Le ROPPA met en lumière l’impact de la Covid-19 sur les femmes ouest-africaines

Dieudonné Edouard Sango
Enabling Sustainability
4 min readSep 8, 2020
Une femme en pleine récolte de maïs. © Dieudonné Edouard Sango

Conjointement avec six organisations ouest-africaines, le Réseau des organisations paysannes et des producteurs agricoles (ROPPA) a mené une étude afin d’évaluer l’impact de la nouvelle maladie à coronavirus sur les femmes du secteur agro-sylvo-pastoral et halieutique de la zone ouest-africaine. Intitulée « Les femmes ouest-africaines face à la covid », l’étude, réalisée avec l’appui d’Oxfam et CARE, a permis de mettre en lumière 7 réalités que vivent les femmes en ce temps de Covid-19 et 7 solutions qu’elles proposent pour améliorer les plans de riposte et accroître leur résilience face à la pandémie.

Dans cet écrit, nous explorons deux réalités ayant trait à la sécurité alimentaire.

Impact de l’arrêt des activités économiques

Les femmes en Afrique de l’Ouest ont souffert d’une forte baisse de leurs revenus depuis l’apparition de la pandémie. Selon l’étude, elles ont été violemment impactées sur le plan économique parce qu’elles occupent les positions les plus vulnérables dans le secteur formel et constituent la majeure partie du secteur informel en Afrique de l’Ouest.

Dans presque tous les pays de la sous-région, les femmes du secteur agricole ont connu une baisse de la productivité avec le manque d’accès aux intrants, causé par la fermeture des frontières et la flambée des prix, nous apprend l’étude. Aussi, la fermeture des marchés et la mise en quarantaine des grandes villes ont provoqué la mévente de leurs produits (fruits, légumes, bétail, produits de la pêche, produits laitiers). Pour les produits périssables, le manque d’infrastructures de stockage et de conservation a occasionné des pertes énormes.

Puisqu’elles contribuent énormément à l’alimentation de leur ménage, plusieurs femmes ont dû s’endetter ou ont dû vendre les céréales stockées dans les banques céréalières avant la période de soudure ; toute chose qui fragilise leur futur à en croire l’étude.

Recommandation

Malgré leurs efforts d’adaptation, les défis auxquels les femmes font face restent importants et leurs besoins sont immenses. Pour cela, les experts ayant diligenté cette étude recommandent aux gouvernements :

· La mise en place des fonds d’urgence et de relance pour les coopératives de femmes et les femmes travaillant dans le secteur informel ;

· L’octroi des prêts sans intérêt (ou à très faible intérêt) par les institutions financières ;

· L’appui à la microfinance communautaire ;

· L’accès au microcrédit avec des facilités de remboursement ;

· Le rééchelonnement des prêts et la révision des taux d’intérêt sont considérés comme nécessaires par les femmes pour la relance de leurs activités ;

· La formation les femmes, que ce soit dans le secteur de l’entrepreneuriat ou dans les secteurs émergents comme le commerce numérique ;

· La mise en place des systèmes de protection sociale.

Impact de la pandémie sur la qualité de l’alimentation

Avec l’avènement de la Covid-19, le risque d’insécurité alimentaire en Afrique Occidentale est de plus en plus éminent. À en croire la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest le nombre de personnes en crise alimentaire et nutritionnelle dans la sous-région pourrait atteindre 50 millions d’ici août. Et d’après le Programme Alimentaire Mondiale leur nombre pourrait doubler ; ce qui rendrait la situation incontrôlable.

Ces données montrent à quel point la crise sanitaire a créé un choc important pour les ménages déjà très appauvris des zones rurales des pays ouest-africains. Les femmes ouest-africaines en pâtissent le plus. L’étude du ROPPA relève qu’en temps de crise alimentaire, les femmes sont les premières à se sacrifier pour privilégier les enfants et les personnes âgées et elles souffrent les premières de la diminution des rations. Les filles sont souvent défavorisées au profit des garçons dans l’alimentation.

En sus de cela, les femmes doivent gérer avec l’épuisement des stocks de céréales avant la période de soudure, l’augmentation du prix des aliments et le rationnement des repas.

Recommandation

Les gouvernements de la région doivent s’organiser au plus vite pour faire face à la crise d’insécurité alimentaire qui menace l’Afrique de l’Ouest. Pour cela, il faut :

· Continuer la distribution des denrées alimentaires aux plus vulnérables ;

· Subventionner les produits de première nécessité ;

· Fournir de l’aliment-bétail aux femmes pasteurs, propriétaires de petits ruminants ;

· Renforcer l’accès des femmes aux kits animaux et à la terre afin de garantir une sécurité alimentaire des populations dans la durée et d’appuyer l’agriculture familiale.

Pour les spécialistes ayant mené l’étude : Toutes ces mesures doivent permettre aux femmes de participer et renforcer le système de marché. Il est important de faire en sorte que les mesures mises en place par les gouvernements de la région s’adressent aussi bien aux populations rurales qu’aux populations urbaines et que toutes les populations soient informées sur les aides existantes.

L’intégralité de l’étude est disponible ici : https://bit.ly/3g7kO3u

Ecrit par Dieudonné Edouard Sango

Cet article fait partie de Covid-19 Food/Future, une initiative du projet SEWOH Lab du TMG ThinkTank for Sustainability (https://www.tmg-thinktank.com/sewoh-lab). Elle vise à fournir un aperçu unique et direct des impacts de la pandémie Covid-19 sur les systèmes alimentaires nationaux et locaux. Suivez également @CovidFoodFuture, nos journaux vidéo de Nairobi, et @TMG_think sur Twitter. Le financement de cette initiative est assuré par le BMZ, le Ministère Fédéral Allemand de la Coopération Économique et du Développement.

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Dieudonné Edouard Sango
Enabling Sustainability

Journalist and media consultant, interested in youth and women in agriculture