Les meilleurs moments chantés dans les séries

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EpisodeMagazine
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6 min readMar 23, 2017
Article initialement paru dans Episode, le magazine web de toutes les séries par ARTE

Quand nos personnages préférés poussent la chansonnette, c’est généralement pour notre plus grand plaisir, même quand ça fait mal aux oreilles.

Illustration de Maïté Grandjouan

La plus running gag : Smelly Cat dans Friends

Pas la peine de présenter “le tube” de Phoebe Buffay, qui apparaît dès le 2ème épisode de la série Friends. Véritable running gag tout au long des 10 saisons, Smelly Cat, littéralement “Le chat qui pue” connaît son apogée en fin de saison 2 quand Phoebe enregistre le titre en studio et montre fièrement à ses amis le résultat, clip compris. Et surprise : elle chante juste. Alors qu’il est très clair pour tout le monde qu’elle a été “Milli Vanillée” et que ce n’est pas réellement elle qui chante, Phoebe, elle, se trouve tout simplement “incroyablement talentueuse”.

La plus ironique : The Sexy Getting Ready Song dans Crazy Ex-Girlfriend

Difficile de choisir entre les multiples chansons qui parsèment les deux saisons de Crazy Ex-Girlfriend, une série qui bascule vers la comédie musicale plusieurs fois par épisode. Entre une chanson sur l’infection urinaire et une autre sur les vertus de la dépression “à la française”, notre coeur balance. Mais notre préférée reste sans doute “The sexy getting ready song”, qui survient dès le deuxième épisode de la série, lorsque Rebecca se prépare pour un date avec Greg Josh. La chanson est le symbole parfait d’une série où, sous un vernis rose pétant, la créatrice Rachel Bloom n’a eu de cesse de déconstruire les stéréotypes de la comédie romantique, ici en détaillant la “routine beauté” de la jeune femme pour mieux en révéler l’incongruité. Fait rare dans la série, la chanson sera même reprise plusieurs fois, notamment dans la bouche de Calvin, le prétendant de Paula, et par le flippant Trent.

La plus vivante : Let Me Rest in Peace dans Buffy contre les vampires

Du fameux épisode musical de Buffy (S06E07), on se souvient surtout que, sous l’emprise d’un démon type joueur de flûte, la Tueuse finissait par avouer à ses amis qu’elle était bien plus heureuse au Paradis — d’où ils l’ont tirée après son sacrifice à la fin de la saison précédente. Mais le numéro le plus touchant, c’est sans aucun doute celui de Spike (dont l’interprète, James Marsters, est aussi chanteur de rock) : en avouant enfin son amour pour Buffy, le vampire peroxydé livre l’une des plus belles déclarations d’amour de la télévision. Quand il chante “If my heart could beat, it would break my chest”, on n’a qu’une seule envie : le rejoindre dans son cercueil.

La plus inattendue : Cause I Knew dans P’tit Quinquin

La performance de Lisa Hartmann sur la petite scène de la campagne boulonnaise fait partie de ces moments complètement inattendus de la série de Bruno Dumont. Après nous avoir fait glousser avec sa galerie de personnages clownesques, et après nous avoir amusé avec les gémissements de la jeune chanteuse du coin qui répète une chanson qui s’annonce pénible, le moment du concert est venu. Elle est en fait filmée avec douceur et délicatesse, sans pour autant épargner la naïveté de la chanteuse qui tend les bras vers un public apathique. Un moment d’une ambiguïté folle… à l’image de la série.

La plus dans ta face: You’re So Beautiful dans Empire

Une série sur un label qui cartonne ne peut fonctionner que si les chansons déchirent. Pari réussi par Lee Daniels, mais avec des chansons produites par Timbaland il ne risquait pas grand chose. You’re So Beautiful est la plus efficace de la première saison, probablement parce qu’elle est aussi catchy qu’importante pour l’intrigue: c’est la chanson du coming out de Jamal. Les paroles sur “un homme qui aime un homme”, entrecoupées des souvenirs de Jamal enfant et habillé en fille, littéralement mis à la poubelle par son père, ça n’a pas la moindre subtilité et c’est exactement pour ça qu’on adore Empire.

La plus pacifiste : Time After Time dans Parks and Recreation

S’il fallait une preuve qu’une chanson peut rapprocher les être humains, April Ludgate dans Parks and Recreation nous en offre la plus belle preuve. Elle qui déteste, mais DÉTESTE, la pourtant adorable Ann Perkins, se laisse aller à une version improvisée et a capella du tube intemporel de Cindy Lauper. De toutes façons, ne pourraient y résister que ceux qui n’ont plus qu’un cœur sec. Avec du sable dedans. Et des lames de rasoir aussi.

La plus malaise : Naughty Girl dans Summer Heights High

Dans cette série australienne culte, dans laquelle l’humoriste Chris Lilley incarne trois personnages abominables au milieu de vrais lycéens ultra gênés, la comédie musicale finale fait office d’apothéose du malaise. Pour évoquer le drame de la mort d’une lycéenne (une overdose présumée d’ecstasy), le professeur de théâtre monte Ecstasy, une comédie musicale atroce pour retracer la vie de la défunte. Au programme : slut shaming (Naughty Girl), auto congratulation (My Name is Mr G) et pole dance sexy. Une parodie mordante des comédies musicales qui ont tendance avouons-le, à noyer n’importe quel sujet dans une guimauve indigeste, suivez mon regard.

La plus piquante : Médusor dans Fais pas ci, fais pas ça

Tout au long de Fais pas ci, fais pas ça, les différents métiers de Denis Bouley, incarné par le génial Bruno Salomone, sont à l’image de la douce folie qui caractérise la série la plus attachante du service public : patron de foodtruck, écrivain, chanteur de maison de retraite, coach en bonheur… Mais le statement le plus fort de la carrière de Denis fut sans aucun doute le costume phosphorescent de Médusor, “la méduse au coeur d’or”, enfilé lors d’un goûter d’anniversaire pour enfants. Succès garanti auprès des tout-petits, la chanson fait le buzz et assure même à Denis un temporaire succès financier, tout en lui permettant de reconquérir sa chère Valérie partie batifoler avec un autre.

La plus retro : Zou Bisou Bisou dans Mad Men

Il y a des débuts de saison qu’on n’oublie pas. La saison 2 de Lost, la saison 5 de Mad Men : leur “season premiere” nous font réaliser instantanément que quelque chose a irrémédiablement changé. Dans Lost, c’était la présence d’un appartement avec électricité sous les pieds de nos naufragés, dans Mad Men, ce fut la chanson de Megan pour les 40 ans de Don Draper. Un moment de burlesque sexy pour les invités, un moment incroyablement gênant pour Don, mais surtout un moment absolument impensable lors des saisons précédentes : en exposant leur sexualité devant les convives, dans ce nouvel appartement, avec ce nouveau mode de vie, Megan et sa chanson nous font comprendre d’un seul coup que nos personnages et les années 60 viennent de faire un pas de géant.

La plus historique : La complainte des Nazis dans Un village français

Dans la dernière saison de la série sur la guerre vue du côté français, spoiler alert : les nazis perdent. Lors du festif et néanmoins trouble été 44, les bals de victoire côtoient les règlements de compte, et la série nous permet de redécouvrir plusieurs chansons historiques, dont ce petits chef-d’œuvre d’humour noir de Pierre Dac. Le chansonnier qui exerçait sur Radio Londres détournait les grands succès de la chanson française (ici La Romance de Paris de Charles Trenet ) et offre la bande son idéale à cette fin de série, reprise en chœur par les personnages. Enfin, pas par tous les personnages, évidemment.

La plus WTF : Maiden Wine dans Star Trek

Pour comprendre comment Spock s’est retrouvé à chanter une ballade, déguisé en Bacchus, accompagné d’un nain à la lyre, devant un public de platoniciens satisfaits et ses collègues horrifiés, il faut savoir que la troisième et dernière saison de Star Trek souffrait de coupes budgétaires drastiques. Priorité fut donc donnée à des intrigues loufoques. Si on vous laisse découvrir le sens de cet épisode par vous-même, vous pouvez profiter de la sublime voix de Leonard Nimoy qui mérite d’être redécouverte, ne serait-ce que pour cet hommage à l’un des personnages du Seigneur des Anneaux.

Par la rédaction d’Episode : Emilie Valentin, Oriane Hurard et Maxime Donzel — Illustration de Maïté Grandjouan pour Episode/ARTE

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