RDC : L’agroalimentaire emboîte le pas aux systèmes alimentaires
En République Démocratique du Congo, la pandémie de Covid-19 a démontré la fragilité des chaînes d’approvisionnement des produits alimentaires, surtout ceux provenant des manufactures externes. Dès le mois de mars 2020, le déficit d’importations dû à une baisse de production mondial mais également la latence du secteur agroalimentaire à l’intérieur du pays, ont été à la base des spéculations des prix sur le marché. Jusqu’en mai, dans les grandes agglomérations, les denrées manufacturées comme les farines de maïs et froment ; les boîtes de conserves, les produits charcutiers,… pouvaient se négocier deux fois, voir trois fois plus cher par rapport au prix normal, avec des conséquences fâcheuses sur la sécurité alimentaire des ménages vulnérables.
Malgré l’état rudimentaire qu’accuse l’agroalimentaire congolaise, de plus en plus des petites et moyennes entreprises spécialisées dans la transformation des produits agricoles redoublent d’efforts durant cette crise sanitaire pour maintenir les filières agricoles. Ainsi, on assiste à un déferlement d’initiatives agroalimentaires visant à garantir aux petits producteurs et éleveurs l’accès au marché ; mais aussi à satisfaire aux demandes de consommateurs.
Des initiatives agroalimentaires qui changent la donne
À l’Ouest du pays, dans la province du Kongo Central, le Centre d’Information et de Vulgarisation Agroalimentaire (CIVAK) intensifie sa production de pain essentiellement composé de farine de manioc provenant des coopératives agricoles locales. Ainsi, grâce à la contribution de cette initiative, la filière manioc dans cette partie du pays demeure résilient en dépit de la crise économico-sanitaire. En plus, le centre a réouvert ses installations de transformation des produits carnées, mais également des fruits pour contribuer à la résilience des éleveurs et arboriculteurs. De cette manière, ce dernier vient en appui à la chaîne d’approvisionnement des produits alimentaires manufacturés sur les marchés locaux.
A Kinshasa, OLONGWA SPRL, une entreprise agroalimentaire spécialisée dans la transformation du manioc en Gari (bouillie alimentaire à base de manioc), réseaute avec les femmes productrices qu’elle encadre pour maintenir le flux de sa production. Avec ses prix concurrentiels et sa chaîne de distribution adaptée au contexte de la pandémie, l’entreprise facilitent chaque mois l’accès à son « Prestigieux Gari» comme le nom commercial l’indique, à plus de 2000 ménages vulnérables.
Amshula Foods, dans le Grand Katanga, transforme les tomates des petits producteurs en purée, concentré, ketchup, confiture et poudre de tomate pour alimenter les marchés de grands centres urbains. De par sa redevabilité aux fournisseurs de la matière première, l’entreprise accompagne les producteurs des tomates frais dans l’acquisition des intrants. Dans le même sens, BLK AGRO, basée à Lubumbashi, transforme les piments, gingembres, oignons, curcumas et poivrons issus de la production locale en poudre d’épices commercialisables.
Bien que les répercussions de Covid-19 désarticulent les systèmes alimentaires, ces quelques initiatives tentent de resserrer les liens entre les acteurs des chaînes de valeur agricole au niveau local pour répondre aux besoins alimentaires imminents.
Ecrit par Eden Mvuenga
Cet article fait partie de Covid-19 Food/Future, une initiative du projet SEWOH Lab du TMG ThinkTank for Sustainability (https://www.tmg-thinktank.com/sewoh-lab). Elle vise à fournir un aperçu unique et direct des impacts de la pandémie Covid-19 sur les systèmes alimentaires nationaux et locaux. Suivez également @CovidFoodFuture, nos journaux vidéo de Nairobi, et @TMG_think sur Twitter. Le financement de cette initiative est assuré par le BMZ, le Ministère Fédéral Allemand de la Coopération Économique et du Développement.
