La résistance du métier d’herboriste

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4 min readJan 21, 2020

Supprimé sous le régime de Vichy, le métier d’herboriste n’est aujourd’hui plus reconnu en France. Mais les choses pourraient changer. Car oui, pour notre plus grande joie, le métier d’herboriste fait de la résistance.

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Comment en sommes-nous arrivé·e·s là ? Petit zoom sur l’Histoire.

En Europe, à partir du Moyen-Âge, 3 corporations se différencient et sont souvent en lutte :

1. Les herbiers — dénomination médiévale — qui deviendront les herboristes, qui récoltent et vendent des plantes indigènes séchées (médecine la moins chère et disponibles pour tou·te·s à l’époque);

2. Les apothicaire qui deviennent les pharmacien·ne·s au 19ème siècle, ce sont alors les pharmacien·ne·s qui fabriquent et vendent des remèdes plus complexes et préparés à base de plantes, de minéraux et de substances animales;

3. Les médecins qui soignent souvent des personnes et des animaux.

En 1941, suite à une demande déjà ancienne de certain·e·s pharmacien·ne·s et de l’industrie pharmaceutique, Philippe Pétain supprime le diplôme d’herboriste. Dés lors, le nombre d’herboriste diminue dramatiquement : des 4500 herboristes qui exerçaient avant 1941, elles et ils ne sont désormais plus qu’une poignée — pharmacien·ne·s de formation — à être présent·e·s dans l’hexagone.

Des 562 plantes inscrites à la pharmacopée française, les herboristes n’ont le droit d’en vendre que 148. Le reste étant réservé au domaine de la pharmacie.

Illégal mais loin d’être sans avenir

Car oui, il y a de l’espoir pour ce métier.

En effet, bien que non reconnues en France, les herboristeries sont de plus en plus prisées des consommateur·rice·s. On observe ainsi depuis plusieurs années, un regain d’intérêt grandissant pour le soin par les plantes.
Las d’avoir recours au tout-chimique, une grande la partie de la population se tourne désormais vers des remèdes plus naturels : que ce soit dans le but de passer de meilleures nuits ou dans celui de redonner un coup de jeune à ses articulations rouillées, une bonne connaissance des plantes et de leur traitement peut nous venir en aide.

Les plantes et leurs vertus

Nombres de plantes, épices et condiments possèdent des vertus médicinales et peuvent se révéler d’excellents remèdes alternatifs aux médicaments chimiques.

À titre d’exemple, on a tou·te·s déjà entendu parler de

  1. La tisane à la camomille qui permet de s’endormir plus facilement, lutter contre le stress et les indigestions.
  2. Le calendula et de ses propriétés anti-inflammatoires.
  3. Ou encore le sureau et ses vertus détoxifiantes.

Pour n’en citer que quelques unes.

Or, à l’heure d’aujourd’hui, les firmes pharmaceutiques nous font peur et nous persuadent que les médicaments issus de l’industrie pharmaceutique sont les seuls moyens de se soigner. Elles nous rendent étrangers à notre propre corps, craintif·ve·s de notre propre intuition et nous font douter des alternatives disponibles.

L’intérêt du métier d’herboriste

Ces remèdes naturels ne sont pas pour autant sans dangers.
L’usage de ces plantes nécessite une réelle connaissance de ces dernières et de leur utilisation.
Pour éviter les intoxications, il est nécessaire de prendre conseil auprès d’un·e professionnel·le afin de bien se renseigner sur la plante médicinale adéquate à ses maux. Il faut également prendre des préparations de qualité aux bonnes conditions de récolte et de stockage. Dans certains cas, il peut également être utile d’associer certaines plantes pour créer des synergies intéressantes.
Mais encore une fois, cela doit se faire de façon responsable, raisonnée et sous la supervision d’une personne possédant de réelles connaissances dans ce domaine.

Pour aller encore plus loin

De plus, réhabiliter les métiers d’herboristerie permettraient non seulement de remettre au goût du jour les connaissances traditionnelles, mais également de protéger notre patrimoine naturel.

« La France n’est pas que l’Hexagone, on a une richesse extraordinaire en Outre-Mer avec des savoir-faire préservés : 80 % de la biodiversité française s’y trouve. Réhabiliter les métiers d’herboristerie contribuerait au développement économique et à l’emploi, à la valorisation de leur culture, mais surtout à la préservation de l’environnement et la réparation des dégâts causés par le scandale d’Etat du chlordécone. » Joël Labbé.

Et même en dehors du cadre des plantes médicinales, la connaissance et le savoir de la botanique est une nécessité de plus en plus importante, dans un monde qu’on effondre, où l’espèce humaine est en grande partie responsable de la disparition de plus de 200 espèces par jour.
Au moment où c’est tout le rapport à notre corps et à notre santé qui est peu à peu déshumanisé, comment se replacer au coeur d’un monde végétal nécessaire à notre survie et passionnant en lui-même ?

Rejoins-nous le 28 janvier pour approfondir ces questions passionnantes.
Nos invité·e·s nous aideront à mieux comprendre les plantes et leurs pouvoirs, via une approche botanique, dans un contexte où nos certitudes de “civilisations” s’effondrent. Une conférence de rentrée à ne pas louper qui s’avère passionnante !
On goûtera même peut-être quelques plantes sauvages…

Sources :

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