La Coupe du monde 2022 au Qatar : Un désastre écologique et humanitaire

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7 min readNov 1, 2022

À seulement quelques jours de l’ouverture de la Coupe du monde 2022 au Qatar, l’avis des téléspectateur·rices, passionné·es de ballon rond, joueur·ses professionnel·les sur cette compétition reste mitigé.
Pourtant, l’impact négatif de cet événement sportif notamment écologique et humanitaire ne fait plus aucun doute, une question se pose alors : Doit-on boycotter la Coupe du monde 2022 au Qatar ?

Absolument ! C’est d’ailleurs une réponse efficace, essentielle et facile à mettre en place pour toutes celles et ceux qui ne cautionnent pas les actions absurdes des organisateurs et de l’événement.

Revenons ensemble sur l’une des compétitions sportives les plus honteuses de l’histoire.

La sélection allemande proteste en faveur des droits de l’Homme lors d’un match de qualification pour la prochaine Coupe du monde 2022
Source : Eurosport

Un greenwashing à ciel ouvert : Le désastre écologique de la compétition

Alors que le Qatar avait été désigné hôte de la Coupe du monde 2022 en 2010, ce dernier promettait une compétition neutre en carbone. Une première pour un tournoi de si grande envergure ! Rapidement, plusieurs ONG comme Carbon Market Watch ont démenti cette promesse, impossible à réaliser.

Premièrement, 90% de l’empreinte carbone d’un événement comme celui-ci est liée aux spectateurs, dont 75% par le transport aérien. Lorsque l’on sait que certain·es fans sont prêt·es à faire l’aller-retour pour les matchs de leur équipe, on imagine que la promesse d’un événement “neutre en carbone” est déjà compliqué à atteindre.
Selon l’association Football Supporters Europe, il faut près de 6 000 euros “en comptant uniquement les vols, le logement et les billets” pour pouvoir assister à tous les matchs des Bleus. De quoi refroidir certain·es supporter·rices.

Pour le bon fonctionnement de la compétition, le Qatar n’a pas lésiné sur les gros moyens. 75 km seulement séparent les 8 stades ( 7 construits et 1 rénové) pour les plus éloignés et tous ont été construits dans un cercle de 15km de rayon au sein de l’agglomération de Doha.
Un aspect positif pour les organisateurs qui se félicitent déjà d’avantager des moyens de transport comme le métro, plutôt que les longs trajets en avion. Pourtant, les capacités hôtelières du Qatar ne permettront pas d’accueillir l’ensemble des spectateurs et beaucoup d’entre eux résideront dans les États voisins. Pour l’occasion, cinq compagnies du Golfe ont annoncé 160 vols quotidiens pour rejoindre Doha.

L’offre la moins chère disponible au Qatar, c’est 100 euros la nuit en chambre partagée.

Une compétition qui risque donc de faire chauffer le porte-monnaie des fans de football. Plus encore lorsque le Qatar, dans cette optique du “toujours plus”, a décidé de construire des parcs aquatiques, des hôtels luxueux, des systèmes de transport public, des terrains de golf et autres fantaisies dans les différentes villes hôtes.

Et bien sûr, comment ne pas parler des stades construits pour l’occasion. 7 des 8 stades qui accueilleront les matchs seront climatisés et à ciel ouvert ! Cette initiative se veut de contrer les lourdes températures du pays, même en fin d’année (entre 19,5 et 29,5 degrés en moyenne en novembre et 15 et 24,1 degrés en décembre).
Au vu de la polémique, le Qatar a décidé de ne pas forcément utiliser la climatisation lors de la compétition, mais prévoit de la garder pour les futurs matchs durant les prochaines années.

Les stades qui accueilleront les matchs de la compétition seront à ciel ouvert et climatisés
Source : FranceTVinfo

À rappeler que le Qatar détient le record mondial d’émissions de CO2 par habitant. Il est ainsi le premier pays au monde à atteindre son “jour de dépassement”, le 10 février en 2022, selon Global Footprint Network.

Une preuve accablante de l’esclavage moderne : Le désastre humanitaire de la compétition

Depuis la désignation du Qatar en tant que pays hôte de la Coupe du monde 2022, de nombreux reportages, enquêtes et témoignages ont vu le jour pour dénoncer les conditions abominables auxquelles été confrontés les travailleur·ses (principalement originaire d’Afrique et d’Asie du Sud-Est) sur les chantiers des stades et autres infrastructures construites pour l’événement.
Au total, ce sont plus de 6500 travailleur·ses qui sont décédé·es lors de la construction des enceintes sportives. Les footballeurs professionnels joueront sur de véritables cimetières !
En comparaison, les précédentes éditions avaient coûté la vie à 2 personnes (Coupe du monde en Afrique du Sud en 2010), 8 personnes (Coupe du monde au Brésil en 2014) et 21 personnes (Coupe du monde en Russie en 2018).

Les travailleur·ses sont traité·es comme de véritables esclaves, obligé·es d’enchainer des journées de plus de 10h, 6/7 jours, sous une chaleur écrasante, parfois sans ombre et sans eau.
En moyenne, les ouvrier·es sont payé·es 1€ de l’heure, certaines personnes n‘ont jamais reçu leur salaire, d’autres, plusieurs mois en retard.

Fais pas ci, fais pas ça

Les supporters·rices présent·es au Qatar devront se plier à certaines règles pour respecter les différentes coutumes locales, bien différentes des pays qui ont pu accueillir les précédentes éditions de la Coupe du monde.

  • Pas de supporters torse nu
    Les vêtements devront couvrir les épaules et les genoux. Pour les femmes, elles doivent porter des pantalons longs ou des jupes longues, ainsi que des hauts recouvrant la nuque et la poitrine. Les slogans offensants sont également à proscrire sur les vêtements.
  • Ne pas s’asseoir les jambes croisées
    S’asseoir les jambes croisées est considéré comme une insulte au Qatar. Il faut également éviter de fixer un qatari dans les yeux. Un tel regard est perçu comme “malpoli et inapproprié”.
    La main gauche est réservée à l’hygiène corporelle, tandis que la main droite permet de saluer quelqu’un, prendre un objet ou boire et manger.
  • Pas d’alcools durant les matchs
    Les supporter·rices ne sont pas autorisé·es à apporter de l’alcool. Il ne sera pas possible de consommer de l’alcool dans les stades, seuls les bars et les cafés pourront vendre de l’alcool. À noter que ces boissons devraient atteindre des prix exorbitants pour décourager la consommation. L’ivresse sur la voie publique est également passible de prison.

C’est trop tard pour boycotter le mondial.

Ce sont les mots de Noël Le Graët (président de la FFF), qui pense qu’il est trop tard pour se plaindre maintenant, et qu’il n’a pas vu beaucoup de monde s’indigner avant.

Il n’est jamais trop tard !

De plus en plus de personnes se sentent indignées par les différents scandales liés à l’événement et s’empressent de boycotter celui-ci.

  • Plusieurs grandes villes françaises ont indiqué qu’elles ne montreraient aucun match du tournoi sur des écrans géants public, et ce qu’importe l’issue des matchs pour les Bleus. Il s’agit pour l’instant de : Besançon, Brest, Bordeaux, Clermont-Ferrand, la Courneuve, Lille, Limoges, Lyon, Marseille, Nancy, Paris, Reims, Rennes, Rodez, Saint-Etienne, Strasbourg et Tours.
  • Plusieurs personnalités ont affirmé qu’elles ne regarderaient aucun match de la Coupe du monde pour protester contre l’événement. Les légendes du football Philipp Lahm ou encore Éric Cantona, mais aussi l’auteur Vincent Lindon et l’actrice Virginie Despentes.
  • L’équipe de football de la Norvège et de l’Allemagne ont défendu les droits humains et écologiques à leur manière, notamment en arborant des maillots dénonçant les atrocités de la compétition. L’équipe du Danemark, quant à elle, a décidé de créer un maillot “de la révolte”. Le logo de l’équipementier et celui du pays sont dans les mêmes nuances de couleur que les vêtements. Ainsi, impossible ou presque de les distinguer. Du côté de l’équipe d’Australie, les joueurs prennent la parole l’un après l’autre dans une vidéo publiée sur les réseaux et dénoncent notamment le bilan humain de l’organisation de la Coupe du monde.

Alors oui, boycotter est important !
Parce que c’est LA compétition la plus suivie au monde. 3,572 milliards de personnes ont suivi la Coupe du monde en 2018. Partout dans le monde, les diffuseurs ont atteint des records d’audience en termes d’utilisateurs uniques.
Sur le cycle de 2019 à 2022, la FIFA vise un chiffre d’affaires de 6,44 milliards de dollars. À la fin de l’année 2020, la Fédération Internationale avait déjà sécurisé 80% de montant par contrat, soit environ 5,1 milliards de dollars.

Boycotter l’événement c’est dire NON à toutes les actions qui pourraient être liées de près ou de loin à celui-ci.

  • Ne regarder aucun match, même de son équipe favorite.
  • Pas d’achat de goodies et autres produits dérivés.
  • Alerter, interpeller les joueurs, journalistes, politiques et la FFF sur l’événement
  • Utiliser des initiatives comme “Ramenez la coupe à la raison” pour profiter de bars et d’événements sans être confronté·es à l’ambiance des matchs.
  • Rendre vos séances de sport plus écolo grâce au plogging ou encore au marathon vert.

C’est donc maintenant ou jamais qu’il faut montrer notre envie et la nécessité de protéger la planète, de protéger la biodiversité, la faune et la flore, les hommes et les femmes de ce monde, sinon jamais nous ne pourrons sortir de ce cycle infernal où les grandes organisations nous pondent des compétitions sportives de plus en plus polluantes

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