COVID-19: Quel impact pour les éleveurs de porc en RDC?

Eden Mvuenga
Enabling Sustainability
4 min readJun 4, 2020
Copyright Léandre Bilongo, 2020

L’élevage porcin est l’un fait des élevages conventionnels les plus pratiqués en République Démocratique du Congo. Il constitue une source de revenus d’avant plan pour un bon nombre de ménages congolais tant en milieu urbain qu’en milieu rural.

En 2011, la FAO dans le cadre de la revue nationale de l’élevage a estimé le cheptel porcin congolais à 1.049 000 de têtes avec une croissance de 2% projetée à l’horizon 2020–2025. Et selon la même source, ces données officielles ont été certainement sous-estimées, compte tenu de l’engouement des populations rurales et périurbaines pour l’élevage porcin et de forte consommation de viande de porc par la grande majorité de congolais.

L’avènement du COVID-19 ainsi que les mesures édictées par le gouvernement pour sa lutte, semblent occasionner plusieurs mutations qui impactent significativement le secteur porcin, qui, est déjà précarisée par un manque réel de politiques incitatives et de promotion de la filière.

Exposition des coûts de production au grand désarroi des éleveurs

Les restrictions au niveau des frontières en termes d’approvisionnement en produits vétérinaires, le ralentissement d’activités au sein des entreprises dédiées à la production d’aliments des bétails (Tourteaux, son de blé, son de maïs, provende,…), la dépréciation exponentielle de la monnaie nationale, etc sont tant des facteurs qui renforcent la vulnérabilité de la production porcine.

Dans les grandes agglomérations où le système d’élevage est semi-intensif, on assiste à une hausse des prix des intrants de production. A titre d’exemple, un sac de 30 Kg d’aliment qui se vendait à 10.000 FC (5,26$) sur le marché Kinois avant COVID-19, il est passé à 12. 000 FC (6,31$) actuellement. Au même rythme, un flacon d’antibiotique qui coûtait 12.500 FC (6,61$) avant la pandémie, il se négocie à 19.000 FC (10 $).

Malheureusement face à cette situation, les petits éleveurs semblent les plus touchés. En effet, ces derniers possèdent un cheptel moins conséquent. Ce faisant, ils subissent le choc de la volatilité des prix qui impacte leur rentabilité comme l’explique le responsable de la ferme Agro-Pastorale Bianti (FAB) au Kongo Central:

“ Avec un cheptel de 78 bêtes, nous achetions 7 sac de 30 Kg d’aliments par semaine auparavant. Eu égard à l’exposition des prix, nous sommes dans l’obligation de réduire jusqu’à 5 sac pour essayer de minimiser les coûts. Cette gymnastique contribue à la régression de l’embonpoint de bêtes qui s’observe lors de l’abattage ou la vente sur pieds. Mais, nous ne pouvons qu’agir ainsi pour maintenir la porcherie.

Qui dit hausse du coût de production, dit augmentation du prix de la viande à l’étable. Je suis contraints de hausser le prix de vente pour minimiser les pertes. D’où, je négocie le Kilo de viande à 9.500 FC (5 $) au lieu de 6.000 FC (3,15$) ”.

Un marché de plus en plus confiné

La crise économique due à la COVID-19, ne facilite pas l’accès à un marché susceptible de garantir la rentabilité de distribution de la viande de porc et ses sous-produits. Les établissements de consommation de grande envergure comme les restaurants, les hôtels, les charcuteries, les supermarchés étant fermés jusqu’à nouvelle ordre, les éleveurs sont contraints de se rabattre auprès des ménages déjà économiquement essoufflés.

Dans un contexte de confinement des activités économiques, la plupart des consommateurs (ménages) ne sont plus en mesure de se payer le luxe d’accéder à la viande porcine au comptant. Ainsi, les éleveurs se voient contraints de développer des stratégies d’écoulement de leurs produits comme la vente à crédit payable par tranche sur une période bien déterminée.

Considérant l’impasse dans laquelle se trouve les éleveurs de porc en cette période de crise, un programme d’urgence susceptible d’appuyer ces derniers, redynamisera dans la mesure du possible la production porcine locale.

Ecrit par Eden Mvuenga

Cet article fait partie de Covid-19 Food/Future, une initiative du projet SEWOH Lab du TMG ThinkTank for Sustainability (https://www.tmg-thinktank.com/sewoh-lab). Elle vise à fournir un aperçu unique et direct des impacts de la pandémie Covid-19 sur les systèmes alimentaires nationaux et locaux. Suivez également @CovidFoodFuture, nos journaux vidéo de Nairobi, et @TMG_think sur Twitter. Le financement de cette initiative est assuré par le BMZ, le Ministère Fédéral Allemand de la Coopération Économique et du Développement.

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Eden Mvuenga
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