Allons-nous Nest-iser ensemble ?
L’objet connecté est mort! Vive la maison consciente!
17 septembre 2014 en fin de matinée. Les journalistes se pressent pour assister à l’un des événements phares de la rentrée numérique. Dans un immense loft lumineux du 13e arrondissement de Paris, il y a du beau monde pour écouter, saisir tout ouïe et avec un oeil avisé l’arrivée en France des petits “joujous” de la firme chouchou des objets connectés aux Etats-Unis, j’ai nommé Nest.
Nest, avouons-le, c’est un peu beaucoup énormément l’Apple de l’Internet des objets (comme IoT : Internet of Things) en Amérique du Nord : un trublion débordant d’inventivité qui place ses drôles de “choses” (et les applis associées) au coeur des maisons et du quotidien des gens à base d’ “intelligence numérique” : le Thermomast Nest (un dispositif qui enregistre et mémorise vos habitudes pour diminuer votre consommation énergétique) et Nest Protect (détecteur de fumée et de monoxyde de carbone).
Là où l’on retrouve des similarités avec Apple tient dans le design des objets : épurés, magnifiés de blanc, au toucher subtil agréable, une virginité polie comme un galet avec des formes arrondies. Des formes rassurantes : “Votre maison est un refuge” indique l’un des dirigeants de Nest France en début de présentation.
Croquer la Pomme une nouvelle fois
Créé en 2010 par 2 ex-ingénieurs d’Apple, Tony Fadell et Matt Rogers, Nest a été racheté par Google en janvier 2014.
Tout comme la firme de Cuppertino, Nest propose pour expliciter ses produits des scénarios vidéo très pensés : rendre intelligible ce qui est “intelligent” : améliorer le quotidien avec une simplicité numérique, une volonté didactique qui montre que l’hyper-connectivité n’est pas uniquement circonscrite à un cadre individuel : elle est une aide pour la famille.
Nest recrée un écosystème à partir d’un propre système d’exploitation et de services et objets “partenaires” via l’univers “Works With Nest.” Cela constitue en quelque sorte une 3e famille de produits en devenir ; associant ainsi matériels et logiciels, applis et services… C’est plus qu’un store et un appstore : un ensemble cohérent numérique.
Simplicité numérique, quand tu nous tiens
Chaque produit Nest est associé à une application dédiée qui alerte, avertit, temporise, rassure et restitue des données capitalisées. La domotique est également réinventée avec des icônes “feuille” pour mesurer la performance énergétique (façon ludo-pédagogique). Pédagogique car Nest souligne que ces objets apprennent des utilisateurs, de leurs habitudes pour leur fournir des options de paramétrage…
Chez Nest, ainsi refuse-t-on le terme de maison connectée, on préfère parler de maison consciente (comme “thoughtful things”). Cette métaphore puissante des temps modernes tient à signifier qu’il y a un accompagnement décisionnel dans la prise en main des objets en connexion ; que les capteurs Nest peuvent communiquer entre eux et qu’un écosystème informationnel se construit et se modélise.
Réinventer des objets communs pour rassurer
Peut-on alors légitimement encore parler d’objets connectés pour les produits Nest ? Oui, ils le sont en Wi-Fi et donc dans un univers où le smartphone et les tablettes jouent tout aussi bien le rôle de télécommandes que d’agrégateurs de données intelligibles.
Mais on découvre au sein de ces 2 dispositifs désormais disponibles en France, bien plus que cela : des objets informés et informants (où le contenu compte tout autant que le contenant).
On retrouve chez Nest des traits des applications mobiles comme traits dominants : les applications sont basées sur un système de notification où il emporte également de rassurer : il faut ainsi “dormir en étant protégé”, avoir une veilleuse associée au détecteur de fumée… Assurer et rassurer, sécuriser… Eclairer. Ce n’est pas rien dans le monde actuel : donner la confiance et faire confiance!
Doudous numériques
Bref, les objets Nest sont également investis d’un aspect transitionnel fort : un doudou numérique pour la famille, un pouvoir symbolique investi par l’objet à base de “sensations-captations” reçues et restituées par les objets ; tout en ayant conscience que c’est l’humain qui décide :
“Mais parce que, selon le saige Salomon, Sapience n’entre poinct en âme malivole, et science sans conscience n’est que ruine de l’âme.” — François Rabelais, Pantagruel
Nota Bene : Cet article n’a pas été rémunéré par Nest ou une quelconque représentation de Nest. Il propose simplement un point de vue personnel.
Ce billet m’a été inspiré par l’accompagnement (en tant que tuteur) et la lecture du passionnant mémoire de 2 de mes étudiantes au CELSA (Master Professionnel Métiers de la Communication) — promotion 2014 :
“Les objets connectés : Au-delà du gadget technologique : Les bracelets connectés comme objets “hédonistes” du bien-être et de la santé : Modes d’utilisation et opportunités stratégiques pour les marques de ce type d’objets technologiques” par Marie Furet et Aurélie Clérin-Faget.
Cet article est publié dans la collection/publication “En français, in French”
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A propos de l’auteur…
Jean-Luc Raymond est Consultant formateur en projets numériques.
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Mon site : http://www.jeanlucraymond.fr
- Social Media Manager senior. Consultant en stratégies numériques. Formateur expérimenté. Conférencier.
- Expert EPN (espaces publics numériques).
- Chargé de cours Universités (CELSA Paris Sorbonne, Paris Est Marne-la-Vallée…) en Communication Institutionnelle, Sociologie des Médias Informatisés et stratégies numériques.
