L’a-concordance du temps médiatique télévisuel

Les faits médiatiques TV à l’épreuve du sens et de l’oubli de l’Histoire épousent Internet… voire plus!

Nous vivons dans un monde médiatique de l’a-concordance : “être d’accord avec” est devenu une impossibilité notoire, une marque ciselée dans la peinture des mots et des débats.

L’univers de discussions se fond en de micro-sociétés médiatiques où s’affrontent des individus pour des arbres à palabres où l’on a oublié la mémoire.

Le passé du mode réel de plus en plus nié

La TV d’actualité a abandonné l’effort de la transmission du passé (Histoire) pour être marqué par le fait pulsionnel : la violence, le ressenti immédiat sont érigés en priorité… Et le recul de l’analyse relégué à un plus tard hypothétique : trait commun de notre temps!

Exemple : Comment comprendre par exemple que la présentation du jour du Musée Pierre Soulages de Rodez se retrouve en fin de journal télévisé alors qu’un fait politique à Rodez, le même jour (quelque peu anecdotique) fasse la une de ce même journal en introduction ? Le sens n’a pas été de relier les deux faits mais de créer l’oubli de la Culture, d’en exclure une lecture dimensionnée pour une compréhension intelligible sous une dimension critique.

L’effort mémoriel en suspend

Le pont médiatique entre le fait et l’Histoire s’est effacé au profit d’une présentation du fait et du contexte dans une forme stylisée.

Pourquoi stylisée ? Parce que le fait est d’abord géographiquement situé (avant d’être historiquement connoté) et qu’il doit être explicité en 1 mn 50 s ; le reportage s’efface, ne laisse pas trace… Car il est inscrit dans un flux de vidéos.

Le temps Internet laisse son empreinte indélébile sur le flux d’actualité télévisuel

Chemin faisant, le temps Internet a aidé à réécrire le scénario du journal TV : les reportages sont rythmés comme des vidéos issues de plateformes telles que YouTube et DailyMotion ; le sens est remplacé par la sensation (émotion, dégoût, approbation, adhésion, rejet… Comme le plein d’un univers pulsionnel) et l’interview de l’expert est conditionnée à un drôle d’apparat : montrer en boucle pendant son “exposé” des images en boucle : une sorte de boucle vidéo qui s’apparente un GIF animé (sur un temps long).

Les chaînes info TV calquent leur temporalité sur l’Internet

Le Journal Télévisé de 20h n’est plus la référence de l’info. Ainsi, Alain Weill (patron de BFM TV) résume son intrusion dans l’univers médiatique de l’info télévisée (dans le Nouvel Observateur du 29 mai 2014) :

“Son expérience de simple spectateur l’en a convaincu : chez lui, ce sera priorité au direct. A l’américaine. Et à rebour des chaînes existantes (…) qui privilégient les bavardages autour d’une table et qui l’ont laissé sur sa faim pendant le procès de Michael Jackson : “Je zappais : les images passaient en direct partout… Sauf en France. Lors du tsunami, entre 2 éditions toutes les demi-heures, nos chaînes revenaient à leurs débats.””

L’accélération n’en est pas une : c’est le direct court qui compte, en se calquant sur l’Internet et en cherchant à l’absorber au sein du média télévisuel : les tweets font force de témoignages et de réaction ; le site TMZ donne le La sur les évènements lors du décès de Michael Jackson ; la photo Instagram devient sujet d’une mini-chronique sur les “people”.

La TV cherche à digérer Internet

L’espace télévisuel en avalant le contenu des services en ligne et réseaux sociaux (Twitter, Facebook, Instagram) et en reprenant des codes et des rythmiques Internet cherche à se refonder, à rebâtir la nécessité de vivre à plein l’émotion… En accordant bien peu de recul critique, à une analyse repoussée sur des créneaux horaires de moindre écoute.

L’important, c’est de vivre… Penser et analyser se présente comme un aveu télévisuel secondaire!

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A propos de l’auteur…

Jean-Luc Raymond est Consultant formateur en projets numériques.

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• Social Media Manager senior. Consultant en stratégies numériques. Formateur expérimenté. Conférencier.
• Expert EPN (espaces publics numériques).
• Chargé de cours Universités (CELSA Paris Sorbonne, Paris Est Marne-la-Vallée…) en Communication Institutionnelle, Sociologie des Médias Informatisés et stratégies numériques.