Sénégal: La sécurité alimentaire est elle envisageable en cette période de crise du Covid-19?

Yacine yade
Enabling Sustainability
4 min readMay 4, 2020

Lors du sommet mondial de l’alimentation en 1996, la FAO (2008) stipulait que la sécurité alimentaire « existe lorsque tous les êtres humains ont, à tout moment, un accès physique et économique à une nourriture suffisante, saine et nutritive leur permettant de satisfaire leurs besoins énergétiques et leurs préférences alimentaires pour mener une vie saine et active ». En d’autres termes, la sécurité alimentaire repose sur quatre dimensions principales : la disponibilité physique des aliments, l’accès économique et physique aux aliments, l’utilisation des aliments et la stabilité des trois autres dimensions dans le temps.

L’agriculture sénégalaise est essentiellement pluviale et saisonnière. Elle repose à la fois sur des cultures de rente (arachide coton) et sur des cultures vivrières de subsistance (mil, sorgho, maïs). Le riz, culture traditionnelle en Casamance, se développe fortement dans la vallée du fleuve Sénégal. Avec les perturbations sociales. due au Covid-19, l’agriculture sénégalaise est impactée et les producteurs sont dans des situations complexes. En plus de la mévente de leurs produits ils n’ont pas encore d’accompagnement pour la prochaine saison.

En effet, en cette période de pré-saison hivernage, les producteurs n’arrivent toujours pas à avoir des subventions concernant les engrais et intrants agricoles qui leurs permettent d’avoir une grande production et ainsi satisfaire la demande. La situation liée à la pandémie du Covid-19, entraîne un risque d’invasion acridienne qui pourrait aggraver le risque d’insécurité alimentaire pour des millions de personnes au Sahel et en Afrique de l’Ouest.

Néanmoins, nous constatons qu’au Sénégal, dans la zone des niayes et de la Casamance, pour atteindre la sécurité alimentaire, l’accent est mis sur l’intensification durable de la production agricole et l’amélioration de l’accès au marché pour les petits exploitants agricoles; développer les capacités des agriculteurs et des organisations d’agriculteurs; fournir une assistance technique pour une production agricole améliorée et durable; et favoriser la commercialisation équitable des produits agricoles.

La zone des Niayes est particulièrement bien adaptée pour l’agriculture. Sa proximité avec les plus grandes villes du Sénégal favorise une méthode de production tournée vers le marché et l’exportation. Les niayes ont un potentiel d’augmentation de la production et de génération de revenu. La région de la Casamance pratique traditionnellement la riziculture pluviale, toutefois les faibles rendements découlant de mauvaises pratiques de production et du manque d’accès aux intrants et au crédit ont rendu la région particulièrement vulnérable à l’insécurité alimentaire.

Les agriculteurs font la transition vers une production axée sur l’irrigation ce qui, couplé avec de meilleures techniques de gestion, pourrait accroître à la fois la production et la rentabilité.

L’agriculture est très fondamentale pour un pays qui se dit émergent. Au Sénégal, l’activité agricole, qui devraient être la plus sollicitée et la plus soutenue financièrement, est dans une impasse. L’agriculture est toujours une agriculture non compétitive et est occupée par 70% de la population active. Malgré ce fort taux de main d’œuvre, l’agriculture sénégalaise peine à se faire valoir de celle des autres pays développés et atteindre l’autosuffisance alimentaire. Dans un contexte de mondialisation et de changements climatiques, si le commerce des produits agricoles joue un rôle important sur le plan économique, il doit intégrer les autres dimensions du développement durable afin de répondre convenablement à la sécurité alimentaire, et ce, sur le long terme.

En effet, les politiques commerciales agricoles du Sénégal mises en place pour répondre à sa sécurité alimentaire se basent sur plusieurs éléments. En ce temps de crise Covid-19, la pauvreté, la sécurité alimentaire, la nutrition alimentaire et l’agriculture durable sont les défis les plus pressants que le Sénégal doit relever pour faire face aux impacts des changements climatiques. Les effets des changements climatiques se manifestent par la combinaison d’une baisse des précipitations et une augmentation de la température, ce qui entraîne une réduction des rendements agricoles. La situation actuelle commence à avoir des répercussions sur les performances de nos agricultures et sur la satisfaction de nos besoins. Nous sommes face à une équation à double détente : vaincre à tout prix l’ennemi invisible et assurer une réponse adéquate des capacités productives de nos écosystèmes pour nourrir l’homme, ainsi atteindre la sécurité alimentaire.

Ecrit par Yacine Yade

Cet article fait partie de Covid-19 Food/Future, une initiative du projet SEWOH Lab du TMG ThinkTank for Sustainability (https://www.tmg-thinktank.com/sewoh-lab). Elle vise à fournir un aperçu unique et direct des impacts de la pandémie Covid-19 sur les systèmes alimentaires nationaux et locaux. Suivez également @CovidFoodFuture, nos journaux vidéo de Nairobi, et @TMG_think sur Twitter. Le financement de cette initiative est assuré par le BMZ, le Ministère Fédéral Allemand de la Coopération Économique et du Développement.

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