Les 10 meilleures apocalypses dans les séries

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EpisodeMagazine
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7 min readApr 20, 2017
Article initialement paru dans Episode, le magazine web de toutes les séries par ARTE

Mettre en scène la fin du monde dans une série est un grand classique : un pitch qui promet du drame, du choix cornélien, des vêtements déchirés et qui exorcise toutes nos pires angoisses, c’est vendeur. En plus, il y a tant de façons d’envisager le pire que c’est un créneau inépuisable. Pour vous y retrouver, voilà les 10 meilleures fins du monde, garanti sans The Walking Dead !

Illustration de Freak City

La plus enfumée : The Leftovers

2% de la population mondiale disparue en un clin d’oeil. 2%, soit 140 millions de personnes. Même dans les familles où aucune disparition n’est à déplorer, comme celle de Kevin Garvey (Justin Theroux), impossible de continuer comme si de rien n’était. La cellule familiale, et avec elle la société toute entière, ont volé en éclat, divisées par les dépressions, les espoirs de miracles et les sectes comme celle des Guilty Remnants.

Comme pour les psychédéliques The OA ou Sense8, The Leftovers divise, entre ceux criant au génie et les autres, qui dénoncent l’imposture de Damon ‘Lost’ Lindelof. Mais une série qui oblige les fumeurs à se taire, nous, on est fans.

La plus “triangle à trois” : The Last Man on Earth

Que faire quand on est le seul survivant de l’apocalypse, qui plus est dans une comédie ? C’est la question que se pose Phil Miller après avoir parcouru l’Amérique à la recherche d’autres êtres vivants. Revenu à Tucson, il s’installe dans la maison la plus luxueuse du coin pour se livrer à une vie de débauche et de solitude. Jusqu’à ce que Carol, en tout point son exact opposé, ne débarque en ville… Portées par le duo star Phil Lord et Chris Miller (Tempêtes de boulettes géantes, 21 Jump Street, La Grande Aventure Lego), la série parvient, à partir d’un point de départ original mais limité, à se renouveler sans cesse. Et puis faire débarquer January Jones (aka Betty Draper) alors que toute l’humanité est censée avoir disparu, c’est plutôt bien joué, les gars.

La plus historique : Mad Men

Mad Men, série apocalyptique ? Et pourquoi pas : si on la considère d’un point de vue historique, la série a dessiné la fin d’un monde et le début d’un autre, de la fin des années 50 à l’aube des seventies. Plus encore si l’on s’intéresse à l’épisode “The Grown-Ups” (S03E12), réalisé par le cinéaste Barbet Schroeder. L’épisode relate l’assassinat du président JFK et les jours qui s’ensuivent, vécus en direct devant leur poste de télévision par les Américains et les protagonistes de la série. Les bureaux sont désertés, les bars sont fermés, et surtout, c’est la fin du mariage de Don et Betty, celle-ci lui signifiant enfin “Je ne t’aime plus” — et s’apprêtant à le quitter pour Henry Francis. Don, sonné, ne peut que répéter “It’s gonna be all right”, alors que résonne sur le générique de fin la chanson “It’s the End of the world” chantée par Skeeter Davis.

La plus fashion : The 100

Un siècle après une apocalypse nucléaire qui a poussé ce qu’il reste de l’humanité à se réfugier dans une station spatiale, cent adolescents sont envoyés en reconnaissance sur la surface pour recoloniser la terre. Certes, ces gens n’ont jamais réfléchi au fait que si on veut que quelque chose soit bien fait, confier la tâche à un adolescent est la pire idée du monde. En revanche, un ado réfléchit toujours à son look et c’est pour ça que cette série post-apocalyptique change un peu de l’enfer des vieilles barbes et des chemises en sac de patates qui habillent habituellement les héros des séries de ce genre. C’est pas parce que la terre est ravagée par des tempêtes de fumées radioactives qui vous tuent sur place qu’il faut arrêter de s’épiler les sourcils quoi, mince alors.

La plus terroir : Dead Landes

Malgré tout l’entrain que met Michel (joué par Thomas VDB) à présenter son camping, L’Escapade ne fait vraiment pas rêver. Pourtant, quand se produit une catastrophe naturelle type fin du monde (même si on n’a pas “the big picture”, ça sent le mouflon) et que des colonnes de feu s’abattent sur les Landes, son modeste établissement devient, plus qu’un lieu de vie, un lieu de survie, et les soirées karaoké qu’il impose aux survivants, presque salutaires. En mode “found footage”, avec une dose de Bronzés et un peu de science-fiction, Dead Landes n’est pas si loin d’une reconstitution de votre été 2003 à Lacanau. Et une série qui permet d’abandonner toute nostalgie par rapport à ses jeunes années, c’est une série importante.

La plus valeur travail : Trepalium

Si vous n’aimez déjà pas le travail et n’appréhendez pas tellement le futur avec enthousiasme, Trepalium vous donnera raison : non seulement elle fait le lien avec les origines du mot “travail” que vous ressentez dans votre chair chaque matin quand le réveil sonne (Trepalium = souffrance), mais en plus elle laisse présager un avenir bien pourri où — et peu importe qui remporte la présidentielle — 80% de la population sera au chômage. Du coup, tout le monde est prêt à tuer pour bosser ou garder son boulot, et le monde menace de basculer dans le chaos final à chaque instant. Oui bon ben c’est une série d’anticipation, mais pas tant que ça. Regardez, notez, apprenez.

La plus subtile : In the Flesh

Parmi les dizaines de séries se déroulant dans un monde post-apocalypse zombie, on vote sans hésiter pour cette série britannique fabuleuse : après une épidémie de mort-vivants, un traitement a été trouvé, permettant aux zombies de retrouver leur bon sens, leur personnalité, et de perdre l’habitude de mordre les gens. Et la vie “normale” reprend son cours. Bon, c’est sûr que la réconciliation n’est pas facile quand on a mangé le bébé de ses voisins. Mais le génie de cette série se niche dans les détails, comme la mère de famille tout ce qu’il y a de plus cliché, qui mine de rien a appris à dégainer la tronçonneuse quand un inconnu frappe à sa porte.

La mieux organisée : You, me & the apocalypse

Dans 34 jours, une comète va mettre fin à toute vie sur terre. C’est ce que découvrent les héros de You, Me and the Apocalypse dans le pilote. La saison entière est un flashback à partir de la fin du monde, qui permet de comprendre comment les protagonistes se retrouvent tous ensemble dans un bunker au tant attendu moment M. Mélange de comédie britannique et d’apocalypse à l’américaine, la série nous vend une fin du monde hystérique, désespérée et marrante, au milieu de laquelle Rob Lowe, chargé de démasquer les “faux messies” pour le Vatican, est comme un poisson dans l’eau en avocat du diable super sceptique. C’est vrai qu’on a bien mérité de se faire exterminer, après tout.

Le plus mytho(logique) : El Barco

Un groupe de jeunes gens en voyage d’études (et en chemises blanches sur les photos de presse) se retrouve seul sur terre après une subite montée des eaux. Ce huis-clos en voilier mêlant arche de Noé et Illiade (avec un certain Ulysse en passager clandestin à la recherche de son père) a duré trois saisons, donné lieu à une émission de télé-réalité spin-off, et prouvé que la fin du monde, pour peu qu’on soit sur bateau qui a de la gueule, ça peut, de temps en temps, ressembler à La Croisière s’amuse. Ce qui est plutôt encourageant. Ou alors c’est juste les Espagnols qui sont balèzes pour affronter la mort en vivant la vida loca.

La plus “actu” : Refugiados

Imaginez qu’à la place de milliers de Syriens terrifiés fuyant la guerre, 3 milliards de personnes débarquent du futur et quittent leurs maisons avant une “terrible catastrophe” pour revenir dans le présent. Est-ce qu’on les laisserait se noyer ou est-ce qu’on se sentirait concernés ? Bon ben figurez-vous que dans cette série espagnole, on les accueille chez nous. Enfin pas volontiers, hein. Mais ça reste de la SF. Manque de bol, comme il s’agissait d’une coproduction entre la chaîne la Sexta et la BBC, tout a été tourné en anglais et doublé maladroitement en espagnol. Le public s’est donc rapidement raréfié et “l’aventure” s’est arrêtée à la saison 1, on ne saura donc jamais quelle terrible catastrophe nous attend, damned.

La rédaction d’Épisode : Maxime Donzel, Emilie Valentin et Oriane Hurard — Illustration de Freak City pour Épisode/ARTE

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