Madagascar : Le milieu rural face à la crise sanitaire Covid-19
La crise sanitaire sévit à Madagascar depuis plus de deux mois et demi, avec 1290 cas au compteur et 12 décès. Cette crise a conduit à un mois de confinement total et un mois et demi de confinement partiel pour les principales villes touchées par le virus (Antananarivo, Toamasina, Fianarantsoa). De par les mesures restrictives, certains secteurs de l’agriculture souffrent de cette crise, notamment la filière avicole, le lait et l’accès au marché.
Dans cet entretien, Fanomezantsoa Lucien Ranarivelo, ministre de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche parlera des impacts du coronavirus sur l’agriculture, spécialement pour le milieu rural.
Q1 : Comment se porte le milieu rural face à cette crise sanitaire ?
A ce jour, la santé des petits producteurs n’est pas réellement affectée par le virus. Seules les grandes villes et leurs périphéries sont touchées mais les zones de production sont presque sans cas de coronavirus. Néanmoins, la crise a impacté sur quelques secteurs de certaines zones de production, en particulier lors des débuts de confinement.
Q2 : Cette crise change-t-elle les priorités de programmes du ministère de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche ?
Les priorités restent inchangées puisque le principal objectif de ce mandat est l’autosuffisance alimentaire. Avec la crise, cet objectif est d’autant plus important puisque si les échanges commerciaux seront bouleversés, chaque pays se doit d’assurer son autosuffisance alimentaire pour son peuple.
Q3 : Quels sont les actions prises en relation de l’atteinte de l’autosuffisance alimentaire ?
Le riz étant la base de l’alimentation malgache, il reste la priorité et l’indice de vérification pour l’atteinte de l’autosuffisance alimentaire. Malgré les intempéries et inondations qui ont marqué la saison culturale, les efforts entrepris pour le redressement de la riziculture dans la région d’Alaotra Mangoro ont permis une augmentation moyenne de 10% de la production de paddy.
Entre outre, la facilitation de l’accès à l’intrant permettra de redynamiser et d’augmenter les productions de riz dans les grands bassins de production. Conséquemment, un plan d’action a été établi autour de ces régions stratégiques afin de faciliter l’accès des producteurs aux intrants. Ceci par l’intermédiaire d’un soutien financier de l’Etat à travers « Dokany Mora ho an’ny Mpamokatra (DMM) » (Magasin de produits bon marchés pour les producteurs).
Q4 : L’élevage semble être le secteur le plus touché par la crise, notamment la filière avicole due à la fermeture des restaurants et hôtels qui sont les principaux consommateurs de cette filière. Quels sont les actions prises par le ministère face à cette situation ?
Tout d’abord, il faut éviter la faillite de ces petits producteurs et éviter de perdre leurs compétences. Principalement en diminuant la production mais aussi en facilitant les débouchés malgré la baisse de la demande et les mesures restrictives. Le « Tsenan’ny Mpiompy » ou marché des éleveurs ouvre ses portes à Nanisana pour aider les éleveurs qui ont du mal à écouler leur production en cette période de crise mais met également les producteurs et les consommateurs en relation direct sans intermédiaire. D’ailleurs, les couvre-feux sont aussi allégés afin de permettre le transport et la vente de leurs produits.
Écrit par Maya Disraëli.
Cet article fait partie de Covid-19 Food/Future, une initiative du projet SEWOH Lab du TMG ThinkTank for Sustainability (https://www.tmg-thinktank.com/sewoh-lab). Elle vise à fournir un aperçu unique et direct des impacts de la pandémie Covid-19 sur les systèmes alimentaires nationaux et locaux. Suivez également @CovidFoodFuture, nos journaux vidéo de Nairobi, et @TMG_think sur Twitter. Le financement de cette initiative est assuré par le BMZ, le Ministère Fédéral Allemand de la Coopération Économique et du Développement.
