Les épisodes de Noël, c’est la vie

EPISODE
EpisodeMagazine
Published in
4 min readDec 22, 2016
Article initialement paru dans Episode, le magazine web de toutes les séries par ARTE

Chaque année, les scénaristes sortent de leur hotte des épisodes se déroulant au pied du sapin. Cet exercice de style pourrait sembler éculé et finir par lasser… mais nous, on ne peut pas s’en passer.

Illustration par Maxime Garbarini

C’est tragique, c’est magique, c’est le vrai miracle de Noël

Comme Jésus, Homer Simpson est né le 25 décembre. Et “Noël Mortel”, premier épisode de la série de Matt Groening diffusé à la télévision américaine, reste donc depuis 1989 le plus spécial des Christmas specials. Beaucoup plus fun que l’histoire d’accouchement rural du fils de Dieu, ce petit conte de Noël déglingué à la sauce middle-class pose non seulement les bases du mythe simpsonien, mais aussi celles de la tradition moderne des saintes nuits cathodiques dont même Lana Wachowski vient de se déclarer fan. Soit des histoires de clans (familles originelles ou recomposées) plus ou moins désireux de s’unir dans la paix et le sucre d’orge mais incapables de le faire sans gâcher la fête avant. Exactement comme Homer, fauché au plus mauvais moment de l’année, contraint de jouer aux courses de lévriers sa maigre paie de Santa de centre commercial pour offrir des cadeaux aux siens, et faisant finalement leur bonheur en ramenant à la maison le chien perdant. C’est tragique, c’est magique, c’est le vrai miracle de Noël. Qu’il est grand, qu’il est beau, entendez résonner les pipeaux, tout ça.

Moments de bravoure au pied du sapin

Les séries du monde entier ont toujours su nous accompagner dans cette épreuve

Aujourd’hui, en l’an 27 après HS, admettons ensemble que quelques-uns des meilleurs épisodes livrés par les cadors de la pop culture le furent au pied du sapin. Du Petit Caca Noël de South Park au Festivus de Seinfeld, la télévision américaine s’est souvent surpassée à l’heure de la dinde. Mais elle n’a pas été la seule. Parce que Noël — calvaire gastrique et familial — est nul partout sur la planète, les séries du monde entier ont toujours su nous accompagner dans cette épreuve en piétinant son esprit imbécile. Et en faisant du Père Noël la pire des ordures, comme dans la saison 4 de H, qui voit un Jamel en habit rouge extorquer de l’argent à des enfants malades, ou encore chez Les Bougon, série québécoise dans laquelle un Santa obèse profite du passage des marmots sur ses genoux pour obtenir le détail de leur équipement hi-fi et leur adresse. Avant, bien entendu, de filer les cambrioler.

Plus près de toi Santa

Moins cyniques et plus zélés, les Scandinaves proposent eux, en lieu et place des traditionnels Christmas specials, des séries entières consacrées aux fêtes de fin d’année. C’est le cas de TV-Julekalender, un programme danois pensé sur le mode du calendrier de l’avent dont chaque épisode aide les enfants à patienter avant le grand soir. Dans l’un d’entre eux — attention c’est très mignon — une petite fille touche le petit Jésus d’une crèche magique et se retrouve propulsée en Judée pour aider le vrai Christ.

Noël blanc

C’est encore avec nos tribus de sitcoms que nous passons les meilleurs réveillons

Mais ne nous leurrons pas : si ce mini-Retour vers le Futur chrétien est kawaï comme tout, c’est encore avec nos tribus de sitcoms que nous passons les meilleurs réveillons. Peut-être parce que du côté des séries dramatiques, qui ont des chats bien plus éminents à fouetter (Le “White Christmas” de Black Mirror et sa dystopie dépressive, par exemple), Noël est au mieux une toile de fond, au pire un simple prétexte. Et parfois rien de plus qu’une date de diffusion, comme c’est le cas des Christmas Specials de Sherlock. Bref, cette année comme toutes les autres, depuis que vous avez vu Papa sortir les sacs Toys R’ Us du coffre de la Laguna en râlant, personne ne fera de varappe dans la cheminée pour sauver Noël. Mais si vous y croyez assez fort, il se pourrait bien qu’une bande de sociopathes dysfonctionnelle sorte encore de la télé pour faire le boulot, au moment où vous avez vraiment besoin d’elle, et pas d’un gaufrier. N’est-ce pas Tata ?

François Blet — Illustration de Maxime Garbarini pour Episode/ARTE

--

--