[ Tourisme Responsable #9 ] L’avion : on dit non !

edeni
edeni stories
Published in
6 min readApr 11, 2019

2019 est décidément une année qu’on ne pourra pas oublier !

En plus de tous les évènements qui ont marqué ces 4 premiers mois, figurez-vous que cette année, pour la 1ère fois, une compagnie aérienne a fait son entrée dans le top 10 des compagnies les plus polluantes d’Europe. Ryanair vient en effet d’entrer dans l’histoire en inscrivant son nom sur cette liste de maxi-pollueurs. Jusqu’alors, ce palmarès était exclusivement réservé à des entreprises bulgares, allemandes et polonaises exploitant des centrales à charbon.

Ryanair est la 1ère compagnie aérienne à rejoindre la liste des 10 entreprises les plus polluantes d’Europe

Envie d’avoir plus de contenus ? Inscrivez-vous à notre newsletter !

D’après France Inter, l’entreprise de vols low-cost aurait déclaré presque 10 mégatonnes d’émission de CO2 pour 2018, quasiment le double par rapport à 2013.

Ce chiffre inquiète l’ONG bruxelloise transport et environnement qui constate que les émissions provenant de l’ensemble du transport aérien en Europe ont augmenté de près de 5% l’année dernière.

Bien que le secteur aérien ne représente que 3% des émissions européennes de CO2, ce chiffre ne cesse d’augmenter avec l’explosion du trafic aérien.

Dans un communiqué Andrew Murphy, directeur de l’ONG bruxelloise, explique : “Ryanair est le nouveau charbonnier. Cette tendance se poursuivra jusqu’à ce que l’Europe se rende compte que ce secteur sous-taxé et sous-réglementé doit être mis en conformité en commençant par une taxe sur le kérosène et l’introduction de mandats qui obligent les compagnies aériennes à passer aux carburants d’aviation zéro émissions”.

Pour nous, la question n’est pas uniquement de trouver des alternatives énergétiques mais bien de réduire notre consommation. Car avec des vols de moins en moins chers et des connexions de plus en plus nombreuses entre les villes, les voyages en avions se multiplient et deviennent presque une banalité.

Représentation du nombre d’avions présents dans les airs à un moment donné

Pour vous donner une idée, le 28 juin 2018, nous avons eu pour la première fois, 200 000 avions en rotation le même jour dans l’espace aérien…avec un pic à 19 000 en même temps dans les airs comme vous pouvez le constater sur cette carte.

Le réel problème vient du fait que les gens ne se posent plus la question 2 fois avant de partir en week-end à Madrid, Lisbonne, Athènes ou autre. Or, il ne devrait y avoir rien d’anodin dans le fait de se rendre à l’autre bout du monde en un temps record.

En chiffre, un Paris — New York représente 6000 km soit 12 000 km pour un aller-retour donc environ 3 tonnes de CO2 : l’équivalent de près de la moitié du bilan carbone annuel d’un français moyen.

Certes l’avion n’est pas toujours le mode de transport le plus polluant qui soit (la voiture — quand on la prend seul — a aussi un impact important sur l’environnement) mais cela ne change rien au fait qu’il est temps pour nous de reconsidérer cette mode du ‘fast-travel’. Aussi appelée la mode du ‘je-vais-où-je-veux, -quand-je-le-veux, de-la-façon-dont-je-le-veux parce-que c’est-pas-cher-et-que-je-peux-le-faire’.

En Suède, le mouvement du ‘flygskam’ — traduit la honte de prendre l’avion en français — ne cesse de grandir. Des personnalités telles que Greta Thunberg et Björn Ferry sont à l’origine de ce mouvement. En effet, bien que l’athlète de haute niveau voyage beaucoup à travers l’Europe pour son travail de présentateur télé, il prend le train depuis maintenant deux ans — et particulièrement des trains de nuit.

Car comme il le dit si bien :

“La plupart des choses peuvent être faites en train de nuit et quelques heures à Hambourg ne posent aucun problème — il y a de la bonne bière.”

Ce boycott des voyages aériens a déclenché un énorme mouvement de voyageur·euse·s du même avis en Scandinavie — un fait remarquable, compte tenu du fait que les Suédois·e·s prennent l’avion de façon assidue : ils·elles volent près de 5 fois plus que la moyenne mondiale.

Pour encourager les gens dans leur boycott, le mouvement a mis en place un groupe Facebook à travers lequel les utilisateur·trice·s peuvent se partager des astuces de voyages alternatives pour éviter les avions. Ce groupe réunit plus de 300 000 membres.

La compagnie de chemin de fer suédoise SJ ressent également clairement les effets de ce mouvement grandissant. Sur certaines liaisons, les réservations ont augmenté de plus de 100% poussant ainsi la compagnie à faire des investissements généreux dans ses trains et à étendre ses liaisons et destinations.

Bien sûr, l’idée ici n’est pas de vous faire culpabiliser dès que vous prenez un avion mais simplement de vous faire prendre conscience que nous devons re-sacraliser les voyages et que chacun·e d’entre nous doit prendre ses responsabilités lorsqu’il est en déplacement.

Et puis, la philosophie taoïste nous l’enseignait déjà :

“L’important c’est le voyage, pas la destination”

Et chez Edeni, on valide cet état d’esprit à 100%.

Un Paris-Pékin, c’est tout de même une aventure plus palpitante en train qu’en avion.

Tout comme un tour d’Europe. Ou n’importe quel autre voyage.

Voyager plus lentement c’est prendre le temps de se déplacer, quitte à aller moins loin. C’est prendre le temps de réaliser le changement de décor, de rencontrer de nouvelles personnes, de réduire nos émissions, qui seront étalées sur une durée plus longue et de réellement sentir que l’on voyage.

Et pour voyager plus ‘slow’, ce ne sont pas les méthodes de transportation qui manquent.

La marche et le vélo permettent de voyager avec une empreinte carbone nulle tout en visitant les plus belles régions que la France (ou tout autre pays) a à nous offrir. Les régions près de chez nous regorgent de beauté qui valent la peine d’être visitées. Pas toujours besoin d’aller à l’autre bout du monde pour découvrir des endroits merveilleux. Une belle randonnée en Corse ou un tour à vélo dans un col des Pyrénées ça a de quoi vous couper le souffle (et pas uniquement parce que vous aurez fait votre sport de l’année).

Le train reste sans doute la meilleure alternative à l’avion pour le ratio vitesse/impact écologique. Les options pour voyager en train assez loin et de façon assez confortable sont de plus en plus nombreuses : chez Edeni, nous avons testé le pass interrail et le voyage en transsibérien.

Apparemment, le bateau-stop serait une méthode de plus en plus utilisée par les voyageur·euse·s au long cours. Les yachts et les voiliers recherchent des gens qui, en échange de la traversée, sont prêts à leur offrir une aide sur le bateau — adaptée à leurs qualifications : cela peut donc aller de la cuisine à l’entretien en passant par la médecine pour les diplômé·e·s et l’aide à la navigation pour les connaisseur·euse·s. Des sites tels que ‘la bourse aux équipiers’ ou ‘Equipier’ permettent de trouver un équipage.

Et pour finir, il y a le bus et le co-voiturage. Comme expliqué plus haut dans l’article, prendre la route n’est pas toujours ce qu’il y a de plus éco-responsable, mais rassembler les voyageur·euse·s permet de réduire l’impact environnemental par passager·ère.

Si l’aventure vous tente mais que vous manquez d’idées pour vos futurs voyages sans avions, ne vous inquiétez pas ! On a pensé à tout.
Soyez prêt·e·s pour notre série sur les voyages sans avions avec un minimum de pollution ! Des idées pour passer des vacances différentes, amusantes et pas trop polluantes :)

A très vite !

--

--