LA “THERAPIE PAR LA PHOTOGRAPHIE” : UNE “HAPPY-THERAPIE” ?

Emmanuelle Choussy
Emmanuelle Choussy
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5 min readDec 5, 2018

Mon souhait est que la thérapie par la photo puisse apporter un mieux-être aux personnes qui me confient leur âme en mal de reconnaissance, le temps d’une séance photo.

Emmanuelle Choussy, photographe -

“Photo-thérapie ? Happy-thérapie !” par Emmanuelle Choussy

PETITE INTRODUCTION A UN PROJET DEVELOPPE SUR TOULOUSE EN 2004 PAR MES EQUIPES ET MOI.

Photo-thérapie : “ Terme issu du grec phôs : lumière, et thérapéia : traitement. Synonyme : luxthérapie (photothérapie spécifique). Méthode de traitement permettant, grâce à l’utilisation de la lumière blanche ou colorée, de traiter des affections variées, comme les dépressions saisonnières (luxthérapie), les douleurs et les troubles circulatoires des extrémités (utilisation des rayons infrarouges). “ [1]

A priori donc, rien à voir avec la photographie…

Malgré mes recherches, je n’ai malheureusement pas trouvé de terme exact se rapportant à cette pratique, devenue “ma” pratique. D’autres photographes qui ont sensiblement la même démarche que la mienne ont bien tenté de définir ce process (avec plus ou moins de succès). Ainsi, en France, le photographe parisien Patrick Wecksteen (pour qui j’ai posé au cours de ma vie de modèle) a utilisé ce concept sous une forme qui lui est propre : c’est uniquement par la photo de nu qu’il tente de révéler la beauté de son modèle, exclusivement féminin :

“ Dans ce monde d’image où la femme des magazines devient icône, les autres femmes se sentent dévalorisées. C’est ainsi qu’est née pour moi la photo-thérapie. […] C’est ainsi qu’il photographie, avec art et talent, des jeunes femmes qui ne se destinaient nullement à devenir des modèles, leur révélant, via une séance que l’on peut qualifier de “photo thérapie”, la véritable dimension de leur beauté, trop souvent “rentrée”, parce que jugée par toutes ces femmes comme “non compétitive” face aux canons parfaits que leur renvoient la publicité et les magazines. “

Source : http://wecksteen.free.fr/portfolio.pdf [2]

Personnellement j’ai pris le parti de m’adresser vraiment à tout un chacun, aux personnes des deux sexes et de tous âges, seules ou en duo, et même aux familles entières. Et mes modèles restent habillés... Cela n’affecte en rien les résultats obtenus.

L’objectif : mon souhait est que la thérapie par la photo puisse aider ceux qui me confient leur image “ déficiente “ à reprendre confiance en eux. Une séance photo peut en effet aider à mieux se mouvoir, à être plus à l’aise dans son corps, à mieux prendre la parole en public, à ne plus avoir peur d’être soi-même ou d’affirmer clairement un désaccord. Pour arriver à cela, les premiers échanges verbaux et physiques avec mon futur modèle et/ou une tierce personne (ami, famille, conjoint…) sont primordiaux. Bien évidemment par la suite, pendant la séance photo, l’échange verbal restera très important également. Une personne qui m’offre sa confiance le temps d’une séance doit être certaine qu’elle a raison de le faire, que la confiance est réciproque, que ce que nous allons vivre en réalisant nos images (car c’est bien un travail collaboratif entre mon modèle, mon équipe et moi-même), tissera au fil des instants passés ensemble une véritable complicité. C’est uniquement ainsi que je conçois ma mission.

La méthode : J’incite mon sujet à se livrer avant et surtout durant une séance, car l’écoute de ce vécu est primordiale pour le connaître et lui apporter du bien-être. En parallèle, il est tout aussi important que je parle et le questionne à mon tour afin de le rassurer et de bien comprendre son attente : j’entends ce qu’il vit, je fais au mieux pour le comprendre et ensemble nous allons faire un bout de chemin qui le fera sentir mieux.

Pour leur redonner cette confiance en eux et pour que les efforts amorcés en séance soient bénéfiques sur du long terme, je me suis entourée de professionnels qui m’accompagnent dans une vraie démarche qualitative dans le temps. J’ai donc complété mon équipe avec des coiffeurs, maquilleurs, décorateurs, stylistes, d’une psychologue et d’un coach de vie, également conseiller en image, pour répondre aux préoccupations concrètes de mes modèles. Il n’est pas rare qu’après ou une plusieurs séances photo, mon modèle et moi sympathisions. Certains sont devenus des amis, car les émotions que nous partageons sont exacerbées du fait de la courte durée de la séance. Nos échanges n’en sont que plus forts, plus vrais.

Le ressenti : j’ai la conviction que le fait d’être une femme aide certaines personnes à se confier à moi, à me confier leur image, à se dévoiler et à oser faire face à leurs vieux démons. Ce sont des choses déjà entendues de la bouche de mes modèles, “ les femmes ont davantage cette capacité à lire entre les lignes, à ne pas juger un comportement ou une histoire personnelle livrée par un(e) inconnu(e) “. Est-ce une question de sensibilité, ce fameux “ sixième sens “ que certains accordent au sexe féminin ? Ou est-ce simplement dû à mon éducation et mon expérience de vie qui me rendent apte à mieux comprendre autrui ? Pour avoir débuté la photographie comme modèle devant l’objectif de nombreux photographes masculins, je suis persuadée que je ne me comporte pas comme eux en plein travail. Il est difficile de dire à quoi cela tient exactement mais j’essaye avant toute chose d’identifier et anticiper ce qui pourrait gêner mon modèle.

Dans une séance de photo-thérapie, les instants qui précèdent ou suivent la séance photo à proprement parler sont PLUS importants que la prise de photos elle-même.

Il m’est arrivé de patienter une demi-heure avant d’arriver à faire hurler un sujet[3]. J’aime la vision d’un visage qui hurle, dont on voit et entend également le son. Alors j’attends, je demande, je patiente, j’ai tout mon temps, il faut qu’il/elle arrive à crier car je veux cette photo où son visage se transforme, où son nez se plisse, ou ses yeux dégagent de la colère. Au bout de vingt minutes, si rien ne se passe, je pousse moi-même un énorme cri pour que le modèle comprenne alors mieux ce que j’attends. Ce dernier rit, gêné. On me prend surement pour une folle, on résiste. Mais passées les trente minutes d’attente et moult encouragements plus tard, j’obtiens alors mon cri, phonétiquement et visuellement.

Mais l’exemple valant mieux que de grands discours, je vous invite à prendre connaissance de mes modèles. Leurs témoignages sont issus de rencontres significatives vécues avec des hommes et des femmes totalement inexpérimentés durant mes années d’activité en France avant 2011 puis ensuite en Californie… Je remercie d’ailleurs toutes les personnes qui ont volontiers participé à cet ouvrage et d’autant plus ceux qui m’autorisent à diffuser leur véritable identité.

Pour toute information complémentaire, sollicitations de collaborations de tables rondes ou de partenariats, merci de contacter Emmanuelle Choussy à l’adresse : France@EmmanuelleChoussy.com ou son agent Edouard de Sainte Croix à l’adresse : edlafrench@gmail.com.

[1] Selon le site www.vulgaris-medical.com

[2] J’apprends également en (re) visitant le site de Patrick que : “PHOTO-THERAPIE” est une marque déposée à l’INPI sous le numéro 09 3 643 912 et ne peut donc être utilisé librement, je parlerai donc de “thérapie par la photographie”.

[3] Parce qu’un hurlement était alors requis pendant la séance, par exemple pour un acteur qui aurait du mal à extérioriser certaines émotions.

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