Loi Pacte : comment donner vie au modèle opérationnel ?

Aim Collective
Entreprises à mission
7 min readJul 10, 2019

Jeudi 27 juin 2019, Officience notre client préféré nous accueille pour une nouvelle session de travail autour de la loi Pacte.

Pour être honnête, nous n’étions pas tout à fait sûrs d’y être cette fois-ci. En #cejourlepluschaud, on était quelques uns à se demander toute la semaine s’il ne valait pas mieux faire grève ou nous retrouver sous un pont pour (faire) prendre conscience de la catastrophe climatique que nous vivons actuellement. Mais nous n’avons pas eu de meilleure idée que de nous en tenir à nos engagements je crois. Voilà donc l’équipe rassemblée à 11h, devant le ventilo, prête à en découdre avec les nouveaux statuts d’Officience.

Les statuts ? Mais comment en sommes-nous arrivés là ? Retour sur les précédents épisodes…

“Dans les épisodes précédents…”

Il y a deux semaines, nous avons assisté, médusés à un phénomène qui s’est enclenché le plus naturellement du monde et qu’ on vous raconte en détail ici.

Cette bascule a donné à la raison d’être d’Officience une dynamique évolutive. Elle a également conféré au comité en charge de protéger cette raison d’être le pouvoir décisionnaire lui permettant justement de la faire évoluer si jamais la réalité s’en distanciait. La réunion d’aujourd’hui d’ailleurs fera bouger cette ligne là, on revient là-dessus plus bas.

La semaine dernière, nous nous sommes plongés dans le fonctionnement opérationnel du futur modèle de gouvernance. Comment appréhender la réalité terrain ? Et comment faire pour “comparer” cette réalité aux cinq causes qui constituent la raison d’être d’Officience ? Comment se représenter le réel de façon à servir la mission ? Quels outils et quelle dynamique utiliser dans la pratique pour faire grandir la raison d’être à partir de ce qui est réalisé tous les jours sur le terrain par les salariés d’Officience mais aussi par la communauté qui l’entoure ?

Nous passons en revue l’existant... Suzanne, salariée Offy de passage à Paris nous présente sa pépite : Obadge. C’est une plateforme en ligne ouverte à toute la tribu d’Officience : salariés, co-workers, clients, prestataires, offylovers, ... Si elle n’est pas encore suffisamment utilisée par tous, elle représente un fantastique terrain d’expérimentation pour le sujet qui nous occupe.

Comment ça marche ? Tout utilisateur de la plateforme peut créer et accorder un badge aux personnes qui répondent aux critères d’attribution qu’il a lui-même fixés. Une infinité de badges peuvent être ainsi créés. Il y a ceux qui viennent valoriser un savoir-faire ou l’acquisition d’une compétence particulière, ceux sanctionnant l’organisation d’une action de formation ou de partage, ou encore ceux liés à la réalisation d’un projet individuel ou collectif…

C’est donc un bon capteur de l’activité réelle, y compris de l’informel. Mais au-délà de ça, ce qui semble intéresser notre réflexion, c’ est qu’au moment de créer le badge, l’utilisateur doit y associer au moins une des 5 causes qui constituent la raison d être d’Officience. Il peut également en ajouter d’autres.

Ce qui signifie qu’à travers Obdage on peut potentiellement détecter que, dans la réalité, des causes évoluent et d’autres apparaissent.

Par exemple, si la valeur ou le volume des badges dédiés au développement du Népal venaient à dépasser ceux consacrés au Viet-Nam, il serait peut-être intéressant de proposer que la cause associée évolue, non ?

Voilà donc un outil qui peut potentiellement révéler la mise en pratique de la raison d’être sur le terrain et qui peut également faire émerger d’autres orientations possibles de celle-ci.

Coïncidence ou synchronicité, il nous apparaît à tous qu’Obadge cet outil déjà là, prêt à l’emploi, et déployable au-delà de la limite «salariés Offy» c’est la version outillée et “bottom-up” de la façon dont on a imaginé la dynamique évoluer.

Mais formaliser la dynamique et y associer un outil, ce n’est pas suffisant pour lancer la mécanique. Pour aller plus loin dans le fonctionnement du modèle opérationnel, il nous fallait nous attaquer à la rédaction des nouveaux statuts et au fonctionnement du «comité de mission» en charge de protéger la raison d’être. C’est ce qu’on a fait #encejourlepluschaud.

Reprendre les statuts

L’un de nos objectifs aujourd’hui c’est donc de réécrire les statuts pour faire de cette société une entreprise à mission. Pour cela, Quynh Minh nous transmet la version actuelle des statuts d’Officience. Nous allons -oh l’audace !- toucher à ce qui est censé être écrit par des avocats, gravé dans le marbre et déposé aux greffes…

On commence naturellement par la Raison d’ être qu’on inscrit tout en haut sous l’ article 1. Elle est constituée des 5 causes d Officience. Sweet and simple: comme nous l avons vu précédemment inutile de retravailler le détail de celle-ci à ce stade pour nous assurer qu’elle correspond à la réalité, la dynamique s’ en chargera .

Dans ce contexte, les Objectifs sociaux et environnementaux que la loi nous impose de formaliser deviennent la déclinaison opérationnelle de ces 5 causes. Ils répondent à la question “comment faire de cette cause une réalité concrète”, ou encore “quel est le prochain pas pour aller vers la Raison d’être d’Officience” ?

La Mission c est déjà moins simple. D’une part la loi ne nous oblige pas à en faire un article alors que ce mot revient 274 fois dans le texte adopté. D’autres part quelle différence fait-on entre la mission et la raison d’être ? Est-ce qu’il faut comprendre la raison d’être comme la visée ultime et la mission comme la trajectoire pour y arriver ? N’est-ce pas redondant avec les objectifs RSE ? Ce terme qui prête à confusion, nous avons choisi de nous l’approprier et de l’entendre comme “ce qui sert la raison d’être d’Officience”. Ainsi la mission s’articule autour de ces trois idées.

1/Etendre la communauté des personnes sensibles à la Raison d’Etre et relier les individus touchés par la Raison d’Etre entre eux ;

2/Encourager la prise d’initiative des individus autour de la Raison d’Etre en respectant leur propre souveraineté ;

3/Favoriser l’émergence et le développement de projets au service de la Raison d’Etre

La mission ici est donc vue comme un enabler, voire un “effet démultiplicateur” de la raison d’être.

Aussi bien les objectifs que la mission s’adressent à toute la communauté d’Officience : salariés, clients, prestataires, résidents Offy, …tous peuvent y contribuer à leur niveau et à partir de ce qu’ils font et de ce en quoi ils croient aujourd’hui. Nous nous arrêtons un moment sur ce point : il n’est pas question de créer un niveau d’engagement ou d’implication minimal à partir duquel on serait “accepté ” au sein de cette communauté. Dès lors qu’on adhère à l’une des 5 causes, directement ou non, quiconque est libre de contribuer à la hauteur de ce qui lui paraît possible. Cette idée qui combine “wholeness”, “ouverture” et “logique des petits pas” nous paraît fondamentale pour que l’intelligence collective serve la raison d’être.

L’ importance donnée à la communauté Offy est telle que nous avons dans un premier temps eu envie de créer l’expression “forme étendue” et lui associer un article dédié dans les statuts que nous aurions placé bien avant la traditionnelle forme juridique. Nous avons finalement opté pour une deuxième solution : ajouter dès l’article 1 qui définit la raison d’être, la phrase suivante :

Toutes les personnes physiques se reconnaissant dans au moins une des causes de la Raison d’Être ci-dessous, sans être en contradiction avec aucune d’entre elles […] <Les 5 Causes> […] peuvent se reconnaître dans la tribu Officience.

Elodie nous aide à classer les items des statuts par ordre d’importance

Nous avons itéré de nombreuses fois sur l’ordre, les mots, et les sens donnés à chacun des items pour coller au mieux à la dynamique choisie.

La difficulté était de constamment chercher le bon équilibre entre ce qui nous semblait naturel de choisir pour Officience, ce qui était attendu par la loi, et ce qui paraissait le plus simple à reproduire dans d’autres contextes.

Fonctionnement du comité de mission

Il nous est arrivé de revenir sur une décision prise précédemment. Ainsi, si dans les précédentes réunions nous voulions conférer un pouvoir décisionnaire au comité de mission, chargé de protéger la raison d’être, nous avons réalisé dans un second temps, que cela allait revenir à donner ce pouvoir à une ou deux personnes seulement.

Pourquoi seul cet organe aurait le droit de faire évoluer la raison d’être ? On lui retire alors le droit de décider seul pour le conférer à tous.

On identifie alors deux rôles au sein de ce comité de mission. D’une part un rôle de collecte des éléments du réel et d’autres part un rôle d’interprétation de ces signaux. Le fait qu’il ait à sa disposition le bon outillage pour faire ce travail ne fait pas partie spécifiquement de ses redevabilités. En effet, c’ est à chacun de proposer à la communauté une amélioration de la méthode et des outils utilisés si cela s avérait nécessaire.

Mais gageons que cela va encore évoluer prochainement …

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