Chocolat, café, thé : le nec plus ultra des petits plaisirs anti-ESE

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7 min readOct 22, 2019

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Empreinte carbone d’une tasse de thé ou de café :

  • Thé ou café simple, en ne faisant bouillir que la quantité d’eau nécessaire : 21g de CO2
  • Thé ou café avec un nuage de lait, en ne faisant bouillir que la quantité d’eau nécessaire : 53g de CO2
  • Thé ou café avec un nuage de lait, en faisant bouillir le double de la quantité d’eau nécessaire : 71g de CO2
  • Grand cappuccino : 235g de CO2
  • Grand latte : 340g de CO2

Ces chiffres semblent parler d’eux-mêmes : le café matinal qui nous permet d’émerger et le thé de fin d’après-midi pour passer en mode relax ne sont pas sans impact. A cette ribambelle de chiffres alarmants, nous avons décidé d’ajouter un petit mot sur le bilan carbone (et santé) du chocolat, qui semble entrer dans la même catégorie des petits plaisirs, pas toujours très éco-friendly.

Mais d’où vient le fait que ces produits aient un bilan carbone si élevé ? Plusieurs facteurs entrent en jeu : loin d’un objectif de culpabilisation, voici un petit aperçu des réalités qui se cachent derrière ces délices, pour pouvoir adapter notre consommation en toute connaissance de cause !

L’impact de la culture

Première en ligne de mire : la production de ces aliments, en commençant par leur culture à proprement parlé.

Le café

Chaque seconde, 255kg de café sont consommés dans le monde, la question de l’impact de sa culture mérite donc à coup sûr d’être posée. En effet, l’essentiel à savoir pour réussir à saisir ses grands enjeux est que le café se cultive selon une méthode dite “ombragée”. Ainsi, les meilleures graines de café (pour les papilles et pour la planète) sont celles qui proviennent de caféiers cultivés à l’ombre partielle de grands arbres d’espèces diverses abritant naturellement une faune et une flore toute particulière, qui reposent entièrement sur cet écosystème. Léger problème cependant : au milieu des années 1970, les agronomes ont commencé à développer la théorie selon laquelle faire pousser le café à la lumière directe du soleil permettait d’accélérer la photosynthèse et d’obtenir une plus grande densité d’arbustes, donc plus de café ! Pour cette raison, les agriculteurs ont commencé une déforestations massive, qui continue encore aujourd’hui, dans le but d’augmenter le profit des parcelles, mais au prix de la biodiversité qui évolue normalement dans les cultures de café traditionnelles, et de la richesse des sols, dont la perte est compensée par des engrais et pesticides. A titre indicatif, au Brésil et au Vietnam, les deux plus grands producteurs de café, les trois quarts des cultures de caféiers ne sont pas ombragées.

Le cacao

Tout comme le café, la culture du cacao a un impact écologique important. L’augmentation de la demande de chocolat depuis quelques années a poussé une augmentation du prix du cacao, de ce fait un nombre croissant de petits producteurs délaissent leur culture traditionnelle pour celui-ci, ce qui engendre un besoin plus important en termes de superficie cultivable, et donc une déforestation massive.

Autre problème : la rentabilité du cacao provoque une augmentation de sa culture, qui tend à se propager dans des pays dont les conditions ne sont pas nécessairement adéquates pour ce type d’agriculture. En effet, la fève de cacao pousse à son état naturel en Amérique du Sud, cependant, beaucoup de cacao provient d’Afrique : les cultures dans des pays tels que le Ghana ou la Côte d’Ivoire nécessitent une adaptation qui passe par l’utilisation de pesticides et d’engrais pour compenser les apports du territoire. Dernier (gros) point noir pour le cacao : le travail des mineurs, encore largement répandu pour ce type de culture.

Le thé

Le thé est une culture moins polluante que les deux précédentes. Cela vient du fait qu’il ne nécessite pas l’arrachage complet des plants, mais simplement la récolte des feuilles sur les quelques centimètres les plus hauts : un plant de thé peut être commercialement viable durant un siècle !

Toutefois, et cela est aussi bien valable pour le thé que pour le chocolat et le café, cette culture reste localisée dans des pays très lointains de l’Europe, ce qui implique que le calcul du coût complet doit prendre en compte le trajet, qui est, comme souvent, une part importante de l’empreinte carbone de ces produits.

La transformation, le packaging et leur impact sanitaire

Riche en magnésium, plein d’anti-oxydant, combattant du mauvais cholestérol, les vertus attribuées à ces produits sont nombreuses (même si elles ne sont pas toujours prouvées). Mythe ou réalité, il n’en demeure pas moins que les transformations qu’ils subissent peuvent annuler ces belles promesses, voire les rendre nocifs pour votre santé et pour l’environnement !

Le café

Notoire pour son effet stimulant, la mythologie autour de cette boisson miraculeuse est vaste : tantôt rallonge-t-elle l’espérance de vie, tantôt favorise-t-elle les accidents vasculaires cérébraux ; en somme, rien n’est prouvé à part que l’effet de la caféine dépend de la personne qui la consomme. Selon une étude de l’Université de Toronto, les buveurs de deux à trois tasses quotidiennes qui éliminent le café rapidement voient leur risque d’infarctus diminuer de 22 %, alors qu’il est multiplié par 1,35% pour ceux qui le dégradent lentement !

Face à cette évidente relativité, loin de nous l’idée de nous prononcer sur l’effet du café sur notre santé. Cependant, une chose est certaine : au-delà de sa culture à proprement parler, le café est nocif pour celle de la planète à travers nombre d’autres aspects, et surtout son packaging. A la source de ce désastre écologique, comme souvent, une belle invention marketing : la dosette de café. Selon l’ADEME, 250 grammes de dosettes de café produisent 10 fois plus d’emballages qu’un paquet de 250 grammes de café, ce qui au final augmente le prix payé par le consommateur de 20 à 60 %. Même si certaines dosettes sont recyclables (et pourtant très peu recyclées), cela ne change rien à la donne : elles sont un objet marketing dont le but est de vendre une expérience au client, dont il est loin d’avoir besoin pour apprécier son café matinal, aux dépends de l’environnement.

Le thé

Davantage de reproches sont cette fois-ci de rigueur pour ce qui est du thé, aussi bien au niveau du processus de production que de l’emballage qu’il engendre. L’un des problèmes se situe au niveau du processus de séchage des feuilles : bien que l’air soit censé être une source suffisante pour cette étape, dans la réalité des faits, des mécanismes de chauffage à bois ou à gaz entrent en jeu pour accélérer le processus. Ainsi, on estime qu’un kilogramme de thé nécessite entre 1,5 et 2,5 kilogrammes de bois pour être produit.

Deuxième point négatif du thé : son emballage. Initialement fabriqués à partir de papier d’Abacá (une sorte de bananier), les sachets de thé ne représentaient pas le désastre écologique qu’ils sont aujourd’hui : à grands coups de nylon et de PET, ils sont maintenant fabriqués industriellement avec des matériaux ni recyclables, ni compostables qui augmentent considérablement leur coût complet. Tout cela, bien sûr, sans même parler de la boîte en carton qui les contient, et de l’emballage plastique qui la scelle. La solution miracle (comme pour beaucoup d’autres produits) : le VRAC !

Le chocolat

C’est par les transformations qu’il subit pour devenir praliné, au lait, ou blanc que le chocolat devient nettement moins bénéfique pour notre santé, et encore plus néfaste pour l’environnement. Sucre, lait, colorants et arômes, tous sont responsables des conséquences néfastes du chocolat sur notre corps. A titre d’exemple, les graisses végétales souvent ajoutées pour réduire les coûts sont notoirement liées à une augmentation du cholestérol et des risques de contracter différents types de cancers. Nous ne parlerons même pas de l’ajout de lait, qui contrairement à ce qu’on peut penser ne concerne par seulement le chocolat au lait ou le chocolat blanc, et qui est responsable d’une forte part de l’augmentation du bilan carbone due au processus de transformation. Les solutions : réduire sa consommation et préférer le chocolat noir, provenant d’artisans plutôt que de marques industrielles !

A la lumière de ces quelques données, l’objectif n’est non pas de se culpabiliser pour notre tasse de café quotidienne (ou même nos deux ou trois tasses de café quotidiennes), mais bien d’aiguiser notre esprit critique et de pouvoir repenser notre consommation en accord avec la réalité et avec nos principes ! Comme nous nous efforçons de le transmettre aux participants du bootcamp finalement !

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