VEILLÉE MORTUAIRE
Hommage à nos disparus
Le soir naît sur les traces disparates d’un soleil épuisé. Une journée de regrets, de tristesse et de mélancolie d’un être décédé. Les pas se croisent, se saluent, se rangent et veillent. Les uns et les autres regardent le corps inerte, allongé dans un coffre en bois avec une baie vitrée.
Les uns pleurent et refusent de croire que ce qu’ils voient est VÉRITÉ. Les autres préfèrent ne rien savoir au détail près. Ils préfèrent se perdre entre souvenirs et merveilles. Pourtant, le corps est là. Détaché de sa fugacité, de son punch et de sa joie de vivre, le corps reste là. Son inertie ne cesse de vilipender cette réalité cruelle. “Suis-je le gardien de mon âme ?” dit-il à toute fréquence vibratoire.
Alors, les émotions basses remplissent le cœur des hypersensibles. Elles débordent… elles agitent le sang et bousculent les membres de nos empathes attristés. Les voici crispés, silencieux, jusqu’à ce que ces émotions dégoulinent sur les joues. Il pleut une tristesse abondante sur des visages.
Les uns pleurent et refusent de croire que ce qu’ils voient est VÉRITÉ. Les autres préfèrent ne rien savoir au détail près et préfèrent se perdre entre souvenirs et merveilles. Qui pourra les consoler ? Qui pourra les soutenir ? De petits groupes de pas se rapprochent, les mains portant des boissons chaudes. On tente de créer des émotions positives en puisant, dans la mémoire, les rayonnements du disparu.
Les bouchent racontent, rient puis, tard dans la nuit, se taisent. Sûrement soûlées par des débits de paroles, elles se reposent un moment. Elles veillent. En communion avec les autres, auprès du corps, elles veillent. Elles prient, elles se soutiennent. Jusqu’à ce que le soir prenne congé d’elles, elles veillent.
Le petit matin livre un jour naissant sur les traces disparates d’une nuit somnolente. Un soir chargé de regrets, de tristesse et de mélancolie de l’être décédé. Les pas se lèvent, se rencontrent, se saluent et se suivent. Les uns et les autres regardent à nouveau ce corps, dernière demeure d’un esprit allant vers sa destination finale…
