Madagascar : Enclavement des produits agricoles dans certaines de leurs zones de production face aux mesures restrictives.

Maya Disraëli
Enabling Sustainability
3 min readJun 25, 2020
Marché de Madagascar. Copyright: Madagascar tourisme

L’enclavement de certaines zones de production pose déjà problème depuis bien longtemps à Madagascar. Les routes sont inaccessibles dans plusieurs communes rurales du pays. A cela s’ajoute certaines mesures de restriction qui défavorisent l’accès au marché de ces derniers mais aussi l’approvisionnement en intrants.

Dans les trois villes principalement touchées par le Covid-19 (Antananarivo, Toamasina et Fianarantsoa), les transports interrégionaux sont très limités pour éviter la propagation du virus. Surtout le long de la route nationale numéro 2 puisque la province de Toamasina recense le plus grand nombre de malades du coronavirus avec 667 touchées depuis le 27 mars. Seules les voitures transportant de la marchandise et des produits alimentaires peuvent circuler, notamment, les camions et les voitures particulières des entreprises.

Cependant, les taxis-brousse ne sont pas autorisés à circuler. De ce fait, certaines communes le long de la route nationale numéro 2, dans la région de Moramanga, n’arrivent pas à écouler leurs produits agricoles. En effet, même si les voitures transportant de la marchandise sont autorisées à circuler, plusieurs paysans n’ont pas accès à ces camions, et leur possibilité de transporter les produits sont les taxis-brousse.

« Nous sommes obligés de faire des locations de voiture puisque les camionneurs de la route nationale numéro 2 ne peuvent plus. Alors que ces locations sont très chères. Normalement, le transport d’un panier était à 10 000 Ariary (2,5 euros), maintenant il est à 35 000 ariary (8,75 euro) » témoigne Francine, producteurs de fruits à Mahazo. « Nous rencontrons des difficultés, puisque parfois il n’y a même pas de voiture à louer et donc nos produits pourrissent sur place. Si nous expédions une tonne, il ne reste plus que la moitié qui arrive aux marchés. Les fruits pourrissent en chemin car nous ne trouvons pas de véhicule à temps pour les transporter. De plus le prix du transport du panier est passé de 8000 ariary (2 euro) à 30 000 ariary (7,5 euro). » déplore Tombosoa producteur et grossiste de fruits à Mahazo. « Même si nous subissons beaucoup de pertes dans les transports, nous ne pouvons pas laisser nos récoltes pourrir dans nos champs à Marovola, Brickaville. Mieux vaut gagner un peu d’argent que pas du tout » ajoute-t-il.

Les taxis-brousse devraient pouvoir circuler seulement pour transporter les marchandises et non des gens. Les barrages sanitaires doivent réglementer et bien s’assurer que ces mesures de restrictions sont bien respectées. Certains paysans n’ont pas les moyens de faire des locations et donc une grande part de ces produits pourriront dans leurs champs. Il faut toujours veiller à ce que l’approvisionnement des marchés ne soit pas interrompu.

Écrit par Maya Disraëli.

Cet article fait partie de Covid-19 Food/Future, une initiative du projet SEWOH Lab du TMG ThinkTank for Sustainability (https://www.tmg-thinktank.com/sewoh-lab). Elle vise à fournir un aperçu unique et direct des impacts de la pandémie Covid-19 sur les systèmes alimentaires nationaux et locaux. Suivez également @CovidFoodFuture, nos journaux vidéo de Nairobi, et @TMG_think sur Twitter. Le financement de cette initiative est assuré par le BMZ, le Ministère Fédéral Allemand de la Coopération Économique et du Développement.

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