La révolution Snapchat est en marche

Jean-Luc Raymond
En français

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Le quotidien se vit en Snapchat

J’ai vraiment pris conscience de l’importance de la vague Snapchat chez les publics jeunes ayant vu massivement se lever les mains à la question “qui est sur Snapchat ?” que j’ai posée à l’occasion lors d’une conférence que je donnais sur les pratiques numériques des jeunes en octobre dernier devant un public d’adolescents et d’adultes en Loire-Atlantique.

Ce tsunami Snapchat se voit confirmer lorsque j’aperçois en décembre dernier, tagué à l’intérieur du carrefour d’échange de la station de métro-RER Châtelet — Les Halles (à Paris), non plus des noms d’utilisateurs de Facebook mais de comptes Snapchat de jeunes.

Station de métro parisienne Châtelet-Les Halles (Décembre 2014)

Quand la vague Snapchat s’arrêtera t-elle ?

J’ai été bluffé ces dernières semaines par le tremblement de terre mobile Snapchat : Des captures d’écran de ce service envahissent désormais les comptes d’adolescents inscrits au réseau social d’images et de vidéos Instagram.

Publication d’Instagram dupliquée à partir d’un Snap sur Snapchat (Février 2014)

Lorsqu’en septembre 2011, l’appli Snapchat développée par Bobby Murphy et Evan Spiegel débarque sur l’AppStore d’Apple puis en novembre 2012 sur GooglePlay pour smartphones et tablettes Android, rien ne prédit que ce service va voir la mayonnaise prendre si vite.

Snapchat, coqueluche du marché

Il aura fallu moins de 2 ans pour que Snapchat devienne un grand de l’Internet, un service qui distribue chaque jour plus de 700 millions de photos et vidéos par jour (en mai 2014) pour 200 millions d’utilisateurs actifs chaque jour (en décembre 2014).

Quel service Web si jeune dit mieux en terme d’activité, de fidélisation et de croissance ?

Le jeu des 15 différences qui font de Snapchat, un ogre de l’Internet

Dès sa création, Snapchat joue sur l’antithèse de Facebook avec plusieurs caractéristiques qui le démarque foncièrement de la société au logo bleu, cannibale “triomphant” des réseaux sociaux, avec des effets disruptifs qui vont s’avérer payants ; des différences qui font de Snapchat, un outil très apprécié des jeunes :

L’éphémère marketé

Les snaps, ces petites séquences photo rapidement montées puis vidéos, se disent éphémères, auto-destructibles de la part des expéditeurs et conçus comme tels. La séduction est au rendez-vous avec ce type d’argument crucial!

Alors que Facebook indexe, classe, archive, trace, garde en mémoire les textes, images, vidéos, tags, j’aime, partage… Snapchat introduit la notion d’évanescence, de droit à l’oubli

Après tout, même si l’on sait que Snapchat conserve bien entendu des traces de ses utilisateurs, le refus de conserver des médias publiés fait date et correspond à l’univers de l’adolescence, art du secret, du journal intime.

Le pur mobile

Snapchat est d’abord et seulement une application mobile. Comme Instagram, Snapchat s’affranchit du vieux “concept” d’ordinateur de bureau ou ordinateur portable.

Choix délibéré pour enterrer le mastodonte Facebook qui se démène en même temps pour améliorer une application mobile et jouer de possibles en matière d’interface et de techniques mobiquitaires.

Le pseudo-anonymat

Rien n’oblige l’utilisateur de Snapchat à inscrire son identité réelle à l’inscription. Les pseudonymes y fleurissent volontiers.

Snapchat pense que l’art du profiling et de la captation des données peut s’affranchir du fait de remplir un formulaire avec son nom, prénom, ses préférences, ses liens de parenté… A quoi bon ?

Le carnet d’adresse des “amis” sur Snapchat est bien plus parlant en terme de données (sic) qu’une identité numérique déclarative.

La réinvention de la messagerie privative

Jérôme Jarre, star de Vine et de Snapchat

Une activité photo et vidéo qui s’effectue de pair à pair : c’est le grand retour de la messagerie instantanée ou plutôt l’invention de la messagerie privative (et non pas privée) réellement multi-médias avec la volonté claire de ringardiser les réseaux sociaux basés sur le broadcast (c’est-à-dire la diffusion à large échelle de snaps).

Pourtant, l’application a ses stars comme le français Jérome Jarre, venu à l’automne 2014 assurer sa promotion/communication auprès des médias et des professionnels de l’Internet en Europe.

Le selfie, mode de prise de vue star de Snapchat

Les utilisateurs de Snapchat ont adopté massivement le selfie comme marque de “reconnaissance” pour leurs photos et vidéos et ceci dès 2012. Snapchat est un univers égotique où les individus se mettent en scène, racontent leurs histoires.

Le rendez-vous de la culture expressive

Snapchat favorise une culture expressive en permettant de créer avec simplicité des contenus dits “snaps” via des photos, vidéos et de monter cela très simplement par juxtaposition, d’ajouter des textes au sein des séquences mais aussi de dessiner.

On peut créer, monter et publier dans Snapchat sans outil tiers. La palette Snapchat répond aux besoins “élémentaires” de l’utilisateur de Snapchat.

Snapchat, antichambre du storytelling de soi

Ces montages rudimentaires ont trouvé un second souffle avec l’apparition en 2014 des “stories”, ces histoires avec séquences photos et vidéos d’une durée de vie de 24h. C’est l’effet, je mets en scène des histoires. Je conte ou je raconte. Je témoigne et je dis.

Snapchat permet un storytelling mobile pour tous.

Le chat sous toutes ses formes

La vidéo est le nouveau challenge de l’application : Le chat puis le video chat pour 2 personnes utilisant simultanément Snapchat apparaît en mai 2014, marchant ainsi sur les plates-bandes de Skype et consorts.

Une interface pensée pour créer immédiatement

Une interface pensée pour être immédiatement actif. A l’ouverture de l’application Snapchat, la prise de vue est déjà prête en mode prévisualisation. Il n’y a plus qu’à appuyer sur un bouton pour déclencher une photo ou une vidéo.

Pas de superflu. Snapchat va droit à l’essentiel.

Une appli dont les fonctionnalités se découvrent par le jeu

Snapchat n’est pas une appli ergonomique. Elle n’est pas intuitive. Car apprendre à utiliser Snapchat est en fait un jeu où il faut découvrir les astuces de fonctionnalités :

“Tu peux envoyer des messages à tes amis qui t’en ont envoyé. Il suffit de glisser le doigt de gauche à droite sur leur photo” ;

“ Si tu vois des chiffres et des trucs violets, c’est ta liste d’amis. Pour tes photos (côté gauche), si tu tapes sur le bouton en haut à gauche, tu arrives sur les paramètres. Là, tu peux gérer tes filtres et aussi activer Snapcash…”.

Le ludique est vraiment au rendez-vous.

Des plus Snapchat ajoutés par petites touches

Les plus de Snapchat sont épurés et se greffent sur les possibilités d’un smartphone : 3 filtres de couleurs, effets noir et blanc, ajout de l’heure et de la température, géolocalisation des prises de vue, aussi un module de paiement lancé en novembre 2014 baptisé Snapcash ou encore l’ajout de musique aux médias (en février 2014).

L’ajout de fonctionnalités se fait par petites touches.

Un genre journalistique éditorial d’ultra-courts

Une info ultra-courte au programme. C’est ainsi qu’on pourrait définir Discover, une fonctionnalité ou plutôt une nouvelle plate-forme médias au sein de Snapchat qui accueille dès la fin janvier 2015, 11 chaînes de marques médias qui proposent des modules photos, textes et vidéos ultra-courtes renouvelés toutes les 24 heures.

Snapchat créée ainsi un genre éditorial journalistique à part entière avec des montages dynamiques invitant chaque marque média à faire preuve d’originalité.

Le format inédit de ces infos est dû en partie à la mise en place d’une narration conduite par l’index et le pouce, oubliant toute saisie textuelle.

La surexploitation du toucher pour créer

C’est d’ailleurs le “génie” des 2 inventeurs de Snapchat : exploiter et même sur-exploiter les possibilités du toucher avec les doigts pour créer, monter et publier.

La popularité sur Snapchat se construit à partir des interactions

Une popularité de comptes Snapchat qui se mesure sur les interactions ; tout du moins, c’est le discours officiel distillé par Snapchat.

Comme aime à le rappeler l’un des gourous de Snapchat, Evan Garber :

“Sur Snapchat, la popularité ne se compte en nombre d’abonnés, de commentaires oude j’aime. C’est plus sur l’interaction réelle que vous avez avec les personnes qui vous suivent”.

Snapchat est une plate-forme de communication et de création

Enfin, Snapchat n’est pas un réseau social, c’est une plate-forme de communication et de création.

Si différente, si attractive qu’elle attire les médias, les marques, les entreprises, les institutions…

Car il y a un challenge majeur pour Snapchat : passer d’un mode de communication de 1 à 1 à un mode de communication de diffusion (de type “broadcast”) plus traditionnel…

L’avenir financier ensoleillé de l’entreprise en dépend.

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A propos de l’auteur…

Jean-Luc Raymond est Consultant formateur en projets numériques.

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Mon site : http://www.jeanlucraymond.fr

  • Social Media Manager senior. Consultant en stratégies numériques. Formateur expérimenté. Conférencier.
  • Expert EPN (espaces publics numériques).
  • Chargé de cours Universités (CELSA Paris Sorbonne, Paris Est Marne-la-Vallée…) en Communication Institutionnelle, Sociologie des Médias Informatisés et stratégies numériques.

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Jean-Luc Raymond
En français

Social Media Manager, Social Selling, Stratégies numériques *Consultant, Formateur, Conférencier, Enseignement *CELSA *EPN *Contact : jeanluc.raymond@gmail.com