Les pêcheurs malgaches endurent des phases difficiles

Maya Disraëli
Enabling Sustainability
3 min readJun 30, 2020
Un pêcheur après la pêche dans la Baie d’Ambaro. Copyright WWF Madagascar.

Madagascar possède approximativement 5 600 km de côtes avec 117.000 km2 de plateau continental. Etant donné cette situation géographique, il apparaît évident que le pays dispose d’importantes ressources marines et côtières. Ainsi, la pêche constitue une source essentielle de revenu pour certaines communes des régions côtières, notamment pour 1,5 millions de malagasy. En effet, le secteur de la pêche pesait près de 7 % du PIB national et représentait 6,6 % des exportations en 2018. Néanmoins, la pêche traditionnelle est soumise à divers problèmes tels que le fait d’être à la merci de nombreux intermédiaires, le non-respect du calendrier de reproduction des espèces, et la mauvaise gouvernance. De plus, depuis le début de la crise Covid-19, le quotidien des pêcheurs malgaches s’est dégénéré, énonce le WWF.

Dans la baie d’Ambaro, dans la commune d’Ankazomborona, un pêcheur, Amedy Ben Issouf déplore « Depuis mars, nous ne faisons plus aucun bénéfice et vendons à perte nos produits. Comme nous n’arrivons pas à les épuiser, nous sommes contraints de les vendre à prix bradés : 10 unités à seulement 2.000 ariary (0,5 euros). Nous sommes maintenant obligés de saler et sécher environ la moitié de nos thons et maquereaux qui sont rapidement périssables ». Les consommateurs se font rares et l’accès au marché est difficile alors l’écoulement des produits de pêche devient compliqué. En effet, Lalaina Rakotonaivo, agent de pêche traditionnelle du WWF affirme que « La suspension des activités de pêche engendre des manques à gagner importants pour différents acteurs du secteur, tels que pêcheurs, mareyeurs, collecteurs ».

D’autre part, la pêche aux thons évolue vers la surexploitation de plus de 30% depuis 2018. Avec la crise sanitaire actuelle, la situation s’est empirée puisque les consommateurs de thons en conserve affluent, étant donné que ces derniers sont conservables. Malgré tout, les actions visant pour un développement durable des produits de l’océan continuent comme le cas de la plateforme MITAFA dans l’aire protégée marine d’Ambodivahibe, Diego. Le respect du calendrier et des zones de pêche du calmar ont permis de multiplier d’au moins 19 fois les prises. En fait, 10 années plus tôt, seul 670 kilos de calmars ont été obtenus lors de la saison de pêche mais en avril dernier, les prises étaient environ de 20 tonnes.

En somme, entouré par la mer, Madagascar compte un nombre important de communes dépendant du secteur de la pêche pour l’alimentation de leur population. C’est un contributeur clé à la balance des paiements du pays et également important pour la santé nutritionnelle et la sécurité alimentaire des Malgaches.

Écrit par Maya Disraëli.

Cet article fait partie de Covid-19 Food/Future, une initiative du projet SEWOH Lab du TMG ThinkTank for Sustainability (https://www.tmg-thinktank.com/sewoh-lab). Elle vise à fournir un aperçu unique et direct des impacts de la pandémie Covid-19 sur les systèmes alimentaires nationaux et locaux. Suivez également @CovidFoodFuture, nos journaux vidéo de Nairobi, et @TMG_think sur Twitter. Le financement de cette initiative est assuré par le BMZ, le Ministère Fédéral Allemand de la Coopération Économique et du Développement.

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