Bipédie, chasse et développement cérébral

Jérémy Coron
Essentiel
Published in
7 min readJan 9, 2021

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Notre cerveau ne s’est pas créé du jour au lendemain, il a obtenu sa forme, sa complexité et tout son potentiel après des millions d’années d’évolution.

Tout au long de ce périple, deux étapes ont été particulièrement marquantes pour lui.

La première est celle de la bipédie et la seconde, qui en découle, est l’avènement de l’homme “chasseur-cueilleur”.

Quel est le lien entre ces étapes et le développement de notre encéphale ?

En quoi ce lien explique-t-il le fait que notre inactivité actuelle ruine nos performances mentales ?

Comment remédier à ce problème ?

La réponse à ces questions et bien plus vous attend dans cet article.

Quand l’homme devint homme.

Commençons cet article par revenir quelques 1,8 million d’années en arrière.

C’est à cette époque que nos ancêtres se sont séparés de la lignée de nos plus proches cousins actuels, les singes, pour entreprendre la création de leur propre lignée. Bien qu’ils n’en avaient évidemment pas conscience à l’époque.

La bipédie a été un événement clés dans notre évolution.

Cette “scission” entre les singes d’une part et ce qui deviendra l’homme d’autre part est la résultante directe de l’avènement de la bipédie.

En effet, une fois posté sur ses deux jambes notre ancêtre n’a fait que creuser l’écart entre lui et le singe.

Outre le fait que la marche sur 2 jambes lui a permis de libérer ses mains du sol et donc de maximiser son potentiel d’action, cela lui a surtout permis de développer son cerveau, ses neurones et de favoriser le processus de neurogenèse de ce dernier.

Le terme “neurogénèse” désigne le processus par lequel notre cerveau produit de nouveaux neurones.

En quoi la bipédie a-t-elle été si bénéfique pour notre cerveau ?

Il n’y a rien de miraculeux ici, juste un besoin évolutif qui s’est traduit par une adaptation de la part de notre cerveau.

Passer sur 2 jambes à force notre cerveau a revoir sa façon d’appréhender le monde qui l’entour et surtout sa façon d’appréhender le terrain sur lequel évolue son hôte.

En effet, qui dit bipédie dit un déséquilibre constant de notre corps. Là où marcher à 4 pattes apportait une stabilité parfaite, marcher sur deux suppose de faire reposer tout son poids sur une seule jambe par intermittence (c’est là tout le principe de la marche).

La marche n’est rien d’autre qu’une chute en avant contrôlée.

Le cerveau de nos ancêtres s’est alors retrouvé dans l’obligation d’analyser en continu des milliers de paramètres nouveaux pour lui. Des milliers de paramètres nécessaires à la stabilité recherchée : inclinaison du sol, stabilité de ce dernier, s’il est plutôt escarpé ou plutôt lisse, s’il est humide ou sec, stable ou instable …

Faire ce travail d’analyse a alors poussé notre cerveau à se dépasser et à devoir trouver des solutions rapides et efficaces pour faire face à ce challenge.

C’est alors enclenché une activation du processus de neurogenèse.

Le cerveau a produit de nouveaux neurones, a densifié ses connexions existantes et a utilisé sa plasticité pour s’adapter.

En a résulté l’augmentation du volume de notre encéphale et notamment d’une zone particulière logée en son sein : l’hippocampe, la zone notamment dédiée à la mémoire, à l’apprentissage et au repérage dans l’espace.

L’hippocampe est la zone du cerveau dédiée à la mémorisation et au repérage spatial.

Mais ça ne s’arrête pas là…

L’homme “chasseur-cueilleur”.

De nombreuses études menées notamment sur des fossiles ont prouvé que nos premiers ancêtres, ceux qui découvraient tout juste le plaisir de stationner sur leurs deux pieds, étaient relativement sédentaires.

Sédentaires dans le sens où ils ne quittaient que rarement leur “zone” de vie, se nourrissant alors que de baies, de tubercules et de plantes situées dans leur zone en question.

Un événement les a pourtant forcés à revoir leur copie et à adopter un nouveau mode alimentaire, ou plutôt un nouveau processus d’alimentation.

En effet, à coïncidé avec l’avènement de la bipédie, à quelques milliers d’années prêts, un refroidissement global de notre cher globe terrestre.

Le refroidissement climatique qu’a subi notre planète il y a maintenant 1,8 million d’années a poussé nos ancêtres hors de leur zone de confort.

Refroidissement global ayant entrainé une raréfaction des denrées préférées de nos lointains grands-parents.

Pour survivre, ils ont dû s’adapter (à nouveau) et progressivement ils ont quitté le sédentarisme pour un nomadisme et c’est ainsi qu’est né l’homme “chasseur-cueilleur”.

Quel est le rapport entre cet avènement et le développement cérébral ?

J’y viens.

Outre le fait de stimuler davantage le cerveau par le foulement de terrains nouveaux, l’ère de la chasse et la cueillette a forcé le cerveau de nos ancêtres à développer de nouvelles compétences pour survivre.

De nouvelles compétences telles que le repérage géographique et la mémorisation des plantes comestibles et des plantes toxiques, pour ce qui est de la cueillette.

Et de nouvelles compétences telles que la coordination, la prise de décision et la communication, pour ce qui est de la chasse et notamment pour ce qui est de la chasse en groupe.

L’avènement de l’homme “chasseur-cueilleur” a été clé dans le développement de notre encéphale.

Face à ce besoin urgent et nécessaire de compétences supplémentaires, le cerveau de nos ancêtres a de nouveau activé le processus de neurogenèse ainsi que sa plasticité sans égal pour répondre présent et pour assurer (à nouveau) la survie de notre espèce.

Le temps faisant les techniques de chasse se sont développées, les connaissances agricoles se sont parfaites et le cerveau, sans cesse, en a tiré profit.

L’activité et le changement sont au coeur de la performance mentale.

Si l’on regarde de plus près tout ce que nous venons de voir ensemble, on remarque que les facteurs communs à ces changements sont les facteurs de l’adaptation et de l’activité.

De l’adaptation du cerveau à de nouvelles contraintes et de l’activité physique qui découle de la bipédie puis de la chasse.

Que penser alors de notre société actuelle où tout va dans le sens de l’inactivité et du moindre effort : position assise toute la journée, déplacement en voiture, en transport en commun, en trottinette électrique et j’en passe.

Que penser alors de notre société actuelle où tout le monde recherche le confort et où les médias filment sempiternellement des individus qui se plaignent du froid en hiver et du chaud en été ?

Wall-E est un film qui illustre parfaitement bien le monde “passif” vers lequel on se dirige.

Nous sommes actuellement dans une société qui renie des millions d’années de processus évolutifs et qui, se faisant, est à l’origine de notre déclin cognitif.

Le QI moyen ne régresse-t-il pas d’année en année depuis quelque temps ?

Et si au lieu de faire des sodokus, des mots fléchés ou encore de suivre questions pour un champion nous faisions plus de marche, de course, de renforcement musculaire ?

Si au lieu de prendre l’ascenseur nous prenions l’escalier ?

Si au lieu de prendre une trottinette électrique nous utilisions un vélo ?

Même nos trottinettes sont maintenant motorisées…

Toutes ces petites actions du quotidien auraient juste des effets fantastiques sur la performance de notre cerveau, sur notre réussite professionnelle et personnelle, sur la santé de notre cerveau et même sur notre humeur !

En effet, chaque effort physique, chaque adaptation à un changement induit un cocktail de réactions chimiques dans notre organisme :

▶️ Production de dopamine, le neurotransmetteur de la motivation et du plaisir.

▶️ Production de sérotonine, le neurotransmetteur de l’égo et de l’estime personnelle

▶️ Production d’endorphines, les neurotransmetteurs du bien-être physique.

▶️ Production d’une molécule appelée “BDNF” (Brain-Derived Neurotrophic Factor) qui joue un rôle clé dans la croissance de notre cerveau, dans la protection de nos neurones, dans la plasticité cérébrale et dans l’entretien des cellules de notre cerveau.

La prochaine fois que vous voudrez prendre l’ascenseur, repensez à cet article, faites travailler votre corps, votre coeur et votre cerveau en prenant tout simplement l’escalier.

Chaque marche montée est un neurone de sauvé.

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Jérémy Coron
Essentiel

Passionné de neuroergonomie et de surperformance professionnelle, je vous partage le résultat de mes recherches au travers de mon podcast hebdomadaire.