Culture numérique : La borne Internet d’ aéroport, objet d’outre-temps

Jean-Luc Raymond
En français
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5 min readNov 20, 2014

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Les voyages forment la jeunesse comme dit le célèbre adage. Les aéroports sont tout à la fois lieux de passage, espaces de transfert, instants de vie et centres commerciaux.

Départs, transferts et arrivées rythment les pulsations sonores et en mouvement de cette ville qui n’est pas, à chaque fois, ni tout à fait la même, ni tout à fait une autre, pour paraphraser la poésie lunaire de Verlaine.

La borne, objet d’une culture numérique d’antan ?

Quelque part au sein de ces “hubs”, noeuds de transport, j’aime trouver et observer les bornes Internet encore mises à disposition des passagers en quête d’un contact “moderne”.

A l’heure de la généralisation du Wi-Fi gratuit illimité dans ces halls contemporains où les foules se croisent, s’agglutinent, s’oublient, les bornes Internet me semblent d’un autre temps ; une culture numérique patrimoniale encore en fonctionnement et profondément ancrée au sein des aéroports.

Au piquet ! La borne Internet comme rejetée

Souvent abandonnées à leur sort, mises au coin (si ce n’est au piquet… car peu futuristes dans cet esprit design de modernité en devenir), les bornes Internet marquent cependant une étape importante de l’Histoire numérique.

Les bornes Internet s’acoquinent à plusieurs devant les WC (Helsinki), sont abandonnées individuellement sur des roulettes improbables (Toulouse), organisées autour d’un pilier (Incheon), encastrées dans des panneaux d’exposition non éphémères (Dallas) ou encore dressées comme des arbres (Singapour Changi), avec des écrans fixés sur des tubes (Zurich) ; l’esthétisme de la borne se fait dans l’épreuve de la non-mobilité… Un non sens commun à l’heure de la connexion permanente en déplacement (smartphone, tablette, ordinateur portable).

Inesthétique sublime du clavier

De la stabilité de la borne dépend principalement le clavier proéminent. Il domine la borne, désire la dompter. Car écrire sur une borne, c’est se “faire” à un clavier anonyme non domestiqué où la souris n’existe plus, où le pointeur via le pad peut être incertain, où les clics se font sonores ou dans la plus grande discrétion.

Mais avouons-le, le clavier de la borne est une excroissance douloureuse qui n’est pas d’une beauté conquérante dans un espace aéroportuaire.

Le tactile oublié ou plutôt nié

Souvent, le plus souvent, l’écran n’est pas tactile. Le temps semble arrêté au milieu des années 2000 pour la technicité offerte et opérationnelle de la borne Internet d’aéroport.

Rien n’y est évident. Même le navigateur (sécurisé) ne peut s’affranchir de l’impersonnel obligatoire : pas de plug-in spécifique, les fonctions de base sont à l’ouvrage mais l’heure de l’individualisation de l’interface n’existe pas. La standardisation s’impose!

L’argent fait le bonheur de la borne

Les bornes jouent du temps avec leur fente acceptant la monnaie (ou la carte bancaire internationale) car le paiement s’avère un modèle rentable dans une version “paiement à la première seconde de connexion”.

Ce modèle économique fait encore le bonheur des cybercafés à travers le monde. Il s’applique naturellement à ces bornes : payer à l’acte!

Le temps comme seul guide : L’urgence de connexion

Payer le temps. La valeur temps qui s’écoule pour aller plus vite, répondre à un message dans l’urgence, écrire rapidement pour faire acte de présence, rechercher une information essentielle.

La borne se concentre sur le fonctionnel utilitaire pour l’internaute : répondre à des besoins élémentaires de connexion, balayer le superflu.

L’écriture se fait souvent debout : tout est fait pour limiter le temps… Une temporalité d’attente d’un vol, rappelons-le!

Le combiné téléphonique présent par défaut

Naviguer, téléphoner, imprimer : à l’internaute de choisir ce qui lui parait un besoin impérieux.

Et l’objet Téléphone est magnifié (comme au début de l’Internet grand public) car le combiné est (fréquemment) physiquement là, tout près du clavier et de l’écran.

Ne pas oublier le tuyau téléphonique comme mode de connexion, l’oralité qui l’emporte comme besoin essentiel pour une conversation. L’Internet VoIP est un espace de discussion mondial et la voix est remise au goût du jour via les logiciels d’instruction verbale (Siri…).

Bref, la voix de son maître a fait et fait l’Internet…

Borne Internet d’aéroport : de l’objet d’un autre temps… à un objet d’outre temps

Le matériel est d’un autre temps ou plutôt d’outre-temps : une borne Internet, c’est après tout un accoutrement incertain de fonctions numériques pour qui veut s’informer et communiquer, dans une compréhension où le pluri-culturel est une nécessité impérieuse, se distraire et s’affranchir du temps dans un aéroport où le temps d’attente ne cesse de se déconstruire et de se construire.

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A propos de l’auteur…

Jean-Luc Raymond est Consultant formateur en projets numériques.

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  • Social Media Manager senior. Consultant en stratégies numériques. Formateur expérimenté. Conférencier.
  • Expert EPN (espaces publics numériques).
  • Chargé de cours Universités (CELSA Paris Sorbonne, Paris Est Marne-la-Vallée…) en Communication Institutionnelle, Sociologie des Médias Informatisés et stratégies numériques.

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Jean-Luc Raymond
En français

Social Media Manager, Social Selling, Stratégies numériques *Consultant, Formateur, Conférencier, Enseignement *CELSA *EPN *Contact : jeanluc.raymond@gmail.com