Entretien avec Sheherazade Lesueur, Alumni et créatrice d’AtelierFH, le soulier engagé.

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7 min readMay 6, 2021

Sheherazade Lesueur a travaillé pendant une quinzaine d’années dans le milieu des ressources humaines. Après s’être rendue compte que le monde corporate dans lequel elle évoluait n’était pas aligné avec ses valeurs, elle a décidé de quitter ce secteur afin d’entamer une aventure personnelle et professionnelle. Elle a d’abord commencé par créer une association en Suisse après un voyage au Rwanda puis s’est lancée dans la création de son entreprise : Atelier FH, le soulier engagé.

Sheherazade répond à nos questions concernant son métier, ses engagements et ses choix de vie. Elle nous livre également son ressenti suite à la formation ESE (Ecologie, Santé, Ethique) qu’elle a suivie chez Edeni.

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Peux-tu nous parler de ta vie d’avant ?

Mon histoire commence dans le milieu des ressources humaines, aux côtés de grosses organisations. Avec quinze ans d’expérience, j’avais toujours évolué dans ce secteur. Lors de cette expérience, j’ai été amenée à travailler en France, en Suisse et à Dubaï.
J’adorais mon travail jusqu’à ce que je ressente un désaccord profond. Un désalignement par rapport à l’organisation et au système professionnel. Je ne me retrouvais plus dans un modèle d’entreprise dont la stratégie et les décisions de leadership étaient à court terme et dictées par l’évolution du cours de bourse.
Pourtant, mon travail me plaisait, je m’entendais bien avec mes collègues de bureau ou avec les personnes dont je m’occupais.

Ce désalignement s’est exprimé par un mal-être quotidien et je savais qu’il ne suffisait pas simplement de changer d’organisation, l’herbe n’est pas plus verte ailleurs.

Au moment de ce désalignement il y a deux ans, j’ai souvent eu l’impression d’être seule. J’étais toujours en train de me faire des réflexions personnelles concernant mon travail, mes envies, le bien-être qu’il m’apportait et celui que je pouvais apporter.

Et à partir de ce moment ?

Une fois que j’ai décidé de franchir le pas, j’ai d’abord été accompagnée par un coach parce que j’étais perdue et que j’avais besoin d’être épaulée pour retrouver du sens, de savoir pourquoi j’étais désalignée et ce que ça signifiait le fait de se réaligner avec soi-même.

À l’origine, je voulais travailler dans le public et l’associatif. Certaines choses m’ont finalement conduite dans le privé et j’y suis restée. Je me disais souvent que c’était enrichissant de travailler dans le privé et qu’après coup, je retournerais travailler dans le public et l’associatif.

Après cette remise en question, je suis partie au Rwanda où j’ai pu créer mon association avec des amis. Cette association venait en aide aux écoles et aux femmes car ce sont deux sujets qui me touchent énormément ! C’était d’ailleurs des sujets que j’essayais de faire avancer dans le milieu professionnel.

Grâce à cette association j’ai pu rencontrer une multitude de personnes issues du milieu humanitaire qui m’ont aidée à comprendre comment fonctionnait celui-ci.
Au même moment, j’ai commencé à prendre des cours en ligne sur le développement durable. j’ai découvert que l’écologie, le système économique, l’égalité homme-femme… étaient intrinsèquement liés.
J’ai assisté à plusieurs conférences, bénéficié de différentes ressources qui me servent encore. Pourtant je sentais que je ne rentrais pas assez loin dans les détails pour avoir toutes les cartes en main.

Et c’est à ce moment précis que j’ai rencontré Hélène qui m’a parlé d’Edeni, et c’est comme ça que je me suis inscrite aux formations.
Concernant la formation ESE, vu que j’habite en Suisse, j’ai eu la chance d’y assister en ligne, alors que toute la promo était en présentiel !
Malgré la distance, j’étais autant impliquée que celles et ceux qui étaient dans les locaux d’Edeni.

Comment t’es venue le concept de ton entreprise durable, Atelier FH ?

C’est un projet que j’ai mis en place en parallèle de la formation ESE d’Edeni. C’est une idée qui a muri avec le temps et je m’étais rendue sure au préalable que mon activité serait pérenne et pertinente pour la demande.

Faire la formation d’Edeni au même moment m’a permis de profiter d’un cadre très général et très concret concernant certains aspects de l’entreprise, notamment pour mettre des mots sur des concepts, me confirmer que j’allais dans la bonne direction…

Il y a également un esprit associatif avec mon entreprise puisqu’une partie des recettes récoltées est reversée à des associations. J’avais besoin de partager les choses qui me tiennent à coeur — notamment l’éducation et les inégalités homme-femme — et pas seulement me reposer sur l’aspect écologique et zéro-déchet.

En dehors de ton activité professionnelle, comment poursuis-tu ta lutte en faveur de l’environnement ?

Ma lutte se traduit par différents changements dans mon quotidien que j’ai mis en place il y a déjà quelques années.
J’essaye de limiter les déchets au quotidien pour toute la famille. Les achats locaux et le vrac sont devenus de très bons amis. Je prends toujours les transports communs et avec ma famille nous avons fait le choix de limiter nos voyages en avion.

Les achats de seconde-main sont devenus essentiels pour moi, encore plus depuis la création de mon entreprise, qui se concentre elle aussi sur le seconde-main.

J’essaye également de me poser les bonnes questions concernant chaque achat, je communique autour de moi sans juger le choix des autres. Je continue à me nourrir intellectuellement, notamment grâce à la bibliographie d’Edeni et autres ressources mises à ma disposition.

Je suis aussi très fière de mon association, que je considère comme un acte personnel plutôt que professionnel. Dans ce même schéma, j’essaye de soutenir l’égalité homme-femme en Suisse, notamment en co-animant un réseau de femmes présentes dans la tech.

Il y a un an tu as suivi notre formation ESE (Ecologie, Santé, Ethique). Peux-tu nous dire ce que celle-ci t’a apportée ?

Grâce à la formation ESE, j’ai pu apprendre des lexiques qui ne sont jamais utilisés dans les médias ou dans la vie en général.
Je pense notamment à “l’effet rebond” qui me permet de me poser les bonnes questions dans ma vie personnelle : “Est-ce que cette solution est vraiment la meilleure d’un point de vue de l’impact carbone ?”
C’est également ce que j’essaye d’expliquer aux personnes autour de moi : les éoliennes ou les voitures électriques ne sont pas forcément les meilleures alternatives et qu’on pourrait par exemple, au lieu d’acheter une voiture électrique, aller “jusqu’au bout” de sa voiture.
J’essaye d’ouvrir l’esprit de mon mari lorsqu’il propose des solutions plus “durables” pour son entreprise, dans le but qu’il se pose les bonnes questions afin tout type d’écoblanchiment.

La formation m’a également permis de lire entre les lignes en tant que consommatrice. J’ai pu grâce à celle-ci et à la bibliographie très complète, apprendre un tas d’informations.

Pour finir, j’adore le slogan d’Edeni “On mérite de se former” car pour moi c’est vraiment l’éducation qui va permettre d’éveiller les consciences.

As-tu rencontré des difficultés durant ta transition personnelle ?

Aucune difficulté rencontrée. En fait, c’était plutôt le contraire. J’avais déjà mûri ma réflexion avant de participer à la formation d’Edeni, je m’étais renseignée sur différents sujets, qu’ils soient écologiques ou tout simplement pour le lancement de mon entreprise.

Je retiens de la formation et de mon chemin en général que du positif.

Quel conseil donnerais-tu à des personnes qui comme toi souhaitent changer de vie et entamer leur transition ?

Le premier conseil que j’adore donner pour toutes les personnes en quête de sens, c’est l’Ikigaï. Grâce à ce concept, on commence la première phase de réflexion pour soi-même et c’est surtout très accessible.

Ce côté accessible est primordial, car pour moi la “durabilité”, ce n’est pas que faire attention à ses déchets ou à son impact CO2, c’est aussi l’accessibilité des choses. Il faut qu’on reconnaisse la valeur des gens qui travaillent derrière. Par exemple, je fais travailler des personnes grâce à mon entreprise donc il est évident que la valeur de mes chaussures ne va pas être neutre… mais pour autant je veux qu’elles soient accessibles à tous.

Quand j’ai commencé ma réorientation, j’ai participé à de nombreuses formations, j’ai également fait appel à un coach et ces choses-là ne sont pas forcément accessibles pour toutes et tous. Quoi qu’il en soit, si on a les moyens de se faire accompagner par un·e coach ou de suivre uneformation, c’est quelque chose que je recommande, car généralement on ne prend pas assez de temps pour se poser des questions.

Nous remercions encore une fois Sheherazade pour avoir répondu à toutes nos questions, n’hésitez pas à visiter son site : d’Atelier FH, des chaussures de qualité d’occasion restaurées.

Tu es comme Sherazade, en quête de sens et cherche à aligner tes valeurs avec ton quotidien ? Rejoins-nous pour la classe ESE qui débute le 18 mai, ou pour la classe transition pro, où tu pourras réaliser ton Ikigaï ! N’hésite pas à nous contacter pour plus d’informations !

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