[FR] Les “Frenchies” de Criteo entrent au Nasdaq

Elaia
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4 min readOct 30, 2013

Cette fois, c’est parti. Criteo, le spécialiste français de la publicité sur Internet a faitses premiers pas sur le Nasdaq, la Bourse américaine des valeurs technologiques, mercredi 30 octobre. Une entrée réussie pour le moment : quelques minutes après son introduction sur les marchés, le titre Criteo était en hausse.

L’étape de la Bourse est cruciale pour cette start-up parisienne créée en 2005 par trois ingénieurs — Jean-Baptiste Rudelle, Romain Miccoli et Franck Le Ouay. C’est aussi un événement dans le petit monde français du numérique. « Le Nasdaq, c’est la voie royale », se félicite Stéphane Distinguin, président de Cap Digital, le pôle de compétitivité parisien.

De fait, cela fait des années qu’aucune société n’avait fait ses premiers pas sur les marchés boursiers américains. La dernière grosse opération tricolore de ce genre date… de 1994, avec l’introduction en Bourse de l’éditeur de logiciels Business Objects.

Il y a bien eu aussi, entre-temps, les cotations de Dassault Systèmes, d’I-Log et d’InfoVista. Mais ils ne se sont guère attardés. Le premier nommé a ainsi préféré, au bout de quelques années, ne rester coté qu’à la Bourse de Paris.

A l’heure actuelle, seules quatre entreprises françaises évoluent sur le Nasdaq. Il s’agit du groupe pharmaceutique Sanofi et des sociétés de biotechnologie Edap TMS (ultrasons), Flamel Technologies (médicaments) et LDR (implants rachidiens).

« Honnêtement, peu de sociétés françaises sont éligibles au Nasdaq, note Michael Azencot, partenaire à la Financière Cambon. Il faut afficher une croissance de 50 % à 100 % pendant plusieurs années et avoir une ouverture internationale » pour décrocher son ticket.

Pourtant, pour une entreprise technologique avec une ambition globale, le Nasdaq est un passage obligé. C’est là que se concentre l’attention des médias.

Là aussi que se trouvent les principaux investisseurs de la planète. Une présence sur le Nasdaq permet d’escompter, pour toute start-up, une valorisation supérieure. Les professionnels du secteur estiment ainsi qu’entre Paris et New York, l’écart en la matière peut être du simple au double.

Une cotation américaine permet aussi de payer en partie ses troupes en titres de la société. Stock-options et autres plans d’actions sont en effet des armes décisives dans la guerre que se livrent les entreprises informatiques et des télécommunications pour recruter les meilleurs développeurs de la planète.

UN CHOIX RAISONNÉ

A contrario, la place financière parisienne n’offre pas une visibilité suffisante, selonles experts, pour espérer un jour accueillir ou tout simplement pour permettre le développement d’un nouveau Google. A Paris, les valeurs technologiques sont rares, les fonds d’investissement spécialisés et les potentiels racheteurs, peu nombreux.

Détail d’importance : on trouve en France fort peu d’analystes financiers suivant les sociétés « techno », et susceptibles de donner envie d’acheter de futurs joyaux de la cote aux investisseurs.

Pour toutes ses raisons, les fondateurs de Criteo ont fait le choix du Nasdaq. Aujourd’hui, le trio dirige l’une des start-up les plus ambitieuses de l’Hexagone. Celle-ci est spécialisée dans le ciblage des internautes, une activité qui a le vent en poupe. La société achète des espaces publicitaires sur le Web à prix fixe pour les revendre aux annonceurs à prix variable.

Plus qu’un art ou une religion, c’est une science algorithmique pratiquée par les 400 ingénieurs maison. La croissance de Criteo a jusqu’à présent été exponentielle. Profitable en 2012, la société affiche 459 millions de dollars (334 millions d’euros) de chiffre d’affaires au premier semestre.

Si Criteo met la barre si haut, c’est aussi grâce à ses investisseurs de la première heure : les fonds de capital-risque français Idinvest et Elaia, les américains Index Ventures et Bessemer Ventures, sans oublier le japonais Softbank, venus en renfort en 2010 et 2012. Au total, la start-up a levé environ 50 millions d’euros depuis 2006.

Ces partenaires l’ont poussée à se développer à l’international, qui pèse aujourd’hui 85 % de ses revenus. Et à se mettre en piste pour le Nasdaq. La capitalisation boursière de Criteo dépasse le milliard et demi de dollars. La société veut lever 251 millions de dollars au Nasdaq, en écoulant 8,08 millions d’actions à 31 dollars pièce.

Mais pour un Criteo qui tente l’aventure mondiale, combien d’autres restent franco-française… « Le problème, ici, c’est qu’il n’y a pas l’environnement propice. Comme il n’y a pas assez de sociétés cotées outre-atlantique, cela ne donne pas l’idée à d’autres de se lancer. C’est un peu le serpent qui se mord la queue », déplore Eric Carreel, PDG de Withings, start-up spécialiste des objets connectés.

Par ailleurs, les grands groupes de l’Hexagone se montrant eux-mêmes plutôt frileux quand il s’agit d’acquérir de jeunes pousses françaises, celles-ci sont des cibles de choix. Les groupes étrangers, peuvent les racheter avant qu’elles ne deviennent trop chères.

http://www.lemonde.fr/economie/article/2013/10/30/les-frenchies-de-criteo-entrent-au-nasdaq_3505314_3234.html

Originally published at www.elaia.com on October 30, 2013.

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