La filière avicole endure des difficultés du temps du confinement à Madagascar.

Maya Disraëli
Enabling Sustainability
3 min readJun 4, 2020
Vendeur de poulet de chair.

La filière avicole est en plein essor ces dernières années dans la grande île, avec une croissance de 10% de plus depuis 2017. Le cheptel national ne cesse d’augmenter, de même pour le nombre de production de provendes et d’éleveurs. En effet, la filière avicole est une activité rentable. La rapidité de rendement dans ces filières offre une opportunité de création d’emplois pour les uns et arrondir les salaires de fins de mois pour d’autres. Néanmoins, un dysfonctionnement s’installe au niveau de la production et du commerce du fait du manque de formation des éleveurs pour son exploitation, l’instabilité des prix sur le marché et la faible consommation avicole des Malgaches. La crise engendrée par la pandémie Covid-19 ne fait qu’empirer la situation. Effectivement, la fermeture des restaurants, la réduction du temps d’ouverture des marchés, l’interdiction des taxis-brousse et bus ont affecté considérablement les acteurs de la filière.

« Environ 5000 têtes de mes poulets sont prêtes à être vendus mais les débouchés sont inexistants. Je suis contraint de faire des ventes à perte qui va jusqu’à 1500ar (0,375€) par kilo du poulet vif. », témoigne Faniry, éleveur de poulet de chair. En effet, antérieurement, les collecteurs achetaient ces poulets à 7500Ar (1,875€) par kilo de poulet vif alors que maintenant, le prix est de 5000Ar (1,250€). Les revendeurs de poulet de chair dans le marché de Pavillon Tsaralalana — Antananarivo, souffrent aussi à défaut de clients. Johary, 23 ans, petit revendeur de poulet se plaint de ne plus vendre que 10 poulets par jour alors qu’auparavant, 50 têtes pouvaient être vendues sans trop de problèmes. D’autres part, AGRI-FARM et AGRI-VAL, deux des grands producteurs de jeunes poussins et de provendes à Madagascar déclare une perte de 80% de leurs ventes. Manifestement, comme les éleveurs de poulet n’arrivent pas à écouler leurs produits, ils leur sont impossible de faire entrer de nouvelles têtes. Il va de soi que les demandes en provende baissent aussi. En somme, il est constaté que tous les acteurs de la filière avicole sont touchés par la crise du Covid-19.

Pour pallier à ces contraintes, le ministère de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche en collaboration avec l’association interprofessionnelle des filières d’élevage à cycle court à Madagascar : Malagasy Professionnels de l’Elevage (MPE) ont ouvert un marché pour les éleveurs à Nanisana, Antananarivo. Ce marché a été ouvert afin d’aider les producteurs à écouler leurs produits (œufs, poulet de chair, poisson, miel, poulet local) durant ces temps de crise mais seulement pour une durée d’une semaine. Cependant, il est important de faire perdurer ces marchés afin de mettre en contact direct les producteurs avec les consommateurs par le biais d’une plateforme permanente. La sensibilisation de la consommation de viandes de poulet de chair permettra d’augmenter la clientèle mais la formation des éleveurs pour une meilleure production s’avère définitivement capitale.

Écrit par Maya Disraëli

Cet article fait partie de Covid-19 Food/Future, une initiative du projet SEWOH Lab du TMG ThinkTank for Sustainability (https://www.tmg-thinktank.com/sewoh-lab). Elle vise à fournir un aperçu unique et direct des impacts de la pandémie Covid-19 sur les systèmes alimentaires nationaux et locaux. Suivez également @CovidFoodFuture, nos journaux vidéo de Nairobi, et @TMG_think sur Twitter. Le financement de cette initiative est assuré par le BMZ, le Ministère Fédéral Allemand de la Coopération Économique et du Développement.

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