Hackez votre courbe dâapprentissage ! đ đđ
Trois raisons font que, pour une startup, rien nâest plus important que lâapprentissage.
Dâabord, par dĂ©finition, une startup doit trouver son business model. Elle doit apprendre qui sont ses clients, trouver de nouveaux usages, les bons canaux de distribution, etc. De la crĂ©ation Ă lâhyper-croissance, ces problĂ©matiques Ă©volueront et lâapprentissage permanent permettra de sây adapter. Ensuite, lâenvironnement de la jeune pousse est lui-mĂȘme en Ă©volution constante : lâessor des rĂ©seaux sociaux, les rĂ©volutions technologiques, les changements de mentalitĂ©s ou de lĂ©gislation sont autant de paramĂštres mouvants qui entrent dans lâĂ©quation du business model. Enfin, lâentreprise doit sa rĂ©ussite aux talents qui la composent. Lâorganisation doit faire grandir les femmes et les hommes qui feront son succĂšs. Dans un contexte de guerre des talents, proposer un cadre propice au progrĂšs et Ă lâĂ©panouissement professionnel est le meilleur moyen dâattirer les personnes qui ont soif dâapprendre et qui seront donc les mieux adaptĂ©es.
MalgrĂ© lâimportance du sujet, on prend souvent lâapprentissage comme un plus auquel on se mettra quand on en aura le temps. On se dit que le temps suffira Ă faire lâexpĂ©rience... Je suis convaincu que lâapprentissage, comme la productivitĂ©, est une discipline. Il faut se mettre dans les bonnes conditions et procĂ©der avec mĂ©thode. Je partage dans cet article les ingrĂ©dients qui font mon apprentissage. Je les utilise Ă chaque fois quâune nouvelle problĂ©matique dâampleur se prĂ©sente et quâil faut y apporter une rĂ©ponse sans rĂ©inventer la roue.
I. Aimer son sujet â€ïž
Apprentissage = temps x attention x (capacité à apprendre)
Pour se concentrer pendant longtemps sur un sujet, on peut crĂ©er une organisation qui permet et valorise lâapprentissage. On peut aussi faire preuve Ă titre personnel dâune grande discipline. Je ne pense pas que ce soit suffisant, la tĂąche serait trop fastidieuse. En la matiĂšre, rien ne remplace lâamour. Lâamour est lâĂ©tat qui capte toute votre attention et dans lequel vous ne comptez plus le temps. Je nâaime pas lâexpression âsortir de sa zone de confortâ. Au contraire, si lâon est amoureux et curieux â amoureux de la nouveautĂ© â on ne va faire quâĂ©tendre sa zone de confort pour apprendre de nouvelles choses que lâon aime.
Nous cherchons donc des gens qui soient amoureux de leur sujet et curieux. Les deux questions qui mâintĂ©ressent le plus en entretien sont : âQuel est le sujet qui te passionne, sur lequel tu voudrais devenir le meilleur au monde ?â et â Quel est ton dernier projet personnel (pour un dĂ©veloppeur) ou ta derniĂšre lecture (pour un marketer)?â
Si vous ĂȘtes profondĂ©ment amoureux, votre apprentissage a quelque chose de personnel. Parfois, il se fait sous des formes diffĂ©rentes mais il ne saurait sâarrĂȘter aprĂšs 18 h. Un designer ira voir des expos dâart ou faire de la photo, un marketer regardera Mad-Men ou lira sur le sujet, un happiness-officer donnera des cours de shiatsu, etc. Ne voyez pas dans ces propos une Ă©loge du dĂ©sĂ©quilibre pro-perso, bien au contraire, le cerveau a besoin de repos. Il faut faire du sport, bien dormir, bien manger, prendre des vacances et faire dâautres choses par moments. Mais je ne connais pas de maĂźtres dont lâart fĂ»t un mĂ©tier quâils pratiquĂšrent comme un gagne-pain et non comme une passion. Trouver des gens amoureux de leur mĂ©tier est le meilleur moyen pour quâils apprennent vite et soient performants et Ă©panouis. Câest le moyen pour lâentreprise de concilier un certain rĂ©alisme Ă©conomique avec le bonheur des personnes.
En tant que leader, une fois le recrutement fait, la question qui se pose est : comment inspirer aux gens lâamour de leur mĂ©tier et des connaissances qui le composent ? Câest un sujet capital sur lequel je mâinterroge.
II. Adopter le bon Ă©tat dâesprit : Amerigo Vespucci, le lĂ©gionnaire, et les Beatles đ
Je ne saurais pas dĂ©finir clairement quel est lâĂ©tat dâesprit Ă adopter pour apprendre mais je vais vous raconter 3 histoires qui me semblent inspirantes :
Amerigo Vespucci
Comme câest brillamment expliquĂ© dans « Sapiens » de Yuval Noah Harari, quand Christophe Colomb dĂ©couvrit lâAmĂ©rique, il Ă©tait persuadĂ© que câĂ©taient les Indes. Toute sa vie il resta dans cet ancien paradigme qui voulait que le monde soit composĂ© de lâAfrique, de lâEurope et de lâAsie. Il ne pouvait imaginer quâon puisse avoir omis un continent entier pendant tant de siĂšcles. Si câest Amerigo Vespucci qui donna finalement son nom Ă ce nouveau continent bien des annĂ©es plus tard, il fut le premier Ă admettre que les terres dĂ©couvertes Ă lâouest Ă©taient bel et bien un nouveau continent.
Remettez-vous en question et acceptez la complexité
Il Ă©tait de cette vague de gĂ©ographes qui commencĂšrent Ă crĂ©er des cartes avec des trous lĂ oĂč personne nâĂ©tait jamais allĂ©. LâhumanitĂ© comprit Ă cette Ă©poque que lâensemble du monde ne sâexpliquait pas uniquement par la religion et quâil y avait beaucoup Ă comprendre et Ă dĂ©couvrir. Ce changement dâĂ©tat dâesprit amorça une accĂ©lĂ©ration exponentielle des dĂ©couvertes gĂ©ographiques et scientifiques qui permirent aux europĂ©ens de dominer le monde pendant les 5 siĂšcles qui suivirent.
Le légionnaire romain
Les lĂ©gionnaires romains nâavaient de supĂ©rioritĂ© sur leurs ennemis ni lâĂ©quipement, ni le nombre. Ils avaient en revanche une discipline personnelle et collective qui leur permit de devenir les soldats les plus aguerris et les mieux organisĂ©s de leur Ă©poque. Cette doctrine sâappelle âExcelsiorâ qui signifie « plus haut, plus Ă©levĂ© ». Elle veut que chaque jour on tĂąche dâĂȘtre un peu meilleur que la veille. Câest lâidĂ©e que, pour grimper une montagne, il ne faut pas espĂ©rer sauter en haut mais par petits pas, monter les marches les unes aprĂšs les autres.
Soyez chaque jour un peu meilleur
Les Beatles đŒ
On loue le gĂ©nie des Beatles. Beaucoup y voient un don. Ce quâon sait moins, câest quâavant dâaller aux Etats-Unis pour embrasser le succĂšs quâon leur connait, les Beatles on passĂ© 2 ans Ă Hambourg entre 1962 et 1964. A leur arrivĂ©e en Allemagne, ils Ă©taient de bien piĂštres musiciens, mais ils jouĂšrent dans des petits bars 8 heures chaque soir, 7 jours par semaine, sans interruption pendant ces deux annĂ©es. Cela reprĂ©sente 6000 heures !
Lâexcellence nâest ni innĂ©e, ni une question dâannĂ©es, elle vient avec le travail
La premiĂšre morale de cette histoire est que lâexcellence ne vient que par le travail. Le second enseignement câest quâon peut devenir ce quâon veut en 2 ans, mĂȘme le meilleur groupe du monde, pourvu quâon y mette les moyens. Câest une belle illustration de la loi de Parkinson qui veut que les choses prennent le temps quâon leur alloue. Si les Beatles sâĂ©taient dit « dans 10 ans, nous seront le meilleur groupe du monde », ils auraient sĂ»rement fait 600 heures de concert par an et qui sait, ils auraient peut-ĂȘtre rĂ©ussi. Mais ils se sont donnĂ©s 2 ans et ont rĂ©ussi en y mettant lâinvestissement nĂ©cessaire. Notez quâils ne se sont pas entraĂźnĂ©s seuls dans leur garage. Ils se sont frottĂ©s au rĂ©el et Ă la critique. Câest donc lâentraĂźnement mais aussi le feed-back permanent, lâexpĂ©rimentation et les rencontres qui les ont construits.
III. Lâapprentissage Ă©clair đ„
a. Les 7 moyens dâapprendre
Dans mon cas, lâapprentissage a lieu dans un contexte dâurgence : un problĂšme se prĂ©sente et il faut entrer dans le sujet pour y apporter une solution rapide. Le temps dâapprentissage se retrouve alors sur le chemin critique de lâavancement du projet. Lâun des mode dâapprentissage Ă optimiser est ce que jâappelle âlâapprentissage Ă©clairâ. Cette mĂ©taphore historique fait rĂ©fĂ©rence Ă une attaque rapide combinant divers moyens :
- Etude de lâĂ©tat de lâart : Il ne sâagit pas de rĂ©inventer la roue indĂ©finiment. De la thĂ©orie la plus fondamentale Ă la compĂ©tence la plus opĂ©rationnelle, il existe aujourdâhui plĂ©thore de livres, de moocs, dâarticles, de podcasts ou de vidĂ©os qui vous permettront de ne pas partir de zĂ©ro.
- Test and learn : pour faire des dĂ©couvertes et apprendre, il faut poser des hypothĂšses et trouver lâexpĂ©rience qui pourra, par sa rĂ©ussite ou son Ă©chec, valider ou invalider lâhypothĂšse, et par lĂ nous apprendre quelque chose.
- Benchmark : Il sâagit dâobserver la mise en application que dâautres ont faite pour la dĂ©construire et la comprendre ou simplement la copier.
- Le mentoring : le mentor est un maßtre qui par son expérience peut donner un conseil ou une information descendante.
- Le coaching : le coach nâest pas un maĂźtre, il nâest quâun miroir qui permet par ses questions et sa simple prĂ©sence de structurer sa penser et de se poser les bonnes questions.
- La confrontation avec ses pairs : Le fait de pouvoir Ă©changer sur des problĂ©matiques avec des pairs permet de confronter des avis, de partager des expĂ©riences et de construire une vision plus riche que si elle nâavait pas Ă©tĂ© enrichie de divers points de vue.
- Lâenseignement ou lâĂ©criture : âCe qui se conçoit bien sâĂ©nonce clairement et les mots pour le dire viennent aisĂ©ment.â Parfois, pour ancrer et structurer un apprentissage, la bonne mĂ©thode est de le transmettre.
Pour mobiliser ces moyens rapidement et efficacement, il faut sây prĂ©parer :
Imaginez que votre capacitĂ© opĂ©rationnelle soit une tapisserie. La trame reprĂ©sente les connaissances thĂ©oriques sur lesquelles vous brodez des fils de plus en plus minces qui reprĂ©sentent des compĂ©tences et des savoir-faire de plus en plus opĂ©rationnels. Par exemple les mathĂ©matiques sâappliquent Ă la rĂ©solution dâĂ©quations qui vous permettent dâĂ©tudier un circuit Ă©lectronique. Sur votre toile, vous avez la zone du produit, la zone du marketing, la zone de lâengineering⊠Les brins de votre trame traversent plusieurs zone : le brin de la psychologie humaine traverse entre autres le produit, le marketing, le management et la vente. Les brins de connaissances sâentrecroisent. Pour dĂ©finir une fonctionnalitĂ© dâun produit, il faut comprendre la psychologie humaine mais aussi la programmation informatique pour en intĂ©grer les contraintes et avoir des brins de connaissance en design. Plus vos brins seront forts, plus la compĂ©tence que vous pourrez y adosser sera Ă©paisse et facile Ă broder.
B. Savoir broder rapidement des savoir-faire
Le cerveau est dâune Ă©tonnante plasticitĂ©, si vous lâentraĂźnez sur un type de gymnastique, il deviendra performant !
Pour les langues par exemple, plus vous en apprenez de diffĂ©rentes, plus il vous sera facile dâen apprendre. Votre mĂ©moire sâadaptera, la gymnastique intellectuelle sera de plus en plus facile au fur et Ă mesure que vous en apprendrez. Pour filer lâanalogie, plus vous pratiquerez une langue, plus il vous sera facile de mobiliser le vocabulaire. A lâinverse beaucoup de gens connaissent bien lâanglais par exemple et sont de ce fait tout Ă fait aptes Ă lire un texte mais ne mobilisant pas rĂ©guliĂšrement leurs connaissances, ils sont bien en mal de tenir une conversation. Câest vrai aussi avec des savoir-faire. Pour quelquâun qui a appris Ă faire de la cuisine, de la menuiserie et de la couture, il nâest pas compliquĂ© dâapprendre la soudure par exemple.
Plus vous apprenez, plus il est facile dâapprendre. Plus vous mobilisez une connaissance, plus elle est facile Ă appliquer.
Par exemple, si vous avez appliquĂ© la psychologie humaine Ă la nĂ©gociation et au design dâun produit, vous imaginez que le jour oĂč vous chercherez Ă lâappliquer au marketing, cela vous sera aisĂ©. Si vous avez par ailleurs aussi fait ce travail sur les statistiques et le design, le jour oĂč vous chercherez Ă faire une page web persuasive, vous apprendrez sans aucun mal comment mettre en place une dĂ©marche dâA/B-testing pour crĂ©er une page web persuasive par son design et ses textes.
C. Préparer sa trame de connaissances
20 % des connaissances se retrouveront dans 80 % des problématiques que vous aurez à traiter.
Vous allez donc dĂ©velopper quelques brins de trame trĂšs solides dessus. Pour autant, aucune problĂ©matique ne trouvera de rĂ©ponse sur un seul brin. Pour interagir avec des coĂ©quipiers et partenaires, vous devez comprendre leur mĂ©tier, et pour innover, vous devrez croiser des savoirs divers et faire preuve de sĂ©rendipitĂ©. Vous allez donc aussi constituer une culture gĂ©nĂ©rale sur un maximum de sujets. Dans mon cas, le produit, le marketing et le management sont mes sujets clefs sur lesquels je vais en profondeur, et je dĂ©veloppe une culture gĂ©nĂ©rale et une comprĂ©hension minimum de la tech, des sciences, du droit, de la finance mais aussi de la littĂ©rature, de lâhistoire, de lâart, de la cuisine et de la couture.
Enfin, pour que la trame soit fin prĂȘte, il faut quâelle soit dense par endroits, large, mais aussi quâelle soit ordonnĂ©e. Si câest un sac de noeuds, vous serez bien en mal le moment venu dây broder quoi que ce soit. Enseigner, Ă©crire, Ă©changer sont des trĂšs bons moyens dâordonner sa pensĂ©e et ses connaissances. Jâutilise beaucoup Evernote pour ordonner ma comprĂ©hension dâun sujet sous forme dâune note que je pourrai modifier, implĂ©menter au cours de mes apprentissages.
D. CrĂ©er son environnement dâapprentissage
Les 7 moyens dâapprendre Ă©noncĂ©s plus haut nĂ©cessitent une prĂ©paration. Pour avoir un mentor, un coach, des pairs avec qui Ă©changer, il faut avoir constituĂ© un rĂ©seau. Pour faire un Ă©tat de lâart efficace, il faut avoir les bons outils et connaĂźtre les sources. Pour faire du test and learn, il faut sâĂȘtre crĂ©Ă© un environnement propice pour faire ses expĂ©riences. Tout ça se prĂ©pare, et il faut bien souvent avoir expĂ©rimentĂ© de nombreuses fois lâapprentissage Ă©clair pour percevoir pleinement la valeur de cette prĂ©paration qui prend beaucoup de temps et dâĂ©nergie.
Pour entrer dans des exemples concrets, voici certains des Ă©lĂ©ments qui composent mon environnement dâapprentissage :
- Je fais partie de lâAPM (Association pour le ProgrĂšs en Management). Nous nous rencontrons chaque mois avec un groupe dâentrepreneurs pour Ă©changer de façon informelle et suivre une confĂ©rence sur un sujet donnĂ©. Ces dirigeants sont pour moi des pairs et des mentors et les formations sont toujours enrichissantes.
- Nous avons installĂ© lâentreprise Ă Euratechnologies, un accĂ©lĂ©rateur qui abrite 160 startups, ce qui fait autant dâentrepreneurs avec qui Ă©changer.
- Chaque vendredi, je vide mon fil Feedly et lis entre 5 et 10 articles (en gĂ©nĂ©ral des choses assez appliquĂ©es comme le trĂšs bon blog de grooveHq ou dâInvision).
- JâĂ©coute un livre par mois (souvent plus thĂ©orique) sur Audible.
- JâĂ©coute une dizaine de podcasts comme lâEntreprise BFM pour des histoires dâentreprises, TheFamily ou Le Rendez-Vous Tech qui permet de se tenir Ă jour de lâactualitĂ© tech, Internet et gadgets.
- JâĂ©cris de temps en temps des articles de blog, donne chaque semestre un cours Ă lâUTC, etc.
- Jâirais jusquâĂ dire que le fait mĂȘme dâentreprendre est un moyen dâavoir un environnement oĂč faire ses expĂ©riences, des Ă©quipes avec qui Ă©changer, des investisseurs comme coachsâŠ
E. Passer Ă lâassaut đ„
Ca y est ! Votre systĂšme dâapprentissage est en place et une problĂ©matique importante se prĂ©sente Ă vous. Il y a Ă ce moment deux Ă©cueils : appliquer une mĂ©thode dĂ©ployant des moyens surdimensionnĂ©s et confondre vitesse et prĂ©cipitation. VoilĂ une maniĂšre de procĂ©der pour les Ă©viter :
- Analyser la valeur et dĂ©finir moyens et objectifs. Cela peut ne prendre que quelques minutes mais il est fondamental dâavoir une idĂ©e de la valeur quâapportera la rĂ©solution dâune problĂ©matique et donc le temps et les moyens que vous pourrez y allouer.
- DĂ©construire le problĂšme. En dĂ©construisant le problĂšme, vous allez dâabord extraire les 20 % de tĂąches qui crĂ©ent 80 % de la valeur (voir loi de Pareto). Parmi ces tĂąches, vous en maitrisez certaines et dâautres nĂ©cessitent dâĂȘtre apprises ou dĂ©lĂ©guĂ©es. Vous serez alors en mesure de savoir avec une grande prĂ©cision sur quoi orienter votre apprentissage.
- Lancer lâapprentissage Ă©clair. Pour un sujet donnĂ©, je passe entre 2 et 20 heures maximum. 2 heures sâil sâagit dâun sujet simple et trĂšs opĂ©rationnel proche de mon coeur de mĂ©tier, 20 heures sâil y a des compĂ©tences spĂ©cifiques Ă acquĂ©rir comme lâapprentissage dâun langage ou dâun outil. Notez quâen 2 heures il nâest pas possible de lire un livre ni de nombreux articles. Ce que je fais la plupart du temps, câest que jâoriente mes routines de lectures vers les problĂ©matiques du moment. Jâaime bien la rĂšgle des 20 heures. En 20 heures, vous pouvez ĂȘtre opĂ©rationnel sur quasiment tous les sujets, mĂȘme en partant de zĂ©ro. Pour autant, avec deux heures par jour pendant une semaine de boulot ou en rushant un week-end, on peut en venir Ă bout. Lâhorizon de temps reste court, ce qui empĂȘche de procrastiner ou de se disperser. Câest votre sujet du moment, vous le prenez Ă bras le corps un bon coup puis ensuite vous ĂȘtes opĂ©rationnel et mettez le sujet derriĂšre vous ! Ciao !
- Combiner les approches. Il est primordial dâapprendre en combinant les approches, par exemple, la lecture dâarticles sur le sujet, le benchmark dâautres entreprises et une discussion avec une personne du mĂ©tier.
- Passer trĂšs vite Ă la pratique. đ En confrontant au plus vite votre apprentissage Ă la rĂ©alitĂ©, vous pourrez lâorienter, lâincarner et mieux lâassimiler. Ne vous racontez pas dâhistoires en restant dans le confort de considĂ©rations hors sol, câest une perte de temps.
IV. Lâapprentissage par copie dâune grosse masse dâexemples đź
âLes bons artistes copient, les grands artistes volent.â Picasso
Vous pouvez Ă©viter le travail fastidieux qui consiste Ă broder toutes vos connaissances de la trame aux brins les plus fins. Il suffit de voler des morceaux entiers et de les rapiĂ©cer sur votre toile. Allez regarder les pages dâaccueil des sites de 10 entreprises excellentes sur ce sujet, tentez de dĂ©construire leur approche et emparez-vous de lâintelligence quâils ont mise dans cette rĂ©alisation. Vous Ă©viterez des heures de rĂ©flexion, des phases de tests mĂ©thodiques et des erreurs.
Si, comme dans cet exemple, il est parfois facile de dĂ©construire une dĂ©marche pour en isoler la trame de connaissances des brins de leurs mise en application, il y a des cas oĂč on ne peut que reprendre le rĂ©sultat sans en comprendre toute la dĂ©marche. Câest le cas de stratĂ©gies dâentreprises ou de situations managĂ©riales complexes. Les dĂ©cisions prises font intervenir un trĂšs grand nombre de facteurs, elles sont propres Ă un contexte et les informations qui nous parviennent peuvent ĂȘtre partielles et romancĂ©es par leurs auteurs. Dans ce genre de cas, il nâest pas interdit de copier mais se pose alors une question de pertinence de la solution.
En data-mining, il vaut mieux avoir beaucoup de donnĂ©es et un mauvais algorithme quâun bon algorithme et peu de donnĂ©es.
Imaginons que vous cherchiez Ă faire faire une action spĂ©cifique Ă un utilisateur. Vous pouvez Ă©tudier des applications et vous apercevoir que pour beaucoup la solution est souvent de faire gagner des badges. Withings vous en donnera si vous marchez beaucoup, Waze, quand vous indiquez des radars, Audible, aprĂšs un certain nombre dâheures dâĂ©coute, et mĂȘme Call of Duty, quand vous aurez tuĂ© beaucoup dâennemis. Ces cas sont suffisamment divers pour conjecturer, sans en comprendre la raison, que donner des badges pousse un utilisateur Ă rĂ©pĂ©ter une action au-delĂ mĂȘme de la valeur intrinsĂšque que cette action a pour lui. Câest un savoir que lâon peut poser tel quel sur sa tapisserie et mobiliser le moment venu sans lâavoir complĂštement dĂ©construit. Cette connaissance reste superficielle. Elle nâest pas arrimĂ©e Ă votre trame. Pourtant viendra le jour oĂč vous lirez un bon livre sur la gamification. Sans en comprendre lâensemble des ressorts fondamentaux, vous lierez votre connaissance sur les badges Ă ce brin plus gros quâest la gamification, sur laquelle il y aura aussi les concepts de niveaux, dâavatars, dâĂ©quipes, de combats, de bosses, etc. Votre morceau ne sera toujours quâun rapiéçage mais il sera plus solide, car vous aurez crĂ©Ă© des liens et de la cohĂ©rence entre plusieurs ensembles. Vous ajouterez dâautres Ă©tudes de cas qui viendront Ă©paissir cette connaissance bien quâelle reste superficielle. Puis viendra le jour oĂč vous apprendrez ce quâest un biais de possession en psychologie, et vous comprendrez pourquoi un utilisateur est poussĂ© Ă collectionner des biens mĂȘme immatĂ©riels. Vous comprendrez que le biais de tribalisme fait du concept dâĂ©quipe un bon moyen de rĂ©tention dans un jeu. Vous aurez alors fait un lien entre une connaissance appliquĂ©e et un brin de thĂ©orie sur la psychologie humaine. Pour creuser ce sujet en particulier, je vous conseille la lecture de âThink fast and slowâ.
Certains diront que malgrĂ© tout ça, il y a lâexpĂ©rience, le temps, la maturitĂ© : tous ces Ă©lĂ©ments incompressibles. Quâest-ce que lâexpĂ©rience ? Ca nâest rien de plus que la somme des erreurs et rĂ©ussites qui nous ont enrichis, des situations que lâon a pu vivre et qui constituent une base de comparatifs, des connaissances et savoir-faire que lâon a tissĂ©s, des rencontres que lâon a pu faire et qui constituent un rĂ©seau. Evidement, il y a des temps incompressibles : un chef dâĂ©quipe dans le bĂątiment sera dĂ©pendant de la succession des chantiers pour multiplier des expĂ©riences, un livre prendra toujours un certain nombre dâheures Ă lireâŠ
ConsidĂ©rer le sujet comme une question dâannĂ©es est le meilleur moyen dâattendre passivement que le temps fasse le travail alors que nous avons de lâemprise sur une grande partie des leviers de lâapprentissage, Ă commencer par lâĂ©tat dâesprit et la mĂ©thode. Comme dans lâhistoire des Beatles, ça nâest pas une question dâannĂ©es. La vrai question est : que faites-vous pour hacker votre courbe dâapprentissage ? Avez-vous choisi le mĂ©tier qui vous passionne ? Quel temps et quelle attention dĂ©diez-vous Ă votre apprentissage ? Comment faites-vous pour multiplier les expĂ©riences et rencontres qui vous construisent ?
Ces questions sont dâautant plus importantes que jâai prĂ©sentĂ© lĂ une mĂ©thode qui mâest propre et que jâai construite en fonction de mon mode de fonctionnement propre. Lâimportant est que vous preniez conscience de lâimportance du sujet pour y allouer le temps et lâintelligence qui permettront de trouver votre mĂ©thode.
Au-delĂ de lâindividu, il reste Ă ce sujet deux axes sur lesquels je mâinterroge, le premier dont jâai parlĂ© est de savoir comment inspirer Ă des coĂ©quipiers lâamour de leur travail et de lâapprentissage. Le second est de savoir comment manager la connaissance dans lâorganisation pour ne pas avoir des personnes apprenantes isolĂ©es mais une organisation qui capitalise lâensemble des apprentissages.
Si vous avez de bonnes lectures ou idĂ©es sur ces sujet, je suis preneur et, qui sait, quand jây verrai plus clair, peut-ĂȘtre que ce seront de bons sujets dâarticles đ