Interview Ekipio — Audrey Benguira (PwC)

Olivier - Ekipio
Ekipio
Published in
6 min readFeb 17, 2018

--

Dans l’épisode 14 du podcast d’Ekipio, on a eu le plaisir d’échanger avec Anne-Valérie Attias-Assouline, avocat associée et Présidente de PwC Société d’Avocats et Audrey Benguira, avocat chez PwC Société d’Avocats. On a profité pour poser quelques questions à Audrey sur son parcours et sa vision de son métier à l’heure de la transformation digitale !

Bonjour Audrey, peux-tu nous présenter ton parcours en quelques mots pour nos lecteurs ?

En quelques mots: je suis franco-canadienne et fière de l’être. Cela explique beaucoup d’aspects de ma personnalité, que ce soit dans ma façon de m’exprimer (même si je n’ai pas d’accent) ou d’aborder les choses.

Concernant mon parcours professionnel, j’ai suivi mes études de droit en France, que j’ai complétées par un LL.M. Je travaille en cabinet d’avocats depuis 2005. J’ai commencé dans un spin-off de Landwell et, après quelques passages dans des cabinets variés (Magic Circle, Big 4), je suis arrivée chez PwC.

Mon parcours a toujours été centré vers le droit des sociétés et le M&A dans un contexte international.

Peux-tu nous présenter plus en détails ton activité chez PwC ?

Je suis arrivée chez PwC il y a environ 3 ans pour occuper le poste de Directeur au sein de notre département M&A. C’est ma première casquette et c’est une façon d’exercer la profession qui me plaît énormément. Chez PwC, nous avons la chance d’intervenir sur une grande variété de transactions du small cap au large cap avec une équipe pluridisciplinaire (fiscalistes, juristes et avocats en droit social) qui travaille en étroite collaboration. Dans ce contexte, j’encadre une équipe d’une quinzaine de collaborateurs et je prends plaisir à les voir grandir et gagner en autonomie sur les dossiers.

Ma seconde casquette est celle de conseil sur les projets de transformation digitale de nos clients. Je suis la référente « legal tech » pour la France au sein de notre réseau. J’ai vite été passionnée par les phénomènes « disruption du droit » et « legal tech » avant même que l’on en parle en France. Nous avions mené nos propres réflexions et actions sur ces sujets. Je me suis vite rendue compte que nous pouvions partager nos connaissances avec nos clients afin de les accompagner face à ces enjeux qui sont de plus en plus prégnants. Notre ambition est d’être le plus possible connecté à cet écosystème dans tous les pays et d’explorer avec nos collaborateurs les cas d’usages de ces technologies. Cette facette de mon métier me permet de faire des rencontres enrichissantes et d’ouvrir de nouveaux horizons pour notre profession demain.

Quelle est la place des nouvelles technologies dans ta vie de tous les jours ?

Comme tout le monde, j’utilise de nombreuses applications au quotidien, pour la météo, les transports, les relations avec les administrations, le sport, cultiver de nouvelles connaissances via des cours en ligne, etc.

Je n’ai jamais été une grande fan de télévision (je pourrais totalement m’en passer si ce n’était pour ma petite famille) mais se passer totalement d’internet et des smartphone cela me semblerait très difficile. Ca a remplacé à la fois les encyclopédies et le temps que nous passions autrefois au téléphone pour recueillir telle ou telle information, faire des réservations… En revanche, je ne suis pas du tout accro et je peux tout à fait me déconnecter pendant plusieurs jours.

On connait tous l’activité de PwC comme cabinet d’audit et de conseil et comme société d’avocats, en revanche, on connaît moins l’activité de conseil en transformation digitale auprès des directions juridiques. Peux-tu nous en dire plus à ce sujet ?

Le rôle du conseil en transformation digitale est en premier lieu un rôle d’accompagnement. Quand nos clients nous sollicitent sur ces sujets de transformation, ils attendent a minima qu’on les écoute et qu’on les comprenne. Un consultant seul ne peut pas le faire. Il faut parler le même langage que les directions juridiques, comprendre leurs enjeux, leurs besoins, leurs « irritants ». L’aspect métier est pour cela fondamental afin de mener à bien ces projets.

On se rend compte également que malgré l’importance des sujets gérés par les directions juridiques, celles-ci n’arrivent pas toujours à valoriser leurs interventions auprès de leurs clients internes. Les nouvelles technologies sont pour cela un formidable levier de performance car elles vont permettre d’objectiver les KPI des directions juridiques, ce qui aujourd’hui est rarement le cas.

Identifier tous ces besoins avec les directions juridiques et les accompagner jusqu’à la mise en œuvre d’une ou plusieurs solutions technologiques qui leur conviennent, c’est l’objet de nos missions de transformation digitale en collaboration avec les consultants. A la clef, nous permettons à nos clients d’améliorer la gestion de leur temps, de leurs ressources et de concentrer leur attention et leur réflexion profonde sur les sujets stratégiques pour le business et l’entreprise.

Au cours de notre interview, on t’a senti très enthousiaste quand on a parlé des startups ! A ton avis, en quoi les startups pourraient être une source d’inspiration pour les structures traditionnelles ?

Les start-ups ont plusieurs qualités dont nous pourrions tous nous inspirer.

La première c’est qu’elles viennent avec une proposition de valeur innovante qui correspond à un besoin client identifié.

Ensuite, les start-ups ayant généralement peu de fonds et un besoin de rentabilité rapide, elles ne surinvestissent pas dans la création du produit/ service qu’elles proposent et le go-to-market est également très rapide. Cela leur permet de tester le produit/ service et d’obtenir un retour de leurs clients qui est déjà significatif alors qu’elle sont encore en phase de conception. Elles peuvent ainsi réorienter leur offre, voire leur business model, si elles se rendent compte que ce qu’elles avaient initialement envisagé n’est pas ce qui est attendu.

A mon sens, cette orientation client forte et cette capacité à se réinventer rapidement sont caractéristiques de l’agilité qu’on envie tant aux start-ups.

Quelles sont les ressources inspirantes (podcasts, articles, livres…) que tu consultes et qui te permette de garder un esprit ouvert sur ton métier, sur le droit ou l’innovation ?

En tant qu’Avocat M&A je consulte bien évidemment très régulièrement « CFNews » mais aussi une application mobile que je trouve super pour connaître le monde du private equity qui est « Palico ».

Pour les aspects nouvelles technologies appliquées au droit, je consulte de nombreux sites anglo-saxons à destination des professions juridiques. Le marché du droit y étant beaucoup plus développé, il y aussi un plus grand nombre et une plus grande variété de sources intéressantes (à titre d’exemple, « The Artificial Lawyer »).

Enfin, je recommande les livres de Richard Susskind (notamment « The Future of the Professions ») et le dernier livre de Laurent Alexandre (« La Guerre des Intelligences »). Ils ont le mérite d’expliciter les changements auxquels nous faisons face et doivent être pour nous une source de réflexion face à ces constats. Il faut néanmoins prendre du recul sur ces deux derniers ouvrages car ils peuvent être anxiogènes si on les prend au pied de la lettre. Je crois que notre rôle, c’est d’être moteur de nos vies, d et que nous avons, chacun à notre niveau, la possibilité d’anticiper les changements et de les mener sur des trajectoires positives.

Un grand merci à Audrey, Anne-Valérie et toute l’équipe de PwC pour leur accueil et pour avoir pris le temps pour partager avec Ekipio nos auditeurs, et nos lecteurs !

Pour nous retrouver : http://www.ekipio.com/ et pour suivre toute notre actualité, inscrivez-vous à notre newsletter, ou suivez-vous sur Facebook, Twitter et Linkedin.

--

--