Le monstre des Galeries Lafayette, boulevard Haussman, Paris

Nous sommes tous des natifs du numérique

Jean-Luc Raymond
En français
Published in
6 min readNov 22, 2014

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… Ou des “adoptants” du numérique.

Un récit avec du texte et des images.

Vendredi 21 novembre 2014 au matin. Paris. Sur le boulevard Haussmann, les jeunes enfants, parents, adultes, seniors (grands-parents) et adolescents s’émerveillent devant les vitrines des Galeries Lafayette, grand magasin mondialement connu.

La mise en scène à numériser

Pour les parisiens et banlieusards, déambuler devant les vitrines de Noël des grands magasins est un rendez-vous annuel prisé vécu en famille : les bambins ont les yeux tout écarquillés devant des personnages mis en scène qui s’animent pour des moments de vie revisités : le repas de fête, le Sapin de Noël, la chambre, Paris (et sa Tour Eiffel)…

Cette année, le monstre Gustave et ses drôles de copains loufoques bougent pour des scènes de spectacle, rideaux rouges à l’appui qui s’ouvrent sur des tours de magie, une équilibriste qui tournoie ou encore des lapins farfelus qui accompagnent les monstres dans une rêverie.

Devant les vitrines, les traditionnels petits ponts avec rambardes sur lesquels les enfants sont invités à regarder tous ces personnages se mouvoir dans une danse de pantins bien ordonnés.

Images numériques prêtes à archiver

Les seniors devant les vitrines

Bien évidemment, les appareils photo des familles immortalisent le regard ébahi du petit devant ces vitrines parées de couleurs lumineuses. Enfin, les appareils photo ou presque…

Panorama d’outils de prises de vue

Car ce rendez-vous de la vitrine de Noël intergénérationnel est désormais marqué par le foisonnement d’outils mobiles qui saisissent ces instants : smartphone, tablettes, caméra vidéo et même une GoPro…

La connectivité est au rendez-vous ce matin de fin de semaine. C’est là mon étonnement : un foisonnement numérique devant les vitrines.

Enfants et écrans tactiles : savoir faire ou non

Mur tactile interactif

Nouveauté 2014 dans le parcours des vitrines : 3 écrans tactiles où les monstres s’agglutinent : les tout-petits doivent les “adopter”, poser les mains ou les doigts pour “faire bouger les monstres”.

Chaque adulte s’affaire à expliquer à l’enfant d’une moyenne d’âge de 2 ans comment “jouer” avec l’écran : certains bambins ont déjà adopté l’écran (sans aucun doute habitués par les tablettes et smartphones des parents), d’autres tâtonnent alors que certains se montrent complètement désintéressés par ces panneaux tactiles de grande dimension préférant regarder le spectacle sonore des voitures sur la chaussée de la grande artère.

L’adulte accompagnant

Jouer avec le mur tactile interactif

Si l’adulte accompagne le bambin dans la découverte… L’enfant d’aujourd’hui n’est pas tant que ça un natif du digital, enfin du numérique tel qu’on veut bien nous le vendre dans le discours marketing habituel.

Il y a aussi dans ces attitudes devant ces écrans toute l’expressivité marquée d’enfants déjà plus ou moins habitués aux outils numériques dans le cadre familial : une aisance de manipulation tactile, une appétence aux jeux vidéo, une quête du “comment cela fonctionne donc” et la non-compréhension de ces monstres mouvants sur écran.

Spectacle numérique intergénérationnel

Enregistrement d’une séquence vidéo devant les vitrines

C’est alors un autre spectacle qui attire l’oeil en passant sur le trottoir des vitrines du boulevard Haussmann.

En prenant de la distance, on observe un ballet de seniors qui prennent en photo ou en vidéo les vitrines : tablettes et smartphones rivalisent dans une danse qui s’apparentent à des “paparazzi” devant des vitrines.

Avec une plus ou moins grande dextérité, les prises de vue se succèdent et le meilleur angle est recherchée (pour éviter le reflet inexorable de la vitrine). Là, il n’est pas question de bambins mais de faire mémoire avec son outil de l’événement “vitrines de Noël”.

La tablette comme objet de captation vidéo

Le vrai reflet prégnant de l’aventure “vitrine”, celle qui se déroule sous mes yeux : celle d’un panorama/panel représentatif de la population française qui s’essaie au numérique, qui teste, recueille en images ou en vidéos, archive, scénarise aussi (je vois un senior courir de vitrine en vitrine dans un enregistrement vidéo en continu).

Plusieurs générations natives du numérique

Là, les générations se croisent et il me vient alors l’idée de cet article et d’un titre qui peut apparaître contraire au normatif marketing et communicationnel si établi : Nous sommes tous quelque part des natifs du numérique.

De la manipulation de la calculatrice et de s’essayer aux premiers jeu vidéo grand public (depuis les années 70), de l’informatique de gestion dans le monde professionnel, de la micro-informatique personnelle et de la prise en main de suites logicielles bureautique (depuis les années 80), des premiers pas sur le World Wide Web, etc. Chacun a vécu une appétence technique professionnelle ou de loisirs (ou un rejet notoire) relatif au numérique.

Aussi, nous sommes tous des natifs du numérique et le concept “fumeux” de génération X, Y, Z ou Alpha, Beta ou je ne sais quelle autre génération plus douée techniquement et technologiquement que la précédente ne tient pas debout.

Bambins déjà marqués par des différenciations de savoir-faire fonctionnels numériques

Invariablement, les bambins devant les écrans tactiles des vitrines de Noël nous rappellent que le numérique est avant tout une question d’apprentissage, de sensibilisation, de curiosité d’esprit, d’habitudes et d’habitus, d’imitations… fortement marquées par le milieu social, l’éducation, le cognitif et la relation aux pairs.

Question subsidiaire…

N’est-il pas plus essentiel de travailler à une définition de la culture numérique plus que de catégoriser des générations dans leur rapport au numérique ?

Qu’en pensez-vous ?

Nota Bene

Le consultant et conférencier Marc Prensky a lancé au début des années 2000 les expressions “digital natives” (natifs du numérique) et “digital immigrants” (immigrants du numérique) en posant comme caractéristiques principales des différenciations générationnelles (“jeune génération”, “ancienne génération”…) dans la maîtrise ou non du numérique au sens large.

Cette sémantique a été reprise et grandement popularisée dans des analyses simplistes en communication mais plus encore en Marketing, Commerce et en Ressources Humaines.

Dans ces domaines, ces termes à caractéristiques générationnelles servent aujourd’hui à justifier bien des approches et actions alors qu’aucun crédit scientifique sérieux réel ne peut être accordé aux thèses/propos de Marc Prensky.

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A propos de l’auteur…

Jean-Luc Raymond est Consultant formateur en projets numériques.

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Mon site : http://www.jeanlucraymond.fr

  • Social Media Manager senior. Consultant en stratégies numériques. Formateur expérimenté. Conférencier.
  • Expert EPN (espaces publics numériques).
  • Chargé de cours Universités (CELSA Paris Sorbonne, Paris Est Marne-la-Vallée…) en Communication Institutionnelle, Sociologie des Médias Informatisés et stratégies numériques.

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Jean-Luc Raymond
En français

✅ Communiquez avec robustesse 📈 Journaliste Tech 🎯Brand content, Marketing digital 🎓 Enseignant CELSA Sorbonne Université 📍Paris 📲Contactez-moi