Le retour de la consigne : les bonnes — et les fausses bonnes — idées

Volonté de réduire les déchets, raréfaction des ressources, prise de conscience du problème des plastiques, disparition des filières de revente en Asie… Dans ce contexte, les discussions autour de la consigne font leur grand retour ! Si elle n’a jamais été abandonnée dans les pays nordiques et a été réadoptée en Allemagne depuis déjà des années, la France a du retard sur le sujet. Tour d’Europe des bonnes — mais aussi parfois moins bonnes — idées pour encourager le réemploi et éviter le gâchis de ressources !

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5 min readJun 27, 2019

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1. Chez nos voisins, la consigne bat son plein

Alors que l’Union européenne s’est fixée un objectif de 90% de bouteilles en plastique recyclées d’ici 2029, l’Allemagne atteint déjà ce seuil, avec un “taux de collecte et de recyclage de 87%”, selon Brune Poirson. Comment ? Grâce au pfand, tout simplement “consigne” en allemand.

Pfand Machine en Allemagne

Ce système consiste à placer ses canettes et bouteilles vides, qu’elles soient en métal, verre ou plastique, dans un automate installé au supermarché, qui rend à chaque client le montant de ses consignes sous forme de bon d’achat à dépenser. Ce sytème est en quelques années complètement rentré dans les moeurs dans le pays.

En Belgique, on retrouve principalement la consigne pour réutilisation pour les bouteilles de bière et de vin. De plus, malin, le nombre de modèles de bouteilles de bière est limité afin de faciliter leur réutilisation. On retrouve également des systèmes de consigne en Suède, en Norvège ou au Pays-Bas

Au global, en Europe, les pays qui gèrent au mieux leurs déchets sont ceux qui ont mis en place un système de consigne.

2. La consigne : fausse bonne idée ?

La question peut se poser face au constat actuel en Allemagne : Malgré la consigne, trop de bouteilles en amont et trop de déchet en aval ?

Un excellent article de Reporterre nous explique ainsi que le système allemand a entraîné une hausse de la production de bouteilles en plastique à usage unique, passées de 40 % du marché des boissons en 2003 à 71 % en 2018. Pourquoi ? Tout simplement car le système de la consigne n’impose pas des contenants réutilisables et réutilisés, et au final c’est logistiquement plus simple et moins couteux pour les industriels de consigner des contenant à usage unique.
Absurde non ?
Surtout que sur ces contenants récupérés, c’est seulement 25% des bouteilles PET qui sont effectivement recyclées pour fabriquer de nouvelles le bouteilles. Le reste ? Jusque là envoyé en Asie, aujourd’hui la Chine et plus récemment la Malaisie ont annoncé ne plus vouloir récupérer ces déchets.

Pour remédier à ces limites, l’Allemagne applique depuis le 1er janvier 2019 une nouvelle loi qui donne un objectif de 70% de récipients réutilisables.

3. Vrac et consigne, le retour en France

Le système de la consigne sur les emballages est connu : le consommateur paye une petite somme à l’achat du produit, qui lui est rendue lorsqu’il restitue l’emballage. Les clients sont ainsi incités à rapporter leurs contenants vides plutôt qu’à les jeter. La consigne qui leur est rendue lors du retour de l’emballage peut prendre la forme d’un remboursement en espèces, d’un bon de réduction, d’un bon d’achat ou même d’un don à une association. Certains emballages consignés peuvent être réutilisés (c’est le cas par exemple du verre) ou recyclés. C’est ce deuxième objectif qui est visé par le gouvernement, qui souhaite parvenir à un taux de 100% de collecte pour le plastique (contre 60% actuellement).

Pourtant ce système à ses limites comme l’a montré le modèle, alors quid de la consigne destinée au réemploi plutôt qu’au recyclage ?

En France un acteur comme Jean Bouteille travaille depuis des années à proposer des systèmes de distribution de vrac liquide couplés à des contenants en verre consignés réutilisable. De plus en plus répandu, il permet de mettre en commun les contenants et faciliter cet usage pour les producteurs qui n’ont alors pas à gérer eux même la collecte, le lavage et la remise en circulation des contenants.

Lancé en grande pompe il y a quelques semaines, le système Loop déployé en France par Carrefour et Terracycle vise à mettre en place la consigne dans le cadre des courses livrées à domicile. Nous avons pu tester ce service. Il permet d’expérimenter à grande échelle et sur des marques de grandes consommation ce système. Et ça, c’est intéressant car les grands groupes ont la capacité à faire bouger les lignes, et si ils s’intéressent à la consigne, cela peut paver le chemin pour de plus petits acteurs qui sont parfois aujourd’hui encore contraints par des règlementations complexes.

Cependant nous avons regretté l’absence de mise en commun des contenants. Chaque marque à son propre emballage consigné avec sa marque dessus, et à l’usage c’est limitant dans une optique de diminution des déchets inutiles. Egalement, dans le cadre de la livraison à domicile, le transport de produit tous emballés dans du verre épais et protégés par des housses imposantes par rapport à un simple carton n’est pas recommandables d’un point de vue bilan carbone. Ça pèse lourd, ça prend plus de place et à acheminer en camionnette dans les villes ce n’est pas idéal. Il n’est pas envisageable de remplacer votre livraison de pack de 6 bouteilles d’Evian en plastique par 6 bouteilles en verres. D’un point de vue coût global ce n’est pas du tout optimal.

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