Matraquage publicitaire : comment y faire face ?

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7 min readJul 16, 2020

Affiches, prospectus, spots TV, annonces radios, fenêtres pop-up, vidéos promotionnelles sur les réseaux sociaux, placement de produits dans les séries … La publicité est partout et nous y sommes confronté∙e∙s chaque jour. Que ce soit dans l’espace public ou dans la sphère privée, l’omniprésence publicitaire crée chez beaucoup un sentiment de matraquage et d’agression permanente. Ayant pour principal objectif de faire naître des besoins auprès des individus, elle ne cesse de nous pousser à la consommation et dans grand nombre de cas à l’achat impulsif. Mais alors, comment faire abstraction de ces publicités à outrance et ces messages commerciaux souvent trompeurs ?

Action de recouvrement par l’association Résistance à l’Agression Publicitaire

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Atteinte à la « liberté de réception »

En tant qu’individu, la publicité fait partie intégrante de notre quotidien. Nous serions en effet, exposé∙e∙s chaque jour à des centaines voire des milliers de messages publicitaires via la radio, la télévision, la presse, Internet, nos boîtes aux lettres, les transports en commun, la voie publique, etc. Aujourd’hui tous ces médias de masse sont utilisés à grande échelle pour toucher et influencer une audience toujours plus large. Les publicités, de plus en plus personnalisées font l’objet d’analyses par des entreprises, dans l’objectif de connaitre le degré d’intérêt des individus pour chacune d’entre elles. Nos goûts, nos habitudes, nos choix de consommation, nos centres d’intérêt : nous sommes en permanence scruté∙e∙s. La publicité est donc devenue une arme de persuasion massive, que nous subissons, malgré nous.

Le consommateur n’est finalement plus libre de fonder ses choix sur des critères objectifs (utilité, coût financier et écologique, éthique de l’entreprise, etc.) mais il se voit influencer par des procédés manipulateurs et dégradants, lui faisant perdre toute son impartialité et sa sensibilité. L’association Résistance à l’Agression Publicitaire (RAP) parle “d’atteinte à la liberté de réception”.

Cette liberté de réception désigne le droit de refuser ou d’accepter les messages diffusés dans l’espace public. La liberté d’expression invoquée par le système publicitaire n’est aujourd’hui pas complète sans liberté de réception.

Selon la RAP, il faudrait par exemple remplacer l’utilisation du STOP PUB par celle d’un OUI PUB sur les boîtes aux lettres afin d’appliquer la liberté de réception et de considérer que le démarchage est interdit tant qu’un consentement préalable n’a pas été donné par les récepteur∙rice∙s des messages.

Impact de la publicité sur l’environnement

4 ans de déchets en photo contre la surconsommation

L’acharnement publicitaire est un vrai fléau pour les individus mais aussi, et surtout, pour l’environnement. Au-delà de pousser le consommateur à sans cesse acheter des produits et services dont il n’a pas nécessairement besoin, la pub représente un énorme gaspillage des ressources limitées de notre planète.

Selon une étude de l’ADEME (Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie) réalisée en 2016, chaque français reçoit en moyenne 13,6 kg d’imprimés non sollicités par an. Cette publicité papier terminant inévitablement à la poubelle représenterait une facture de 110 millions d’euros chaque année pour la collectivité et un million de tonnes de déchets rejetés dans la nature ; une véritable aberration environnementale !

La publicité dématérialisée, quant à elle, détient une empreinte environnementale plus importante encore que celle papier. Extrêmement énergivore, la pub sur Internet demande d’énormes capacités de stockage, une consommation d’électricité importante ainsi que l’extraction de matériaux rares (souvent exploités dans de mauvaises conditions sociales et écologiques) nécessaires aux équipements. De plus, les panneaux à diodes électroluminescentes, de plus en plus présents dans nos rues, représentent un gouffre énergétique et nécessiterait 7 fois plus d’énergie qu’un mobilier non numérique. Même si le coût énergétique peut être difficile à calculer, une étude publiée en 2018 indique que la consommation mondiale en énergie due à la publicité numérique, s’élèverait en 2016 à 106 Térawatt/heures, soit 1,5 fois la consommation annuelle d’électricité de la région Ile-de-France.

Membres de la Convention Citoyenne pour le Climat reçus à l’Elysée

Réglementation et limitation de la publicité

Plusieurs associations et collectifs réclament aujourd’hui le contrôle de la publicité ainsi que sa réglementation. Ce sujet a d’ailleurs récemment été abordé lors de la Convention Citoyenne pour le Climat. Les 150 citoyens tirés au sort, ont pointé du doigt les effets néfastes que peut avoir la publicité sur nos modes de consommation. Ils s’accordent cependant pour dire qu’utilisée à bon escient elle permettrait de limiter les incitations à la consommation des produits les plus polluants et favoriserait l’information autour de comportements écoresponsables. S’agissant de l’un des principaux leviers à actionner pour faire évoluer les comportements des individus de manière durable, il conviendrait de modifier drastiquement son utilisation. Dans la proposition des concitoyens trois points ont donc été évoqués :

Interdire de manière efficace et opérante la publicité des produits les plus émetteurs de GES, sur tous les supports publicitaires : créer un “CO2score” et interdire de publicité les produits et services ayant le plus d’impact carbone.

Réguler la publicité pour limiter fortement les incitations quotidiennes et non-choisies à la consommation : interdire les panneaux publicitaires dans l’espace public (hors information locale et culturelle), la publicité sur écran dans les transports, la publicité dans les boîtes aux lettres et pour les soldes. Installer d’office des bloqueurs de pub sur les navigateurs internet.

Mettre en place des mentions pour inciter à moins consommer : instaurer ce type de mention afin d’inciter le consommateur à réfléchir à ses besoins avant l’acte d’achat. Inscrire sur chaque publicité, une mention « En avez-vous vraiment besoin ? La surconsommation nuit à la planète».

Stop pub by Edeni

Conseils pour réduire notre exposition à la publicité

Heureusement, nous pouvons adopter quelques gestes simples dès à présent pour limiter notre exposition à la publicité :

Ne plus communiquer ses données personnelles

Les cartes de fidélité, les sondages, les achats sur internet et d’autres encore, sont des moyens utilisés par les entreprises pour récolter des informations personnelles. Faites-y attention et n’oubliez surtout pas lorsque vous passez une commande en ligne ou que vous signez un contrat, de cocher les mentions indiquant que vous refusez toute communication de vos données à des fins commerciales

Installer un bloqueur de pub

Pour votre ordinateur vous pouvez installer un module complémentaire sur votre navigateur, comme Ad Block ou encore uBlock origin, qui vous permettra de bloquer les pubs rencontrées lors de votre navigation.

Bloquer les spams de sa boite mail

Lorsque vous recevez des courriels indésirables, n’hésitez pas à vous désinscrire de la liste de diffusion. Vous trouverez souvent cette mention, écrite en tout petit, à la fin de chaque mail.

Installer un autocollant STOP PUB sur sa boîte aux lettres

Les distributeurs sont légalement tenus de respecter votre choix et ne doivent en aucun cas vous faire parvenir de la publicité non désirée. Même s’il n’est pas toujours respecté, cet autocollant permettra de réduire drastiquement le nombre de prospectus reçus.

Bloquer le démarchage téléphonique

Pour votre numéro fixe, demandez à votre opérateur téléphonique de figurer sur la « liste rouge » ou « la liste anti-prospection » afin d’interdire les prospections téléphoniques. Concernant votre mobile, vous pouvez utiliser une application qui filtre les numéros inconnus et vous informe quand il s’agit d’un démarchage commercial. Nous vous conseillons l’application « Orange Téléphone » disponible pour tous les opérateurs.

Refuser les prospectus

Si vous êtes du genre à accepter les prospectus que l’on vous tend dans la rue, essayez d’y dire stop. Car vous le savez, dans la majorité des cas ce bout de papier n’attirera pas votre intérêt et finira à la poubelle quelques mètres plus loin.

Faire ses courses dans des lieux alternatifs

Privilégiez les épiceries de vrac, les marchés et les AMAPs aux grandes surfaces souvent inondées de messages publicitaires (sur les packagings, au plafond, au sol, via les haut-parleurs, etc.). Vous y retrouverez peu de publicité du fait d’un nombre réduit d’emballages sur les produits.

Limiter sa consommation de médias

Il est important de limiter le temps passé devant les grandes chaines TV, les séries à succès, les magazines populaires ou les vidéos buzz sur internet, car ce sont généralement là que vous êtes confronté∙e∙s à de forts signaux commerciaux. Réduisez donc votre consommation de médias et privilégiez les contenus sans publicités ni placement de produits.

La publicité pouvant être qualifiée de “pollution mentale” par certains, chercher à stimuler en permanence les consommateurs et à les rendre vulnérables. Créatrice de besoins, la publicité influence le comportement des individus en valorisant des produits et des modes de vie ou de pensée associés. Il semble donc compliqué d’envisager une évolution des modes de consommation vers le consommer mieux sans une évolution de la publicité elle-même. Bien que peu réglementée aujourd’hui, elle permettrait à l’avenir de pousser les individus vers le chemin d’une consommation raisonnée, durable et éthique.

Sources :

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