Impact8 : l’impact au coeur du modèle d’affaire

Alors que la seconde cohorte d’Impact8 a pris fin le 6 juillet dernier, lumière sur ces organisations qui ont mis l’impact au centre de leurs activités.

Maxime Albors
Esplanade
6 min readJul 13, 2017

--

Rappelons qu’Impact8 est un programme d’incubation, co-développé par le MaRS Centre for Impact Investing, l’Esplanade et Rhizome, qui s’adresse aux entreprises sociales à fort potentiel qui ont démontré leur viabilité financière tout en générant un impact social et/ ou environnemental positif. Les entreprises sociales retenues passent six mois, à temps partiel, à chercher comment mieux ou davantage générer d’impact, le tout en peaufinant leur modèle d’affaires, leur produit, leur vente, ainsi que leur leadership.

Il y a un an, la première cohorte d’Impact8 a vu l’éclosion d’entreprises comme Potloc qui permet aux citoyens de choisir les prochains commerces de leur quartier. « Sans faire de mauvais jeu de mots, Impact8 a eu un grand impact sur le développement de Potloc. Nous avons récemment, levé 800 000 $ en équité, ouvert des bureaux en France, engagé notre vingtième employé et nous pensons ouvrir des bureaux à Toronto prochainement », raconte Rodolphe Barrère, cofondateur.

Première cohorte d’Impact8

Avant de se pencher plus en détails sur les différentes organisations de la dernière cohorte d’Impact8, il est important de mettre en lumière la différence entre investissement responsable et investissement d’impact. Les Principes pour l’Investissement Responsable (PRI) ont été établis par les Nations Unies en 2006. Il s’agit d’un engagement volontaire qui s’adresse au domaine financier et incite les investisseurs à intégrer les problématiques Environnementale, Sociale et de Gouvernance (ESG) dans la gestion de leurs portefeuilles, mais au sens large. Ici nous sommes dans une approche de responsabilité sociale des entreprises, plutôt que dans l’impact social à proprement dit. Quant aux investissements d’impact, selon la définition de la Fondation de la famille J.W. McConnell, il s’agit de sommes placées dans des entreprises, des organismes et des fonds en vue de produire un impact social et environnemental en plus d’un rendement financier.

Guy Gervais, investisseur d’impact et ambassadeur du Parcours Esplanade, a illustré parfaitement ce propos lors de la soirée de clôture d’Impact8 avec l’exemple d’Écotierra, entreprise de Sherbrooke, spécialisée dans l’agroforesterie durable. Elle développe des projets forestiers et agricoles générant des crédits de carbone et se spécialise dans les projets ayant des impacts socio-économiques majeurs pour les populations locales en plus des impacts environnementaux positifs intrinsèques. L’objectif de l’entreprise est de créer des partenariats durables avec les communautés locales, les partenaires et clients qui s’associent à ses projets de compensation de carbone. L’entreprise oeuvre ainsi au Pérou, en Colombie et en Côte d’Ivoire. L’entreprise avait obtenu il y a un an un financement de plus de 700 000 $ qui a démontré déjà à l’époque que l’investissement d’impact prend une place de plus en plus importante dans le secteur du capital de risque. « C’est l’exemple d’une entreprise attractive pour des investisseurs parce qu’elle génère à la fois un impact économique, écologique et social », rappelle Guy Gervais.

Cette année, la seconde cohorte d’Impact8 était composée de six organisations, trois entreprises à but lucratif et trois OBNL. « Nous partons du principe que la structure juridique est le meilleur moyen pour une entreprise d’atteindre l’impact souhaité et ce, sans délaisser les valeurs de l’entrepreneuriat collectif. Pour avoir un impact optimal, une organisation doit choisir la structure juridique appropriée à sa réalité, c’est fondamental », explique Pascal Grenier, cofondateur de l’Esplanade. Des propos qui font écho au choix de Mark Stolow de fonder Huddol suite à la création de l’OBNL Le Réseau Aidant. Il a fait le choix d’hybrider son modèle d’affaires en créant une Inc afin de répondre à un besoin identifié depuis un certain temps : mettre en lien les proches aidants Le réseau social Huddol permet aux proches-aidants de discuter de leurs réalités ainsi qu’interagir avec des professionnels du domaine de la santé. Ainsi, Mark Stolow a profité de sa participation à Impact8 pour affiner son modèle d’affaires et ainsi assurer la pérennité de ses activités.

Pascal Grenier, cofondateur de l’Esplanade

Parmi les autres entreprises de la cohorte, il y a Doctr, une application en deux volets dont le premier permet d’avoir accès aux taux d’occupation des 120 urgences du Québec en temps réel et peut trouver à l’utilisateur une clinique sans rendez-vous en alternative. Le second volet : « Check-In » permet, quant à lui, de prendre rendez-vous chez le médecin spécialiste dans un délai record. Toujours dans la thématique de la santé, l’organisme Revivre vient en aide aux personnes souffrant de troubles anxieux, dépressifs ou bipolaires et leurs proches, et ce, partout au Québec. Grâce notamment à sa ligne de soutien, ses groupes d’entraide, ses ateliers d’autogestion, son forum de discussion et son site Web, Revivre aide 10 000 personnes par année, pour un total de 300 000 interventions en 25 ans. Exeko, quant à lui, est un organisme d’innovation sociale qui utilise la créativité au service de l’inclusion sociale des personnes en situation ou à risque d’exclusion. Son approche reconnaît avant tout le potentiel de chacun à réfléchir, analyser, agir, créer et être partie prenante de la société, quels que soient sa situation ou son parcours.

Toute comme la santé, l’alimentation et plus particulièrement l’agriculture est un domaine très prisé en entrepreneuriat social. L’entreprise ÉAU pour Écosystèmes Alimentaires Urbains se positionne comme un spécialiste en autonomisation alimentaire. ÉAU conçoit et bâtit des fermes aquaponiques façonnées selon les besoins culturels et économiques de chaque communauté. Rappelons que l’aquaponie est un système intégré et novateur qui allie pisciculture (l’élevage de poissons) et hydroponie (la culture de plantes hors-sol). Organisation à vocation sociale, ÉAU développe les fermes aquaponiques avec les communautés dans les zones en insécurité alimentaire — des déserts alimentaires urbains à Montréal comme dans le Nord du Québec au sein des communautés des Premières Nations.

Olivier Demers-Dubé, cofondateur d’Éau. Photo: Racine Imagine

Enfin, lorsque la technologie se met au service de l’innovation sociale cela donne des organisations comme Nectar. L’entreprise souhaite donner une voix aux abeilles pour qu’elles puissent guider les individus qui en prennent soin dans le but de réduire les pertes de colonies. L’entreprise a développé un capteur d’information pour les ruches afin que l’apiculteur n’ait plus à ouvrir la ruche pour savoir ce qui s’y passe. Les informations sont acheminées directement dans son téléphone et lui permettent d’optimiser la gestion de sa ruche.

Le point commun entre ces entreprises, hormis l’impact, est d’être en recherche de financement afin de développer leurs activités et ainsi de décupler leur impact. Une quête de fonds qui ne doit pas se faire à n’importe quel prix. « Il est primordial que les investisseurs et les entreprises partagent les mêmes valeurs. C’est la principale raison d’un investissement d’impact », rappelle Julian Giacomelli, président de Rise Kombucha et membre du conseil d’administration de l’Esplanade.

À l’issue de la soirée de clôture, ces six organisations se sont prêtées à une séance de pitchs, remportée par ÉAU. « C’est une grande fierté d’avoir remporté ce concours mais j’aimerais souligner la qualité des autres projets qui sont destinés à aller très loin étant donné leur impact respectif en constante expansion », dit Olivier Demers-Dubé, cofondateur d’ÉAU. L’ensemble des membres de la cohorte Impact8 seront admissibles à devenir émetteurs SVX Québec, une plateforme technologique transactionnelle, développée par MaRS VX et l’Esplanade, qui facilite les transactions entre entreprises et investisseurs ainsi qu’une procédure permettant de mener à bien le processus de revue diligente pour chaque utilisateur de la plateforme.

Les périodes de pré-incubation et d’incubation pour la troisième cohorte d’Impact8 commencent dès l’automne prochain. « Plus que jamais cette troisième édition sera dédiée à catalyser et accompagner une cohorte d’entreprises prêtes à relever collectivement les défis sociaux, environnementaux et économiques de notre époque», conclut Pascal Grenier. Pour plus d’informations, cliquez ici.

--

--