RDC: Changer la donne de l’approvisionnement en céréales
Les céréales constituent des produits alimentaires de base entrant dans la composition du repas au sein des ménages en République Démocratique du Congo. Ils contribuent à la sécurité alimentaire des ménages les plus pauvres. Et chaque année, ce sont des milliers de tonnes provenant de l’Afrique, l’Asie et l’Europe qui viennent combler les besoins internes. La période post Covid-19 risque d’être plus cruciale en terme de sécurité alimentaire pour les congolais si une agriculture d’autosuffisance en céréales n’est pas promue.
Des importations faramineuses
La République démocratique du Congo fait partie de ces pays africains qui ne disposent pas de réserves alimentaires stratégiques. Son plan d’approvisionnement en produits alimentaires est totalement extraverti. Ainsi, chaque année le pays dépense plus de 2 milliards USD en importations de denrées alimentaires pour satisfaire la demande intérieure.
Les céréales occupent une place de choix. Rien que pour la province du Haut Katanga par exemple, plus de 600.000 tonnes de maïs et farines de maïs sont importées chaque année. Quant aux céréales comme le riz, les données fournies par la FAO en 2017, renseignent que 740.596 tonnes ont été importées au niveau national bien que ces chiffres soient sous-estimées.
“En cette période de crise sanitaire, les importations risqueront de doubler si nous ne promouvons pas des systèmes alimentaires durables susceptibles de mettre en avant la productivité agricole des producteurs locaux”, estime un expert en développement agricole du ministère national de l’agriculture. “De cette manière, nous pourrons consolider des chaînes de valeur qui s’adaptent au contexte et répondent aux besoins internes en termes des quantités des céréales et produits céréaliers consommables au niveau national”.
Un déficit qui peut se transformer en opportunité pour les jeunes
Les producteurs peinent pour satisfaire la demande interne en céréales comme le maïs ou le riz. Dans le Haut Katanga, où le maïs est pratiquement consommée dans tous les ménages, la production locale ne couvre que 200.000 tonnes sur les 600.000 tonnes dont la province consomme chaque année. Quant au riz, à peine 350.000 tonnes sont produits par an depuis 2012 pour toute la république alors que le besoin projeté pour 2018 était de 1.400.000 tonnes selon le plan stratégique national pour le développement de la riziculture.
Ces écarts de production offrent des grandes opportunités de business susceptible de relancer l’économie nationale en cette période de crise sanitaire. “La crise sanitaire de Covid-19 va redessiner la géopolitique mondiale de la souveraineté alimentaire. Le plan national de relance agricole devrait structurer et appuyer l’agropreneuriat des jeunes pour capitaliser les gaps des importations de céréales”, estime Kakel Mbumb, producteur de maïs et coordonnateur du Forum National de la Jeunesse, branche Haut-Katanga.
La RDC devrait se positionner face à la crise sanitaire de Covid-19 pour réorienter en urgence des fonds conséquents dans la promotion des filières céréalières. Car, une crise alimentaire occasionnée par la carence en denrées alimentaires causerait énormément de dégâts au sien des populations.
Ecrit par Eden Mvuenga
Cet article fait partie de Covid-19 Food/Future, une initiative du projet SEWOH Lab du TMG ThinkTank for Sustainability (https://www.tmg-thinktank.com/sewoh-lab). Elle vise à fournir un aperçu unique et direct des impacts de la pandémie Covid-19 sur les systèmes alimentaires nationaux et locaux. Suivez également @CovidFoodFuture, nos journaux vidéo de Nairobi, et @TMG_think sur Twitter. Le financement de cette initiative est assuré par le BMZ, le Ministère Fédéral Allemand de la Coopération Économique et du Développement.
