Comment rendre sa pratique du sport plus éco-responsable ?

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7 min readJun 10, 2020

Entre les équipements, les déplacements et les infrastructures nécessaires à sa pratique, le sport est difficilement éco-responsable. Nous avons tou.te.s désormais conscience du désastre écologique que représente les sports d’hiver, mais nous pensons plus rarement à l’impact sur l’environnement qu’ont par exemple nos baskets de jogging, entre leur production et leur traitement en tant que déchets. S’il n’existe pas de solution parfaite, nous pouvons toujours réfléchir à une solution la moins impactante possible sur l’environnement.

Julie Bernard, Managing Director d’Edeni, pendant une opération plogging

L’impact des sports sur l’environnement

Avec plus de 16 millions de licencié.e.s et 40 millions de pratiquant.e.s, le sport fédère notre société. C’est un révélateur de nos comportements, notamment au niveau de l’écologie. C’est donc un des leviers pour agir en faveur de la protection de l’environnement. Or, c’est également un secteur très polluant puisqu’il nécessite du matériel et des installations spécifiques. Ainsi, selon un classement Science & Vie, le top 3 des sports les plus polluants toutes saisons confondues est le suivant :

  1. En première position, nous retrouvons le ski de descente : le développement des infrastructures et les chantiers de terrassement provoquent des perturbations sur la faune et la flore, qui ont beaucoup de mal à se réadapter une fois la saison d’hiver finie. En outre, les canons à neige consomment énormément d’eau : la consommation totale due à leur utilisation en France représenterait la consommation annuelle d’une ville comme Marseille
  2. Ensuite, viennent les sports mécaniques, nécessitant des moteurs très polluants. On peut constater un pic de pollution atmosphérique en France à chaque grand prix de Formule 1, et chaque destruction de pistes après une compétition émet des quantités de déchets très importantes.
  3. De manière plus surprenante, le troisième sport le plus polluant est le golf. En effet, pour obtenir de vastes terrains verts et paisibles, certains parcours nécessitent jusqu’à 5000m3 d’eau par jour, sans parler de l’usage intensif d’engrais et de pesticides. Au-delà de l’impact écologique, cela représente également un enjeu social et géopolitique, car dans certaines régions en situation de sécheresse, les golfs à destination des populations aisées et des touristes créent une pression dangereuse sur les réserves en eau.

Nous remarquons par ailleurs que ces trois sports ne sont pas accessibles à tout le monde et qu’ils sont l’apanage d’une population aisée, qui a les moyens de changer ses pratiques. Toutefois, il ne faut pas nier l’impact d’autres sports comme la natation, la course à pied ou le tennis qui, en demandant des équipements et des installations spécifiques, génèrent une pollution non négligeable.

Les engagements de l’Etat et des organisateurs

Heureusement, la prise de conscience écologique concerne aussi le domaine du sport. Ainsi, après la COP21, le ministère des Sports a mis en place une Stratégie Nationale de Transition Écologique vers un Développement Durable du Sport (SNTEDDS). Elle repose sur trois grandes ambitions :

  • Développer une approche partagée du sport durable par l’ensemble des acteurs,
  • Transformer le modèle économique et social du sport pour la transition écologique vers un développement durable,
  • Renforcer son appropriation par tous.

Concrètement cela signifie sensibiliser et mobiliser tous les acteurs du sport dans cette dynamique durable, transformer le monde du sport pour le rendre plus durable et se servir du sport et de tous ses acteurs pour rendre le monde plus durable. La SNTEDDS s’articule donc autour de neuf défis :

  • une consommation et une production durables
  • l’éducation et la formation de tou.te.s les acteur.rice.s du sport : le sport représentant étant une école de la vie, il est nécessaire que celle-ci soit ouverte sur le respect de l’environnement, des autres et de soi-même
  • la gouvernance pour apprendre à vivre ensemble, avec l’humain et le non humain
  • le changement climatique et les énergies, notamment au niveau des installations sportives
  • le transport et la mobilité durable
  • la conservation et la gestion durable de la biodiversité et des ressources naturelles : sensibilisation des sportif.ve.s, gestion durable des équipements
  • la responsabilité sociale du sport : permettre à toujours plus de personne de pratiquer
  • les défis internationaux en matière de développement durable : les événements internationaux sont des lieux de sensibilisation privilégiée et une vitrine du savoir-faire français.

Avec 2,5 millions de manifestations sportives organisées chaque année en France, il est également nécessaires que les organisateurs d’événements sportifs s’engage dans la transition écologique pour limiter l’impact de ces manifestations sur l’éco-système.

Certaines organisations le font déjà comme la Fédération française de tennis qui a pris l’engagement, avec l’opération balles jaunes, de transformer les balles usées en revêtements de sols sportifs. Dans le même esprit, la Fédération française de basket utilise l’outil Optimouv pour optimiser les déplacements des sportif et limiter les émissions de gaz à effets de serre. D’autres initiatives existent comme la gestion intelligente des déchets des événements sportifs avec l’opération Tri’Tour menée par l’association Les Connexions. Enfin, les Eco-games sont un concept d’événements sportifs éco-responsables favorisant l’éco-conception, la co-construction, la valorisation du local et la défense de la santé (celle de l’humain et de la planète).

Nous pouvons également réfléchir à d’autres solutions, comme arrêter de donner des goodies aux participant.e.s de ces événements, ou remplacer les bouteilles d’eau lors des courses par des camelpack.

Didier Lehénaff, président de SVPlanète, concepteur des Eco-Games, membre du comité scientifique du think tank Sport et Citoyenneté propose également de:

  • réduire à la source de la production de déchets et valorisation totale et intelligente de l’incompressible ;
  • consommer le minimum d’énergie, 100% dé-fossilisée, et positive, permettant une redistribution du surplus aux collectivités locales ou aux personnes dans l’incapacité de payer leurs factures d’électricité ;
  • consommer de manière hyper performante l’eau, c’est-à-dire de manière minimale, non polluante ou dépolluante, maximisant la récupération des eaux de pluie.

Ce que VOUS pouvez faire

Pour réduire l’impact de sa pratique sportive sur l’environnement, il convient de se poser les bonnes questions et d’essayer de faire au mieux. Parfois, un peu de logique suffit : il est évidemment mieux de courir en plein air qu’en salle de sport sur un tapis qui consomme de l’électricité ; de même, il est préférable de nager dans un point d’eau naturel (mer, lac) s’il y en a à proximité, que dans une piscine pleine de chlore.

Dans le sport comme dans d’autres secteurs, l’habillement est responsable d’une importante pollution. L’industrie textile est en effet responsable de 17 à 20% de la pollution de l’eau dans le monde. Elle emploie aussi des ouvrier.ère.s à très bas coût dans des conditions de travail désastreuses en Asie (notamment au Bangladesh comme l’avait révélé l’effondrement du Rana Plaza en 2013), et propose des vêtements neufs contenant des substances toxiques, potentiellement allergènes, cancérogènes et perturbatrices endocriniens (ethoxylates de nonylphénol et phtalates mis en lumière par l’association Greenpeace dans une étude réalisée sur le sujet). Pour limiter cette pollution, vous pouvez acheter d’occasion vos vêtements et vos équipements sportifs : cela est particulièrement pertinent dans ce secteur puisque beaucoup s’équipe sans continuer leurs efforts sportifs, et revendent rapidement leurs achats, quasiment neufs. Vous pouvez également opter pour des vêtements neufs éthiques et biologiques. Certaines marques comme Living Crafts proposent en effet des vêtements conçus à partir de coton biologique, dont la fabrication est faite grâce à une énergie 100% éolienne et dont le transport et l’emballage est conçu pour être le moins impactant possible. Pour les baskets et survêtements, la marque Gayaskin recycle le PET et les fibres plastiques des bouteilles et des filets de pêche afin de les transformer en équipement sportif, tout en veillant également à l’impact du transport et dans l’emballage. Veja et Milémil proposent aussi des baskets éco-responsables. Il existe également des labels comme le label bluesign® pour le matériel de montagne, qui est l’une des normes textiles la plus stricte au monde.

Vêtments Gayaskin

Il est aussi possible de privilégier des infrastructures qui revendiquent un effort sur leurs consommations d’eau et d’électricités, notamment certaines piscines, en recourant à des énergies renouvelables, et qui recyclent efficacement leurs déchets. Pensez à réduire votre impact environnemental avant et après l’activité en privilégiant des moyens de transport doux pour se rendre sur votre lieu de pratique sportive : cela permet un bon échauffement !

Enfin, vous pouvez rendre votre jogging en lui-même plus éco-responsable en le transformant en plogging. Ce concept venu de Suède consiste à ramasser des déchets pendant sa course. C’est à la fois bon pour l’environnement mais aussi plus efficace sportivement puisque cela fait faire des squats et courir en fractionné, ce qui est meilleur pour le cœur que la course d’endurance ! Edeni en a d’ailleurs organisé, parce que cela est plus motivant à faire en groupe !

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