse vous donne l’illusion d’être occupé.

On en revient donc à cette question de volonté avant toutes choses. À quoi ça sert d’apprendre à traiter ses emails de plus en plus vite si vous ne savez pas ce que vous voulez ? À quoi ça sert d’apprendre à faire votre travail de plus en plus vite si vous détestez ce travail ? À quoi ça sert de tourner en rond de plus en plus vite ? À quoi sert au hamster de courir de plus en plus vite dans sa roue ? La vitesse sans destination est dangereuse.

Résumé et conclusion

Fuir la question de ce que vous voulez est suicidaire. Une fois que vous le savez vraiment, tout devient facile. Si vous voulez vraiment être président ou présidente de la République, vous savez globalement ce qu’il vous reste à faire. Ça ne veut pas dire que vous y arriverez : ça veut dire que vous ne vous poserez plus de questions inutiles pendant des heures.

Le “comment” devient un détail une fois que vous savez ce que vous voulez. Mais on parle ici de savoir ce que l’on veut, vraiment. Pas juste avoir envie d’avoir envie. Ni de vouloir un résultat sans le travail et la douleur qui l’accompagne. Le nombre de gens qui veulent quelque chose sans la douleur qui va avec est effarant.

Il s’agit non seulement de savoir ce que l’on veut, mais d’être aussi capable de ne vouloir qu’un nombre réduit de choses à la fois. Notre temps et notre énergie sont limités. Donc si vous n’avez pas de priorité vous risquez de pédaler dans le dur. Vous voulez gagner beaucoup d’argent ou faire quelque chose qui vous passionne ? Faites un choix clair et définitif. Ça ne veut pas dire que vous n’aurez pas les deux à la fin. Se concentrer sur une seule chose à la fois est d’ailleurs une des meilleures manières de finir par avoir les deux. Mais ça veut dire que vous vous préparez déjà à savoir ce que vous ferez si vous êtes mis en face d’un carrefour crucial. Et la vie est remplie de ces carrefours. Quand on vous proposera un travail qui vous passionne beaucoup moins bien payé que votre travail actuel, que ferez-vous ?

Gardez en tête que se concentrer sur uniquement deux grands secteurs de vie à la fois, ne vous empêche pas du tout de basculer ensuite. Sur le long terme vous pouvez même travailler chacun des aspects de la vie. Mais pas en même temps à un instant t.

Ensuite, prenez cette habitude de vous demander quel prix vous devez payer pour vouloir quelque chose. Aucun chemin n’est sans problème. Aucun chemin n’est sans souffrance. Ne vous mentez pas. Si vous ne voulez pas la douleur qui va avec c’est que vous ne voulez pas profondément la chose en question.

Une fois que c’est fait, l’important ce n’est pas d’utiliser la bonne méthode de productivité. Si vous sautez cette étape, vous allez juste apprendre à courir super vite pour aller nulle part. Comme un hamster dans une roue. C’est une folie sans nom que de chercher à accélérer avant que d’avoir trouvé la destination que l’on souhaite. Une fois que vous avez choisi les 2–3 objectifs que vous désirez vraiment, prenez l’habitude de faire tous les jours au moins une chose qui vous en rapproche. Au lieu de perdre le sens des priorités avec des listes de tâches interminables.

J’ai mis 28 ans à comprendre pleinement le proverbe “quand on veut, on peut”. Et c’est bien plus profond et important que ce que je pensais quand j’étais plus jeune. Ce que ça dit ce n’est pas que “pouvoir” est facile car il “suffit de vouloir”. Ce que ça dit c’est que “pouvoir” est difficile car vouloir est difficile.

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Cette question vous intéresse ? Cet article est désormais la première partie d’une trilogie. Voici donc les deux suivants pour approfondir le sujet :

Se rappeler qu’on va mourir est la meilleure manière d’avoir les idées claires sur ce que l’on veut vraiment.

Jouer pour gagner ou jouer pour ne pas perdre ? Quand faut-il attaquer ? Quand faut-il défendre ? Pourquoi il faut éviter de faire les choses à moitié si on veut réussir pleinement.

Annexes : les sources pour aller plus loin

Parce qu’aucune création n’est originale voici les sources qui m’ont inspiré et qui vous permettront d’aller plus loin sur le sujet :

Entrepreneurs & Work-Life (No) balance — by Oussama Ammar

Une conférence qui parle du fait de se concentrer sur deux secteurs de la vie, pour le faire bien. Dans un contexte entrepreneurial, mais applicable par tout le monde.

The subtle art of not giving a f*ck

Un livre qui va à l’encontre de tous les conseils de développement personnel classiques. On y trouve notamment l’idée de comprendre l’intérêt de la souffrance. Ainsi que l’idée que le bonheur n’est pas dans l’absence de problème mais bien la résolution des problèmes.

Notes pour trop tard

Je n’ai aucun lien légal vers la chanson donc je vous mets uniquement les paroles. Mais vous devriez pouvoir vous débrouiller pour trouver cette chanson par vos propres moyens.

Why You Should Stop Caring What Other People Think

Un article incroyable qui explique pourquoi on fait autant attention au jugement des autres et pourquoi c’est si dangereux pour nous.

S’organiser comme une machine pour vivre comme un humain

Conférence audio passionnante où l’on nous explique notamment pourquoi il ne faut pas appliquer aveuglément les méthodes de productivité des autres.

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Nicolas Galita
Dépenser, repenser

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