Théories du complot et fausses croyances : comment y faire face ?
L’existence de théories conspirationnistes en tout genre ne constitue pas une nouveauté historique. Ces récits rencontrent cependant aujourd’hui, un succès public inédit. Théories du complot et discours New-Age fleurissent notamment sur internet et les réseaux sociaux, semant subtilement le doute dans l’esprit des individus sur ce qui se passe dans le monde.
Comment expliquer que des personnes puissent adhérer dans des proportions surprenantes à ces théories et mouvances parfois très farfelues ?
Vous avez surement entendu parler du documentaire Hold-up, vu potentiellement par plusieurs millions de personnes et relayé massivement sur les réseaux sociaux ? Ce film documentaire indépendant conspirationniste français, prétend lever le voile sur les complots derrière la pandémie de coronavirus, propagés par le gouvernement, l’industrie pharmaceutique, ou encore les médias. Un film aux nombreuses contre-vérités. Même si certains faits sont réels, l’argumentaire déroule au moins une trentaine de fausses informations. Mais alors, comment expliquer l’intérêt suscité par ce genre de documentaire ?
Les croyances New-Age favorisent le conspirationnisme
Le New Age est un courant spirituel occidental du XXe et XXIe siècles, caractérisé par une approche individuelle et éclectique de la spiritualité. Défini par certain∙es sociologues comme un bricolage syncrétique de pratiques et de croyances, ce courant sert de catégorie pour un ensemble d’auteur.rices indépendant.es et de mouvements dont la vocation commune est de transformer les individus par l’éveil spirituel.
Le New Age véhicule une approche irrationnelle du monde et prône l’émergence d’une nouvelle culture dans laquelle les sciences dites classiques sont obsolètes. La spiritualité New Age est dangereuse, car elle aliène la personne en la conduisant à l’égocentrisme et à la pratique de la médiumnité et autres sciences occultes.
La pensée New Age s’est glissée dans de nombreux domaines de la vie courante sans que l’on en prenne conscience : médecine, psychologie, sciences, etc.
Bien souvent, des personnes voulant fuir le système actuel néfaste (capitaliste, patriarcal, colonialiste) s’y réfugient car il partage un certain nombre de valeurs vertueuses et écologiques comme une alimentation végétale, de la communication non-violente, du développement personnel, etc.
Ce qui nous à amené chez Edeni à nous y intéresser comme bon nombre de nos élèves, et à intégrer à nos formations des modules d’auto-défense de notre esprit critique, avec notamment l’approche zététique. La zététique est l’art de l’esprit critique, une méthodologie scientifique appliquée à des domaines relevant souvent de croyances fortes et ancrées, comme la communauté anti-vaccins, l’astrologie, l’homéopathie, etc.
Bien sûr que les sociétés occidentales ont poussé trop loin les curseurs du scientisme, réductionnisme et cartésianisme manichéen, bien sûr que certaines personnes meurent des excès de BigPharma et des lobbies industriels. Mais retomber dans l’excès inverse du relativisme absolu et des intuitions à 100% ne fait bien souvent qu’enrichir une poignée de malhonnêtes au détriment de beaucoup d’actions concrètes. Il y a un juste milieu à trouver.
On peut avoir une vie saine et épanouie, parler de bonnes ondes, profiter d’effet placebo et avoir une spiritualité, sans verser dans une anti-science qui serait exempte de preuves à apporter et nous isolerait.
Nous vous conseillons dans nos bibliographies plusieurs ressources à consulter, indépendantes, qui n’ont rien à vendre, comme Hygiène Mentale, la Tronche en Biais ou L’extracteur.
La théorie du complot
La théorie du complot, souvent liée à la pensée New-Age, désigne toute théorie selon laquelle il y aurait un complot mondial destiné à prendre le contrôle politique et économique de l’humanité. Il s’agit d’une posture de méfiance systématique envers les informations provenant des médias, qui remet en cause l’information elle-même. Généralement ces théories pointent du doigt des groupes d’individus qu’elles jugent malveillants, sans réellement avancer de preuves.
Les promoteur∙rices des théories du complot expliquent les phénomènes sur lesquels ils∙elles se penchent de manière manichéenne et monocausale. Cela suscite, auprès des populations, un sentiment de dévoilement d’une réalité inquiétante mais unique qui leur aurait été cachée.
Les récits conspirationnistes consistent en une simplification à outrance des logiques régissant le fonctionnement de nos sociétés et l’enchaînement des faits historiques.
Voici les 8 théories du complot les plus connues.
Pourquoi les théories du complot parviennent-elles à nous faire si facilement douter ?
Voici différentes raisons qui peuvent nous amener à adhérer à ces théories :
- Des études ont été menées sur l’impact de l’intensité émotionnelle sur les croyances aux théories du complot. Et il semblerait que l’intensité émotionnelle associé à certains événements, augmente les pensées complotistes. Anxiété, manque de contrôle, incertitude, dépression peuvent donc être les portes d’entrée des croyances complotistes.
- Croire à un complot donne une explication que l’on considère rationnelle face à des évènements émouvants, incompréhensibles ou déplaisants. La théorie du complot permet de donner une explication simple à des évènements parfois très complexes.
- Il a été démontré que les personnes qui présentaient des ressources cognitives moins évoluées avaient tendance à croire plus facilement aux théories du complot puisqu’elles n’avaient pas forcément les compétences pour comprendre correctement la situation.
- Au-delà de ça, nous sommes tous différent∙es. Selon nos affinités et nos croyances, notre vécu, notre fragilité émotionnelle chacun∙e régit différemment face aux théories du complot.
- Le désir d’appartenance, la peur de penser différemment de la pensée la plus commune et le maintien d’une image positive de soi et de son groupe, sont des éléments qui peuvent influer sur la croyance des théories complotistes. En effet, ces théories valorisent l’image de soi et du groupe en attribuant des événements à caractère négatif aux autres. De plus, les théories du complot semblent donner accès à une vérité cachée, ce qui est valorisant pour celui qui reçoit le message.
« La recherche en psychologie suggère que les gens se tournent vers les théories du complot pour satisfaire des besoins psychologiques inassouvis, comme le besoin de connaissances, de certitude, de contrôle, d’autonomie et d’estime de soi. »
Karen Douglas, chercheuse en psychologie sociale, Université du Kent.
Internet et les réseaux sociaux favorisent ces théories. Ces technologies permettent la mise en relation de personnes partageant la même vision du monde. Des communautés se créent autour de croyances qu’elles entretiennent, diffusent et promeuvent. Si ces théories et les fake-news se répandent aussi bien, c’est que la motivation et l’activité sur les réseaux, des personnes qui les propagent, est plus grande que l’activité de celles qui pourraient les contredire.
Cette sensibilité au doute, notre besoin de rationalité, nos croyances profondes et nos rapports sociaux facilitent donc la diffusion de la théorie du complot.
Les biais cognitifs
Les conspirationnistes, ceux∙celles qui propagent les théories, profitent d’un certain pouvoir de persuasion, notamment du fait qu’ils∙elles exploitent un large éventail de biais cognitifs humains.
Les biais cognitifs sont des schéma de pensée trompeurs et faussement logique. Ils influencent nos choix, en particulier lorsque nous devons gérer une quantité d’informations importantes ou que le temps est limité. Il se produit ainsi une forme de dysfonctionnement dans le raisonnement. Il existe des centaines de biais cognitifs. En voici trois, qui peuvent notamment expliquer l’adhésion aux théories du complot :
· Le biais d’autorité : Il consiste à surévaluer la valeur de l’opinion d’une personne, que l’on considère comme ayant une autorité sur un sujet donné : les scientifiques, médecins, politologues, supérieurs hiérarchiques et autres spécialistes d’un domaine en particulier. Ces experts sont censés avoir une meilleure connaissance de leurs domaine et donc commettre moins d’erreurs. Ce biais conduit à avoir une totale confiance en cette autorité, la prendre comme référence et suivre ses recommandations.
· Le biais de représentativité : Il consiste à fonder son jugement ou à prendre une décision à partir d’un nombre limité d’éléments que l’on considère comme représentatifs d’une population beaucoup large. Il revient à se baser sur des stéréotypes ou sur une représentation de la réalité, plutôt que sur une analyse statistique, et à généraliser à partir de cas particuliers, sans utiliser un raisonnement logique et probabiliste.
· Le biais de confirmation : Il consiste à privilégier les informations confirmant ses idées préconçues ou ses hypothèses. La personne victime de ce biais accorde moins d’importance à des hypothèses en contradiction avec ses convictions. Par exemple, pour s’informer d’un sujet controversé, un individu pourra préférer lire des sources qui confirment son point de vue.
Comment ne pas tomber dans le piège
Pour éviter de tomber dans le piège des théories complotistes, il est important d’avoir un esprit critique développé. Pour cela il convient d’aiguiser sa capacité à remettre les choses en question, à s’ouvrir à d’autres possibilités et bien entendu à faire ses propres recherches soi-même. Alors on fait le tri dans les informations qui parviennent à nos oreilles, on croisent les sources sûres et on se fait sa propre opinion.
Face à l’incertitude, à l’anxiété, à une situation complexe ou à une crise comme nous le vivons actuellement, il est donc primordial d’exercer notre esprit critique et de nous méfier de nos intuitions et biais cognitifs, qui peuvent parfois nous jouer des tours.
C’est d’ailleurs l’un des points clés des formations Edeni : développer son esprit critique et faire ses choix en toute conscience.
Pour plus d’infos sur nos formations : https://www.edeni.fr/
Sources :
