ÉAU prend son envol

Maxime Albors
Esplanade
Published in
5 min readAug 31, 2017

Alors que le concours pour gagner un poste solidaire touche à sa fin, retour sur le parcours d’ÉAU (Écosystèmes Alimentaires Urbains) qui a commencé ses activités avec un poste solidaire à l’Esplanade, en passant par l’incubateur Impact8, pour aujourd’hui déménager dans ses nouveaux bureaux.

Julien Le Net (directeur du développement des affaires), Olivier Demers-Dubé & Émilie Nollet (cofondateurs)

ÉAU se positionne comme un spécialiste en autonomisation alimentaire. ÉAU conçoit et bâtit des fermes aquaponiques façonnées selon les besoins culturels et économiques de chaque communauté. Rappelons que l’aquaponie est un système intégré et novateur qui allie pisciculture (l’élevage de poissons) et hydroponie (la culture de plantes hors-sol). Organisation à vocation sociale, ÉAU développe les fermes aquaponiques avec les communautés dans les zones en insécurité alimentaire — des déserts alimentaires urbains à Montréal comme dans le Nord du Québec au sein des communautés des Premières Nations. Discussion croisée avec Olivier Demers-Dubé, Émilie Nollet (cofondateurs) et Julien Le Net (directeur du développement des affaires) pour revenir sur leur parcours au sein de la communauté Esplanade.

Esplanade : Comment vous sentez-vous avant votre départ de l’Esplanade?

Émilie : On se sent un peu fébrile, parce que l’Esplanade nous a beaucoup apporté et qu’on entame un nouveau chapitre de notre histoire en tant qu’entreprise. C’est comme si on quittait une famille.

Olivier : On laisse des amis, un environnement et des valeurs qui nous sont chers : celles de l’entrepreneuriat social. L’équipe s’agrandit et on n’avait pas le choix de prendre nos propres bureaux, et c’est très bien ainsi. Dans tous les cas, la communauté Esplanade est quelque chose qu’on ne quitte jamais vraiment : “résident un jour, résident toujours”.

Vous êtes un bel exemple de réussite de la communauté Esplanade parce que vous avez participé à tous ses programmes de développement. Pouvez-vous nous parler de votre parcours au sein de l’espace?

Olivier : Notre première présence ici, c’était le 9 décembre 2015 lors de la soirée de présentation de pitch de Connexité. C’est la soirée où on a rencontré Pascal Grenier, le cofondateur de l’Esplanade, qui a rapidement cru en notre projet et qui nous a incité à rejoindre la communauté Esplanade. Ce soir là, on a rencontré aussi Julien, qui a intégré l’équipe quelques temps après. Peu de temps après cette rencontre, on avait besoin d’un bureau pour travailler et je me suis donc dirigé naturellement à l’Esplanade. On a dû quitter rapidement parce qu’on avait pas le budget nécessaire. On a ensuite remporté un poste solidaire, ce qui nous a permis de nous ancrer à l’Esplanade et surtout se familiariser avec le monde de l’entrepreneuriat social en rencontrant différents acteurs du milieu. On a découvert les hauts et les bas de ce secteur et la solidarité qui y règne. Cela nous a ensuite conduit à participer à Impact8. Notre passage à l’Esplanade, qui est véritablement un pôle en entrepreneuriat social, a définitivement accéléré nos activités.

Julien et Olivier lors d’un Creative Mornings à l’Esplanade (Crédit : Alexandre Racine)

Vous avez créé ÉAU il y a plus de deux ans, comment a évolué votre modèle d’affaires depuis ce temps-là?

Julien : À la base, on avait l’intention d’être des fermiers urbains alors que maintenant on se retrouve à faire de l’empowerment des communautés à travers l’alimentation. On a eu un peu ce flash après la ferme-pilote place Shamrock qui nous a donné beaucoup de visibilité. Peu de temps après, on a eu des appels du pied de certaines communautés des Premières Nations qui nous ont permis de réfléchir davantage sur notre modèle d’affaires. Elles ont trouvé notre idée géniale, mais elles étaient plus intéressées par apprendre comment avoir leur propre ferme aquaponique que de nous acheter des produits. Cela nous a conduit à l’idée de créer un réseau de fermes ÉAU pour partager nos connaissances avec le plus grand nombre et prôner des valeurs d’entraide et d’innovation. C’est le moment pivot de l’entreprise.

Olivier : Cela nous a appris à ne tomber pas amoureux de notre idée de base parce que finalement, comme pour beaucoup d’entreprises, elle est amenée à changer.

La ferme-pilote ÉAU à la Place Shamrock

Est-ce que vous êtes en mesure d’identifier et de mesurer votre impact aujourd’hui?

Émilie : Nous avons un impact à la fois social et environnemental. Nous souhaitons avoir un respect pour la nature, les êtres humains et mettre en place un partage équitable. Nous avons un rôle dans le domaine de l’éducation alimentaire dans le but de rendre autonomes des communautés d’horizons différents.

Environnementalement parlant, nous pouvons dire que nous faisons de l’économie circulaire sociale en impliquant le plus de citoyens possible et en s’appuyant sur les forces en présence dans chaque région concernée. L’aquaponie se déroulant en circuit fermé, cette solution permet de consommer 80% moins d’eau que l’agriculture classique, en produisant 10 fois plus puisque la ferme est en activité à l’année longue.

Julien : Par contre l’aquaponie n’est pas la solution miracle à tous les problèmes des communautés concernées, mais c’est une des solutions qui peut apporter un changement positif dans ces sociétés.

L’aquaponie permet de consommer 80% moins d’eau que l’agriculture classique tout en produisant 10 fois plus

Quelles sont les prochaines étapes de votre développement?

Julien : En ce moment, nous travaillons avec trois types d’acteurs : des organismes communautaires urbains, des entrepreneurs et des communautés des premières nations. Ce sont des groupes très différents qui n’évoluent pas dans le même contexte, mais qui ont en commun de vouloir atteindre une certaine autonomie alimentaire.

Dans un registre plus pratique, nous quittons l’Esplanade pour emménager dans nouveaux bureaux de St-Henri qu’on partagera avec deux autres entreprises.

Nous préparons aussi un changement d’échelle, afin de passer à un autre stade de développement dans le but de développer notre d’équipe et accompagner plus de communautés dans leur chemin vers l’autonomie alimentaire. À l’automne, nous allons réaliser une ronde de financement pour opérer ce changement. C’est une grande étape de notre développement et nous sommes prêts à passer au prochain niveau.

Avez-vous un conseil à donner aux personnes qui souhaitent participer au concours pour gagner un poste solidaire?

Olivier : Un poste solidaire, c’est quelque chose qui peut te mener très loin si tu l’utilises bien. L’Esplanade, c’est une communauté qui va t’apporter beaucoup d’opportunités, mais réfléchis aussi à ce que tu peux lui apporter. En tous cas, une chose est certaine, tu seras entouré de la crème de la crème de l’innovation sociale.

Vous avez jusqu’au lundi 4 septembre pour postuler au concours pour gagner un poste solidaire, pour plus d’informations cliquez ici.

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