Entretien avec Sophie Gournay, graphiste en communication écoresponsable

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6 min readJul 7, 2020

Directrice artistique et militante engagée, Sophie Gournay a fait le choix il y a quelques années, de mettre l’écologie et l’éthique au cœur de
ses projets personnels et professionnels. Amoureuse de la nature et
soucieuse du devenir de notre société, elle s’est formée en transition écologique en suivant notamment Mener sa transition écologique.

Sophie répond aujourd’hui à nos questions sur son métier, ses engagements
et ses choix de vie. Elle nous livre également son ressenti suite aux six semaines de formation.

Source : Marion Go @off_to_the_side

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Peux-tu nous expliquer en quoi consiste ton métier de designer éthique ?

Aujourd’hui je me présente professionnellement comme directrice artistique graphiste en communication écoresponsable, mais ce n’est pas encore l’idéal. En effet, mes valeurs sont multiples : environnement, féminisme, inclusion, éthique, beauté, bien-être, et tant d’autres encore. Nombre de graphistes, designers, webdesigners, directeur∙trice∙s artistique∙s tendent vers de l’écologie, de l’éthique, du social, de l’impact positif. Cependant, eux comme moi avons encore du mal à nommer notre activité en lien avec nos valeurs.

Un peu à la façon du drapeau français sur des produits faussement français, j’ai vu des créas surfer sur la tendance, et même se dire “graphiste bio”, toujours dans un même but : vendre. Utiliser du papier kraft recyclé, pour réduire l’éco anxiété des client.e.s et des consommateur.trice.s ? Manque d’informations, déni ou hypocrisie ?

Mon travail en tant que graphiste est le même que celui d’un∙e graphiste “classique” mis à part que je valorise les projets à impact positif. Dans le processus créatif j’inclus des questionnements et des réflexions vis à vis des enjeux actuels et de demain, ce qui amène à trouver des nouvelles solutions et façons de penser.

Quels sont les facteurs qui t’ont motivée à choisir cette voie durable?

Ma formation de base est concepteur en communication visuelle, autrement dit : directrice artistique. Je fais ce métier depuis 12 ans, mais il y a quelques années, j’ai décidé d’arrêter du fait d’une trop grande dissonance cognitive. J’ai donc fait une formation de plusieurs mois en agriculture bio et permaculture, je me suis informée concrètement sur les différents effondrements, j’ai travaillé avec la nature, le vivant, dans les champs, mais aussi en ville en agriculture urbaine.

J’adore faire pousser des légumes, récolter des fruits, voir les pollinisateurs, sensibiliser à l’écologie. J’adore également créer, dessiner, et j’ai pris conscience de quelque chose de très important : nous avons un vrai pouvoir en tant que créatif de rêver et de faire rêver en toute conscience. Avant de créer, on s’intéresse, on recherche, on explore, on imagine, et puis on fait. On maîtrise nos outils pour faire passer un message ; le concept du nudge est très intéressant pour comprendre cela, il nous montre le pouvoir de l’influence subconsciente.

Penses-tu que la communication peut être une véritable arme dans la lutte contre le réchauffement climatique ?

Je pense qu’aujourd’hui la communication est une arme parmi tant d’autres qui détruit : la publicité vend à outrance pour un système capitaliste, au détriment de la liberté et de la vie. La communication visuelle et rédactionnelle a le pouvoir de nous influencer consciemment et inconsciemment. À nous de choisir ce qu’on en fait.

J’admire, par exemple, la marque de vêtements Loom qui, au-delà d’avoir des vêtements durables et sublimes, a aussi pour but de nous faire réfléchir sur notre mode de consommation à travers leur contenu. Leur mantra : “moins mais mieux”. Loom nous rappelle : “Produire, c’est polluer. Donc même pour nous soutenir, ce n’est pas une bonne idée d’acheter des choses dont vous n’avez pas vraiment besoin”.

Soirée de Mener sa transition écologique

Tu as eu l’occasion de suivre la formation Edeni MENER SA TRANSITION ECOLOGIQUE dernièrement. Peux-tu nous dire ce que cette formation t’a apportée et ce que tu as le plus apprécié ?

Cette formation m’a apporté ce dont j’avais vraiment besoin à un moment de ma vie: trouver des personnes impliquées dans un ensemble de valeurs, avec une réflexion globale et réaliste sur le monde et nos modes de vie. Edeni nous invite à toujours se poser des questions holistiques pour être le plus juste possible. J’ai apprécié y trouver de l’enthousiasme et ne pas avoir à me forcer à être positive ni à faire semblant. Il s’agit d’un safe space (ou espace positif) dans lequel on avance ensemble vers ce fameux monde plus désirable.

Est-ce que cette formation a eu un impact sur ta vie professionnelle ?

Elle m’a permis d’oser travailler dans le domaine de l’écologie et de l’économie sociale et solidaire, qui n’est pas du tout mon domaine de base (luxe, parfumerie, cosmétique, spiritueux). Je trouve ça vraiment satisfaisant de pouvoir mettre à bien mes compétences dans ce secteur. Je pense que beaucoup de projets méritent d’avoir une meilleure visibilité.

Il est nécessaire que les projets qui tendent vers un impact positif -ou le plus neutre possible- soient mis en valeur.

Aujourd’hui, il est difficile d’avoir uniquement des client∙e∙s super écolos et éthiques, pour des raisons simples de budget. Cependant il y a toujours la possibilité de faire grandir les projets auxquels on croit et qui sont importants pour nous.

Tu as réalisé les jolies illustrations du carnet de bord de Mener sa transition écologique : cela avait du sens pour toi d’apporter ta contribution aux formations Edeni ?

Oui énormément, ça a été mon premier pas dans la réalisation d’un projet qui me tient à cœur et qui est en accord avec mes valeurs. Réaliser ce carnet et ces illustrations a été un réel plaisir. J’ai pu collaborer avec votre équipe pour trouver un univers illustratif qui vous corresponde, optimiser le contenu de la formation sur un format papier pour un accompagnement plus impliquant et renforcer l’image d’Edeni en conservant l’univers de votre charte.

Illustrations réalisées par Sophie pour Edeni

Comment poursuis-tu ton action au quotidien en faveur de l’environnement ?

Ma poursuite se fait dans tout ce que je pense, ce que je dis, ce que je montre et ce que je fais. Je crois beaucoup à l’influence positive. Montrer mes plats végétariens sur Instagram(gros cliché attention), mes plantes qui poussent, ce que je pense du monde.

Je vois qu’échanger, partager et discuter avec les personnes de mon entourage est tellement puissant, change des comportements et fait bouger les lignes.

Je m’implique aussi dans différentes associations. J’ai créé avec Auriane Bertrand (du Seed Tour) l’association Culture Graines pour sensibiliser les consommateur∙trice∙s aux semences paysannes. J’ai également participé à quelques événements et actions non violentes, qui sont pour moi essentielles si on veut que les plus grands pollueurs prennent enfin leurs responsabilités. Nous savons que les actions à petite échelle ne suffisent plus et pour le comprendre je vous invite à regarder cette vidéo que j’adore : forget shorter showers.

Partages-tu ta préoccupation pour l’environnement avec ton entourage ou au contraire te sens-tu parfois seule dans ce combat ?

Depuis que j’affirme qui je suis en tant qu’être vivant avec mes valeurs, cela a renforcé certaines de mes relations grâce à de l’écoute et de l’acceptation. Quand je rencontre des personnes avec des valeurs similaires, on crée un lien profond et enthousiaste, ça nous permet de nous épanouir et donc d’avancer rapidement dans des actions concrètes. Je fais aussi attention à ne pas tomber dans un entre-soi, mais tout se fait de manière assez naturelle finalement, comme une sorte d’écosystème.

Toi aussi entame ta transition personnelle et professionnelle avec Edeni !🙌 Retrouve-nous vite pour MENER SA TRANSITON ECOLOGIQUE, qui reprend en présentiel dans nos locaux à Paris le 4 mai et à Toulouse le 18 :)

Retrouvez Sophie sur Instagram :
https://www.instagram.com/_sophquipeut_
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