#premiersInstants — Contrat avec un salaud de Sara Agnès L.

Elodie Baslé
Milady
Published in
5 min readJun 17, 2018

Il est beau, il est entêtant… Mais il faut le fuir au plus vite !

Dans les #premiersInstants, on vous propose ni plus ni moins que de découvrir les premiers chapitres de nos histoires préférées. Comme ça, sans contreparties, juste pour vous faire plaisir. Bonne lecture !

Chapitre premier

Je fixe mon verre en soupirant. Décidément, cette tequila finira par avoir raison de mon cafard, et du reste de mes pensées aussi. Adossée au bar, à ma droite, Juliette pointe du menton la piste de danse derrière moi.
— Et le brun, là-bas ? Il a un beau cul, tu as vu ?
— Arrête un peu, je grogne.
— Pourquoi ? Tu ne comptes pas rentrer les mains vides, quand même ?
Je lève mon verre dans sa direction, puis je le termine en grimaçant. Un peu vite, je récupère un morceau de citron vert dans lequel je croque en retenant mon haut-le-cœur. Quelle idée de picoler à la tequila ! Je toussote, mais dès que je retrouve l’usage de ma voix, je rétorque :
— Je suis ici pour boire, parce que quand je bois, je ne pense pas à Ben.
— Si tu veux mon avis, tu n’as rien perdu, raille-t-elle.
— Ouais.

Même si j’ai davantage envie de pleurer que de picoler davantage, je fais signe au serveur de nous resservir. Tant pis pour la gueule de bois. Qu’est-ce que ça change ? Depuis trois semaines, je n’ai plus de boulot, de toute façon.
— Le beau brun… tu es sûre qu’il ne te dit rien ?
Je secoue la tête sans même jeter un coup d’œil, ce qui énerve d’autant plus Juliette.
— Merde, Amy, tu ne vas pas devenir bonne sœur à cause de ce type ! Mais quelle idée de coucher avec ton boss, aussi. Un gars marié, en plus !
Choquée par sa réplique, même si elle est vraie, je la foudroie du regard.
— Va te faire voir !
Dans un même élan, je finis ma tequila d’un trait et tape le verre sur le comptoir pour que le barman se ramène en quatrième vitesse.
— Quoi ? lâche ma copine en me faisant les gros yeux. Tu es belle, jeune… arrête de te morfondre et va plutôt prendre ton pied ! Des types doués au lit, il y en a sûrement plein ce bar !
C’est plus fort que moi, je lève les yeux au ciel et peste :

— Tu veux qu’on reparle de la semaine dernière, peut-être ? Quand tu m’as traînée dans ce club pourri et que tu m’as poussée à me déhancher sur la piste comme une idiote ?
— Ah non ! Là, ce n’est quand même pas ma faute si tu n’as pas eu de chance et que tu as ramené cet imbécile !
— Et la semaine d’avant ? je m’énerve.
— Bah… il était saoul ? suggère-t-elle.
Je soupire sans répondre. À entendre Juliette, la majorité des types de plus de trente ans savent faire jouir une femme. Évidemment, il faut que je déjoue ses statistiques ! À croire qu’il n’y a que Ben d’assez doué pour me faire perdre la tête en dix minutes chrono. Depuis, deux épisodes malheureux m’avaient convaincue de me rabattre sur l’alcool plutôt que sur les hommes. Pourquoi perdre mon temps avec un idiot qui ne saura que me faire admirer le plafond de ma chambre à coucher ?
— Allez, ne te laisse pas abattre ! m’encourage-t-elle. Tu n’as qu’à me le laisser choisir ! J’ai un sixième sens pour ça. Et d’après moi, le beau brun, là-bas…

D’un signe de la main, je la fais taire et je grogne :
— Sans façon. Je n’ai pas envie de tester l’adage « jamais deux sans trois ».
Récupérant son verre de tequila, elle rigole et le vide d’un trait pendant que j’ajoute :

— Je vais juste me saouler et rentrer chez moi. Seule, je précise. En plus, il faut que je mette mon CV à jour et que je me dégote un nouveau boulot. Avec une femme comme patron, de préférence.
— Tu finiras peut-être lesbienne, se moque Juliette.
Même si sa blague est de mauvais goût, je ris avec elle, signe incontestable que l’alcool commence à faire effet.
Alors que je reprends mes esprits, Juliette étouffe un rot sous ses doigts et marmonne :
— Merde. Il faut que j’aille aux toilettes. La tequila, ce n’est vraiment pas pour moi. Tu surveilles mon sac ?
Elle tourne les talons et s’engouffre dans la foule. Pour le principe, je retire ma veste et je la pose sur le tabouret à ma droite pour montrer aux autres que la place est prise, puis je fais signe au barman de revenir remplir mon petit verre.

Je retiens un soupir agacé quand on se plante à ma droite, exactement là où se tenait ma copine il n’y a pas une minute. Sans daigner jeter un coup d’œil à celui qui tente d’attirer mon attention, je grogne :
— Va faire ton numéro ailleurs. Je préfère les femmes.
Je ris intérieurement en me remémorant ma conversation avec Juliette, mais le type se colle un peu plus à moi.
— C’est peut-être que tu n’as pas rencontré le bon gars.

Du bout des doigts, il effleure mon épaule, dénudée depuis que j’ai retiré ma veste. J’ai un léger geste de recul et je me tourne vers lui dans l’intention de l’engueuler, mais je ravale prestement les mots acerbes que je suis sur le point de lui jeter à la tête lorsque nos regards se croisent. Ce type est canon. C’est sûrement parce que je suis saoule, car je ne suis pas le genre à les trouver mignons facilement…

Avec un sans-gêne évident, l’homme récupère mon verre et le porte à son nez.
— Tequila ? Dis donc, poupée, ça ne doit pas aller bien fort pour boire un truc pareil…
Pendant une fraction de seconde, je l’observe, incapable de répliquer. Ma parole, qu’est-ce qu’il m’arrive ? En plus, je déteste qu’on m’appelle « poupée » ! Retrouvant un semblant de voix ferme, je peste :
— Garde ton numéro pour une autre, je ne suis pas d’humeur.

Retrouvez-nous très bientôt pour un nouvel article. N’hésitez pas à nous suivre pour ne rien rater des prochaines publications.

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